H V $ £ Digitized by the Internet Archive in 2019 with funding from Getty Research Institute https://archive.org/details/traitedesarbrese00duha_1 TRAITE DES ARBRES E T ARBUSTES. I gggg— — i — hcm — |m— ™hwp»w»u ■■■ aHEMBOaPPI TOME PREMIER. *\ -• r . / . TRAITE DES ARBRES E T ARBUSTES QUI SE CULTIVENT EN FRANCE EN PLEINE TERRE. Par M. D U HA ME L DU M O N C E AU , Inspecteur gêner ai¬ de la Marine ; de V Académie Royale des Sciences , de la Société Royale de Londres , Honoraire de la Société d' Edimbourg & de l Académie de Marine . TOME PREMIER. A PARIS, Chez H. L. Guérin & L. F. Delatour, rue Saint Jacques , à Saint Thomas d’Aquin. M. D C C. L y. Avec Approbation & Privilège du Roi. •» - — . * I » " : * * * f * >. ' .. ' \ , * .■/ : . : j E voifinage de la Forêt d’Orléans , où eft fituée une de nos Terres , m’ayant fourni bien des fujets d’ob- fervations , je me propofai de prendre des inrtructions fur tout ce qui pouvoit concerner les Bois <3e les Forêts/, mais les recherches auxquelles je ne m’etois d’abord livré que par goût , devinrent pour moi un devoir lorfque M. le Comte de Maurepas m’engagea à fuivre cet objet , &: à m’attacher fur-tout à certains points qu’il jugeoit intéreffants pour la Manne. M. Rouillé m’ayant depuis paru agréer ce travail, je Y ai continué avec une ardeur qui n’a fait qu’aug¬ menter fous le Miniftere de M. le Garde des Sceaux , qui en ayant faifî l’utilité , me recommanda de donner à cette recherche la préférence fur tous les autres objets qui auroient pu m’occuper : j’y étois d’ailleurs engage par le deflr que j ai toujours eu de me rendre utile à a i ? ' lJ PRÉFACE . la Marine, 8c de fatisfaire au devoir que m’impofe la place que j’occupe dans l’Académie. Quelque defir que j’euffe de preffer l’exécution de cet Ouvrage , les expériences 8c les obfervations qui me reftoient à faire exigeoient nécefîairement des délais dont j’ai profité pour donner au Public mon Traité de la Fabrique des Manœuvres , mes Eléments d' Archi¬ tecture Navale , mon Traité de la Culture des T erres , 8c celui de la Confervation des Grains» Peut-être même me ferois-je encore laide entraîner à donner la préfé¬ rence à quelque ouvrage moins étendu que celui que je commence à préfenter au Public , fi Sa Majeffe ne m’avoit pas demandé , lorfque je lui préfentai mes Recherches fur la Culture des Terres , en quel état étoit mon travail fur les Bois de conftruétion. Ce mot me fit prendre la réfolution d’abandonner toute autre occu¬ pation pour me livrer entièrement à un objet qui avoit mérité i’attention de notre Augufte Monarque. J’ai donc travaillé fans relâche à mettre en ordre mes Mémoires qui s’étoient accumulés depuis un nom¬ bre d’années que j’employois à faire continuellement des obfervations 8c des expériences. Mais parce que les différentes faces fous lefquelles on peut conhdérer ce grand objet font comme autant de branches qui partent d’une fouche commune , il ne m’étoit pas poflible d’é¬ tudier les Bois relativement à la conftruéfion des Vaif- feaux fans étendre mes connoiflances fur un nombre d’autres objets qui pouvoient devenir utiles au Public. Ainfi après avoir mis un peu d’ordre dans mes Mé¬ moires , je me fuis cru en état de donner un ouvrage dont l’utilité feroit plus générale que le motif qui PREFACE H] m’avoit engagé à rentre prendre ; puifque fans rien perdre de ce qui peut intéreffer la Marine , il feroit utile aux propriétaires des Forêts , à ceux qui voudront décorer leurs Terres, de Bois , d’ Avenues , de Garennes, de de Remifes ; ou , leurs Parcs de leurs Jardins , de bofquets délicieux d’une efpece toute nouvelle ; enfin à un nombre confidérable d’Arts de de Métiers qui font une grande confommation de bois de toute efpece. On apperçoit déjà que mes vues doivent s’étendre fur la formation , l’entretien, le rétabliflement de l’ex¬ ploitation des Forêts de des Bois de tout genre , de encore fur les agréments qu’ils peuvent procurer lors¬ qu’ils font fur pied ; enfin les différents ufages auxquels on peut les employer quand ils font abattus, relative¬ ment à leur âge , â leur groffeur , a leu* qualité de à leur efpece. Je ne dois point négliger de prévenir que plufieurs de ces objets feront traités fuccincfement dans les deux Volumes que je mets au jour, pour ne point perdre de vue les bois de fervice qui font le premier de le principal objet de mon travail. Mais , malgré cette reftridtion , j’avoue franchement que quand j’ai pris la plume pour rédiger mes Mémoi¬ res , j’ai été effrayé de l’étendue de l’entreprife ; de peut- être n’aurois-je pas eu le courage de la fuivre , s’il ne m’étoit pas venu dans la penfée de décompofer en quelque façon ce grand projet, pour m’attacher fuc- ceffivement à des Traités particuliers , qui , pouvant être enfuite réunis , en formaffentun général. Dans cette vue , je ferai mon pollible pour que chacun des Traites féparés foit complet dans fon genre , afin que fi la iv PREFACE. totalité de mon ouvrage ne peut pas être conduit au terme que je me fuis propofé , le Public puiffe au moins profiter des parties que j’aurai données. Comme le travail que j’ai entrepris regarde les Bois en général 3 j’ai cru qu’il convenoit de commencer par faire connoître les différents Arbres , Arbriffeaux 8c Arbuftes qu’on peut élever en pleine terre dans les diffé¬ rentes Provinces de France. Ainfi c’eft l’objet de ce premier Traité que je mets au jour , auquel j’ai donné pour titre : Traité des Arbres & Arbuftes qu on peut élever en pleine terre en différentes Provinces de France. Je vais entrer dans le détail du plan de Cet Ouvrage , 8c des raifons qui m’ont déterminé à lui donner la for¬ me que j’ai choifie. J’ai fuivi dans ces deux premiers Volumes l’ordre alphabétique : on peut donc les regarder comme un Dictionnaire. Chaque genre d’Arbre 8c d’Arbufte for¬ me un article féparé qui efb précédé d’une vignette en taille-douce fur laquelle on a repréfenté les carac¬ tères de chaque objet , c’eft-à-dire , le détail des fleurs 8c des fruits qui en font les parties vraiment caraétérifti- ques. On trouve enfuite un ou plufîeurs noms latins ou françois fous lefquels les genres font le plus géné¬ ralement connus. Immédiatement après fuit une defcri- ption qui convient à tout le genre dont on traite ; nous avons mis enfuite la lifte de toutes les efpeces connues , avec les phrafes latines 8c leur traduction en françois ; cette lifte eft fuivie de la culture qui con¬ vient aux Arbres du genre dont il s’agit ; viennent emuite les ufages 3 fur lefquels nous nous fommes plus ou moins étendus ^ fuivant que le genre nous a paru P R F F A C F. v l’exiger ; enfin nous avons terminé chaque article par une, deux , trois ou un plus grand nombre de planches, fur lefquelles font reprefentces des branches chargées de fleurs & de fruits , qui peuvent fervir à faire connoî- tre le port qui elt propre à chaque genre. Voilà en géné¬ ral le tableau de notre Ouvrage : il faut maintenant en examiner les parties plus en détail. §. I. P our quoi j'ai choijil' ordre alphabétique. Je fuis très-convaincu de l’avantage qu’il y a à fuivre dans l’étude de la Botanique une des méthodes qui ont été fi ingénieufement imaginées par MM. Ray, de Tournefort, Boerhaave , Van-Royen , Linnæus , Ber¬ nard de Juflieu, 6c autres favants méthodiftes. C’dt le feul moyen de foulager fa mémoire dans l’étude d’une fcience qui exige qu’on retienne non-feulement un grand nombre de noms, niais encore des phrafes entiè¬ res, qui font quelquefois fort longues. De plus , un voyageur infiruit d’une de ces méthodes ( n’importe laquelle ) pourra donner aux Botaniftes avec lefquels il fera en correfpondance, une idée exaéfe de toutes les plantes inconnues qui fe préfenteront à fes recherches , 6c il pourra le faire , en rapportant aux clafles 6c aux genres déjà établis, les plantes qui pourront naturellement s’y ranger } il lui fuffira de faire remar¬ quer les fingularités des efpeces nouvelles qu’il voudra faire connoître. S’il arrive qu’il trouve des plantes qui ne puiflent abfolument pas fe rapporter aux genres précé¬ demment établis, il en fera de nouveaux ; mais alors il aura foin de les rendre relatifs à la méthode qu’il aura adoptée. Donnons un exemple. Des voyageurs peu inf- vj P R E F A C E. truits j nous ont fouvent parlé d’un Merifier de Canada fort différent de ceux d’Europe ; mais nous n’avons ja¬ mais pu prendre une idée jufte de cet arbre , qu’après que les femences qu’on nous avoir envoyées du pays même 3 nous ont fait connoître que cet arbre qu’on nom¬ me Merifier en Canada , eft un véritable Bouleau à feuil¬ les de Merifier. De même, des Canadiens nous ont fou- vent repréfenté le Bonduc comme une efpece de Noyer; mais les Botaniftes nous en ont donné une idée bien plus exaéte par la defcription méthodique qu’ils en ont faite. Quoique je fuite perfuadé , par les raifons que je viens de rapporter, des avantages réels qu’on peut reti¬ rer des méthodes qui font établies , j’ai néanmoins pré¬ féré dans cet ouvrage l’ordre alphabétique ; parce que mon objet étant reffraint aux arbres de aux arbuftes qu’on peut élever en pleine terre , je naurois pu préfenter que des ébauches de méthode qui auroient paru difformes aux Botaniftes inftruits , de qui auroient été allez inuti¬ les aux fimples amateurs : j’ai effayé de fuppléer au dé¬ faut qu’on peut légitimement reprocher à l’ordre alpha¬ bétique , par des Tables méthodiques , dont j’indique¬ rai l’ufage dans la fuite. De quelque utilité que ces Ta¬ bles puiffent être , il y aura cependant bien des cas ou un amateur fera difpenfé d’y avoir recours. S’il reçoit, par exemple , de quelqu’un de fes correfpondants , des femences ou des arbres en pied, dont les noms foient exactement marqués ; ou fi pour faire dans fon Parc un bofquet fingulier , il confulte les liftes des Jardiniers , il ne connoîtra que des noms qui ne lui préfenteront au¬ cune idée des arbres qu’il fe propofera de cultiver ou d’acheter ; au lieu qu’en cherchant ces noms dans notre P R É F A C E. vij Ouvrage, il prendra une connoilfance prefque aufli exaéfe de ces arbres , que s’il les avoit déjà cultivés depuis plu- fieurs années. On apperçoit bien que ce que nous venons de dire des arbres de décoration, doit avoir fon applica¬ tion aux arbres utiles dont on voudroit former des bois. Il elf bon d’avertir ici , que quoique nous ayions ran¬ gé les plantes par leurs noms latins , parce qu’ils font plus généralement connus, ceux qui ne fauront que les dénominations françoifes, ou même les vulgaires, trou¬ veront à la fin de cet Ouvrage une Table très-détaillée qui leur indiquera les noms qu’ils doivent chercher. §. IL Raijons qui mont déterminé a Juivre la nomenclature de M. de Tournefort. Il va peu d’arbres qui n’ayent reçu différents noms des Auteurs qui en ont traité. J’avois donc achoifir, fans me donner la liberté de faire encore une nouvelle nomen¬ clature : mais comme les dénominations de M. de Tour¬ nefort font allez généralement connues, même de ceux qui ne font pas une étude particulière de la Botanique, j’ai cru devoir leur donner la préférence pour me prêter aux connoilfances qui font déjà alfez répandues, fans néanmoins défapprouver les Auteurs qui ont jugé à pro¬ pos de fuivre une autre nomenclature. Je n’ai garde , par exemple , de blâmer M. Linnæus d’avoir réuni à un même genre qu’il appelle Pin, les Sa¬ pins, les Mélefes ôc les Pins deM.de Tournefort, puifqu’en effet ces arbres fe reffemblent beaucoup par les parties de la fruétification ; les Botamftes ne refuferont pas d’approuver cette réunion j mais comme les Sapins & les Mélefes font diftingués des Pins par tous les Artilfes qui / viij P R E FACE . font ufage de ces différents bois , &c par ceux qui ont quelque connoiffance des Forets , j ai cru devoir confer- ver ces trois noms pour ne point troubler les idees re¬ çues 3 ce qui feroit immanquablement arrivé, fi favois appellé Pm, ce qu’ils ont nommé Mélefe ou Sapin. D’ailleurs il m’a paru convenable d’éviter de faire des genres trop chargés d’efpeces ; car li , pour éviter la con- fuhon qui en réfulteroit, on fe trouvoit obligé de divifer ces genres par feCtions , autant vaudroit-il conferver les noms déjà reçus , en avertiffant, comme l’a fouvent fait M. de Tournefort, que tels ou tels genres ont beau¬ coup de rapport les uns avec les autres. Mais pour ne point dépayfer ceux qui fe feroient rendu la nomencla¬ ture de M. Linnæus familière , j’ai eu foin de mettre à la tête de chaque genre ôc dans la Table générale , le fy- nonime fourni par cet Auteur ; ainfi on fera libre d’ap- peller avec M. Linnæus Lomcera les ^rbuftes que M. de Tournefort a nommés Caprifohum , Penclymenum Chamœccrajlis, J’ai cependant préféré quelquefois la dénomination de M. Linnæus : comme à l’article du Baccharis , qui ne m’a pas paru avoir le caracfere du Senecio de M. de Tournefort : alors j’ai commencé par la dénomination de M. Linnæus , & j’ai rapporté celle de M. de Tour- liefort comme fynonime. Comme depuis M. de Tournefort la Botanique s’eft enrichie de plufieurs genres qui étoient inconnus à ce célébré Botaniffe , j’ai employé pour ces nouveaux genres , ou la dénomination de M. Linnæus , com¬ me Amorplui , A^alca , Ceanothus , &c. ou celles des Auteurs qui ont les premiers fixé les caractères , comme IX PREFACE. comme CLetIira Gronovii , Bonduc Plumerii. §. III. Moyens que f ai employé pour faire connoitre les Arbres & les Arbufes . Si je navois travaillé que pour les Botaniftes , il m’au- roic fuffi, à l’exemple de MM. de Tournefort, Van- Royen , Linnæus , & des autres célébrés Méthodiftes , de rapporter les points vraiment cara&ériftiques j mais comme j’ai principalement en vue de faire connoître les Arbres & les Arbuftes aux Propriétaires des terres, aux Jardiniers , aux Officiers des Eaux ôc Forêts , aux Archi¬ tectes , aux ConitruCteurs , ôc à quantité d’Ouvriers quL employent beaucoup de bois, fans avoir ni le temps, ni le goût de fe livrer à l’étude de la Botanique , j’ai em¬ ployé tous les moyens poffibles pour me rendre intelli¬ gible , &c pour épargner de la peine à ceux qui voudront faire ufaçe de mon Ouvrage. O O Comme les figures parlent aux yeux , ôc qu’elles met¬ tent en état d’abréger beaucoup le difcours , j’ai repré- fenté les détails de la fleur ôc du fruit dans des vignet¬ tes gravées en taille-douce , qui font placées à la tête de chaque genre , immédiatement au-defius d’une def- cription générique qui eft fort abrégée , quoique j’y exa¬ mine avec foin le calice, les petales, les étamines, les piftils , & même les feuilles ; en forte que tout ce qu’on trouve dans les defcriptions , ainfi que dans les vignettes, convient a tout le genre dont il s’agit. Toutes les fois donc qu’on trouvera un Arbre ouun Arbufte dontles fleurs, les fruits ou les feuilles feront femblables à quelqu’une de nos defcriptions , on pourra être afluré que cet Arbre efb de ce genre : il ne reliera plus qu’à découvrir quelle eft fon b X PREFACE. efpece. Affez ordinairement les phrafes qui font elles-mê¬ mes de courtes defcriptions,fufKront pour guider un ama¬ teur attentif ; mais toutes les fois que les phrafes nous ont paru infuflifantes , nous y avons fuppléé par des marques lînguliérement dilfinétives, qui > toutes abrégées qu’el¬ les fon^ nous ont femblé pouvoir fuppléer à des defcrip- tions fpécifîques qui auroient étéindifpenfablement lon¬ gues <$c ennuyeufes. Chaque genre d’Arbres ôc d’Arbuftes a communément un port j propre à toutes les efpeces qui le compofent : les Pins , les Sapins > les Cyprès , les Chênes , les Noyers ont des ports différents qui font communs à toutes les ef¬ peces de ces différents genres ; de ces ports qu’il feroit long & difficile de rendre par des defcriptions , s’expri¬ ment très-bien par des defîeins exadts *. C’eft ce qui m’a engagé a placer à la fin de chaque article une ou plu- fîeurs planches qui repréfentent une branche chargée de fleurs ou de fruits ; de afin de ne rien omettre de tout ce qui peut faciliter la connoiflance des Arbres ôc des ArbufleSj nous avons non feulement multiplié ces plan¬ ches , toutes les fois que dans un même genre il fe trouve des efpeces qui ont des ports différents , mais nous avons encore fait graver le contour des feuilles dans leur çrran- deur naturelle , lorfque les efpeces d’un même genre ont leurs feuilles de figures allez variées pour caufer de l’em¬ barras. * J’ai eu le bonheur de recouvrer prefque toutes les planches de la belle édition latine du Matthiole de Valgrife : les Imprimeurs de mon Ouvrage ont fait graver avec foin celles qui y manquoient ; entre celles-ci il s’en trouve plufieurs qui n’avoient point été repréfentées jufqu’à préfenc dans les livres de Botanique, ou qui l’étoient fort mal, n’ayant été defîl— nées que fur des plantes feches. PR E' F A C E. xj Nous venons de dire que les phrafes des Botaniftes étoient de courtes defcriptiolis qui aidoient fouvent à connoître les efpeces ; ces phrafes auroient en effet plus fréquemment cette utilité , fi elles avoient toujours été faites dans cette vue ; mais les mêmes raifons qui nous ont fait adopter la nomenclature de M. de Tournefort , nous ont détourné de faire de nouvelles phrafes, & nous ont déterminé à nous contenter de rapporter dans notre lifte celles qui font le plus en ufage, foit qu’elles ayent été faites par les Bauhins, ou parMatthiole, Clufius, de Lo- bel , Dodonée , Dalechamp, de Tournefort , Barrelier , Pluknet, Linnæus , ôcc; mais en faveur de ceux qui ne fe font pas familiarifés avec le langage des Botaniftes , on a eu toujours foin de mettre la phrafe françoife , Sc mê¬ me autant que l’on a pu , les noms populaires en ufage dans différentes Provinces. Je fens bien qu’on pourra m’accufer d’avoir éten¬ du le nombre des efpeces, en y comprenant beaucoup de variétés : mais outre que ce reproche pourroit fouvent n’être pas fondé , comme j’efpere le prouver ailleurs , il faut convenir que dans un Traité comme celui-ci , les va¬ riétés font fouvent auffi intéreffantes que les efpeces. J’avouerai , par exemple , fi l’on veut , que l’Epine blanche , les Meriziers de les Cerifiers à fleur double, ne font que des variétés des efpeces ordinaires; mais ces va¬ riétés ont l’avantage de fournir à nos bofquets une déco¬ ration, dont les autres efpeces du même genre ne font point fufceptibles : ce que je dis de quelques Arbres à fleurs doubles , a fon application aux Houx panachés, aux Ro- fiers , de même à quantité d’Arbres utiles. bij « I PREFACE. §. IV. Des vues que j'ai eu en parlant de la culture des Arbres & des Arbufles . Il y a des principes généraux, qui érant bien établis, 3e bien clairement expliqués , ont leur application à la culture de tous les Arbres : nous remettons ces grands ob- jets à une autre partie de cet Ouvrage , où nous donne¬ rons la façon d’élever les Arbres d’un fervice vraiment utile , 3e qui doivent faire la mafle des Forêts. Il faut cependant convenir que chaque genre d’Arbre exige des attentions qui lui font propres : celui-ci veut avoir fes racines dans l’eau ; cet autre fe plaît dans des fa¬ bles alfez fecs ; plufieurs fubfiftent dans les mauvais ter- reins , pendant que la plûpart exigent des terres fubjlan - tieufes * 3e qui ayent beaucoup de fond : les uns ne fe multiplient que par les femences j d’autres produifent des drageons enracinés, ou reprennent de marcotte 3e même de bouture. Ce font ces cultures particulières aux diffé¬ rents Arbres qu’on trouvera dans la partie de mon Ouvrage que je prefente actuellement au Public ; 3e j’efpere que ce que j’en dis , quoique fort en abrégé , fufhra pour mettre un amateur intelligent en état de fe procurer tous les Arbres 3e Arbuftes dont il eft fait mention dans notre Traité. C’elf donc , en le confidérant fous ce point de vue, que cet Ouvrage pourra paraître complet, d’au¬ tant que je me fuis quelquefois affez étendu fur la culture de * Comme f aurai fréquemment à parler de terres remplies de fucs nour¬ riciers, il m’a paru néceliaire d’employer un feul mot pour l’exprimer, afin d’éviter de longues périphrafes : j’inclinois pour le terme defubjlantiel ; mais commece terme ed en quelque façon confacré à la Logique & à la Morale , j’ai cru qu’on me permettroit celui de JubJlantieux , qui d’ailleurs fe trouye dans quelques Didionnaires. P R É F A CE. xiij certains Arbres, tels que les Mûriers, les Oliviers, 3cc. qui ne peuvent pas être regardés comme des Arbres de Forêts, mais qui ont des utilités fi intéreflantes , qu’ils m’ont paru mériter une attention particulière. Je terminerai ce que j’ai a dire préfentement de la culture, par une réfle¬ xion qui pourra être utile aux Propriétaires de Terres allez étendues, 3c qui voudront fe faire un plaifir de cul¬ tiver & de multiplier les Arbres étrangers. La plûpart de ceux qui ont le goût de cette culture choififfent dans leurs Parcs une étendue de terrein qu’ils confacrent à ce genre de curiofité. On veut que tous les Arbres viennent dans ce même lieu \ 3c n quelques- uns n’y réufliflent pas, on s’en prend au Jardinier, ou bien on fe perfuade que ces arbres ne peuvent réuflîr dans notre climat. Je propofe une conduite bien différente, 3c c'eft celle que j’obferve depuis plulieurs années. Tous nos Arbres etrangers font femés 3c élevés dans un même Jardin , oû on leur donne les foins néceflaires pour réparer le défaut du terrein ; mais dès qu’ils font affez grands pour être tranfplantés , nous effayons de leur choilir une expofition 3c un fol qui leur conviennent. Ce fera pour les uns une terre de marais, pour d’autres une terre mé¬ diocrement humide , ou une terre forte , ou une terre fabloneufe, ou des coteaux fort fecs : il y a peu de Pro¬ priétaires de Terres qui ne fe trouvent avoir dans leurs Domaines ces différentes fortes de terreins. Il eft vrai , qu’en fuivant notre pratique , on n’a pas la fatisfaéfion d’appercevoir d’un coup d’œil toutes fes richefles ; mais aufli Ton ale plaifir de voir ces différents Arbres réufiir prefque comme dans leur fol naturel , fans prefque XIV F R E F A C E. aucune culture ; &: lorfqu’on entreprend des prome¬ nades dans la campagne , on jouit d’un fpeétacle qui les rend plus agréables. D’ailleurs on fe ménage l’avantage de ne pas niquer de perdre toutes ces plantations d’ Ar¬ bres étrangers , par les changemens que la fuite des temps amene necelfairement dans la difpofition des Jardins 3c des Parcs. §. V. Sur ce que f ai dit des ufages que Von peut faire des Arbres <è des Arbufes qui font compris dans ce Traité. Si je m’étois étendu dans l’Ouvrage que je mets pré- fentement au jour, fur toutes les attentions qu’un éco¬ nome intelligent doit apporter pour tirer le plus grand avantage poflible des bois de fervice, j’aurois fatisfait à tout ce qu’on pourroit attendre du Traité général des Bois , dont je ne préfente au Public qu’une petite partie ; mais aufli ce Traité particulier auroit été incomplet 3c peu fatisfaifant, fi après avoir fait connoître les Arbres &: parlé de leur culture , je n’avois rien dit de l’utilité 3c des agréments qu’on en peut retirer. Ces réflexions m’ont engagé à prendre à l’égard des ufages , le même parti que pour la culture : je ne fais qu’indiquer fort en abrégé l’u fage qu’on peut faire des bois pour la Ma¬ rine , l’Archite&ure , les autres Arts ; me réfervant de traiter dans la fuite ces objets avec plus de détail ; mais je me fuis étendu fur des articles qui font d’une utilité particulière, auxquels je pourrai me difpenfer de reve¬ nir dans la fuite. C’efi: , par exemple , dans cette vue que j’ai décrit avec foin la maniéré d’adoucir les Olives 3c d’en retirer l’huile. XV PREFACE. Ayant auffi remarqué que nos Auteurs ont laiffé beaucoup de confufion fur ce qui regarde les Réfines & les Arbres qui les fourniflent, j’ai effayé d’éclaircir cette partie de l’Hiftoire naturelle , qui eft également intéreflante pour nos Colonies tk pour la Marine. En effet nos Colonies font amplement pourvues d’Arbres propres à fournir du Goudron , de la Réfine , du Bray-gras & du Bray-fec ; &: comme la Marine fait une grande confommation de toutes ces matières , on eft dans la nécefiité d’en tirer du Nord pour des fommes confidérables , qu’il feroit bien plus avantageux de répandre dans nos Colonies. Je fuis aufii parvenu à éclaircir plufieurs faits concer¬ nant le Maftic , & à faire connoître la différence qu’il y a entre la Térébenthine de Scio ou Chio, celles que four- niffent les différentes efpeces de Sapin , celle du Mélefe, Sc la Térébenthine groffiere qu’on peut tirer des Pins. Enfin j’ai cru ne devoir pas négliger de dire quelque chofe des ufages qui ont rapport à la Teinture & à la Médecine. Je m’étois d’abord propofé de ne comprendre dans cet Ouvrage que les Arbres les plus communs de nos Forêts, ou ceux qui font d’une plus grande confommation : tels font le Chêne , l’Orme, le Noyer, le Hêtre, le Châ- teignier, &c. Mais comme il n’y a point d’Arbre qui n’ait fon utilité particulière, j’ai cru devoir étendre mes vues fur tous ceux qui fe trouvent dans les Bois , dans les Parcs & même les Jardins des différentes Provinces du Royaume. Quoiqu’au moyen de cette addition mon Ouvrage ait acquis beaucoup d’étendue , je crois qu’on l’auroit jugé incomplet , fi je Pavois borné aux Arbres naturels à la France. Pourquoi effectivement refufer de xv j PREFACE . s’enrichir des Arbres du Canada 5 de Pille Royale , de la côte de Virginie , de B o lion > ôc de tant d’autres Pays ou les hyvers font autant ou plus rigoureux qu’en France ? Nous favons par une longue expérience que la plûpart de ces Arbres réufliflent très-bien au Jardin du Roi j à Trianon, à Saint-Germain-en-Laye chez M. le Duc d’Ayen ^ chez M. le Marquis de la Galillonmere, près de Nantes j en Bourgogne chez M. de Buffon ÿ a Malesherbes dans le Gâtinois j dans nos Jardins- près de Petiviers , & même dans nos campagnes > ou nous n’avons pas hélice d’en placer un aflèz grand nom¬ bre. Enfin ces expériences fe trouvent répétées dans la plûpart des Provinces du Royaume ; car le goût de la culture des Arbres s’eft beaucoup étendu, & il eft en quelque façon annobli, depuis que des perfonnes de la plus haute diftinélion ont donné la préférence à ce genre de curiofité fur celui des fleurs. Ces fuccès ne femblent-ils pas annoncer que les Arbres dont on re~ connoitra l’utilité pour les Arts , ou pour la décoration des Jardins , pourront fe naturalifer dans le Royaume ? Le faux Acacia & le Marronnier d’Inde nous en four- niflènt des exemples , ainfi que l’Ebénier ou Cytife des Alpes 5 qui étoit rare dans plufieurs Provinces , quand nous avons commencé a nous livrer à la culture des Ar¬ bres , & qui eft maintenant commun. J’ai donc cru devoir comprendre dans mon Ouvrage les Arbres étrangers qui peuvent fupporter la rigueur de notre climat , & s’élever en pleine terre avec prefque autant de facilité que les Arbres qui croiffent naturelle¬ ment dans nos Bois ; mais j’ai évité de parler des Arbres des Pays chauds , qui ne peuvent fe pafler des ferres chaudes 9 PREFACE . xvïj chaudes &: des Orangeries , afin de ne point m’écarter de mon principal objet , qui ei/t Futilité. C’ell dans la vue d’engager mes Compatriotes à cultiver & à multiplier les Arbres qui pourront être avantageux aux Arts, que je me fuis propofé de les faire connoître plus particuliérement. On ne voit point encore par tout ce que je viens de dire , ce qui m’a déterminé à comprendre dans cet Ouvrage les Arbrifleaux & les Arbuhtes : c’ell, pour le dire en deux mots , dans la vue de ramener à l’utile par l’agréable. En eftet,il fe trouve des hommes fort riches qui recevraient mai la propofition de faire des Semis confia derables de bois dans des terres peu propres à produire du grain : inutilement leur reprefenteroit-on l’avantage qui en réfulteroit pour la fociété, Sc qu’ils travailleroient bien plus utilement pour leur poftérité en améliorant ainfi leurs Domaines , que s’ils en reculoient les limites : le préfent eft ce qui flatte , on veut jouir : prêtons-nous à cette façon de penfer , quoiqu’elle ne foit pas d’un vrai citoyen ; effayons de faire goûter le bon <3e l’utile qui pa- roît infipide a plusieurs perfonnes, en le couvrant ( qu’on me pafle cette expreflion ) du mafque de la frivolité ; car il y a lieu d’efpérer que nous ferons mieux écoutés, des gens riches furtout , en leur propofant d’orner leurs Ch⬠teaux d’avenues faites d’ Arbres étrangers, & leurs Parcs de Bofquets charmants remplis d’Arbuftes hnguliers. Si l’amour propre des Poflefleurs de Terres efl: flatté par la vue des Parcs ordinaires , malgré la rebutante uniformité de leurs Bofquets qui ne font variés que par les formes , n’y a-t-il pas lieu d’efpérer qu’il le feroit encore plus , £i les Bofquets de ces Parcs oftroient des fpeétacles variés <5e propres à chaque faifon ? c XVllJ PREFACE . La chofe eft très-poflible : on s'en procurera pour îe premier Printemps en ménageant dans un Bofquet d’Ar- bres verds , des plate-bandes qu’on pourra remplir d’Ar¬ buftes., & même de plantes , qui fleuriflent dès le com¬ mencement du mois d’Avril. Les Bofquets du milieu du Printemps pouvant être for¬ més d’un grand nombre d’ Arbres & d’Arbuftes qui fleuriflent tous dans le même temps , on fe procurera dans les beaux jours de cette faifon un fpectacledes plus agréables. Nous avons des Bofquets plantés dans ce goût, qui excitent l’admiration de ceux qui les voyent, quoi¬ qu’ils foient fort petits. Qu’y a-t-il en effet de plus ra- viflant que de trouver dans fon Parc une très- grande falle ornée de tapifferies aufli riches que les plus belles plate-bandes formées des fleurs les plus précieufes,& meu¬ blée d’Arbriflfeaux &c d’Arbuftes qui tous portent dans le même temps des fleurs qui charment par la beauté de leurs couleurs , la variété de leurs formes & de leurs agréables odeurs ? Ajoutons à cela que dès que la plus belle planche de Jacinthes ou de Tulipes apafle fa fleur, il n’y refte plus rien que de très-défagréable a la vue , au lieu que dans nos Bofquets une verdure admirable fuccede prefque toujours a l’éclat des fleurs. Par un choix convenable des Arbres 5 le fpedfacle dont nous venons de tracer lefquiflfe, fe peut renouveller jus¬ qu'au milieu de l’Eté : il eft vrai qu’alors il y a peu d’Ar- bres &c d Arbuftes qui donnent des fleurs : mais on peut former d ’aflfez beaux Bofquets pendant le refte de cet¬ te faifon j & pendant toute celle de l’Automne , avec des Arbres qui confervent leur verdure jufqu au temps XLX P R E F A CE . des gelées ; 6c cette verdure eft quelquefois accompa¬ gnée ou fuivie de fruits , dont les couleurs 6c les for¬ mes agréables ou bizarres, fourniflent de nouveaux piaf firs. On croirait volontiers que pendant l’Hyver, la cam¬ pagne eft dépourvue de toute forte d’agréments ; cepen¬ dant ceux qui partent cette faifon dans leurs terres, peu¬ vent trouver une rellource dans les Arbres qui ne quit¬ tent point leurs feuilles. Notre Ouvrage en préfente un grand nombre d’efpeces , dont on pourra former des Bofquets qui auront bien leur mérite, quand les autres Arbres feront dépouillés. J’avoue que la plupart de ces Arbres ont leurs feuilles d’un verd foncé 6c obfcur, qui fait un contrafte défaçréable avec la belle verdure des O Arbres qui fe dépouillent : c’eft pour cette raifon que nous confeillons de mafquer les Bofquets d’Arbres verds avec des paliffades , ou par des faites d’Arbres qui fe dé¬ pouillent , afin d’éviter la comparaifon fâcheufe de ces deux verdures , 6c que les Arbres verds ne puirtfent être appercus des Appartements pendant l’Eté s mais dans les beaux jours d’Hyver , on ira volontiers chercher ce Bof- quet où l’on aura le plaifir de fe promener à l’abri du vent, au milieu d’Arbres touffus 6c remplis d’Oifeaux , qui abandonnent les autres Bois pour profiter de l’abri qui leur eft offert , 6c qu’ils ne peuvent plus trouver ailleurs. Nous avons eu foin d’indiquer dans notre Ouvrage les Arbres qui pourront être plantés dans ces différents Bofquets : nous laiffons aux Architectes, aux bons Jardi¬ niers , 6c aux perfonnes de goût le foin d’étudier la for¬ me de chaque Arbre , fa grandeur , fon port , la couleur xx PRÉFACE. de fes fleurs ou de fes feuilles pour donner d’autant plus de mérite à ces fortes de Bofquets. La plus grande diffi¬ culté qui s’oppofe à l’exécution de ce projet , eft que la plûpart de ces Arbres ne fe trouvent point à vendre dans les Pépinières ; mais fi ce genre de curiofité continue à faire du progrès, l’induftrie de nos Jardiniers pépindrif- tes , s’exercera fur cet objet : le fuccès de l’application qu’ils ont donnée aux Arbres fruitiers , nous répond de celui des Arbres de décoration. Pour nous rendre utile à tout le monde , nous avons encore eu foin d’indiquer , en faveur de ceux qui aiment la Chafle , les Arbres qui font propres à former des Remifes Sz des Garennes. Mais je prie qu’on fe fouvienne que je me propofe de traiter très - amplement dans un autre Ouvrage , la maniéré de femer les Bois , de les entretenir , de réta¬ blir ceux qui font dégradés > ainfi que tout ce qui re¬ garde l’exploitation des Forêts : car j’avoue qu’on n’au- roit.pas lieu d’être content , fi je me bornois aux généra¬ lités que je donne aujourd’hui , tant fur la culture, que fur les ufages des Arbres que j’eflaye de faire connoître dans les deux volumes que je donne au Public. Je prévois encore que ceux qui n’ont aucune con- noiflance de la Botanique pourront trouver mauvais que nous ayions employé quantité de termes propres à cette fcience, fans avoir eu foin de les expliquer. Ils ne fauront peut-être ce que c’efl: que Chatons , Etamines , Sommets3 Piftils , Stigmates, Pétales, Neclarium , &c. ils auront peut-être peine à fe prêter à la diftindtion des fleurs mâles &£ des fleurs femelles ; ils fe trouveront embar- raflés par les dénominations de feuilles fimples, feuilles compofées , conjuguées 3 alternes , oppofees } les mots de PREFACE . xxj folioles, de ftipules, leur pourront être étrangers. J avoue qu’il auroit peut-être été convenable de donner les Rudi¬ ments de la Langue des Botaniftes,avant d’en faire ufage: c’étoit bien mon deflein,6e je comptois en faire la prin¬ cipale partie de cette Préface j mais les deux Volumes que je donne au Public fe font trouvés trop gros pour admettre cette addition. Ainfi je me réferve de traiter cette matière dans le Volume fuivant , qu’on regar¬ dera, Il l’on veut, comme une introduction à ceux-ci y ou comme la première partie de tout l’ouvrage. Nous avons compris dans notre Traité cent quatre- vingt-onze Genres 6e près de mille Efpeces. Néanmoins je fuis bien éloigné de penfer que j’y aye compris tous les Arbres , les Arbriffeaux 6e les Arbulles qui peuvent fupporter nos Hyvers : ainfi pour compléter ce Traité , je me propofe d’y ajouter par forme de Sup¬ plément, les genres & les efpeces qui auroient pu m’é¬ chapper , ou même ceux que nous pourrons nous pro¬ curer par la culture des Semences qui nous font en¬ voyées de différents Pays par nos Correfpondants ; 6e j’ai lieu d’efpérer , qu’à l’exemple de plufieurs bons citoyens qui ont bien voulu fe réunir à moi , pour travailler de concert à la perfection de l’Agriculture , les Botaniftes 6e les Amateurs fe prêteront à m’infor¬ mer des omifiions qu’ils auront apperçues, 6e à me faire part des Arbres finguliers qu’ils auront élevés dans leurs Jardins. J’ai déjà éprouvé combien ces fecours font avan¬ tageux. Sa Majefté a trouvé bon que M. Richard ( qui cultive avec tant de fuccès les Jardins de Tria- non ) me fit part des Arbres de pleine terre qu’il s’eft XXI J PREFACE . procuré en élevant des femences étrangères , ou par la correfpondance quil a avec les Botaniftes d’Angle¬ terre ; M. le Duc d’Ayen , 3c M. le Monnier Médecin du Roi à Saint Germain-en-Laye , qui préfide aux fardins de ce Seigneur , me font pareillement part de tout ce qu’ils ont de fingulier dans le genre qui m’in- téreffe : M. Bernard de Juffieu , qui s’eft prêté avec toute la générofîté poflible à m’aider de fes Livres , de fes Mémoires , 3c plus encore que tout cela , de fes confeils, fe fera un plaifir de rendre mon Ouvrage plus complet, en me procurant les Arbres 3c les Arbuftes de pleine terre que l’on, élevera par la fuite au Jardin du Roi. J’en dois dire autant de MM. Bombarde, Charantonneau , le Chevalier Turgot, l’Abbé Nollin , 3cc. qui font cultiver avec foin les graines que nous re¬ cevons de nos Colonies. M. le Marquis de la Galiffon- liiere qui s’intéreffe fi utilement au progrès des Scien¬ ces , veut bien me faire part des Semences 3c des Ar¬ bres que fes amis lui envoyent de différents Pays. M. Gautier Correfpondant de l’Académie, Confeil- ler au Confeil fupérieur de Quebec , 3c Médecin du Roi en Canada ; M. de Fontenette Médecin du Roi à la Louyfiane ; M. Peyflonel Conful de France à Smyrne ; M. Coufineri Chancelier à Scio ; 3c M. Pré¬ vôt Commiffaire Ordonnateur de rifle Royale, fe font un plaifir de m’envoyer tous les ans beaucoup de graines. MM. Mitchell Doôleur en Médecine ÿ Collinfon 3c Miller de la Société Royale de Londres, veulent bien me faire part des femences qu’ils reçoivent de la Virgi¬ nie , de Bofton , 3cc. Avec ces fecours il y a lieu d’ef- pércr que nous pourrons en peu de temps rendre notre PRE FAC E . xx n] Traité le plus complet qu’il fera poffible ; & pour ne point abufer de la patience du Public, nous nous propofons de donner de temps en temps les additions que nous nous mettrons en état de faire à notre Ouvrage , en fournif- fant à ceux qui auront acquis cet Ouvrage , dans la même forme , les nouveaux Genres ôc les nouvelles Efpeces qui feront parvenues à notre connoiflance : nous profiterons de l’occafion de ces divers Suppléments pour faire part au Public des nouvelles connoiffances que nous aurons pu acquérir fur les matières qui font déjà traitées dans cet Ouvrage, & nous aurons toujours finguliérement l’atten¬ tion de faire connoître les perfonnes aufquelles le Public fera principalement redevable de ces additions. > TABLE XXV TABLE MÉTHODIQUE DE TOUS LES GENRES Contenus dans ce Traité . * SI un Amateur a dans fon jardin ou dans Tes bois un Arbre ou un Arbufte qu’il ne connoifle pas , il pourra , au moyen de cette Table ôc en examinant avec attention les fleurs, rap¬ porter cet Arbre au genre qui lui convient. Pour y parvenir , il commencera par examiner fi les fleurs contiennent des étami¬ nes , ôc un ou plufieurs piftils. Si elles ne contiennent que des étamines, ce feront alors des fleurs mâles; fi elles ne contien¬ nent que des piftils , ce feront des fleurs femelles : dans l’un ôc l’autre cas les Arbres appartiennent à la première Clafle. Si les fleurs contiennent des étamines ôc des piftils , alors elles feront hermaphrodites : ôc pour connoître fi les Arbres appartiennent à la fécondé ou à la troifieme Clafle , il faut en examiner les pétales ; car fi elles n’en ont qu’un , ces Arbres appartiendront a la fécondé Claffe ; fi elles en ont plufieurs , ils feront de la troifieme. Il fera également aifé de connoître dans quelle Se- êlion ils doivent être placés ; car en fuppofant la fleur herma¬ phrodite polypétale , qui appartient à la troifieme Clafle > fi les pétales font de figure régulière , ôc attachées en rond a u- tour du calyce , cet Arbre devra être rapporté à la première Seêtion de cette troifieme Clafle: enfuite on comptera les éta¬ mines ôc les piftils; alors fi l’on trouve plus de douze étamines attachées au calyce , ôc cinq piftils , on fera certain que l'Ar¬ bre inconnu fera unNefflier , ou un Poirier, ou un Pommier , ou un Coignaflier, ou un Spiræa. L’incertitude fe trouvera ainfi réduite à un petit nombre de genres qu’il faudra chercher dans le corps de l’Ouvrage , où les defcriptions génériques mettront en état de rapporter cet Arbre inconnu au genre précis qui lui convient. Tome L d XXV J TABLE Il eft bon de faire remarquer i°. que le nombre des étami¬ nes n’eft pas une chofe abfolument confiante , ni exempte de toute variation; mais il fufîit que le nombre indiqué fe trouve dans la plupart des fleurs. 2°. A l’égard des Arbres quicompo- fent la première Se&ion de la première Claffe , il faut être pré¬ venu que l’on trouve quelquefois fur les individus qui portent les fleurs mâles , quelques fleurs femelles ; ôc réciproquement quelques fleurs femelles fur les individus qui portent des fleurs mâles : mais nous n’avons pas cru devoir renvoyer les Arbres de la première Seélion à la troifleme , parce que nous nous fommes attachés à ce qui fe rencontre le plus ordinairement. Ainfi pour faciliter le rapport de chaque Arbre ou Arbufle au genre qui lui convient , nous divifons tous les Arbres ôc les Arbuftes contenus dans ce Traité en trois ClafTes , favoir: PREMIERE CLASSE. Les Arbres ôc Arbuftes qui portent des fleurs mâles ôc des fleurs femelles diftinétes Pune de l’autre fur les mêmes pieds ou fur différents pieds. SECONDE CLASSE. Les Arbres ôc Arbuftes qui por¬ tent des fleurs hermaphrodites ôc monopétales, ou dont la feuille de la fleur eft d’une feule piece. TROISIEME CLASSE. Les Arbres ôc Arbuftes qui portent des fleurs hermaphrodites ôc polypétales , ou dont les fleurs font formées de plufleurs feuilles. La Première ClaJJe fe divife en trois Seêlions , favoir : Première Section. Les Arbres Ôc Arbuftes dont les fleurs mâles ôc les fleurs femelles fe trouvent fur des individus différents. Seconde Section. Les Arbres Ôc Arbuftes dont les fleurs mâles ôcles fleurs femelles fontféparées l’une de l’autre, mais fe trouvent fur le même pied. T roisieme Section. Les Arbres ôc Arbuftes qui por¬ tent fur les mêmes pieds des fleurs hermaphrodites, tantôt avec des fleurs mâles , tantôt avec des fleurs femelles , ou bien ces trois fortes de fleurs en même temps, mais toujours diftinêtes l'une de l’autre. MÉTHODIQ U E. xxvij , La Seconde ClaJJe fe divife auflï en trois Seélions , favoir : Première Section. Les Arbres ôc Arbuftes qui por¬ tent des fleurs hermaphrodites monopétales régulières , ou d’une feule feuille , femblables à un grelot , à un godet , à une cloche , à un entonnoir , à une foucoupe , ôte. Seconde Section. Les Arbres ôc Arbuftes qui por¬ tent des fleurs hermaphrodites monopétales irrégulières , ou qui font formées d’une feule feuille qui a la figure d’un cornet, d’un capuchon ou d’une gueule, fouvent fymmétriquement, mais toujours irrégulièrement ôc inégalement découpées par les bords. Troisième Section. Les Arbres ôc Arbuftes qui por¬ tent des fleurs monopétales régulières ou irrégulières , herma¬ phrodites , mâles ou femelles , mais toujours ralfemblées en for¬ me de tête. La Troifieme ClaJJe fe fubdivife en deux Sedlions , favoir : Première Section. Les Arbres ôc Arbuftes qui portent des fleurs hermaphrodites polypétales régulières , ou compo- fées de plufieurs feuilles de figures allez femblables , ôc qui font attachées circulairement autour du calyce. Seconde Section. Les Arbres ôc Arbuftes qui por¬ tent des fleurs hermaphrodites polypétales irrégulières , ou dont les feuilles de figures très-différentes les unes des autres, font attachées circulairement ôc irrégulièrement , quoique fouvent fymmétriquement , autour du calyce. i XXVUJ TABLE PREMIERE CLASSE . Des Arbres & Arbuftes qui portent des fleurs mâles <5é des fleurs femelles diitinétes Tune de l’autre , fur les mêmes pieds ou fur différents pieds. Première Section. Arbres & Arbujles dont les fleurs mâles & les fleurs femelles fe trouvent fur des individus différents. I. Ceux qui ont deux étamines. SaJix , i pijlil, I I. Ceux qui ont trois étamines. Cafia. Ozyris , Lin», i pijlil. III. Ceux qui ont quatre étamines. Rhamnoides. Hippophaë , Linn. i pijlil. \ n , . T n., Vifcum, i Jligmate. j Gale* MJrtca> Lï™- 1 Mes. IV. Ceux qui ont cinq étamines. Lentifcus , } Pijlacia^ Linn. 3 Jligm. j Siliqua , Ceratonia , Linn. i pijlil. V. Ceux qui ont fix étamines. Smilax , 3 files. Gleditfia , 1 pif il. Zantoxilum , Linn. F agara. Le nombre des étamines varie quel* quefois. 5 pif ils. Afparagus , 1 pif il. V I. Ceux qui ont huit étamines. Populus, 1 pijlil. VII. Ceux qui ont dix étamines. Coriaria , 5 pijiils. VIII. Ceux qui ont plus de douze étamines réunies. Juniperus Jumperus Cedrus, > Juniperus j Linn. 1 Jltgm, Sabina , J 0 iTaxus , j Jligmate, Rufcus, 1 pijlil. L'ejpece n°. f , porte fur l s même pied des fleurs mâles & d’autres fe¬ melles. Ephedra , 2 Jliles. METHODIQUE. Seconde Section. XX tx Arbres & Arbufles dont les fleurs mâles & les fleurs femelles font féparêes Vune de Vautre , mais fe trouvent fur les mêmes pieds . I. Ceux qui ont quatre étamines : Alnus , \ Betula , J Betula , Linn. 2 Jliles. IMorus , 2 Jliles. Buxus , 2 Jliles. 1 1. Ceux qui ont plus de douze étamines, Çhiercus , Linn. plufteurs Jlil. Quercus q Ilex , J» Suber , J Nux. Juglans , Linn. 2 Jligmates. c£«, } Corylus , plufieurs Jliles, Carpinus , 1 Jliles. Platanus , 1 pijlil. Liquidambar , 2 Jliles» III. Ceux qui ont des étamines réunies en un feul corps. Pinus , T Abies, > Pinus , Linn. i Jtile. Laryx, J Cupreffus , prefque point de pijlils , Thuya , 2 Jliles , Troisième Section. Arbres U Arbufles qui portent fur les mêmes pieds des fleurs hermaphro¬ dites » tantôt accompagnées de fleurs mâles U tantôt accompagnées de fleurs femelles J ou ces wois fortes de fleurs à la fois » mais toujours di - flinùles Vune de Vautre. Atriplex , 1 Jlile. Empetruin , 1 Jlile . Acer , 1 pijlil. Fraxinus , 1 pijlil. Celtis , 2 Jliles. Alaternus. Rhamnus , Linn. 5 Jligmates , La plupart des Genres de cette ClafTe pourroient être renvoyés aux Hermaphrodites en regardant comme monftrueufes ou comme avortées les fleurs qui n’auroient qu’un fexe. A'.Y.V TABLE SECONDE CLASSE . Des Arbres 3c Arbuftes qui portent des fleurs herma¬ phrodites monopétales 5 ou dont la feuille de la fleur efl: d’une feule piece. Première Section. Arbres & Arbuftes qui portent des fleurs hermaphrodites monopétales régulières s ou Lune feule feuille J femblables à un grelot s ou à un godets ou à une cloches ou à une foucoupe s &c . toujours régulièrement découpées par les bords. I. Ceux qui ont deux étamines 8c un piftil. Lilac. Syringa , Linn. Jafminum. Liguftrum, Phyllirea. Olea. Chionanthus. 1 1. Ceux qui ont quatre étamines 8c un piftil. Burcardia. Callicarpa , Linn. | Elæagnus. III. Ceux qui ont quatre étamines 8c quatre piftils. Aquifolium. 7/e.v, Linn. 4 ftigmates. I V. Ceux qui ont cinq étamines 8c un piftil. Azalea. Periclymenum , Xylofteon , Lonicera , Linn, Symphoricarpos , J Belladona. Atropa-> Linn. Jafminoides. Licium , L I N N. Solanum. Pervinca. Vinca , Linn. Nerion. Nerium , Linn. Sideroxilon. Periploca. V. Ceux qui ont cinq étamines 8c deux piftils. J Ulmus. VI. Ceux qui ont cinq étamines 8c trois piftils, ou plutôt trois ftigmates. Tinus , 3 ftigmates. | Opulus , 3 ftigmates. Viburnum , 3 ftigmates ; j Sambucus , 3 ftigmates i VIL Ceux qui ont iix étamines 8c trois ftigmates. Yucca , 3 ftigmates , MÉTHODIQUE. VIII. Ceux qui ont huit étamines & un piftil. Dirca. Thymclæa, i JUgmate. Daphné , Païïerina , } Thymelaa* Eric a, Vitis idæa, Vaccimum , Linn, Guaiacana, Diof-pjros , Linn. I X. Ceux qui ont dix étamines & un piftil, Chamærhododendros. Rhododendron , Linn. Uva Urfî. Kalmia. Gualteria, Arbutus. X. Styrax. Ceux qui ont plus de dix étamines attachées au caîyce. Seconde Section. Arbres & Arbufies qui portent des fleurs hermaphrodites monopétales irrégu¬ lières j ou formées furie feule feuille qui a la figure d'un cornet ou d'un capuchon J ou d'une gueule toujours irrégulièrement & inégalement ^ quoique finirent fimétriquement découpée par les bords. Toutes ont un piftil. I. Ceux qui ont deux étamines avec quatre femences renfermées dans le calyce Roftnarinus. j Salvia. II. Ceux qui ont quatre étamines, dont deux plus longues que les deux autres , avec quatre femences renfermées dans le calyce. Teucrium , \ 7 'eucrlum , Linn Chamædris ^ j Thymus. Lavandula , 1 T , , T Scæchas , ) Luvmduh, L l » K Phlomis. HylTopus. III. Ceux qui ont quatre étamines, dont deux plus longues que les deux autres , 8c dont les femences font contenues dans une capfule. Bignonia, | Vitex. IV. Ceux qui ont cinq étamines , 8c les femences contenues dans une bave. y Caprifolium , Chamæceralus Diervilla , Lonlara ? Linn» XXX t J TABLE Troisième Section. Arbres 6r Arbuftes qui portent des fleurs monopétales régulières ou irré - gulieres J hermaphrodites mâles ou femelles * mais toujours raffemblées en forme de tête , connues fous le nom de Fleurs à fleurons & demi fleurons . I. Ceux qui ne portent que des fleurs hermaphrodites dans lefquelles on trouve quatre étamines & un piftil. Globularia. 1 Cephalanthus. II. Ceux qui portent des fleurs hermaphrodites ôc des fleurs femelles , ôc dont les fleurs hermaphrodites renferment cinq étamines & un piftil. Abrotanum , r I Baccharis , Senecio , T ou rn. Abfynthium* J Abrotanum , L i k k. | 0thon„a. III. Ceux qui ne portent que des fleurs hermaphrodites dans lefquelles on trouve cinq étamines & un piftil. Santolina. I V. Ceux qui ne portent que des fleurs hermaphrodites dans lefquelles on trouve plus de douze étamines & un piftil. Acacia , Mimofa , Linn. V. Ceux qui portent des fleurs mâles ôc des fleurs femelles couvertes d’une enveloppe qui empêche qu’on ne les apperçoive , ôc un piftil. Ficus. T RO ISIEME CLASSE . Des Arbres & Arbuftes qui portent des fleurs herma¬ phrodites poly péta les , ou dont les fleurs font for¬ mées de plufieurs feuilles attachées au calyce. Première Section. Arbres & Arbufles qui portent des fleurs hermaphrodites polypétales ré- gulieres J ou compofées de plufieurs feuilles de figure ajfe i femb labié * attachées circulait ement autour du calyce. I. Ceux qui ont trois étamines ôc un piftjl. Chamxlea , Cneorwvy Linn, IL Arundo. METHODIQUE. 1 1. Ceux qui ont trois étamines & deux ftiles. XXXtl] III. Ceux qui ont quatre étamines & un piftil. Cornus. | Ptelea. Eyonimus. | I V. Ceux qui ont quatre étamines 8c deux piitils. Hamamelis. V. Ceux qui ont cinq étamines 8c un piftil. Frangubi * J- ^ îammis d i n N. 3 Jligm. Itea. Hedera. V îtis , 1 Jtigmate. Groffularia , Ribes , Linn. Ceanothus. Evonimoides , Celajlrus , Linn. V I. Ceux qui ont cinq étamines 8c deux ftiles. Ziziphus , Rhamnus , Linn. I Buplevrum. Sa fleur efl en ombelle . Chenopodium. | VII. Ceux qui ont cinq étamines 8c trois ftiles ou ftigmates. Tamarifcus, Tamarix-, Linn. quelquefois dix étamines. Staphylodendron , Staphylcea , Linn. N°. a n a que z fliles. Granadiila ; PaJJïfiora , Linn. VIII. Ceux qui ont cinq étamines 8c cinq pillils. Aralia. Les fleurs [ont en ombelle ; elles ont quelquefois flx étamines. IX. Ceux qui ont fix étamines 8c un piftil. Paliurus , Rhamnus , Linn. Rhus , Toxicodendron , ^ Rhus , Linn. Çotinus , } Rerl>eris. X. Ceux qui ont fix étamines 8c trois piftils. JVIerùfpermum. X I. Ceux qui ont fept étamines 8c un piftil. Hippocaflanum. Efculus , Linn. Ces fleurs approchent des irrégulières, Pavia. XII. Ceux qui ont huit étamines & un piftil. Ruts. XIII. Ceux qui ont huit étamines & trois ftiles. Polygonum. Atraphaxis , Linn, Tome I. c xxxiv TABLE XIV. Ceux qui ont neuf étamines Si un piftil. XV. Ceux qui ont dix étamines Si un piftil. Azedarach. Melia , Limn. | Ledum , Linn. Clethra. | Molle. Scinus , Linn. XVI. Ceux qui ont dix étamines Si deux piftils. Hydrangea. XVII. Ceux qui ont plus de douze étamines attachées au calyce. Si un piftil. Myrtus. Punica. Amygdalus , } ^myS^ut » XVIII. Ceux qui ont plus de douze étamines attachées au calyce Si trois , quatre ou cinq ftiles. i runiis y Armeniaca , Cerafus , Lauro-cerafus , Prunus j Linn. Syringa. Philadelphus ■> Linn, Cratægus. Sorbus. Melpilus. Pyrus , ^ Malus , Pyrus , L I N Ni Cydonia , J Spiræa , 3 pijlils. XIX. Ceux qui ont plus de douze étamines attachées au calyce 7 avec un nombre indéterminé de ftiles ou piftils. Rola. I Rubus , piftil. Butneria. | Pentaphylloides. Potentilla , Linn. X X. Ceux qui ont plus de douze étamines attachées à la bafe du piftil Si un piftil. Capparls, Tilia. Ciftus. IStewartia. Grewia. XXI. Ceux qui ont plus de douze étamines attachées à la bafe du piftil avec un nombre indéterminé de piftils. Tulipifera , Liriodendron , L 1 n n. J Anona. Magnolia. | Clematitis. Clematis , Linn. XXII. Ceux qui ont plus de douze étamines qui fe réunifient par le bas formant un corps , 6c cinq ftigmates. Ketmia. XXIII. Ceux qui ont plus de douze étamines réunies en pluGeur§ corps 3 6c deux ftiles. Androfcemum, Hypericum , Linn» XXXV METHODIQUE. XXIV. Ceux qui ont plus de douze étamines réunies par le bas en pluüeurs corps, & cinq Hiles. Hypericum. J Afcyrum , Hypericum , L i K N# Seconde Section. Arbres & Arbufies qui portent des fleurs hermaphrodites polypétales irregu - lieres & dont les feuilles qui font de figures très- différentes les unes des autres font attachées circulairement U irrégulièrement J quoique foulent fimétriquement autour du calyce. Elles ont toutes dix étamines. Spartium. Genijla , Li n n. Genifta. Spartium , L i n n. Genifta-Spartium. Ulex , Linn. Cytifo-Genifta. Spartium , Linn, Cytifiis. Anonis. Ononis , Linn. Emerus , Coronilla , / Ccronilla , Linn. Anagyris. Pfeudo-Acacia. Robinia , Linn, Colutea. Tragacantha. Barba -Jo vis. Anthyllis , Linn; Siliquaftrum. Amorpha. Sa fleur n’a que le Vexillum « c ij XX XV J TABLE DES ARBRES ET DES ARBUSTES RANGÉS \ SUIVANT LA FORME DE LEURS FRUITS. POUR aider encore à rapporter les Arbres & les Arbuftes aux genres qui leur conviennent , nous avons cru qu’il fe- roit avantageux de donner la Table fuivante , afin que, 11 l’on trouvoit quelque embarras dans l’ufage de la précédente, on pût lever Tes doutes , en confultant dans celle-ci quelle eft la forme des Fruits qui convient à chaque genre d’arbre : nous ne pré- fentons point ceci comme une Méthode exaéte; le nombre des femences eft fujet à trop de variations ; mais comme des notes qui pourront être utiles à ceux qui voudront acquérir la con- noiftance des Arbres & des Arbuftes : c’eft pour cette raifon que nous nous contenterons de préfenter les Fruits par Famille. Les Genres qui font liés par des crochets , fe reftfemblent fi fort, qu’on pourroit n’en faire qu’un feul. PREMIERE FAMILLE . Arbres & Arbuftes qui portent des fruits fecs , & qui contien¬ nent un nombre de femences fous des écailles , ou dans des capfules , ou dans des alvéoles , ou ceux dont les femences nues font raffemblées en maffe. X I. Fruits écailleux quon nomme Cônes . {Pi rm s. T Thuya. f Alnus. Abies. T Cupreflus. \ Betula, Larix. II. Fruits compofés de capfules raffemblées en forme de cônes » Magnolia. III. Fruits dont les femences font reçues dans des alvéoles» Liquidambar, Table des Arbres & des Arbujles 9 &c. xxxvij I V. Fruits dont les femences rajfemblées en majfe forment par leur extrémité des écailles. Tulipifera. "V. Fruits dont les femences rajfemblées en majfe forment des fphéres, Platanus. ] Cephalanthus, SECONDE FAMILLE. \ Arbres ôc Arbuftes qui portent des fruits plus ou moins charnus ^ avec des femences recouvertes d’une enveloppe coriacée 3 ôc que je nommerai Pépins. I. Fruits à pépin j qui ont beaucoup de chair fucculente. {Pyrus. Cydonia. Malus, II. Fruits à pépin dont V enveloppe efl charnue mais peu fucculente ; prefque féche quon nomme Brou. {Caftanea. Fagus. {Hippocaftanum. Pavia. III. Fruits dont les pépins font Jîmplement enchâjfés dans le brou. { Quercus. Ilex. Suber. IV. Fruits à pépin J fucculents ou non ; qui renferment beaucoup de femences dans une ou plufieurs cavités. Granadilla. J Punica, J Ficus, TROISIEME FAMILLE . Arbres ôc Arbuftes qui portent des fruits à noyau 9 ou donc l’amande eft contenue dans une boîte ligneufe. I. Fruits à noyau qui font charnus & fucculents. r Armeniaca, < Prunus. V Cerafas, Perfîca. i • • • xxxvuj Table des Arbres & des Arbuftes IL Fruits à noyau * qui font charnus & [acculent s J & dont le noyau contient deux amandes. * Lauro-cerafus. Laurus. III. Fruits dont le noyau eft fimplement recouvert d'un brou . Nux. J Amygdalus. I V. Fruits dont le noyau ejl finalement enchajfe dans le biou . Corylus. C Olea. Cornus. \ Elæagnus. Celtis. Ziziphus. QU AT RIE ME F A MILLE. Arbres 6c Arbuftes qui portent de petits fruits charnus, fuccu* lents ou non , que l’on nomme Bayes : fuivant les genres elles renferment plus ou moins de femences. I. Bayes fucculentes qui renferment une femence . Chionanthus. Cotinus. Oxiacantha. Menifpermum. Opulus. IL Bayes fucculentes Phylliræa. Rhamnoides» Syderoxilon. Thymelæa, dont le noyau ef fu Daphné. Tinus. Viburnum. Vifcum. iplement enchajfe dans la chair « Taxus. III. Bayes fucculentes qui renferment un noyau^f cinq amandes. Azedarach. I V. Bayes feches ou peu charnues qui renferment une femence . { Dirca, Gale. Lentifcus. Terebinthus. { Molle. Rhus. Toxicodendron. PalTerina. V. Bayes fucculentes charnues ou feches , qui renferment deux femences , Afparagus. Berberis. Caprifolium. Periclymenum. Cratægus. Ephedra. F ran gula. Jafminum. Smilax. Styrax. Chamæceralus# Xylofteon. * Il ejl bon de remarquer que fouvent il y a me de ces deux amandes qui avorte , CC qui fait que l’on n’en trouve qu’une , quoique la boîte ligneufe forme deux loges • rangés fuivant la forme de leurs fruits, xxxix VI. Bayes charnues fucculentes ou fechesj qui renferment trois femences. Alaternus. ! Sabina. j Rufcus. Cedrus. I Rhamnus. I Sambucus. Juniperus. ' 1 VII. Bayes charnues fucculentes ou féches * qui renferment quatre femences . Aquifolium. j Liguftrum. Burcardia. J Vitex. VIII. Bayes charnues fucculentes ou fiches , qui renferment cinq femences, Aralia. . I Meipilus , plufeurs efpeces. I Vitis. Hedera. | Uva Uriî. | IX. Bayes charnues fucculentes ou non qui contiennent plus de cinq femences, Arbutus. Belladona. Groïïularia. Jalminoides. Myrtiis. Solanum. Vitis idæa. Rofà. Butneria. Capparis. Guaiacana. CINQUIEME FAMILLE. Arbres ôc Arbuftes qui portent leurs femences dans des cap- fuies épailfes ou membraneufes , divifées fuivant les genres en plus ou moins de cavités. I. Capfule à une cavité U une femence. Carpinus. II. Capfule membraneufe à une cavité £r une femence . Ulmus. I Polygonum. Ptelæa. Prefque toujours deux femences J Atriplex. avortent. III. Capfule à une cavité „ avec quantité de femences. Itsea. IV. Deux capfules réunies * une cavité , une femence dans chacune. Acer. 1 Fagara. V. Deux capfules réunies * une cavité , plufieur s femences dans chacune, Salix. ] Populus. | Tamarifcus. VI, Deux capfules à deux cavités , deux femences. Hamamelis, ( Lilac. xl Table des Arbres & des Arbujles VII. Capfules à trois cavités J trois femences. Ceanothus. I Chamelæa. I Paliurus. VIII. Capfules à trois cavités * fix femences , Buxus. IX. Capfules à trois cavités J quantité de femences. Androfœmum. j Clethra. I Tithymalus- Hypericum. { Evonimoydes. | Yucca. X. Capfules à quatre ou cinq cavités J quatre ou cinq femences. Evonymus. | Grewia. XI. Capfules à quatre cavités J beaucoup de femences. .! Ruta. j Syringa. ] Erica. | Diervilla. XII. Capfules à cinq cavités J une femence * parce que les autres avortent » Tilia. XIII. Capfules à cinq cavités j cinq femences . Stewartia. XIV. Capfules à cinq cavités quantité de femences. Afcyrum. Chamærhododendros. Azalea. X V. Capfules à un nombre indéterminé de cavités ^ beaucoup de femences» Ciftus. SIXIEME FAMILLE . Arbres & Arbuftes qui portent leurs femences dans des efpeces de gaines qu’on nomme Siliques : lorfqu’elles font courtes on les nomme Siliculles. Gualteria, Kalmia. Ketmia, Spiræa. I. Siliculles fans cloifon ^ qui renferment une femence. Barba-Jovis. \ Amorpha. J Spartium. II. Siliculles fans cloifon J qui renferment trois ou quatre femences . Tragacantha. { Genifta-Spartium. III. Siliques fans cloifon , qui font comprimées entre chaque femence. Coronilla. J Emerus. IV, rangés fuivant la forme de leurs fruits . xlj IV. Siliques fans cloifon j & dans lefquelles il ny a point de pulpe . Pervinca. Anonis. Anagyris, IGenifta. Cytifo-Genifta, Cytifus. ISiliquaftrum. Pfeudo-Acacia. V. Siliques fans cloifon * dont les femences font retenues dans une pulpe. Acacia. J Siliqua. j Bonduc. V I. Siliques qui ont une cloifon qui les divife en deux fuivant leur longueur . Phafeoloides. J Bignonia. VII. Fruits qui approchent de la forme des Siliques j, qui n’en ont point exactement le caraClere. Ncrion. i Anona. ! Staphilodendron* Periploca» j Colutea. | SEPTIEME FAMILLE . Arbres ôc Arbuftes qui portent leurs femences nues^ ou qui n’ont pour enveloppe que le calyce ou le pétale. I. Semences nues & fans aucune enveloppe . Clematitis. J Buplevrum. 1 1. Semences enveloppées par un calyce particulier * Chenopodium, III. Quatre femences enveloppées par le calyce commun» Chamædris, Teucrium. HyfTopus. Lavandula Stœchas. Phlomis. Ros marinuj. Saivia. Thymus. I V. Cinq femences enveloppées par un calyce commun Coriaria. V. Nombre indéterminé de femences , enveloppées par un calyce commun „ Abrotanum. Baccharis. Abfynthium, Othonna. Santolina. Globularia. Pentaphylloides. Je prie qu’on fe rappelle que j’ai dit que le nombre des femences varioit beaucoup, &que je ne préfentois ces Tables que comme des indications, qui dans certains cas pourroient être utiles à ceux qui fe trouveroient embarraffés dans l’uiage de la Table méthodique que nous avons donnée en premier lieu. Tome E f r ; XLL] TABLE Dans laquelle les Arbres ôC les Arbuftes font rangés en différentes Claffes , fuivant lafoune SC la pofidon de leurs feuilles. IL y a lieu de croire qu’avec le fecours des deux Tables pré¬ cédentes on parviendra à rapporter les Arbres ôc les Arbuftes contenus dans ce Traité , aux genres qui leur conviennent , toutes les fois que l’on pourra examiner les parties dont nous avons tiré les carafteres : mais l’ufage de ces Tables fera tout- à-fait inutile dans le temps que les Arbres n’auront ni fleurs ni fruits. Dans ce cas il fera naturel de défirer d’être guidé par une Méthode tirée des feuilles , non-feulement parce que les Arbres en font garnis une partie de l’année, mais encore parce que les jeunes Arbres produifent des feuilles bien long - temps avant qu’ils puiffent être en état de donner des fleurs ôc des fruits. Malheureufement cette partie des Arbres varie trop pour quelle puifle fervir de fondement à une bonne Méthode ; ôc les tenta¬ tives des Botaniftes , n’ont fervi qu’à les convaincre qu’il falloit tirer les caraêferes des fleurs & des fruits , & n avoir recours aux feuilles que dans des cas particuliers ôc rares. Il y a néanmoins certaines propriétés des feuilles qui con¬ viennent allez généralement à tous les Arbres d’un même genre ; & il eft avantageux de les connoître , ne fut - ce que pour parvenir à diftinguer 1 un de l’autre , deux genres qui fe reflemblent à beaucoup d’égards. Suppofons , par exemple , qu'on connoiffe aflez bien YOpulus Ruellii , on pourroit , lorf- qu’il n’a ni fleurs ni fruits , le confondre avec le Sptraa Opuli folio y fi on n’étoit pas prévenu que YOpulus a fes feuilles oppo- fées , & que celles du Spirœa Opuli folio font alternes. J’en pour- rois dire autant du Liquidambar Acerls folio y dont les feuilles font alternes , au lieu que celles des Acer font oppofées. Je ne me propofe donc point d’établir par la forme & la pofltion des feuilles fur les branches ; une Méthode affez exaête Table des Arbres & des Arbujles , &c. xlîij pour mettre un Amateur en état de rapporter les Arbres ôc les Arbuftes aux genres qui leur conviennent ; mais j’efpére qu’on me faura gré de fournir des indications , qui, dans' cer¬ taines circonftances, pourront être d’un grand fecours pour fervir à diftinguer certains Arbres les uns des autres. La différence que la nature a mife entre les Arbres qui con- fervent leurs feuilles pendant l’Hiver , ôc ceux qui fe dépouil¬ lent, eft trop frappante pour n’en pas profiter: ainfi je ne con¬ fondrai point ces deux efpeces d’Arbres , mais la diftinêtion des Claffes générales fera tirée de la forme des feuilles. Première Classe. Arbres 6c Arbuftes qui ont leurs feuilles fimples ou entières , fans grandes découpures , telles que celles de 1 Orme , du Laurier. Seconde Classe. Arbres Ôc Arbuftes qui ont leurs feuilles fimples , mais découpées affez profondément , telles que celles de la Vigne , de l’Erable , de l’Opulus. Troisième Classe. Arbres & Arbuftes qui ont leurs feuilles compofées 6c empanées , ou conjuguées, formées de folioles , rangées aux deux côtés d’un filet commun , ainfi que celles de l’Acacia, du Noyer, ou du Frêne. Quatrième Classe. Arbres Ôc Arbuftes qui ont leurs feuilles compofées ôc palmées , ou compofées de 3 , y , 7 , Ôc c. folioles, difpofées en éventail au bout d’une queue commune, ôc formant comme une main ouverte. Les Serions ou fubdivifions de ces Claffes font tirées de la pofition des feuilles fur les branches , fuivant qu’elles font ou oppofées deux à deux , ou placées alternativement , ainfi que de la circonftance d’avoir les bords des feuilles ou des fo¬ lioles unies ou dentelées. w xliv Table des Arbres & des Arbuftes PREMIERE CLASSE. Arbres & Arbuftes qui ont leurs feuilles fimples & entières , fans grandes découpures. Section Première » Arbres & Arbuftes qui ont leurs feuilles fort étroites. Ceux dont les feuilles fe renouvellent , Ceux dont les feuilles fubfiflent fendant l'Hiver. I, Longues & étroites . Larix folio deçiduo. Pinus. Abies, Larix Orientalis, &c; Taxus. Ros marinus. Ciftus , Roris marini folio, Lavandula. Stœchas. II. Courtes , étroites , piquantes , ou non piquantes. Afparagus foliis acutis. Cedrus. Plufieurs efpeces» Juniperus, Erica. III. Prefque pas apparentes , & comme articulées les unes avec les autres * ou articulées fur les branches. Cuprefïus. ") Thuya. j Tamarifcus. Sabina. Cedrus. Plufieurs efpecesl Santolina, Seconde Section, Arbres ôt Arbuftes qui ont leurs feuilles ovales Ôc Fotf allongées , comme celles du Saule 5 du Pecher j &Ci I, Allongées , oppofées ^ non dentelees^ Xiguftrum. Pervinca anguRifolia; Kalmia. Chamærhododendros, Nerion. Olea. Vifcum. j Phyllirea anguftifoliaj rangés fuivant la forme de leurs feuilles . xlv Ceux dont les feuilles fubftjlent fendant l’Hiv. I Ceux dont les feuilles fe renouvellent. IL Allongées j alternes J non dentelées. Chamelæa. Thymelæa femper vircns^ Othonna, Calïa, Elæagnus. Genifta. Jafminoides. Rhamnoides. Thymelæa foliis deciduis* Azalea III. Allongées , oppofées ^ dentelées. I IV. Allongées , alternes , dentelées. Celtis. Elles font quelquefois ajfez larges} fur-tout du côté de la queue» Amygdalus. 1 Perfica. Salix. Spiræa falicis folio. Section III. Arbres Ôc Àrbuftes qui ont leurs feuilles ovales Ôc allez larges 3 comme celles du Laurier , du Poirier , de l’Orme ; ôte. I. Ovales , oppofées „ point dentelées » Cornus. I3uxus, Tinus. Ciftus. Tlufieurs efpecesi Salvia. Tlufieurs efpeces » Phlomis.- Teucrium Boeticum» Thymus. Pervinca latifolia. Phyllirea levis. Caprifolium femper virens. Cephalanthus; Punica. Chamæcerafùs. Symphoricarpos. Periclymenum. Xylofteon. Viburnum. Lilac liguftri folio. Butneria. I I. Ovales j alternes point dentelées,. Cotonafter, Lauro-cerafus. Les dentelures prefque im¬ perceptibles « Benzoin. Myrtus. Buplevrum. Magnolia. Vitis idæa. Uva Urfi. Tithy malus* Belladona. Capparis. Styrax. Spiræa Hyperici folio* Guaiacana. Frangula. Chenopodium* Dirca. Sideroxilon, Anona. jDulcaxnara. xhj Table des Arbres & des Arbujles Ceux dont les feuilles fubfiflent pendant l' Hiv. I Ceux dont les feuilles fe renouvellent. III. Ovales j oppofées ^ dentelées . Phyllirea. Plufteurs efpeces, Chamædr is. Rhamnus. Syringa. Evonymus. Diervilla. Burcardia. Hydrangca. I V. Ovales j alternes dentelées. Suber. *) Ilex. J Itea. Alaternus. Aquifolium. Callîne Aquifolium* Arbutus. Grewia. Gualteria. Laurus. Gale. Alnus, Berberis. Corylus. Caftan ea. Fagus. Malus. Pyrus. Cydonia. Prunus. Ceanothus. Clethra. Mefpilus folio Iaurino. Ulmus. Ziziphuî. Paliurus. Spiræa folio crenato. Cratægus folio oblongo & arbuti* Ceralus. Hamamelis. Tacamahaca. Carpinus. } } Section I y. Arbres & Arbuftes qui ont leurs feuilles arrondies , larges du côté de la queue , où elles forment une efpece de cœur , ôc terminées en pointe. Afcyrum* I. Oppofées j point dentelées, Lilac. M A T T H. Periploca. Coriaria. Hypericum. Androfoemum. 1 1. Alternes * non dentelées. Rufcus, Plufteurs efpeces , ISiliquaftrum. Menilperrnum. ranges fuivant la forme de leurs feuilles. xlvij Ceux dont les feuilles fubfiflent pendant l'iiiv. I Ceux dont les feuilles fe renouvellent» 5milax. III. Alternes , dentelées, Betula. Armeniaca; Populus. Tilia. Evonymoides.' SECONDE CLASSE. Arbres & Arbuftes qui onc leurs feuilles (impies & découpées allez profondément. Acer Cretùa. I. Découpées * oppofées , non dentelées. | Acer. Plujieurs efpeces. II. Découpées „ alternes , non dentelées . SafTafras. Hedera. Atriplex. Les feuilles font quelquefois oppo¬ fées. Granadilla. Liquidambar. Platanus. Cratægus. Plujieurs efpeces, Quercus. Baccharis, Ficus. III. Découpées * oppofées , dentelées. IOpulus. Acer. Plufieurs efpeces » I V. Découpées j alternes J dentelées. Keîmia, Groffularia. Vitis. Spiræa Opuli folio. Mefpilus. Plufieurs efpeces. Table des Arbres & des Arbujles xlv'llj Cettxdom les feuilles fubfijlent fendant l'Hiv. Ceux dont les feuilles fe renouvellent. TROISIEME CLASSE. Arbres &Arbuftes qui ont leurs feuilles compofées & empanées ^ ou conjuguées. J. Conjuguées J oppofées , folioles non dentelées . ILilac laciniato folio. Jafminum. 1 1. Conjuguées , alternes J folioles non dentelées . Siliqua.' Lentilcus. Tragacantha# Phafeoloides. Bonduc. Pfeudo-Acacia. Toxicodendron foliis piimatis# Terebinthus, Molle; III. Conjuguées ï oppofées j folioles dentelées , Fraxinus. Acer foliis trifidis. Bignonia Fraxini folio# Staphilodendron, I V. Conjuguées , alternes * folioles dentelées * •q Nux. Fagara* Rhus. Rofa. Rubus idaeus# Sambucus* Sorbus. Azedarach# QU AT RI E ME CLASSE, Arbres & Arbuftes cpii ont leurs feuilles compofées & palmees, ou en éventail. J. Palmées , oppofées point dentelées . | Vitex# ranges fuivant la forme de leurs feuilles . xlix Ceux dont les feuilles fubf fient pendant l’ Hiv. Ceux dont les feuilles fe renouvellent. IL Palmées , alternes , point dentelées J Toxicodendron triphyllum , glabrufit* Anagyris. Bignonia capreoiis donata. Cytilùs. Cytifo-Genifta. Ptelea. III. Palmées } oppofées , dentelées. Vitex de la Chine. An , Agnus minor foliïé anguftifîimis. Staphilodendron triphyllum. Toxicodendron folio pubefeente# IV. Palmées } alternes , dentelées. Rubus. Anonis. Hippocaftanum. 1 Pavia. J y, Laciniées } £r ajjeç irrégulières. Vitis Petrofelini folio; Sambucus laciniato folio» Abrotanum. Ablynthium. Genifta-Spartium, Ruta, Pentaphylloideso Tome I. S I ARBRES ET ARBUSTES qui peuvent fervir à faire des Bofquets dans les différentes Saifons de l’Année , garnir des Tonnelles , former des Avenues , ôCc. Quoique faye marqué dans le corps de cet Ouvrage en quelle faifon chaque arbre & chaque arbufte produi¬ sit fes fleurs , j’ai cru que les Amateurs verroient ici avec plai- flr une Lifte dans laquelle ils pourroient trouver d’un coup d’œil ceux qui peuvent concourir à faire des bofquets agréables dans les différentes faifons de l’Année. Mais comme cette Lifte efl bornée à de Amples indications, on ne fera pas difpenfé de confulter les différents articles de notre Ouvrage où nous avons eu la liberté de nous étendre beaucoup plus que nous ne pou¬ vons le faire préfentement. Fin de MARS , & commencement d* AVRIL - Les produ&ions de la terre font ordinairement trop peu avan¬ cées à la An du mois de Mars ôt au commencement d Avril, pour entreprendre de former des bofquets avec les arbres ÔC les arbuftes qui font alors en fleur. Nous ne connoiffons que îe Cornouiller , dont les fleurs cependant n’ont pas beaucoup d’éclat, & les Mezereon , ou Bois-gentil à fleurs blanches & à -fleurs rouges, & l’Amandier nain, qui produifent de fort jo¬ lies fleurs ; Ôc comme il eft bien agréable de jouir de ces avant* coureurs du Printemps , on fera bien d’en orner un petit bof- quet planté des plus beaux arbres verds. Fin d' A V R I L. Dès la An de ce mois on a le Mahaleb qui pouffe à la fois des feuilles & des fleurs qui répandent une odeur très - agréa¬ ble j nous en ayons fait de belles paliffades : le grand Pêcheî A rbres qui peuvent fervlr à faire des Bofquets , &c. ij à fleurs doubles ; il donne peu de fruit , mais lps fleurs en font aufli belles que de petites rofes très-doubles : les Poiriers, celui qu’on nomme à doubles fleurs , Ôc celui à fleurs doubles ; ils produifent de belles & grandes fleurs blanches : le Pêcher nain à fleurs doubles , qui eft tout couvert de fleurs très- doubles d’une couleur fort vive : la grande Pervenche dont les fleurs font d’un très-beau bleu ; enfin les petites Pervenches qui font des tapis d’un très-beau verd , ornés de fleurs , les unes bleues ôc les autres blanches. Commencement de M A Y. > C’eft dans ce temps qu’on peut commencer à former des bofquets d’une grande beauté par la quantité d’arbres ôc d’ar- buftes qui donnent alors des fleurs extrêmement variées. Les Merifiers ôc les Cerifiers à fleurs doubles font chargés de grandes guirlandes de fleurs blanches qui reffemblent à des Renoncules femi-doubles : les Padus ou Cerifiers à grappes ôc les Lauriers-Cerifes, donnent des pyramides de fleurs blanches qui font un bel effet : les Caragagnia ordinaires ôc à bouquets produifent des fleurs jaunes : le Ragouminer fait dans le même temps un fort joli arbufte. Tout le monde connoît le mérite des fleurs du Lilas qui fatisfont également les yeux Ôc l’odorat : les Amelanchiers, les Azeroliers, les Buiffon-ardents , font tout cou¬ verts de fleurs blanches : l’Obier ôc le Spirœa à feuilles d’Obier, produifent de gros bouquets de fleurs blanches rafiemblées en ombelle ou en boule : enfuite les grands Cytifes fe chargent de longues grappes de fleurs jaunes ; les Gaîniers d’une quan¬ tité prodigieufe de fleurs pourpres : l’Epine blanche , fur-tout celle à fleurs doubles , a l’avantage de répandre une odeur très-agréable. A l’égard des Arbuftes , on a les Emerus , plufieurs efpeces de Cytife , le Spartiurn purgans , le Pentaphylloides ôc le Mille¬ pertuis , qui font couverts de fleurs jaunes : le Butneria en donne dans le même temps de purpurines ; ôc les Spirœa , à feuilles de Mille-pertuis , produifent alors de longs épis de fleurs blanches. Voilà certainement de quoi former un très-beau bofquet; i V Hj Arbres qui peuvent fervir a faire des B ofquets cependant celui de la fin de ce même mois pourra offrir un fpeêtacle encore plus frappant , parce qu’on pourra joindre plufieurs grands arbres avec les arbriffeaux & les arbuftes, La fin du mois de MAY. C’eft dans ce temps que le Marronnier d inde eft garni de fes beaux & grands épis de fleurs: le P rêne a fleurs eft au lu très-agréable à caufe des groffes grappes de fleurs dont il eft chargé : le Mélefe ordinaire produit des cônes rouges qui font un auffi bel effet que des fleurs , & d’ailleurs les feuilles dont il fe garnit font du plus beau verd naiffant qu’on puiffe defirer: le faux Acacia eft garni de grandes grappes de fleurs blanches qui répandent une très-agréable odeur : le Pavia eft tout chargé de fleurs d’un fort beau rouge : le Bonduc de Canada produit des bouquets de fleurs blanches. A l’égard des arbriffeaux ôt arbuftes ; le Styrax a fes fleurs approchantes de celles de 1 Oranger , le Staphylodenda on produit de longues grappes de fleurs blanches ; le Syringa donne , comme l’on fait , des bouquets de fleurs blanches qui ont beau¬ coup d’odeur ; les Colutea fe garniffent de fleurs , les unes jaunes , les autres rouges ; les branches des Tamarifques font terminées par des fleurs qui font d’un affez beau rouge ; les Diervilla fe garniffent de fleurs jaunes ; le Troène , le Xylo - Jleon & le Jajmmoides portent des fleurs blanches. Ain fi les bofquets de la fin du mois de May peuvent être garnis d’arbres & d’arbuftes qui , fleuriffant tous dans le même temps , concourent à les rendre très-agréables. juin : Je ne connois point de grands arbres qui donnent de belles fleurs pendant le mois de Juin ; mais on en fera dédommagé par la quantité d’arbriffeaux & d’arbuftes qui portent dans cette faifon des fleurs d’une beauté admirable. L ’Xmorpha produit de grands épis de fleurs pourpres qui parodient femées de pailletés d’or ; le Sanguin donne des om¬ belles de fleurs blanches ; les fleurs de 1 Elœagnus font d’un dans les differentes Saijons de V année. jaune pâle peu brillant ; mais elles répandent une odeur très- forte qui eft agréable de loin ; le Greivia eft charmant par fes fleurs violettes , c’eft dommage qu’il foit fenfible aux gelées : rien n’eft plus éclatant que les fleurs rouges des Grenadiers : les ombelles des Sureaux ont aufli leur agrément : les Spirœa à feuilles de Saule , & le Laurier-Thym font beaucoup d’effet : les fleurs des Rofiers , des Câpriers , des Chevre-feuilles , des P er'iclymenwm font charmantes par leur forme , leur couleur, leur odeur : on en peut dire autant des Jafmins blancs & jaunes, des Clematitis Amples, du Phafeoloides , du Chamœrhododendros , du Chionanthus , du Genêt , du Sparte-Genêt & de quantité d’arbuftes , tels que le Romarin , la Sauge , la Santoline , le Spart um , le Mille-pertuis, la Toute-faine , la Lavande, le Stæchas , l'Hyflope , le Thym , le Chamœcerafus , le Xylojleon , VAnonis. Juillet , Aousr , Septembre , Octobre . Comme la plus grande partie des fleurs font paffées au mois de Juillet , on fera obligé pour le mois de Juillet & les fuivants , jufqu’à l’entrée de l’hyver , de former les bofquets avec des arbres & des arbuftes qui tirent leur principal mérite de leur belle verdure : tels font les Platanes & les Tulipiers ; ces ar¬ bres portent de grandes feuilles qui ne font prefque jamais atta¬ quées par les infectes; le Mûrier^ de la LouyAane , & celui d’Efpagne à grandes feuilles ; l’Erable de Canada , dont les feuilles deviennent d’un très-beau rouge en Automne ; le Peu¬ plier noir de Virginie dont les feuilles font prodigieufemenc larges ; V A non a , le Piaqueminier , le Bonduc* , le Fagara , le G ledit fia , le Fuftet, le Porte-chapeau, le Jujubier, le Ptelea , le Micocoulier, le Liquidambar , les Sumacs , les Térébinthes , le Gale , le Conaria , dont la fleur qui paroît en Juin eft peu éclatante. On peut y joindre les arbres ôc les arbuftes qu’on a coutume d'employer pour les bofquets ordinaires ; on les trou¬ vera indiqués dans le corps de l’ouvrage ; car ils font trop connus pour qu’il foit néceflaire de les rappeller ici : mais nous ne devons pas nous difpenfer de faire remarquer qu’on pourra relever l'éclat de ces bofquets par quelques arbres & liv Arbres qui peuvent fervir à faire des B ofquets arbuftes qui fleurirent tard ou qui fe trouvent en Automne chargés de fruits colorés qui tiennent en quelque façon lieu des fleurs qui font alors très-rares. Je vais les indiquer. UAralia épineux , qui fleurit au commencement d’Oftobre, produit quantité dombelles de fleurs ; le Bignonia donne pendant tout le mois de Juillet, & une partie d’Août & de Septembre, de mandes fleurs rouges. Le Catalpa produit en Juillet de grands bouquets de belles fleurs purpurines qui répandent une odeur très-gracieufe ; le Capprier continue à épanouir fes belles fleurs prefque jufqu’au temps des gelees \ le ClevYiatitis a fleurs doubles fleurit en Juillet , aufli-bien que le Clethra ; YHa- mamelis fleurit en Septembre & en Octobre ; l’ Hydrangea, donne fa fleur en Juillet, ou en Août & meme en Septembre ; le Ketmia eft en fleur pendant le mois de Septembre ; la Ronce à fleurs doubles fournit des fleurs depuis le mois d’Août jus¬ qu’aux gelées , ainfi que le Rofier de tous les mois & le Lau¬ rier-Thym ; VAgnus-cafius fleurit dans les mois de Septembre ôt d’Oètobre. Outre cela le Troène , le Buiffon-ardent , XEvommus , YEvo- nlmoides , les Jafminoides font garnis de fruits colores qui ont bien leur mérite pour décorer les bofquets d’Automne. Pendant L H Y VE R . Au commencement de Novembre tous les arbres bien loin de produire des fleurs quittent leurs feuilles , & les fruits les plus tardifs tombent. On n’a plus alors d’autre reflource pour garnir les bofquets que celle des arbres qui confervent leurs feuilles pendant toute l’année. Nous allons donner une lifte de ces arbres , que nous rangerons à peu près fuivant l’ordre de leur grandeur , en commençant par les plus grands arbres ÔC finiffant par les plus petits arbuftes. Le Cedre du Liban, les différentes efpeces de Pin , le cultivé Ôc le grand maritime , ont un très-beau feuillage ; les Sapins ÔC les Êpicias ; les Cyprès , celui qui raflemble fes branches , fait un très-bel effet fur les bordures , l’autre doit être placé dans les maflifs ; l’If, ceux de bouture branchent beaucoup & font prefque toujours courbes , ceux de graine fe tiennent fort droits dans les differentes Saifons de Vannée . Lv £c s^élevent ; plufieurs efpeces de Cedres à feuilles de Cyprès ou à feuilles de Genievre , les uns ôt les autres font de beaux arbres; les Thuya , celui de Canada n’eft bon que dans les maffifs, mais celui de la Chine foutient fes branches ôt eft d’un plus beau verd ; les Chênes verds ôt les Lieges font de beaux arbres quoique leur verdure foit terne ; les Houx ordinaires font de beaux arbres , leurs feuilles font d’un beau verd , ôt leurs fruits rouges en augmentent le mérite , mais les panachés font dans les bofquets un effet admirable : les Phyllirœa ne font , à la vérité , que de grands arbrilfeaux , mais ils font touffus ôt d’un affez beau verd : les Tamarifques répandent leurs branches de côté & d’autre ôt font peu touffus , ainfi ils ne conviennent que dans les maffifs. L’Erable de Candie eft affez joli , mais il quitte fes feuilles quand les hyvers font rudes : les Lauriers ont un beau port , mais leur verd eft très-foncé ; le Laurier-Cerife ne forme dans ce pays-ci que des buiffons. mais dont la verdure eft très-écîa* tante : l’Alaterne fait à peu près le même effet que le Filaria ordi¬ naire , mais il eft un peu tendre à la gelée : le Greivia eft malheu- reufement trop fenfible à la gelée : le Laurier-Thym a fes feuilles d’un verd très-foncé , néanmoins il feroit un très-bel effet s’il n’étoit pas de temps en temps endommagé par les fortes gelées: le Benjoin a fes feuilles d’un beau verd , mais il eft encore fort rare : le Buplevrum fait un fort beau buiffon ; fes feuilles font d’un beau verd tirant fur le bleu : l’Olivier n’a pas la couleur de fes feuilles d’un verd fort éclatant : les Buis de la grande efpece ôt les Buis panachés font de beaux buiffons , c’eft dommage qu’ils répandent une odeur peu agréable : l’Arboufier fait un fort beau buiffon : le Saffafras peut être comparé aux Lauriers , mais il eft encore fort rare : les Genévriers ôt les Sabiniers font des buiffons affez agréables , quoique de forme très-bizarre : le Caprifolimn femper virens ne perd fes feuilles que dans les très- grands hyvers : les Rufcus , les Lauriers-Alexandrins , font de fort jolis buiffons > mais ils font très-bas. Nous en dirons autant des arbuftes fuivants qui font toujours très-nains. Le Troène ; l’Ofeille maritime qui a fes feuilles argentées; le Baccharis ; les Gale ÿ le Romarin ; l’Afperge en arbriffeau ; le Chamœrhododendros y le K al mi a ; Phlomis ; Cijlus y Salvia ; Santolina / AbYotanum $ Ruta; Abjynthium ; Lavandula $ Stœchas ; Te aérium ; Ivj Adores qui peuvent Jervir à faire des B ofquets, &c. Tithymalus y Hypericum y Androfœmum y Afcyrum y Chamelæa / Thymelæa femper virens y Smïlax y Gualteria y Chenopodium y Ephe - tf/ra y Pervinca y Vïtis idœa y Uva-urfi y Thymus. On pourra former dans les Jardins de propreté des tonnelles avec des plantes grimpantes , telles que le Jafmin blanc qui fleu¬ rit en Juin ; les bignonia qui fleuriflent en Septembre ôt en Oc¬ tobre ; le Capprier qui eft en fleur depuis le mois de Juin juf- qu’aux gelées ; les Chevre-feuilles qui fleuriflent dans le mois de Juin; le P enclymenum produit des fleurs prefque jufqu’aux gelées : le Clématite Ample fleurit à la lin de Juin , ôt celui à fleurs doubles en Juillet ; la Granadille fleurit dans le mois de Juin; le Phafeoloides , au commencement de Juillet ; Y Evonimoides ne donne point de belles fleurs , mais il fe charge de fruits d’un fort beau rouge qui fubfiftent jufqu’aux gelées ; la Ronce double eft en fleur jufqu’aux gelées ; le Â/lemfpermiim n’eft eftimable que par fon feuillage ; le Dulcamara donne de jolies fleurs bleues ÔC des fruits rouges qui fubfiftent jufqu’aux gelées ; les fleurs de la Vigne-vierge n’ont aucun mérite , mais elle produit une quantité de branches chargées de feuilles qui font d’un très-beau verd en Eté ôt d'un rouge très-vif en Automne. A l’égard des avenues ôt des quinconces , on pourra les for¬ mer avec les Ormes , qui , comme on fait, font de beaux ôc de grands arbres : avec les Platanes d’Orient ôt d'Occident qui de¬ viennent fort grands ôt qui portent des feuilles très-larges qui ne font point endommagées par les infeôles ; les Chênes qui font de grands arbres aflez beaux ; les Maronniers d’Inde dont tout le monde connoît le mérite ; les Frênes , celui à fleurs eft pré¬ férable aux autres , qui néanmoins feroient très-eftimables fi leurs feuilles n’étoient pas ordinairement mangées par les Canthari¬ des ; les Noyers de France ôt de Virginie qui dans les terreins où ils fe plaifent font de très-beaux arbres ; les Châtaigniers ôc les Mûriers , fur-tout ceux à grandes feuilles , font de fort beaux Ôt grands arbres ; les Hêtres ; les Tilleuls ; quelques ef- peces d’Erable ; l’Ypréau ; le Peuplier noir de Virginie ; les Merifiers ; les faux Acacia ; les C’edres du Liban ; les Pins ; les Sapins 9 ôte. tout le monde connoît le mérite de ces différents arbres. Fin des Tables s TRAITÉ OBSERVATION En faveur de ceux qui dejireroient faire des Remifes pour Le Gibier . Les Lapins & les Lievres ne mangent point les Sapins, les Pins, ni les Genievres ; ils endommagent peu les Noyers, les Sureaux; ils font peu de tort à l’Aune, au Tilleul, à l’E- pine-Noire ; ils ne font pas trop friands du Bouleau , de l’Orme, de PErable , des Noifettiers , fur -tout lorfque ces Arbres ont acquis une certaine grolfeur : ils endommagent plus fréquem¬ ment les jeunes Taillis de Chênes; mais ils attaquent plus vo¬ lontiers les Châtaigniers , les Charmes, les Neffliers ôt l’Epine- Blanche ; ils fe jettent par préférence fur la Bourdaine , le Frê¬ ne , le Marfau , le Peuplier blanc ôt le Mûrier. Prefque tous les Arbres Ôe Arbuftes à fleurs légumineufes , tels que les Colutea 9 lesCytifes, les Faux-Acacia, ôte. font mangés par ces animaux. Au relie lorfqu’ils font prefles par la faim, comme il arrive dans îes temps de neige , il y a peu d’arbres à couvert de leurg dents. Tome L h EXPLICATION Des Noms abrégés des Auteurs SC des Ouvrages cités dans ce Traité. si ct. Acad. R. P. Aéta Academiæ Regiæ Parifienfis : ouHiftoire Aa Mémoires de P Académie Royale des Sciences. Adv. Adverfaria nova Stirpium Pétri Penæ Ôt Matthiæ de LoDel. Amm. Ruth. Amman Stirpes Ruthenicæ. Banifter. Cat. Stirp. Virg. Banifteri Catalogus Stirpium Virgmiæ, nonw dum editus , fed à Pluknetio memoratus. Bar. Icon. R. P. Jacobi Barrelieri Icônes Plantarum 1300. per Galliam 0 ' Hifpaniam & Italiam obfervatarum , & ad vivum exhibitarum. Bccc. Muf. Mufeo di Filica di Paolo Boccone. Boerh. Ind. Alt. Hermanni Boerhaave , Index alter Plantarum quæ iiî Horto Academico Lugduno-Batavo aluntur. Bot. Monfp. Botanicon Monfpelienfe Pétri Magnoli. Bot. Par. Botanicon Parifienfe. Breyn. Prod. Jacobi Breynii Prodromus fafciculi rariorum Plantarum primus. Brofj. Broiïæus ; ou Defcription du Jardin Royal des Plantes médicina¬ les , par Guy de la Brofle , Médecin ordinaire du Roi , & Intendant! dudit Jardin. Barman. Burmanni Thefaurus Zeylanicus. Cxfalp. Andræas Cæfalpinus , de Pî antis. Cam. Hort. Hortus medicus & philofophicus , Joannis Camerarü. C. B. vel C. B. P. vel C. B. Pin. Calpari Bauhini Pinax Theatri Botanïcû Cafl. Dur. Herbario nuovo di Cailore Durante. Catal. Hort. R. P. Catalogus Plorti Regii Parifienfis : ou Catalogue ma- nufcrit des Plantes du Jardin du Roi. Catejb. Hiji. Nat. Hiftoire naturelle de la Caroline , de la Floride ôi des Ifles-Bahama } ôte. par Marc Catefby , de la Société Royale. Clayt. Flor. Virg. Clayton , Flora Virginiaca. Cluf. Hifp. Caroli Clufii3 rariorum Plantarum in Hifpania obfervatarunx Hilloria. Cluf. Hiji. Caroli Clufii rariorum Plantarum Hilloria. Col. in Recch. Columna in Recchum , in Plernandez. Cor. Inft . Pitton de Tournefort,Corollarium Inflitutionum rei lierbarîx.; Cord. Hift. Valerii Cordi Hilloriæ Stirpium libri IV. Corn. Jacobi Cornuti , Hilloria Plantarum Canadenfium. Dod. Pempt. Remberti Dodonæi Pemptades fex. Eyft. Hortus Eyllettenfis , Bafilii Belleri. Flor. Suec. Flora Suecica Linnæi. Gault. M. Gaultier , Médecin du Roi à Québec. Ger. Emac. Joannis Gerardi , Hilloria Plantarum emaculata. Gmd. Flor. Sib. Gmelini Flora Siberica. Gron. Fl. Virg. Gronovii Flora Virginica: Item, dans les Ouvrages de M. Linnæus. Bail. Hdv. Haller Stirpes Helveticæ. Heift. Heifteri Index Plantarum Horti Helmftadenfls. H. Cath. Hortus Catholicus Francifci Cupani. hort. Clijf. Hortus Cliffortianus Linnæi. H. Edinb. Hortus Medicus Edinburgenlis , Jacobi Sutherland. Hort. Eltham. Hortus Elthamenfis , Joannis- Jacobi Dillenii. H. L. vel H. L. B. vel H. L. Bat. Hortus Academicus Lugduno-BatavilSj Pauli Hermanni. H. R. Monfp. Hortus Regius Monfpelienfïs, Pétri Magnol* H. R. P. vel H. R. Par. Hortus Regius Parifienfis. Hort. Pif. Catalogus Plantarum Horti Pifani, Micliaelis-Angeli Tillii, Hort. Upf. Hortus Upfalenfis, Linnæi. J. B. Joannis Bauhini Hilloria Plantarum univerfalis. * Jnfl. vel Injlit. vel Tourn. Inflitutiones Rei Herbarix Jofephi Pitton dô Tournefort. Jonc. Hort. Dionyfii Joncquet, Hortu?# h ij Limon. M. Lignon , Botanille à S. Domîngue. Linn. Acl. Upf. Linnæi Ada Upfalienfia. Linn. Gen. Plant. Linnæi Généra Plantarum. Linn. Spec. Plant. Linnæi Species Plantarum. Lob. Icon. Matthiæ Lobelii Plantarum feu Stirpium Icônes. Matth. Pétri Matthioli Opéra, illuflrata à Cafparo Bauhino, Mich. Micheli Généra Plantarum. . 0 M. C. Phiüppi Miller Catalogus Arborum Frudicumque, &C; Mitdi. Mitchel Généra Plantarum Virginiæ. Mor. Hifl. Roberti Morifon Plantarum Hilloria univerfalis. M. H. R. Bl. Hortus Regius Blefenfis , audus à Roberto Morifon; Munt. Phyt. Abrahami Muntingii Phytographia curiofa. Par. Bat. Paradifus Batavus, Pauli Hermanni. Parck. T beat. Parckinfonii Theatrum Botanicum. Pajf. Crifpini Palfæi Icônes. Pet. Petiverii Gazophylacium, & Mufæum. Pluk. Alm. Leonardi Pluknetii Almageflum Botanicum. Pluk. Phyt. Leonardi Pluknetii Phytographia. Plum. Caroli Plumier, nova Plantarum Americanarum Généra. Profp. Alp. Profperi Alpini de Plantis exoticis libri duo. Rand. Ifaacus Rand, Præfedus Horti Chelfeyani. Raii Hifl. Joannis Raii Hilloria Plantarum. Raii Synopf. Joannis Raii Synopfis Stirpium Britannicarum. Royen , Prodro. Van-Royen Prodromus Floræ Lugduno-Batavæ. Royen , Flou Van-Royen Flora Leÿdenfils. Ruell. Ruellus de Natura Stirpium. Sarrac. vel Sarracenus. M. Sarraiin , Médecin du Roi à Québec. Tabern. Ic. Jacobi Theodori Tabernæ-Montani , Icônes Plantarum. X. Cor. Jofephi Pitton de Tournefort, Corollarium Inditutionum Rel Herbariæ. Vaill. M, Vaillant , Démonftrateur des Plantes au Jardin du Roi. ADDITIONS ET CORRECTIONS. TOME PREMIER. P R Ê F A CE. Page iv. ligne i . conduit , life% conduite. Ibid. Page vj. ligne 17. méthode , life% méthodes. Ibid. Page xxij. Ajoute ? .* Nous ne devons pas négliger de témoigne? les obligations que nous avons à M. Perrichon de Vandeuil qui faic cultiver avec foin , fous fes yeux , & par conféquent avec fuccès , les femences que nous recevons des pays étrangers , & qui fe fait un plaifir de nous donner les plantes qui en proviennent & qui n’ont pas réuffi dans nos Jardins. Page 3. ligne 26. Abies picece , foliis brevibus ; lifez : Abies picece foliis brevibus. Page 31. ligne antépénultième ; ajoute % : Cet Erable n°. 1 1. dont les va¬ riétés font repréfentées dans les planches placées à la fin de cet article , produit des fleurs en grappes qui fe foutiennent droites comme celles du Padus ; ces fleurs font fort petites & les grappes très-longues : je foupçonne que quelques-uns de ces Erables don¬ nent du fucre. Page 38. ligne 24. H. R. Pav. life% : H. R. Par. Ibidem, ligne 26. Même corre&ion. Page 3 3 . ligne 21. graines divifées en deux rangées ; life% : graines placées fur une rangée. Page 85". ligne 13. fruttuofus ; lifez : fruticofus. Ibidem, lignes 1 6 8c 17. A r ri p le x Orientalis , frutex aculeatus , Grc. Cette phrafe entière doit être portée à lima 8c faire un article féparé , d’autant qu’elle n’eft point un fynonime de 1 Atriplex mari •*, tima- , Gr c. Page 104. ligne 4. Arbor fyringæ , cer ule ce folio ; lifez : Arbor fyringœ ceruleæ folio. Page 1 3 1. ligne 17. Amæn. Ruth. ou O z 1 r 1 s ; life% : Amman. Ruth, ou O z Y R J s. Page 16 1. ligne 17. ESPECE S ; life% : CULTURE. Page 1 6 des brodes ou Epoujjettes. En Normandie, aux environs du VillagQ de Bugle , on cultive avec foin une efpece de Bruyere qui, lelor* le même Auteur, fert à faire de fines Epouffettes. Pacre 2^4. ligne 2. JeJJïli ; liiez .• Se/Jîli. pa«e i66. liât 20. Ajoutai : Les femences que M. Peiffonel nous a envoyées , ont fourni des Arbres dont les leuilles font un peu 1 - férentes de colles du*Liquidambar de la Louyfiane 5 elles font plus découpées. TOME SECOND. page 6. ligne 27. iïviriài; lifez -• è yiriii. . Pa?e 16 1 i ■> n e I S. terminaUs facie ; lifez : torminaus facie. Page 9?.’ ligne r<>- arbufte ; Ufiï •' arbrifleau. Pacre roi ligne 20. Ulmi Sammaris ; lifez: Ulmi Salmans fruSlu. pie Aligne 20. Ajoute ? , ci Unea : M. Gaultier . Médecin du Roi a Quebec, m’écrit que ce qu’on appelle en Canada : Plat-de- lierre eft un véritable Framboifier-nain qui croit fur les rochers du Nord à Merigan, Côte de Labrador. Page 318. ligne 17* C* L. HilL lifei •' Cl. Hifp. TRAITE TRAITÉ DES ARBRES ET ARBUSTES QUI SE CULTIVENT EN FRANCE EN PLEINE TERRE. ABIES , TOURNEE â Linn. Gen. Plant. P inus , Linn. Spec. Plant. SAPIN. DESCRIPTION. LE s Sapins portent fur les mêmes arbres des fleurs mâles (a) & des fleurs femelles, (c) Les fleurs mâles ( a) font groupées fur un filet ligneux & forment des chatons écailleux. Sous les écailles (b) on apperçoit des étamines qui font courtes ôt furmontés de fommets , qui femblent de petits corps ovales divifés fuivant leur longueur par une rainure. Les fruits paroiflent , à d’autres endroits du même arbre f d’abord fous la forme d’un cône écailleux. ( c ) Les embrions des femences font , fous les écailles , ( d ) furmontés d’un hile court ; ôc dans le temps de la maturité , •on trouve fous chaque écaille ( e ) deux femences ovales , ( f ) quelquefois anguleufes ; qui font garnies chacune d’une ailé Tome /, ^ 2, ABIES, Sapin . membraneufe. (g) On appelle ordinairement les fruits entiers ôc mûrs des cônes à caule de leur figure. ( h ) Les fleurs femelles font d’un affez beau rouge ; elles ont cependant peu d’éclat, à moins qu’on ne les regarde de près: elles paroifient au commencement de Mai. Au Picea, les écailles des jeunes cônes font arrondies par le bout , ôt renverfées vers la queue ; elles fe redreffent enfuite ôt s’appliquent les unes fur les autres comme en le voit dans la vignette, (h) . Le tronc des Sapins s’élève tout droit il eft terminé par la pouffe de la derniere feve. Ainfi à chaque pouffe il s’élève une branche verticale qui eft le prolongement du tronc , ôt en ;même temps il en paroît trois ou quatre qui s’étendent horiforv** salement ; enforte que les branches font difpofées par étage , ôt qu’elles forment toutes enfemble une piramide fort régulière. Il eft important , pour diftinguer les Abies des Pins ôt des Melezes , de remarquer que dans toutes les efpeces du genre des Abies , il ne fort qu’une feule feuille de chaque fupport. * On peut en général chvifer les Sapins en deux ordres : lavoir ^ les Sapins proprement dits , ôt les Piceas ou Epicias. Les Sapins proprement dits , ont la pointe de leurs fruits ou cônes , tournée vers le ciel ; leurs feuilles font longuettes , émouffées , échancrées par le bout , affez fouples , blanchâtres en deffous ôt rangées à peu près fur un même plan des deux côtés d’un filet ligneux , ainfi que les dents d’un peigne. Ils fourniffent de la Térébenthine liquide, ouïe Beaume blanc de Canada, ou ce qu’on appelle en Angleterre le Beaume de (ôilead , ôte. Les cônes des Piceas ou Epicias ont la pointe tournée etf en - bas. Les feuilles des Piceas font étroites , affez courtes , roides * piquantes , ôt rangées tout autour d’un filet commun ; enforte qu’elles forment toutes enfemble par leur pointe une efpece de cilindre. Les Piceas ne donnent point de Térébenthine; mais il fort de leur écorce un fuc épais ou une raifine , qui s’épaiffit ôt devient concrète ôt femblable à des grains d’encens commun, * Voyez ce ç^ui eft dit aux mots Larix & Pinus. A B I E S , Sapin. % Tl y a outre cela des efpeces mitoyennes entre le Sapin ôd l’Epicia, telles que N°. 4. qui a les feuilles d’if, mais dont les pointes des fruits font tournées en en-bas , ôc N°. 6. qui eft uri vrai Epicia dont les feuilles font rangées comme les dents d’u$ peigne. ESPECES. I. ABIES taxi folio , fruftu furfum fpeElante. In IR. Sapin à feuilles d’if, dont la pointe du fruit eft tournée vers les ciel, ou Sapin ordinaire , ou improprement Sapin fejheele^ ou encore dans quelques endroits Av et. jK. ABIES taxi folio , fruElu rotundiori obtufo. M. C. Sapin à feuilles d'if & à fruit rond ou obtus. 9. ABIES taxi folio , odore Balfami Gileadenfir. Raii. hifl. app« Sapin à feuilles d’if, dit Beaumier de Gilead. jl. ABIES taxi folio , fruElu longiffimo deorfum inflexo. M. C. Sapin à feuilles d’if d’Amérique, à fruit long dont la pointe} regarde la terre, r<. ABIES teituiori folio , fruElu. deorfum inflexo. Infh , . , . Sapin, Pece ouPesse, Picea ou Epicia a feuille étroite^ dont la pointe du fruit ell tournée vers la terre : les Provençaux l’appellent Serento. Ç. ABIES min or , peEl'watis foliis , Virgin ian a , coms parvis fuhrotundif * Plutk. Sapin ou Petit Epicia de Virginie , dont les feuilles font difpofées en peigne , «5c à petits cônes arrondis. y. ABIES piccA y foliis brevibus , Conis minimis. Rand. Sapin ou Epicia à feuilles courtes, ou Epinette blanche} de Canada , à petites feuilles. 8. ABIES pic ca , foliis brcvioribus , conis parvis , biuncialibus Iaxis. Rancî. Sapin ou Epicia à feuilles très-courtes , à petit fruit peu ferré a ou Epinette de la Nouvelle Angleterre. 9. ABIES foliis prœlongis , Finum fimulans. Raii. Iiift, Sapin à longues feuilles , fcmblable au Pin. A ij 4 A B I E S y Sapin: >10. AB IE S Orientait s , folio hrevi & tetragono , fniÜu minimo , dcorfuni inflexo >■ Elate Gr&corum recentiorum. Cor. Inft. Satin ou Epicia d'Orient à feuille courte & quarrée , a petit? fruit dont l'extrémité eft tournée vers la terre. M. Linneus a réuni au genre des Pins les Sapins ôc les Mélezes. On peut confulter ce que nous difons a ce lujet au mot P INUS, CULTURE . Toutes les efpeces de Sapins viennent dans les terres qui ont beaucoup de fonds , Ôc allez fortes ; mais l’Epicia eft moins délicat que le Sapin proprement dit. L une & l’autre efpece fe plaïfent dans les terreins frais ôc humides , dans les lieux ombragés Ôc fur les revers des monta¬ gnes du côté du Nord. Ils réuftiflent bien dans les terreins graveleux > pourvu qu’ils aient beaucoup de fonds. Ils ne crai¬ gnent point le froid } & ne font que languir dans les climats chauds. On cueille les fruits ou cônes de toutes les efpeces de Sapin ôc d’Epicia quand ils font mûrs , en Janvier , en Février , ôc en Mars. Si on les cueille trop tard , les pluies d Avril ôc le Soleil qui fe fait fentir vivement à la fin de Mai ^ font ouvrir les écailles ; alors les femences tombent d’elles-memes y ôc les cônes reftent vuides. Il faut toujours cueillir les cônes qui font a 1 extrémité des branches au-deffous des jeunes pouffes ; les autres font vieux ÔC Vuides de femences , quoique les écailles paroififent rapprochées les unes des autres > fur-tout quand l’air eft humide. On étend ces cônes fur des draps , ou dans des caiffes bien' jointes ; on les expofe à la rofée ôc à la grande ardeur du foleil : les écailles s’ouvrent , Ôc en fecouant les cônes les graineç tombent fur le drap ou au fond de la caille. Il y en a qui mettent les cônes au four ; mais alors il faut bien prendre garde qu’une chaleur trop forte n’altere les femences. Ges graines font menues > ainfi il ne faut pas les femer bierf avant en terre. Si l’on fait le femis dans une terre labourée s il faut la herfer } enfuite on répand la graine , ôc l’on herfe. une féconde fois ; ou bien on fait traîner des brouffailles par uü A B I E S 9 Sapin . y cKeval, ce qui fuffit pour enterrer la graine , qui ne leve point lorfqu’elle efl trop avant dans la terre. On la feme dans les mois d'Avril ou de Mai , auiïi-tôt qu’on l’a tirée des cônes : elle leve rarement dans les terreïns expofés au foleil. Pour femer plus commodément la graine de Sapin ? on en peut mêler un litron avec lix ou huit litrons d’avoine, & femer ce mélange comme de l’avoine pure : les Sapins fe trouveront allez bien diftribués , Ôc les feuilles de l’avoine formeront une ombre qui fera avantageufe aux jeunes plantes de Sapin. si r on veut tranfplanter le jeune plant , ce qui n’eft pratiqua- ble que pour les avenues ôc les plants de peu d’étendue , la faifon la plus convenable fera dans les mois d’Avril & de Mai, On doit tâcher qu’il relie un peu de terre autour des racines , ÔC de replanter promptement , fans quoi il périra beaucoup de pieds. Si on les met en pepiniere , il taut lailfer au moins trois pieds de dillance d’un arbre à l’autre , afin que l’on puilfe les lever en motte quand on voudra les mettre en place ; car dès qu’ils ont acquis une certaine grolfeur , ils ne peuvent plus fe tranfplanter autrement. Néanmoins ils reprennent allez bien quand on les tranfplante la fécondé année , ou fort petits. Dans l’un Ôc dans l’autre cas , il faut éviter de planter les Sapins trop avant 9 parce que la fuperlicie de la terre ell tou¬ jours la meilleure. On ne prend en Suiffe aucune précaution pour élever des bois de Sapin ôc d’Epicia : les uns ôc les autres produifent leurs cônes qui mûrilfent , ôc qui s’ouvrant naturellement lailfenc tomber les graines qui fe fement ainfi elles-mêmes. Les cônes des Sapins mûrilfent tous les ans , ôc ne tombent point ; mais les Ecureuils qui font très-friands de leur graine les vont écailler. On dit que les cônes des Epicias demeurent fur l’arbre trois ans avant de mûrir & de tomber : .je ne conviens pas de ce fait , car j’ai obfervé que les cônes qui fe font formés vers le printems font en parfaite maturité dans le mois de Mars fuivant ; alors ils répandent leur graine , ôc les cônes vuides relient attachés aux arbres. Comme les forêts de Sapins & d’Epicias fe trouvent ordinaire¬ ment dans les Pays de montagnes , il arrive alfez fréquemment que les ouragans rompent } déracinent ôc couchent fur le côté £ A B I E S y Sapin . trente 6c quarante arpens de bois : on enleve ces arbres abattus pour les différens ufages auxquels ils font propres ; mais dans ce cas la forêt aura peine à fe repeupler. Si I on négligé les précautions dont nous allons parler , on eft quelquefois vingt- cinq à trente ans fans y voir un arbre de la hauteur d un pied. D’abord il y vient beaucoup de Framboifiers ; enfuite la terre fe couvre d’herbe ; ( car on fait qu’il n’en vient point fous les Sapins ; on n’y trouve que de la MouiTe , un peu de r ougere . de l’Oxis ou Alléluia. ) Si on laiffe brouter l’herbe par les ani¬ maux, le bois n’y revient, pas; mais fi on n’y laiffe point paître l’herbe, on voit au bout de trois ou quatre ans paroitre de jeunes Sapins ; ce qui prouve que cet arbre veut être à couvert des rayons du foleil. En voici encore une preuve : Si on coupe dans une forêt un gros Sapin entre les autres , on voit deux ans apres la place que ce Sapin occupoit garnie d’autres jeunes Sapins , qui font aulfi près à près que le chanvre qui leve dans une chene- viere ; au contraire fi l’on a allez abattu de Sapins pour que le foleil donne fur le terrain , on n’y en voit lever aucuns , ou C0 n^ e mar que que les Sapins viennent mieux qu’ailleurs , dans les endroits ou d’autres Sapins ont pourri ; 6c il ne manque jamais de lever beaucoup de Sapins fur les grolfes fouches ou fur les grolfes racines qui font réduites en terreau. Les Sapins croilfent lentement ; 6c un femis de Sapins ne commence à fe diltinguer de l’herbe que vers la cinquième ou la fixieme année. .. Æ Nous venons de le dire , ôc nous le répétons encore , il eit important de bannir tout bétail des femis de Sapins : car l’herbe elt abfolument nécelfaire pour les defendre du foleil pendant qu’ils font jeunes ; ôc quoique les beftiaux ne mangent point le Sapin , ils l’arrachent néanmoins avec 1 herbe qu ils paillent , ou bien ils le foulent avec leurs pieds. Comme à rnefure que les Sapins groflilTent , les plus forts étouffent les foibles , on pourra abattre ceux qui languilfent : cet éclaircilfement produira un petit bénéfice , 6c il ne fera qu’avantageux aux beaux Sapins , pourvu toutefois , que ce re¬ tranchement ne fe falTe que peu a peu } ôc fans trop éclaircit la futaie. A B I E S , Sapin. y On prétend encore qu’il eft néceffaire d’abattre les arbres rompus ou malades , parce qu’il s’engendre entre le bois ôc l’é¬ corce des vers, qui, devenant fearabés, endommagent les arbres fains. On n’a point coutume d’élaguer les Sapins , de même quon n’élague point les arbres qui viennent en maiïif de bois ; les branches du bas étant privées d’air par celles du haut fe deffe- chent , tombent en pourriture , & la plaie fe cicatrife. Cepen¬ dant nous ne penfons pas comme bien d’autres , que les plaies foient pernicieufes à ces arbres : nous avons élagué de jeunes Sapins qui étoient ifolés ; les plaies fe font recouvertes en très- peu de temps , ôc le peu de raifine qui s’échappoit des Epicias ne leur faifoit aucun tort. Nous convenons bien que le retran¬ chement d’une groffe branche fait tort aux Sapins ; mais elle en fait à toute forte d’arbres , ôc à l’endroit ou l’on a retranché une de ces branches , il refte nécelfairement une folution de continuité, une roulure , en un mot un défaut qui n’en exifte pas moins pour être caché par une belle cicatrice ; mais on ne doit point craindre le retranchement des jeunes branches. Les arbres des libérés pouvant jouir de l’air , ne manquent pas de pouffer de ce côté-là beaucoup de branches; ce qui fait que les Sapins des libérés font peu eftimés. On peut retrancher ces branches pour en faire du charbon , ôc b les arbres en fouffrent un peu , le dommage n’eft pas grand , puifqu’il eft rare qu’on les emploie à autre chofe qu’à brûler ; mais il faut bien fe donner de garde de les arracher, puifque ces libérés protè¬ gent les arbres qui font derrière eux : car comme ils étendent leurs racines dans les terres voibnes , ils font en état de Em¬ porter le premier choc du vent , ôc ils garantiffent les autres d’être rompus ou renverfés. Quand une partie des arbres commencent à fe couronner ’ c'eft-à-dire à mourir par la cime, il eft temps d’abattre la forêt “ mais il eft effentiel d'entamer l’exploitation du côté que le vent eft le moins violent, ( c’eft ordinairement dans la partie de l’Eft, ) afin que les libérés qui fubbftent du côté de l’Oueft ôc du Nord- Oueft continuent de protéger la futaie qui fans cela courroie rifque d’être renverfée. Si nous avons dit ci-devant , que pour renouveller une foret g A B I E S y Sapin . dans les pays où il y a beaucoup de Sapins , il fuffiroit d'em^ pêcher les beftiaux d'y entrer ; c’eft parce que la graine du Sapin qui eft menue ôc ailée , eft facilement portée au loin par le vent* USAGES. Les Sapins de toutes les efpeces , doivent être mis dans lé bofquet d’hyver ; ôc l’on en fait de trèsdbelles avenues en plan¬ tant un de ces arbres qui s’élève fort haut , ôc enfuite un arbre d’une autre efpece , pour garnir le bas : les Sapins viennent aufli très- bien en maffif de bois. On fait qu’on fait des planches ôc des pièces de charpente avec le bois de Sapin ; mais fouvent on confond les planches de Sapin avec celles de Pin , qui , dans plufieurs Pays , font meilleures que les premières. . Nous avons déjà dit que les Sapins proprement aits , qui ont les feuilles blanchâtres par-deffous , d’un verd clair par-deffus^ & que l’on nomme Sapins à feuilles d’if , font les feuls qui fournirent cette raifme liquide Ôc tranfparente , connue fous le nom de térébenthine ; qu’il tranflude des Piceas une raifine qui fe feche y qui devient tellement concrète qu elle refïemble à des grains d’encens y ôc qu’on l’appelle Poix, dans le Comté de Neuf-Châtel où l’on en ramaffe une grande quantité : comme on trouve dans les Auteurs beaucoup d obfcurite ôc de confu- fion fur les raifines que fournirent les Sapins , les Piceas y les Mélezes ôc les Pins ; j’ai cru devoir m’étendre ici fur cette matière , ôc j’efpere, au moyen des réponfes qu’on a faites aux Mémoires que j’ai envoyés fur les lieux , ôc principalement avec les éclaircif- ièmens qui m’ont été fournis par M. le Clerc , célébré Chirurgien établi en Suire à fept ou huit lieues de Befançon , pouvoir diriper les nuages qui jettent de l’obfcurité fur ce point. Toutes les années vers le mois d’Aoùt , des Payfans Italiens voifins des Alpes , font une tournée dans les Cantons de la Suire où les Sapins abondent , pour y ramarer la térébenthine : nous allons détailler leur procédé. Ces Payfans ont des cornets de fer-blanc qui fe terminent en pointe aiguë , ôc une bouteille de la même matière pendue a leur cpintyre. Ceux qui tirent la térébenthine des Sapins qui croif- fent A B I E S y Sapin. fent fur les montagnes des environs de la grande Chartreufe ; fe fervent de cornes de bœuf, qui fe terminent en pointe ainfi que les cornets de fer-blanc. C’eft une chofe curieufe, de voir ces payfans monter jufqu’à la cime des plus hauts Sapins , au moyen de leurs fouliers armés de crampons qui entrent dans l’écorce des arbres dont ils em- braffent le tronc avec les deux jambes ôc un de leurs bras , pen¬ dant que de l’autre ils fe fervent de leur cornet pour crever de petites tumeurs ou des Veffies que l’on apperçoit fur l’écorce des Sapins proprement dits. ( N°. i.) Lorfque leur cornet eft rempli de cette térébenthine claire ôc coulante qui forme les velfies , ils la verfent dans la bouteille qu’ils portent à leur ceinture , ôc ces bouteilles fe vuident enfuite dans des outres ou peaux de bouc , qui fervent à tranfporter la térébenthine dans les lieux où ils lavent en avoir le débit le plus avantageux. Comme il arrive allez fouvent qu’il tombe dans les cornets des feuilles de Sapin , des fragmens d’écorce ôc des lichens qui faliffent la térébenthine , ils la purifient par une filtration , avant de la mettre dans les outres : pour cet effet , ils lèvent un morceau d’écorce à un Epicia , ils en font une efpece d’en¬ tonnoir , dont ils garniffent le bout le plus étroit avec des pouffes du même arbre ; enfuite ils remplirent cet entonnoir de la térébenthine qu’ils ont ramaffée ; elle s’écoule peu à peu , ôc les ordures reftent engagées dans la garniture ; c’eft-là la feule préparation que l’on donne à cette refîne liquide , avant de l’ex- pofer en vente. Il n’y a que les Sapins proprement dits qui fourniffent la véri¬ table térébenthine : ce n’eft pas qu’il 11e fe forme aufli quelque¬ fois des vefTies fur l’écorce des jeunes Epicias , dans lefquelies on trouve un fuc réfineux , clair ôc tranfparent ; mais ce fuc n’eft: point de la vraie térébenthine ; c’eff de la poix toute pure , qui en très-peu de temps s’épaiffit à l’air : on apperçoit rarement de ces fortes de veffies fur l’écorce des Epicias , ôc ce n’eft que lorfqu’ils font très-vigoureux ôc plantés dans un terrein gras. La réfine de ces arbres découle des entailles que l’on fait à leur écorce , comme nous le dirons dans la fuite ; au contraire il ne coule point de térébenthine par les incifions que l’on fait à l’écorce des Sapins proprement dits. Toute la térébenthine fe Tome L B jo A B I E S , Sapin . tire des Veiïies ou tumeurs qui fe forment naturellement dans l'écorce ; fi quelquefois on fait par hazard ou par expérience des incifions à fécorce des Sapins , il en fort fi peu de téré¬ benthine qu’elle ne mérite aucune attention. Il eft vrai que ces gouttes de réfrne qui fortent liquides des pores de l’arbre s’é- paiftiffent à l’air prefque comme celles des Epicias ; mais il y a cette différence > que le fuc des Epicias devient en s’épaiffiffant opaque comme l’encens ; aulieu que celui des Sapins eft clair ôc tranfp^arent comme le maftic. Il eft bon de remarquer que les velïies ou tumeurs qui pa- xoiffent fous fécorce des Sapins font quelquefois rondes , ÔC quelquefois ovales ; mais dans ce dernier cas le grand dia¬ mètre des tumeurs eft toujours horifontal } ôc jamais perpendi¬ culaire. Dans les endroits où le fond eft gras , ôc la terre fubftantieufe -, on fait deux récoltes de térébenthine dans la faifon des deux feves , favoir celle du Printemps & celle d’Août : mais chaque arbre ne produit qu’une fois des veiïies pendant le cours d’une feve ; ils n’en produifent même qu’à la feve du Printemps dans les terreins maigres. Il n’en eft pas ainfi des Epicias. Ces arbres fourniffent une récolte tous les quinze jours , pourvu qu’on ait foin de rafraîchit; les entailles qu’on a déjà faites à leur écorce. Les Sapins commencent à fournir une médiocre quantité de térébenthine dès qu’ils ont trois pouces de diamètre > & ils en fourniffent de plus en plus jufqu’à ce qu’ils aient augmenté juf- qu’à un pied ; alors les piquures qu’on a faites à leur écorce forment des écailles dures ôc racornies : le corps ligneux qui continue à s étendre en groffeur oblige fécorce qui eft dure ÔC incapable d’extenfion de fe crever > ôc à mefure que l’arbre groffit 9 cette écorce qui , quand l'arbre étoit jeune , n’avoiî qu un quart de pouce d’épaiffeur , acquiert jufqu'à i pouce ~ 9 & alors elle ne produit plus de veffies. Les Epicias au contraire , fourniffent de la poix tant qu’ils fubftftent , enforte qu’on en voit dont on tire de la poix eu abondance , quoiqu’ils aient plus de trois pieds de diamètre. Les Sapins ne paroiffent pas s’épuifer par la térébenthine qu on en tire ; ni par les piquures qu’on fait à leur écorce. Les A B I E S , Sapin . r r écailles qu elles occafionnent 6c les gerfures de l’écorce des gros Sapins ne leur font pas plus contraires que celles qui arrivent naturellement aux écorces des gros Ormes , des gros Tilleuls ou des Bouleaux. U découle naturellement , comme nous l’avons déjà dit, de 1 ecorce des Epicias des larmes de réline qui en s’épailîilTant font une efpece d’encens ; mais pour avoir la poix en plus grande abondance, on emporte , dans le temps de la feve , qui arrive au mois d Avril , une laniere d’écorce , en obfervant de ne point entamer le bois. Si 1 on apperçoit fur des Epicias qui font entaillés depuis long-temps , que les plaies font profondes , c’eft parce que le bois continue a croître tout autour de l’endroit qui a été entamé; ôc comme il ne fe fait point de productions ligneufes dans l’é¬ tendue de la plaie , peu a peu ces plaies parviennent à avoir: plus de dix pouces de profondeur. Les plaies augmentent auffi en hauteur 6c en largeur , parce qu on elt obligé de les rafraîchir toutes les fois qu’on ramalTe la poix , afin de détruire une nouvelle écorce qui fe formeroit tout autour de la plaie , 6c qui empêcheroit la réfine de couler ; ou plutôt pour emporter une portion de l’écorce qui devient caileufe a cet endroit , lorfqu’elle a rendu fa réfine. Bien loin que ces entailles 6c cette déperdition de réfine fafie tort aux Epicias , on prétend que ceux qui font plantés dans les terreins gras périroient , fi l’on ne tiroit pas par des entailles une partie de leur réfine. ' Tous les ans , les Epicias ordinaires dont les cônes font très- longs , ôc dont les feuilles font d’un verd plus clair que celles des Sapins , fournilfent de la poix pendant les deux feves ; c’elh a-dire depuis le mois d’Avril jufqu’en Septembre ; mais les ré¬ coltes font plus abondantes quand les arbres font en pleine feve, 6c l’on en ramalTe plus ou moins fouvent, fuivant que le terrein eft plus ou moins fubftantieux ; enforte que dans les terreins gras , on en fait la récolte tous les quinze jours , en détachant la poix a\ec un inflrument qui efi: taillé d’un côté comme le fer d’une hache , 6c de 1 autre comme une gouge : ce fer fert encore à rafraîchir la plaie toutes les fois qu’on ramalTe la poix. Il efi; bon de faire remarquer que cette fubftance réfineufe B ij ï % A B I E S , Sapin: ne fort point du bois ; il en fuinte un peu , à la vérité, de l’é- paiffeur de l’écorce, mais la plus grande quantité tranffude d entre le bois & l’écorce : elle fe fige aufii-tôt qu’elle eft fortie des pores de l’arbre ; elle ne coule point à terre , mais elle rei e attachée à la plaie en grottes larmes ou flocons ; & c eft ce qui établit une fl grande différence entre la poix que fourmüent les Epicias & la térébenthine que donnent les Sapins. # 'Les Epicias ne fe piaffent pas dans les pays chauds ; mais s 1 1 s’y en trouvoit , il pourroit arriver que la poix qu ils fourniroient feroit coulante prefque comme la raffine des Pins : on lait que la chaleur amollit les réfines aulieu de les deffecher ; &. ceux qui ramaffent la poix des Epicias , remarquent bien qu elle ne tient point à leurs mains lorfque l’air eft frais , ôc qu elle s y attache au contraire quand il fait chaud; alors ils font obliges de fe les frotter avec du beurre ou de la graille , afin d empê¬ cher cette poix qui eft gluante de coller leurs doigts les uns contre les autres. La poix des jeunes Epicias eft plus mode que celle des vieux 7 mais elle n’eft jamais coulante. Dans les forêts d’Epicias qui font fur des rochers on apper- coit beaucoup de racines qui s’étendent fouvent hors de terre. Si on les entaille elles fourniffent de la poix en abondance ; mais cette poix eft épaiffe comme celle qui coule des entai es faites aux troncs. A Enfin la poix des Epicias eft fuffffamment feche pour etre Snife dans des facs. C’eft dans cet état que les payfans la tranf- portent dans leurs maifons } pour lui donner la préparation dont nous allons parler. On met la poix avec de l’eau dans de grandes chaudières 7 un feu modéré la fond ; enfuite on la verfe dans des facs de toile forte & claire qu’on porte fous des preffes , qui appuyant deffus peu à peu font couler la poix pure ôt exemte de toutes immondices. Alors on la verfe dans des barrils ; & en cet état on la vend fous le nom de poix gratte ou poix de Bourgogne : on met rarement cette poix en pain , fur-tout quand on veut la tranfporter au loin , parce que la moindre chaleur 1 attendrit & la fait applatir. On la renferme encore dans des cabas d écorce de Tilleul, A B I E S , Sapin. i 3 Ce que nous venons de dire regarde la poix blanche , ou pour mieux dire la poix jaune. On en vend audi de noire , qui eft préparée avec cette poix jaune dont on vient de parler ôt dans laquelle on met du noir de fumée. Pour bien incorporer ces deux fubftanceS , on fait fondre à petit feu ôc doucement de la- poix jaune dans laquelle on mêle une certaine portion de noir de fumée : ce mélange s’appelle la poix noire , mais elle eft peu eftimée. Dans les années chaudes ôc feches , la poix eft de meilleure qualité , ôc la récolte en eft plus abondante que dans celles qui font fraîches ôc humides. Si l’on met cette poix graffe dans des alambics avec de l’eau â il pafte avec l’eau ? par la diftillation , une huile effentielle , ôc la poix qui refte dans la cucurbite eft moins graffe quelle ne l’étoit auparavant ; elle reffemble alors à la colophone dont nous parlerons dans l’article des Pins : mais l’huile effentielle qui a monté avec l’eau , n eft pas de l’efprit de térébenthine ; c’eft de l’efprit de poix qui eft d’une qualité bien différente ôc fort infé¬ rieure : comme on a coutume de le vendre pour de l’efprit de térébenthine , on doit prendre bien des précautions pour n’être point trompé , fur-tout lorfqu’il eft important d'avoir de véritable huile effentielle de térébenthine , foit pour des médica- mens , foit pour diffoudre certaines réfines concrètes. On fait la véritable effence de térébenthine , en diftillant avec beaucoup d’eau celle qu’on retire des veffies du Sapin : la térébenthine qui a été ramaffée au mois d’Août fournit un quart d’effence ; c’eft-à-dire , que de quatre livres de belle térébenthine , on en tire une livre d’effence. Dans les forêts épaiffes où le foleil ne peut pénétrer , on fait toutes les entailles du côté du midi ; mais dans celles où le foleil pénétré , ce qui eft rare , on les fait indifféremment de tous les côtés , pourvu néanmoins que ce ne foit point du côté du vent de pluie. On fait quelquefois trois ou quatre entailles à un gros Epicia ; mais on a l’attention de n’en point faire , comme nous venons de le dire } du côté où la pluie vient en plus grande abondance. Quand on ne fait qu’une plaie aux Epicias , ils fourniffent de la poix pendant vingt-cinq à trente ans : il y a des arbres pourris 1 4 A B I E S , Sapin. au -dedans qui donnent encore de la poix ; parce qu'à mefure qu’une couche intérieure fe pourrit , il s’en forme de nouvelles à l’extérieur. Lorfque l’on fait plufieurs entailles , l'humidité , fur-tout dans les temps de neige , pénétré la fubftance ligneufe ôc occafionne une maladie qui annonce que le bois tombera bien-tôt en pour¬ riture : le cœur de l’arbre , de blanc qu’il doit être , devient rouge ; plus le bois rouge s’étend en hauteur , plus il approche de la circonférence du tronc , ôc plus l’arbre approche de fa fin. Les Epicias qui ont fourni beaucoup de réfine , pourvu toute¬ fois que leur bois ne foit point rouge , font bons pour faire de la charpente , de la menuiferie , du bardeau , des féaux , des tonneaux à mettre du vin ou des marchandifes. Il paroît néan¬ moins que cette efpece de bois a fouffert quelque altération ; car le charbon qu’on en fait eft plus leger ôc de moindre qualité que celui des arbres qui n’ont point été entaillés. Les Sapins rouges ne font bons qu’à brûler ; fouvent même on les lailfe pourrir dans les forêts. Un arbre vigoureux ôc planté en bon fond., peut au plus rendre chaque année trente à quarante livres de poix. M. le Clerc allure que l’on contrefait l’ambre jaune en mêlant, par une chaleur modérée Ôc augmentée peu à peu , de l’huile d’afphalte rectifiée avec de la térébenthine, dans un vafe de cui¬ vre jaune : quand cette matière a pris deux ou trois bouillons , on en peut mouler de très-belles tabatières. On fait que la térébenthine entre dans les vernis communs , quelle fait la bafe de plufieurs emplâtres , de quelques onguens ôc de quelques digeftifs ; on l’ordonne encore intérieurement pour les maladies des reins ôc de la veffie ; ôc elle paffe pour être antifcorbutique , déterfive, réfolutive , delficative. La bonne térébenthine doit être nette, claire, tranfparente, de confiftance de firop , d’une odeur forte , ôc d’un goût un peu amer. L’huile eflentielle de térébenthine fert aux peintres pour ren¬ dre leurs couleurs plus coulantes , aux vernifleurs pour diffou- dre des réfines concrètes , aux maréchaux pour defïecher les plaies des chevaux ôc les guérir de la galle : les médecins l’or¬ donnent dans quelques potions pour faciliter l’expeêloration» A B I E S Sapin, i y La poix entre auiïi dans la compofition de plufieurs onguens; bn la mêle avec du beurre , êt l’on en fait une compofition qui fert à grailler les voitures : on pourroit en la fondant avec du goudron faire du brai gras pour en enduire les vailfeaux. Dans le Comté de Neuf-Châtel on fait un brai pour les vailfeaux, & pour tous les bois qu’on emploie dans l’eau , avec de la poix du Picea , qui eft d’un blanc jaunâtre , & une certaine quan¬ tité de pierre d’afphalte réduite en poudre ; ce mélange étant cuit fur le feu fait un bon enduit : on y ajoute encore d’autres drogues , ôt l’on en fait un très-bon ciment pour unir les pierres* On nous apporte de Canada une térébenthine claire , blan¬ châtre , plus douce que celle que fournilfent nos Sapins , ôc qui relfemble beaucoup au beaume de la Mecque : cette téré¬ benthine que l’on connoît fous le nom de beaume blanc de Canada , eft, je crois, peu différente de celle que les Anglois appellent beaume de Gilead. Ce beaume fe ramalfe , ainfi que notre térébenthine , fur les Sapins , N°. 3. qui ne different prefque pas du Sapin, N°. 1. La différence qu’on remarque dans cette térébenthine eft peut-être occafionnée par le grand froid qui régné en Canada. Suivant Aêlius , Médecin à Thuringe en Allemagne on a quelquefois emploié l’écorce de l’Epicia , en place de celle de chêne , pour tanner les cuirs : je crois qu’on l’emploie aulfi à cet ufage en Canada ou dans rifle Royale. Ce même Auteur ajoute , que pour retirer la poix des Epicias , les payfans enlèvent des lanières d’écorce de la largeur de quatre doigts ( A fig. \ 9 ) depuis l’endroit oit ils peuvent atteindre , jufqu’à deux pieds près de terre , ôc qu’ayant enfuite répété cette opération de diftance en diftance autour des arbres , ils n’y retournent que deux ou trois ans après ; qu’ils trouvent alors les plaies remplies de quantité de réfine ; qu’ils la grattent avec un crochet ( B fi 1 ; ) qu’ils la ramalfent dans des efpeces de féaux de figure conique, ( C fig- 1 > ) & que ces féaux font faits d’écorce de Cormier. C'eft avec ces mêmes vailfeaux {D fig. 1 ,) qu’ils tranfportent la réfine qu’ils ont recueillie, dans les atteliers ou ils la travaillent, comme nous allons le décrire. Ces ouvriers , pour conferver leurs habits, fe revetiffent d’une efpece de foureau qui ne palfe pas la ceinture, (E fig. 1. & 2,} , r, A B I E S , Sapin. Ils établiflent dans leurs atteliers , pour la préparation de la polit, des fourneaux ( Ffig. 3 , ) qui ont extérieurement la forme d un parallélépipède ; ils y fcelent bien exaûement des chaudières de cuivre de forme conique {G fig. 2&S-) Ces chaudières ont a leur fond un trou de la grofTeur du doigt , lequel s ajufte a un tuyau qui va , fuivant une pente convenable , depuis un bout du fourneau jufqu’à l’autre , fortir de ce même fourneau par la partie poftérieure. On voit à la partie antérieure du fourneau, (H fig. 3 ? ) trois portes ou bouches par lefquelles on allume le leu , ôc comme le fourneau eft par-tout exactement fermé , la fumee ôc laïc chaud ne peuvent en fortir que par trois ouvertures ou chemi- nées , qu’on voit à la partie poftérieure du fourneau F fig. 2. On conçoit ainfi que toutes ces chaudières que 1 on a foin de tenir exactement fermées par des couvercles , ( 1 fig • 2C 3 ? ) d°l~* vent recevoir une chaleur bien douce, ôc qu elle luffit pour faire fondre la réfine dont elles font remplies ; car la fumée qui s’é¬ chappe de la rétine fe réverbérant y contribue a taire fondre celle qui ne l’eft pas. A mefure que la réfine fond , elle s échappé par 1 ouverture qui eft au fond des chaudières , de là elle coule dans les tuyaux qui s’étendent dans toute la longueur de l’intérieur du fourneau, elle fort par leur extrémité , ôc elle fe rend enfin dans les vaif- féaux , ( Lfig . 3 , ) qui font placés pour la recevoir. Pendant que cette fubftance réfineufe eft encore coulante 3 on la verfe dans des baquets , ou dans des vaifleaux d’écorce d’arbre , ( Mfig. 2 dr 3.) On la vend en cet état fous le nom de poix grade. Lorfqu’il ne coule plus rien par le tuyau , l’on retire les im¬ mondices qui font reftées au fond des chaudières ; on en rem¬ plit des caifîes , {N fig. 3 ,) ôc l’on conferve cette matière pour faire du noir de fumée : nous en décrirons ci-après le procédé. Si l’on veut faire de la poix feche , on cuit la poix grade dans d’autres chaudières , jufqu à ce que toute l’humidité en foit éva¬ porée : quelquefois on mêle du vinaigre dans cette fécondé cuiftfon ; la poix prend alors une couleur rouïïe , ôc elle devient très-feche : c’eft-là proprement ce qu’on appelle , de la colo- phone , Ôc vulgairement colophane. jP oui : j i ; A B I E S , Sapin. Pour faire le noir de fumée , l’on bâtit un cabinet ( Ofig. 4,) exactement fermé de toute part , li ce n’eft qu’au milieu de la partie fupérieure ; Ton y fait quelques ouvertures que l’on couvre cependant d’un cône ou efpece de cornet de toile. A quel¬ que diflance de ce cabinet l’on conftruit un four, (P fig. 4, ) dont la bouche eft fort petite; l’intérieur de ce four commu¬ nique avec le dedans du cabinet par un tuyau de cheminée rampant ( Q fig. 4. ) Un enfant allume une petite quantité des immondices qu’on a retirées des chaudières , & il l’intro¬ duit dans le four : à mefure que cette réfine fe confume , ce même enfant y en ajoute un peu de nouvelle , & en continuant de mettre de moment en moment un peu de réfine dans le four , le cabinet fe remplit de fumée ; cette fumée paffe en bonne partie dans le cône de toile où elle fe raffemble en forme de fuie. Quand on juge que le cône ou cornet eft bien chargé de fuliginofités , des enfans battent la toile avec des baguettes pour faire tomber le noir de fumée fur la partie fu- périeure du cabinet , & l’on ramaffe ce noir pour en remplir des barrils , ( R fig- 2. & 4. ) On trouvera dans l’article du Pin différentes maniérés de cuire les fubftances réfineufes, & différents procédés pour faire le noir de fumée : nous remettons à cet endroit à parler de fes ufages. En Canada l’on fait avec l’Epinette blanche, qui eft une efpece d’Epicia dont les feuilles & les cônes font plus petits que ceux de celui qu’on cultive en France, une boiffon très- faine, qui ne paroît point agréable la première fois qu’on en boit , mais qui le devient lorfque l’on en a ufé pendant quel¬ que temps. Comme l’on peut faire cette liqueur avec notre Epicia, & qu’en tout temps elle peut être à fort grand marché , nous croyons devoir en donner ici la recette, afin que l’on puiffe en faire ufage dans les années où le vin eft trop cher , & fur- tout lorfque la difette des grains fait également augmenter le prix de la biere ordinaire. Pour faire une barrique d’Epinette il faut avoir une chau¬ dière qui tienne au moins un quart de plus. On l’emplit d’eau, ôc dès que cette eau commence à être; Tome /« G ê \ ï $ A B I E S y Sapin '. chaude , Ton y jette un fagot de branches d’Epinette rompue! par morceaux : ce fagot doit avoir environ 2 1 pouces de circonr férence auprès du lien» On entretient l'eau bouillante jufqu’à ce que la peau de l’Epi- cia fe détache facilement de toute la longueur des branches. Pendant cette cuififon on fait rôtir à plufieurs reprifes, dans une grande poêle de fer , un boififeau d’avoine ; on fait encore griller une quinzaine de galettes de bifcuit de mer, ou à leur défaut 12 ou ly livres de pain coupé par tranches ; ôc quand toutes ces matières font bien rôties , on les jette dans la chau¬ dière , ôc elles y relient jufqu’à ce que l’Epinette foit bien cuite. Alors on retire de la chaudière toutes les branches d’Epinette, & Ton éteint le feu. L’avoine ôc le pain fe précipitent au fond; il faut enfuite retirer avec une écumoire les feuilles d’Epicia qui flottent fur l’eau. Enfin l’on délaye dans cette liqueur fix pintes de mélafife, ou gros firop de fucre, ou à fon défaut 12 à i£ livres de fucre brut. On entonne fur le champ cette liqueur dans une barrique fraîche qui ait contenu du vin rouge ; ôc lorfque l’on veut qu’elle foit plus colorée , on y laifife la lie ôc cinq à fix pintes de ce vin*. Quand cette liqueur n’effc plus que tiede, on délaye dedans une chopine de levure de biere que l’on brafife bien fort , afin de l'incorporer avec la liqueur ; enfuite l’on achevé d’emplir 1s barrique jufqu’au bondon que l’on laifife ouvert. Cette liqueur fermente ôc jette dehors beaucoup de faletés : à mefure qu’elle fe vuide , l’on a foin de la remplir avec une partie de la même liqueur que l’on conferveà part dans quelque vaififeau de bois. Si l’on ferme le bondon au bout de 24 heures , l'Epinette relie piquante comme le cidre ; mais fi on veut la boire plus douce , il ne faut la bondonner que quand elle a pafie fa ferment tation , ôc avoir foin de la remplir deux fois par jour. Cette liqueur elf très - rafraîchiflante , fort faine ; ôc lorfqu’oiî y eft habitué, 011 la boit avec beaucoup de plaifir fur-tout pen¬ dant l’Eté. Je crois qu’on pourroit lubftituer le Genievre à l’Epinette de Canada». Tome I . Planche i - — — < A B I E S * Sapin. N°. j. Page 1 8 ** ■l Xcwe I» P/» 3? A B I E S * Sapin. N°. 6. Paye 18 *** O Joins h PU- 3, /w, , III AB ROTANUM , Tournef. Artemisia% Lin n. AURONE, DESCRIPTION. NOus croyons devoir mettre les Aurones au nombre des: Arbuftes , parce quelles forment de petits huilions qui font toujours verds. Leurs fleurs (a) font du genre de celles qu’on nomme fleurs a fleurons , c eft-a-dire , qu’elles font formées d’un grand nom¬ bre de petites fleurs , raflemblées en maniéré de tête dans un calyce commun. Les fleurons du milieu font hermaphrodites , & le pétale eft figuré en entonnoir divifé en cinq parties; (b) on y voit cinq petites étamines. Les fleurons de la circonfé¬ rence font femelles. Au milieu de chacun de ces fleurons des deux efpeces on trouve un piftil formé d’un ftyle fourchu (c) qui eft plus long dans les fleurons femelles que dans les herma¬ phrodites y ôc d un embrion qui devient une femence ( d ) menue ôc longuette. Toutes les parties de la Vignette font deflinées plus^ grandes que le naturel afin de les rendre plus fenfibles. L’Aurone fait un buiflon allez touffu > de deux à trois pieds de hauteur : fes feuilles font étroites , plufieurs efpeces les ont découpées ; elles ont une odeur forte & aromatique ; leur goût eft âcre ôc amer. M. Linneus a réuni les Aurones , les Abfynthes & les Armoi- fes fous un même genre qu’il a nommé Artemifia. Nous ne parlerons point des Armoifes dans ce Traité f parce qu’elles perdent leurs tiges pendant l’hyver. Comme plufieurs Auteurs ont diftingué les Aurones en mâle de femelle > il eft bon de faire obferyer que le terme de Mas dj sre? AB ROT A N U M , Aurone. en françois mâle ^ n’eft pas ici bien employé, puifque toutes les Aurpnes font hermaphrodites ; mais nous avons été obligés de nous conformer à fufage. Les Aurones aufli improprement nommées femelles, font des Santolines : voyez Santolina , E SPE CES. î. A B ROT A N UM mas , anguftifolium majus . C. B. P. Grande Aurone à feuilles étroites, ou Citronnelle; i2. A B R O T A N UM mas , anguftifolium maximum. C. B. P. Très-grande Aurone à feuilles étroites, ou grande Citronnelle^ 3. AB ROT A N UM mas , anguflijolium rncanim . C. B. P. Aurone à feuilles étroites blanchâtres. ÿ, A B R. O T A NU M mas , anguflifolium minus. C. B. Pt Petite Aurone à feuilles étroites. 5. A B ROT ANUM campejlre. C. B. P. Aurone fauvage. 6. A B RO T A N U Ai humïle , corymbis majorilns aureïs H. R. P. J Aurons rampante à grandes fleurs couleur d'or. 7. A B R O T A NJJM mas , Uni folio acriori & odorato. In fl. Aurone à feuilles de lin d'un goût piquant & d’une odeur agréa¬ ble , ou EAragon. Quoique TEflragon perde fes tiges pendant l’hy ver , nous Ig comprenons cependant dans cette lifte, parce qu’il forme l’Eté une efpece d’Arbufte , & qu’on le cultive volontiers à caufe de fon odeur agréable. Nous avons cru aufli devoir faire mention de l’Arbufte marqué ( n°. 6. ) à caufe de fes fleurs qui font aflfez belles. CULTURE . Les Jardiniers élevent dans- des pots les efpeces 1 & 1 ; 8c quand ils en ont formé de jolis buiffons , ils les vendent fous ie nom de Citronnelle. Les Aurones prennent aifément de marcottes 9 ôt une branche AB R O T A N U M 9 Aurone. z i qui porte à terre eft bientôt garnie de racines; c’eft pourquoi l’on n’eft guere dans i’ufage de les élever de femence. USAGES. Comme ces petits Arbuftes ne quittent point leurs feuilles ^ '©n les peut employer pour garnir les bofquets d’hyver : quel¬ ques efpeces portent des fleurs allez jolies que l’on nomme Boutons d’or. Ces plantes s’employent en Médecine comme étant apéritîs yes , déterfives , vermifuges , résolutives , emmenagogues. IL’Eftragon ( n°. 7. ) fe mange dans les falades. > V - - . . . v * < - _ - 1 Tome I. PI. 4. • Abiynthiuin a? ffb AB S YNTHIUM , Tournée. Artémis j a » Lin n. ABSYNTHE. DESCRIPTION. LA fleur de rAbfynthe eft dans le genre des fleurs à fleurons? c’eft-à-dire? qu’un calyce écailleux renferme beaucoup de fleurons , les uns hermaphrodites , les autres femelles compofées d’un pétale en tuyau ? qui efl divifé par fon extrémité en cinq parties pointues & renverfées ? qui repréfentent une étoile. On trouve dans les fleurs hermaphrodites cinq étamines terminées par des fommets arrondis. Le piftil efl compofé d’un petit embrion cylindrique fur lequel repofe le pétale , & un ftyle fourchu à fon extrémité,. Dans les fleurs femelles ? l’embrion efl plus petit & le ftyle plus long. Les embrions deviennent des femences menues ? oblongues & garnies de poils : les feuilles de l’Abfynthe font découpées- très - profondément. Si l’on confulte ce que nous avons dit de l’Aurone ? on appercevra qu’il y a une grande reiïemblance entre les parties de la fruélification de l’Aurone ôc celles de l’Abfynthe ? aufli AL deTournefort dit-il qu’on ne peut les diftinguer que par le port extérieur des plantes de ces deux genres ; & M. Linneus les comprend dans le genre de TArmoife ( Artemifia. ) Cepen¬ dant le calyce des fleurs de l’Abfynthe (a) eft plus arrondi que celui des fleurs de l’Aurone ( £) ; & les femences de l’Abfyn- the font garnies de poils au lieu que celles de l’Aurone fous nues. 3l4 AB S Y NT H 1 U M , Abjynthe. ESPECES . 1. AB SYNTHIUM arhorefcens . Lob. Icon» Absynthe en arbriffeau. 2. AB SYNTHIUM vulgare majus. J. B. Grande Absynthe ordinaire. 2. A B SY NT H IUM inftpidum , Abfynthio vulgari fimile. C. B P» Absynthe fans odeur, femblable à l’Abfynthe commun* AB SYNTHIUM tenuifolium incanum. C. B. Petite Absynthe qui a les feuilles blanchâtres. 5’. AB SY NT H IU M maritimum L av an duU folio. C. B. P. Abs y n t h e maritime à feuilles de Lavande. Il n’y a. que l’efpece d’Abfynthe ( n°. t.) qui puifle etrô regardée comme un arbriffeau. Nous y avons cependant joint les efpeces (n°. 2. 3. 4. $. ) qui çonfervent leurs tiges pendant l’hy- ver ; mais nous avons fupprimé toutes les autres qui les perdent: dans cette faifon. CULTURE. L’Abfynthe fe multiplie aifément par les drageons enracine^ qui fe trouvent auprès des gros pieds , & par les femences. USAGES. L’Abfynthe fait un buiffon qui conferve fes feuilles pendant l’hyver , & qui s’élève à 2 ou 3 pieds de hauteur. Ses feuilles qui font d’un verd argenté , font un allez bel effet. Ses fleurs ne font pas d’une couleur bien brillante. Cette plante eft regardée comme un excellent flomachique, comme antihyftérique & comme tres-refolutive. On 1 ordonne en général pour fortifier l’eftomach ? & en particulier aux perfonnes du fexe qui ont les pâles couleurs. On fait le vin d’Abfynthe , en mettant infufer les feuilles de cette plante dans du vin doux, lequel en fermentant en tire la teinture. On ordonne ce vin dans les maladies que nous venons d’indiquer , & aufii pour chafler les vers. On emploie pour les mêmes caufes , la quinteflence d Abfynthe, qui n eff autre chofe qu’une teinture de cette plante tirée par l’efprit de vin. ^ ACACIA ^ « / Tome I. PI. 5 . » . WHV ^ ' r* L s 'S •• - . - . ■ , ■ . . ABSYN T HIU Ma Absynthe. N°. 5. Page 24*** Terne. L FL V * * 1 \ . » . * \ I ACACIA , Tourne f. Mimosa, Linn> C A S S I E des Jardiniers. DESCRIPTION. LEs' fleurs de l’efpece dont nous parlons , forment de petites boules (a) très-jolies & très-odorantes. Chacune des peti¬ tes fleurs , qui par leur affemblage compofent ces boules, font formées d’un petit godet divifé en cinq parties ( b ) , du fond duquel fort une touffe de longues étamines (c), du milieu defquelles s’élève un piftil court ; ce piftil devient enfuite une fiiique affez longue , renflée & prefque cylindrique , dans laquel¬ le des femences oblongues font rangées prefque perpendicu¬ lairement à la longueur de la fiiique ( d ). Cet arbriffeau eft fort joli : fon feuillage eft d’un beau verd. Ses feuilles font conjuguées, c’eft-à-dire, formées de folioles qui font rangées par paires fur une tige commune qui eft termi¬ née par une feuille unique : elles font pofées alternativement fur les branches. ESPECES . K. ACACIA Inclica Farnejiana. Aid. C A s s i e du Levant. C U L T U R E . Cet arbriffeau craint le froid de notre climat. On a beaucoup de peine à le conferver en efpalier, quoiqu’on ait foin de le couvrir pendant l’hyver. On l’éleve plus aifément en caiffe dans les Orangeries. J’en ai cependant vu un gros pied palier Tome I , JJ st 6 ACACIA v Cajjie. plufieurs hyVers en efpalier ; mais pendant cette faifon on avok foin de le couvrir d’un gros tas de fumier. Il fe multiplie par les femences qu’on envoie ici dans leurs filiques: elles viennent de Provence, du Levant & d’Amérique. Il faut les femer. dans des terrines, les élever dans l’Orange¬ rie, & ne rifquer les pieds en efpaliers que lorfqu’ils feront devenus gros. O L Acacia vera cft différent de celui dont il s’agit ici; mais Tîous n’en parlerons point, parce qu’on ne peut l’élever que dans des étuves. Les Acacia d’Occident 11e font point de ce genre. M. Linneus les a nommés Gleditfia ; êt c'eft fous ce nom que nous les plaçons : voyez Gledïtfia. Ce que les Jardiniers appellent ordinairement Acacia , n’eti efl point un , puifqu’il porte des Heurs légumineufes : voyez PJeado-Acaciaa * USAGES . Les fleurs de cet arbriffeau & l’agrément de fes feuilles qui font d’un beau verd, contribuent à l’ornement de nos Jardins. On nous apporte d’Italie certaines pommades parfumées a veç la fleur de ce même arbriffeau. j Tome I. PL 8. ACER, Tourner & Linn. ERABLE. description. A fleur de l'Erable qui paroît à la fin d’ Avril , n’eft pas w d’un grand éclat. Elle eft formée d’un calyce découpé en Snq* parties (a). On apperçoit au fond de ce calyce une mafle charnue d’où partent cinq pétales aflez petites , difpofées en forme de rofe (£); & huit étamines terminées par des fommets figurés en olive , & divifées par une rainure (c). La bafe du piftil eft enfermée dans cette mafle, d’où l’on voit fortir enco¬ re par une ouverture un ftyle terminé par deux ftigmates recoure bés ( d ). Le bas du piftil, ou l’embryon, forme deux capfules (e) qui fe terminent chacune par une aile qui s’allonge à mefure que le fruit mûrit. On trouve dans chacune de ces capfules une femence ovale (/). , t . r Les feuilles font la plupart decoupees plus ou moins profon¬ dément ; & elles font plus ou moins grandes fuivant les efpeces^ mais toutes font pofées deux a deux fur les branches. especes. # ‘ » J l. ACER montamim candidum. C. B. P. Acer foliis quinquelohis bi£~ > qu aliter ferratis , floribus racemofis. Spec. Plant. Linn. Erable blanc de montagne, dit Sycomore. <2, ACER majus foliis decanter variegatis. Hort. Edimb. Erable, Sycomore panaché. 3. ACER platanoides. Munt. Elift. Acer foliis qumqudobis acuminatii acutè dentatis glabris floribus corymbofis. Flo. Suec. Erable à feuilles de Platane, ou Plane. ^ % iS ACER 9 Erable . 4* A CE R pldtdnoides foliis eleganter variegatis. M. C* Erable à feuilles de Platane panachées, 5 • ACER T irginianum folio majore , fubtits argcntco , fupra viridi fplen dente 3 (mas & fœraina.) Pluk. Phyr. Acer foliis quinquelobis fubdentatis , ✓ fitbttis glaucis pcdimculis fimplicijfmïs aggregatis. Spec. Plant. Linn. Erable de Virginie dont la feuille eft pardeffous d’un blanc argenté, & pardeffus d'un verd luftré; ou Erable, Plane de Canada. G, ACER floribus rubrïs , folio majovi fupcrnè viridi . fubttis arocnteo [bien - * dente. Clayt. Flora. Virg. Erable de Canada , à fleurs rouges , Sc à grandes feuilles vertes pardelïus, 6c pardeffous d'un blanc un peu argenté ; (hermaphrodite.) 7- ACER campeflre & minus. C. B. P. Ace r foliis lobatis obtufis margi - natis. Spec. PI. Linn.. Petit Erable des bois, 8. ACER trifolia. C. B. P. Acer foliis trilobis integerrimis. Roy. Lugd. B* Erable à trois feuilles,ou Erable de Montpellier dont les feuilles font découpées en trois. p. ACER Cretica. Profper. Alpin. Acer Orientait s hedera folio. Cor< Inlh Erable de Candie qui conferve fa feuille prefque tout l’hyver. ,10. ACER maximum foliis trifidis vel quinquefidis V irginianum. Pluk. Phyt» A c e r foliis Compofitis , floribus racemofîs. Hort. ClifF. Erable de Virginie, dont les feuilles font divifées en trois oiî en cinq, ou à feuilles de Erêne. £i. A CE R foliis trilobis acuminatis ferratis , floribus racemofîs. Spec. Plant,7 Linn. Erable de Canada, dont les feuilles dentelées font terminées, par trois grandes pointes , 6c les fleurs difpofées en grappe. Nous avons encore plufîeurs efpeces d’Erable qui nous font venues de Canada , & que nous ne comprenons point dans ce Catalogue , parce que ces arbres font encore trop jeunes poux pouvoir être exactement décrits. : nous nous contenterons feule¬ ment de les indiquer. L’un qui reffemble à Pefpece du n°. 1 1 5 a fes feuilles rondes du côté de la queue, & elles fe termi*< îient à l’extrémité oppofée en deux grandes découpures,, A C E R y Erable . 29 Un autre Erable allez femblable à Fefpece n°. 1 , nous a été envoyé , comme fourniflant une liqueur fucrée : il a les pédicules des feuilles rouges ; fes feuilles font épaifies & nerveufes par- delfous. Il fleurit , & il fru&ifie en longues grappes , quoiqu’il n’ait encore que trois à quatre pieds de hauteur : cela nous fair foupçonner qu il n’eft qu’un arbrifleau , & qu’il ne donne point de fucre. Il nous eft encore venu de Canada des Erables qui ont la feuille allez femblable à YOpulus. Enfin nous avons reçu des Erables femblables au n°. 7 , mais qui ont la feuille plus grande. Nous n’oferions décider entre ces différents Erables , quel eft celui que l’on nomme en Canada, bois d’orignane , parce que cet animal en eft finguliérement friand ; mais nous favons qu’il ne parvient jamais qu'à la hauteur d’un grand arbrilfeau. C U L T U R E • On éieve aifément les Erables de femences ; ôt plufieurs efpe” ces, particuliérement le n°. 10 , fe multiplient par marcottes Ôc même par boutures. On peut femer en pleine terre les graines de cet arbre, avec leurs capfules , dès l’automne , fi-tôt qu’elles font parvenues à leur maturité. Mais comme les mulots, qui en font friands, en détruifent beaucoup , il eft mieux de les ftratifier avec de la terre qui ne foit point trop humide, ou avec du fable, pour ne les femer qu’au printemps pêle-mêle avec ce fable : elles lèveront alors très-promptement, furtout fi on ne les a pas mifes trop avant dans la terre. Toutes les efpeces d’Erable peuvent s’élever en pépinière, ôc elles reprennent très-facilement quand on les tranfplante; il eft même inutile de leur laiffer des mottes. L’efpece (n°. 10.) eft finguliere par fes feuilles, qui reffemÇ blent à celles du frêne : elle fe plaît dans les terres humides». USAGES. : L’Erable f n°. i. ) qui porte Tes fleurs en grappes Ôc qui a de prandes feuilles, a été fort à la mode pour faire des avenues ôc des falles dans les Parcs; mais on l’a prefque abandonne, parce qu’il fe dépouille de très-bonne heure, & que fes feuilles font prefque toujours dévorées par les infe&es. Ceux ( n°. 2 & 4.) ont les mêmes défauts ; ôc tout leur mérite confifte dans la cou¬ leur de leurs feuilles. . Le no. 3 fe diftingue du n°. 1 . parce que fes feuilles font plus minces, & quelles 11e font point blanches en-deffous : cet arbre a prefque les mêmes défauts que le n°. 1 . Ses fleurs viennent par bouquets. r ... Jv Tous ces arbres ont l’avantage de pouffer leurs feuilles des le commencement du printemps. Les n°. 7 & 8 ont les feuilles plus petites, & des fleurs raffemblées en petits bouquets : ( les fleurs hermaphrodites font au fommet du bouquet. ) Ces arbres forment d’affez belles pâli (fades qui reullilient dans les endroits où le Charme ne fait que languir. Le n°. p porte fes fleurs en petits bouquets, qui font compo- fés de fleurs mâles & de fleurs hermaphrodites : les demieres fe trouvent ordinairement au milieu du bouquet : il conferve pref¬ que tout 1 hyver fes feuilles qui font petites & epaifles, nean¬ moins il convient mieux dans les bofquets d automne que dans ceux d’hyver. Le n°. 3 , qui nous eft venu de Canada & que Ion appelle Plaine , porte fes fleurs en petits bouquets autour des branches : c’eft un très-bel arbre; fes grandes feuilles deviennent en autom¬ ne d’un rouee fort éclatant : le bois de cet arbre eft quelquefois ondé. On nous a envoyé de lifte Royale des femences d’un Erable qu’on affure avoir plus particuliérement cette dermere propriété. A C E R , Erable . 3 t Nous avons encore un arbre qui n’eft qu’une variété de l’ef- pece précédente ( n°. 5* , ) mais dont les feuilles deviennent moins rouges en automne. C’eft peut-être l’individu femelle ; car quel¬ ques Canadiens Botaniftes affûtent que dans cette efpece il y a des arbres mâles & d’autres femelles. Nous en avons qui donnent des fleurs mâles {a). Au milieu des pétales qui forment la fleur., l’on apperçoit plufieurs fleurons ( cd ) qui ne renferment que des étamines ( e ), & qui font par ccnféquent ftériles : peut- être les fleurs des autres font-elles hermaphrodites ; c’eft ce que nous n’avons pu encore vérifier. Le n°. 6 , qu’on nomme en Canada, Erable rouge, êe qui eft à Trianon , différé peu du n°. 5 , fuivant la defcription que nous 2. envoyé M. Gaultier, & les obfervations que nous avons faites fur l'arbre de Trianon; les échancrures du calyce, au nombre de cinq ( g ), ainfl que les pétales font d’un verd jaune, liféré de rouge vif; dans le difque 011 apperçoit cinq ou lix étamines allez longues (k), qui prennent naiffance de la bafe du piftil ( i ). On voit fortir de chaque bouton cinq ou fix fleurs portées fur d’aflfez longs pédicules (f). Le n°. 10 eft un arbre très-fingulier par fes feuilles qui reffem- blent à celles du frêne ; mais il ne fait que languir dans les terreins fecs. Ses fleurs viennent en forme de grandes grappes. Suivant les Mémoires que M. Gaultier m’a envoyé de Cana¬ da , toutes les efpeces d’Erable n’y donnent point la liqueur dont on fait un fucre ; & par les defcriptions qu’il m’a envoyées des deux efpeces qui fourniflent abondamment cette liqueur * il paroît que l’Erable blanc relfemble beaucoup à l’efpece n°. 1 : néanmoins M. Gaultier ajoute que le bois de cet arbre eft fouvent très-veiné , au lieu que le nôtre eft prefque toujours blanc. L'autre efpece d’Erable, qui donne une liqueur fucrée , eft le n°. 6 , qu’on nomme Plaine en Canada: fon bois eft ordinaire¬ ment très-veiné. Le n°. 1 1 nous eft venu de Canada : c'eft un très-bel arbre y fes feuilles font d'un beau verd ; elles font découpées en trois très-profondément. Ses fleurs viennent au fommet des tiges , ôt elles font difpofées en grappes. Nous ayons encore plufieurs variétés de cette efpece , donr les feuilles font plus grandes; ôt dont les trois découpures fons: 32, ACER, Erable. accompagnées de quelques autres plus petites ; mais 1 on en diftingue toujours trois principales. Notre efpece ( n°. £ , ) qui nous eft venue aufli de Canada , reilembie beaucoup à la defcription que M. Gaultier donne de l’Erable-Plaine de Canada (n°. 6.) Ces arbres font encore trop jeunes ici pour avoir pu nous aifurer fi leur bois eft ondé comme celui des Erables-Plaines dont parle M. Gaultier. Quoiqu’il en foit, on diftingue en Canada la liqueur fucrée qui découle de ces deux arbres. Celle de l’Erable blanc , s ap¬ pelle Sucre cT Erable , ôc celle de 1 Erable rouge ou Plaine , s ap¬ pelle Sucre de Plaine. La liqueur de ces deux Erables eft , au fortir de l’arbre J claire 6c limpide comme l’eau la mieux filtrée ; elle eft très* fraîche , 6c elle laiffe dans la bouche un petit goût fucré fort agréable. L’eau d’Erable eft plus fucrée que celle du Plaine, mais le fucre de Plaine eft plus agréable ^que celui d Erable. L’une 6c l’autre efpece d’eau eft fort faine; ôc on ne remarque point quelle ait jamais incommodé ceux qui en ont bu , même après des exercices violents 6c étant tout en fueur : elle paffe très-promptement par les urines. Cette eau étant concentrée par l’évaporation donne un fucre gras 6c rouffatre , qui eft d une faveur affez agréable. On tire la liqueur d’Erable en faifant des incifions aux deux efpeces d’Erable dont on vient de parler ; ces incifions fe font ordinairement ovales (/) , ôc l’on fait enforte , non-feulement que le grand diamètre foit à-peu-près perpendiculaire à la dire&ion du tronc, mais aufli qu’une des extrémités de l’ovale foit plus baffe que l’autre, afin que la feve puiffe s’y raffembler. On lâche au-deffous de la plaie une lame de couteau , ou une mince réglé de bois, qui reçoit la feve 6c la conduit dans un vafe que l’on place au pied de l’arbre. Si l’on n’emportoit que l’écorce fans entamer le bois , on n’obtiendroit pas une feule goutte de liqueur, il faut donc que la plaie pénétré dans le bois à la profondeur d’un , de deux ou de trois pouces ; parce que ce font les fibres ligneufes , ôc non pas les fibres corticales, qui fourniffent la liqueur fucrée. M. Gaultier remarque expreffément que dans le temps que la liqueur coule, le liber eft alors trèsdfec 6c fort adhérent au bois , A C E R , Erablel } % & que cette liqueur celle de couler lorfque les arbres entrent en feve, lorfque leurs écorces fe détachent du bois, ôt enfin quand l’arbre commence à ouvrir fes boutons. On peut faire les entailles dont on vient de parler, depuis le mois de Novembre, temps où les Erables font dépouillés de leurs feuilles , jufqu'à la mi-Mai , qui eft la faifon ou les boutons commencent à s’ouvrir; mais les plaies ne fourniront de feve que dans le temps des dégels : s’il a gelé même allez fort pendant la nuit , la feve pourra couler le lendemain ; mais on n’obtiendra rien fi l’ardeur du foleil n’eft pas fupérieure à la force de la gelée. De ce principe il fuit : i°. Qu’une plaie faite du côté du Midi donnera de l’eau, pendant que celle qu’on aura faite au même arbre du côté du Nord n’en donnera pas. 2°. Qu’un arbre qui eft à l’abri du vent froid ôt à l’expofition du foleil donnera de la liqueur , pendant que celui qui fera à couvert du foleil, ou expofé au vent, n’en donnera pas. 5°. Que par un petit dégel, il n’y a que les couches ligneu- fes les plus extérieures qui donnent de la liqueur ; ôc que toutes en donnent lorfque le dégel eft plus général. 4°. Que les grands dégels arrivant rarement dans les mois de Décembre, de Janvier ôt de Février, on ne peut efpérer de retirer beaucoup de liqueur, que depuis la mi-Mars jufqu’à la mi-Mai. Mais dans les circonftances favorables la liqueur coule fi abondamment , qu’elle forme un filet gros comme un tuyau de plume, ôt qu’elle remplit une pinte mefure de Paris, dans l’efpace d’un quart- d’heure. On voit dans les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, année 1730, que M. Sarrazin, l’un de fes Corref- pondants, penfoit qu’il étoit important que la neige fondît au pied des Erables pour obtenir beaucoup de liqueur : félon les Obfervations de M. Gaultier, il paroît qu’effeêlivement la récol¬ te eft abondante lorfque la neige fond; mais il ajoute que ce n’eft que parce qu’alors l’air eft allez doux pour occafionner un grand dégel. 6°. Les entailles faites en automne fourniftent de la liqueur pendant l’hyver , toutes les fois qu’il arrive des dégels ; mais cependant plus ou moins, fuivant les circonftances que nous Tome L E •j ^ ACER , Erable . venons de rapporter : ces fources tariffent entièrement lorfquff les boutons font épanouis; ôt comme dans l’année fuivante ces plaies ne donnent plus rien , il en faut faire d autres. . ^ 7°. M. Gaultier a remarqué que fi l’on fait deux plaies a un arbre.: fçavoir, une au haut de la tige ôt l’autre au bas , celle-ci donne plus de feve que l’autre. Il allure encore qu on ne s ap- perçoit point qu’un arbre *foit épuifé par 1 eau qu il fournit , H l’on fe contente de ne faire qu’une feule entaille a chaque arbre ; mais fi l’on en fait quatre ou cinq dans la vue d avoir une grande quantité de liqueur , alors les arbres dépériffent, ôc les années fuivantes ils donnent beaucoup moins de liqueur. 8°. Les vieux Erables donnent moins de liqueur que les jeunes , mais elle eft plus fucrée. p°. M. Gaultier prouve par de fort bonnes expériences, que la liqueur coule toujours par le haut de la plaie , ôt jamais par le bas de l’entaille. io°. Afin de ménager les arbres, on a coutume de ne faire les entailles que depuis la fin du mois de Mars jufqu au com¬ mencement de Mai ; parce que c’eft dans cette faifon que les circonflances font plus favorables pour que la liqueur coule abondamment ; mais il eft bon d’être averti que la liqueur qui coule en Mai, a fouvent un goût d herbe qui eft defagreable ; les Canadiens difent alors qu’elle a un goût de feve. Après avoir ramaffé une quantité de fucre d Erable , par exemple, 200 pintes, on le met dans des chaudières de cuivre ou de fer, pour en évaporer l’humidité par l’aétion du feu ; on enleve l’écume quand il s’en forme ; ôt lorfque. la liqueur commence à s’épaiffir, on a foin de la remuer continuellement avec une fpatule de bois pour empêcher qu elle ne brûle , ôc pour accélérer l’évaporation. Auffi-tot que cette liqueur a acquis la confiflance d’un firop épais, onia verfe dans des moules de terre ou d écorce de bouleau : alors en fe refroidiffant le firop fe durcit , ôt ainfi l’on a des pains ou des tablettes d un fucre roux ôt prefque tranfparent qui eft affez agréable , fi 1 on a fu attraper le degré de cuifion convenable ; car le fucre d'Erable trop cuit a un goût de mélafle ou de gros firop de fucre , qui eft peu gracieux. Beux cens pintes de cette liqueur fucrée produisent ordinai¬ rement dix livres de fucre * ACER y Erable • 3 $ Quelques-uns rafïnent le firop avec des blancs d’œufs ; cela fend le fucre plus beau ôt plus agréable. Il y a des habitants qui gâtent leur firop , en y ajoutant deux ou trois livres de farine de froment, fur dix livres de firop cuit'. Il eft vrai que ce fucre eft alors plus blanc , ôc quil eft même quelquefois préféré par ceux qui ne connoiffent pas cette fuper- cherie : mais cela diminue beaucoup l’odeur agréable ôt la faveur douce que doit avoir le fucre d’Erable lorfqu’il n’eft point fophiftiqué. La liqueur fucrée qu’on retire au printemps , dans le temps que les boutons des Erables commencent à s’ouvrir, a, comme nous lavons dit, un goîit d’herbe qui eft défagréable : de plus cette liqueur fe defleche alors difficilement , ôt elle tombe en deliquium des que l’air devient humide. Ce défaut oblige les habitants à en faire du firop de capillaire. On eftime qu’on fait tous les ans en Canada 12 à 1; milliers , pefant de ce fucre. Le fucre d’Erable, pour être bon, doit être dur, d’une couleur touffe ; il doit encore être un peu tranfparent , d’une odeur fuave , ôt fort doux fur la langue. On r employé en Canada aux mêmes ufages que le fucre de Cannes : on en fait auffi d’affez belles confitures Le fucre d’Erable paffe pour peêloral ôt adouciffant; on l’employe utilement pour calmer les toux violentes. Je ne fâche pas qu’on ait retiré en France aucune liqueur fucrée de l’Erable. Il eft cependant vrai que les Erables des no. 1 & 7 fe trouvent quelquefois couverts d’une humidité vif- queufe ôt très-fucrée ; mais on ne doit attribuer cela qu'à un fuc extravafé de ces arbres , qui fe condenfe fur les feuilles par l’évaporation de l’humidité. On ne fait point de fucre d’Erable à la Louyfiane ; on en retire feulement une liqueur fucrée qu’on affqre être un bon ftomachique. Le principal avantage de toutes les efpeces d’Erables, eft de s’accommoder affez bien de toutes fortes de terres ; c’eft pour cela que l’on en forme des palilfades , des avenues , ôt \ même des maffifs de bois. Le bois d Erable eft allez bon pour les ouvrages du tour, ôt Eij 6 A C E R y Erable , pour les Ârquebufiers. Nous avons des fufils montés avec îé Plaine ondé ou tacheté du Canada ôt de rifle Royale : on n6 peut rien voir de plus beau que ce bois. Tome L PL p* . . « „ J* , - V . ^ Tome I» PU 10, Tome L PL ii. Tome L PU 12» Tome L Planche ij. ! » • '1* ■ \ ' ■ - V \ ' . ' , : . . T -T T ’ 3? ALATERNUS , Tour nef. Rhamnu s$ Linn. ALATERNE. DESCRIPTION . L’Alaterne porte fur différents pieds * des fleurs mâles ôc des fleurs femelles. On rencontre cependant quelques fleurs hermaphrodites fur chacun de ces individus. Les fleurs mâles font compofées d’un calyce en entonnoir (£) découpé en cinq ou flx par les bords : aux échancrures de ce calyce , font attachées cinq ou flx petits pétales (c) quoi* ne peut découvrir aifément qu’avec le fecours de la loupe; fou- vent même on n’en appercoit qu’un ou deux. Du pédicule de chacun de ces pétales part une étamine; enforte qu’il y a au calyce autant d’étamines que d’échancrures : elles font termi¬ nées par des fommets arrondis, (d) Les fleurs femelles reffemblent beaucoup aux fleurs mâles; excepté qu’au lieu d’étamines , on y trouve un piftil (a), qui s’élève du fond du calyce. Ce piftil eft compofé d’un embryon 6c de trois ftyles furmontés par des ftigmates arrondis. L’em¬ bryon devient enfuite une baye molle (e), qui contient trois femences (y ) arrondies , ôc bombées feulement fur un de leurs côtés, (g) Les petits pétales qu’on appercoit aux échancrures du calyce* ont engagé M. Linneus à joindre l’Alaterne au Nerprun * Rhamims ; avec lequel il a beaucoup de rapport par les parties de la fructi fl cation. Comme il arrive fouyent qu’on ne peut découvrir qu’un 013 ^8 AL AT ER NU S, Alaterne. deux de ces pétales , M. de Tournefort a cru que cette fleur en étoit entièrement dépourvue. L’Alaterne fait un très-joli buiflon. Le verd brillant de fes feuilles qu’il conferve pendant l’hyver, le rend fort agréable. Dans les faifons où cet arbrilfeau n’a ni fleurs ni fruits, on le diftingue aifément des Filaria , en latin Phillyrea , parce que fes feuilles font pofées alternativement fur les branches ; au lieu que le Filaria les a oppofées. Les feuilles de l’un ôc de l’autre font fermes , roides & ovales , ou allongées, fuivant les différentes ef- peces ; mais l’ Alaterne a des ftipules, & le Filaria n’en a point. Les flipules de l’Alaterne font très-petites Ôc très-pointues: comme elles tombent après un certain temps, on n’en apper- çoit que fur les jeunes branches; c’eft pour cela qu’on ne les a pas exprimées dans la Figure. Les fleurs de l’ Alaterne font raffemblées en forme de petites grappes. ESPECES ; 1. ALATERNUS. T. Cluf. Alaterne à grandes feuilles. 2. AL AT ER NU S minore folio. In fl. Alaterne à petites feuilles. 2, A LATERNU S aurea , feu foliis ex luteo variegatis. H. R. P. Alaterne doré, ou à grandes feuilles panachées de jaune. 4. ALATERNUS argenteay feu foliis ex albo variis. H. R. Pav. ^ Alaterne argenté, ou à feuilles panachées de blanc. y, ALATERNUS minima , huxi rninoris foliis. H. R. Pav. Petit Alaterne, à feuilles de petit Buis. 6'. ALATERNUS Hijpanica , loti folia. Inft. Alaterne d’Efpagne, à feuilles larges. 7. ALATERNUS , feu Phy lica , foliis anguJUoribus & frofundiuS ferratis. H. L. Alaterne à feuilles étroites ôc profondément dentelées. S. A LA TERNUS foliis anguflioribus & profundiùs ferratis , limbis aureis. M. C. A L AT E r N E à feuilles étroites, profondément dentelées, dont les bords font dorés. ALATERNUS, Alaterne, 5 $ CULTURE . Cet arbriffeau craint les fortes gelées. Pour le conferver en pleine terre, nous couvrons fes racines avec de la litiere; parce qu’étant ainfi protégées , fi les branches meurent , la louche repoulie, & fait en très-peu de temps, un nouvel arbre. On peut le multiplier par les marcottes, & l’élever de fa femence que 1 on tire des pays plus méridionaux ; favoir de Provence, d Italie, d Efpagne, ôcc. On en feme la graine dans des terrines que 1 on enterre dans des couches chaudes. IJ arrive quelquefois qu’elle ne paroît que dans la fécondé année. On peut aulîi greffer les Alaternes par approche , les uns fur les autres. En plulieurs endroits on le nomme très - improprement Fi/aria. Ce nom convient à la vérité à une autre efpece de plante qui lui reffemble allez par fon port; mais elle eft très- différente de l’ Alaterne, par les parties de la fructification , ôt par fes feuilles oppofées. USAGES ; Comme l’ Alaterne conferve fes feuilles pendant l’hyver, ori le doit placer dans les bofquets de cette faifon. Son bois reffemble allez à celui du chêne verd. On m’a affuré qu’on faifoit avec ce bois de fort jolis ou¬ vrages d’ébéniflerie. On le regarde en Médecine comme allongent; ôc on rem¬ ployé en gargarifme pour les maux de gorge. v - . ■i . - : {rit *i ::> mon s- > . v ; r. • * ■ tÔ r- < . » ■ i àa : ■ ' - • * 4LNUS Tme J. PI, / J ’ > k. . .• SMt - * « 4Ï # ALNUS, Tournef. & Linn. G en, Betu la y Lin n. Spec. plant . AUNE, &: dans quelques Provinces VERGNE, DESCRIPTION : L’Aune porte des fleurs mâles ôc des fleurs femelles fur les mêmes pieds. Les fleurs mâles qui font grouppées fur un fllet commun, forment un chaton écailleux, cylindrique & allez long ( . fs, - t • * - N I A MO R P H A , Lin n. ou Barbajovis. R and. INDIGO bâtard. DESCRIPTION. LA fleur de PAmorpha féparée de fon dpi, efl moins belle que flnguliere. Son calyce eft une efpece de tuyau cylin¬ drique découpé en cinq parties; & pour lé former une idée de la fleur (a), il faut fe repréfenter une fleur légumineufe .qui n'auroit que le pétale fupérieur que l’on nomme pavillon, ( V exil hum ) , qui eft même fort petit (b), & qui eft attaché entre les deux grandes découpures fupérieures du calyce. Cette fleur a dix étamines (a) , ôt un piftil qui efl compofé d’un em¬ bryon oblong , d'un ftyle de la longueur des étamines, & d’un ftigmate obtus : l’embryon devient une filique recourbée (cl) qui contient une femence oblongue (e) de la même forme que la filique. Les fleurs forment toutes enfemble de beaux épis purpurins qui terminent les branches : les calyces, le pétale & les étamines font violettes; ôc il n’y a que les fommets qui font d’un jaune très-vif. Les feuilles font empanées, c’efl> à-dire, compofées de folioles rangées deux à deux fur une tige commune qui efl terminée par une feule. Ces feuilles font pofées alternativement fur les branches^ On voit en (c) un épi garni de fes fiüques. 4# A MO RP H A, Indigo bâtard. ESPECES. ï. AMORPHA. Linn. Hort. Cliff. Barba jovis Amène aria , Pfeud Acacia foliis , flofeulis purpureis minimis . Ranci. Mill. Cat. Amorpha d’Amérique, à feuilles de faux Acacia, dont les fleurs font petites ôc purpurines, ou Indigo bâtard. («j ï.».'/- C C/ L T U R E. Cet arbriffeau perd beaucoup de branches pendant l’hyver; néanmoins comme il pouffe avec vigueur , il ne laiffe pas de faire pendant i été un buiffon allez agréable. Il fe multiplie facilement par des rejets qui pouffent des racines. Pour le conferver , on pourra dans les grands hyvers , mettre un peu de litiere fur les racines. Il a fort bien fupporté les hyvers de 175.3 de 1751. USAGES. 3 nu ■ . . ■ • lijoq yt> ; • mji j On peut mettre cet Amorpha dans les bofquets d été 01$ dans ceux d’automne; car fes feuilles fubfiftent jufqu’aux gelées. ' Cet arbriffeau efl; en fleur au mois de Juin; ôc U forme de longs épis d’un violet foncé , parfemé de points jaunes qui femblent des paillettes d’or. La Angularité de cette fleur peut encore engager à en placer quelques pieds dans les bofquets de la fin du printemps. , t Dans les jardins qui ne font pas fort expofes a la gelee 9 on en peut faire de jolies paliflades ; mais comme il pouffe de • part & d'autre de longues branches , il faut avoir foin de les retenir fur un treillage avec des ofiers. V A M 0 R P H A , Indigo. Page 4 6* Tome L PU 16 ♦ AM Y G D A LU S , Tour ne f. & Linn AMANDIER. DESCRIPTION . LA fleur de l’Amandier eft hermaphrodite : elle eft com-s pofée d’un calyce en forme de godet, découpé en cinq parties {a) : dans les angles font attachés cinq grands pétales difpofés en rofe (b), entre lefquels on ap perçoit trente étamines {a) terminées par des fommets figurés en olive, ôc divifés en deux fuivant leur longueur (c) : elles font attachées aux parois intérieurs du calyce. Au milieu de la fleur s’élè¬ ve un piftil formé d’un embryon , ôc d’un flyle qui eft ter¬ miné par un petit ftigmate arrondi (d) : cet embryon devient un fruit plus ou moins charnu , dans lequel eft un noyau (e') ? dont l’amande fe divife en deux lobes. Le calyce fe détache pendant que le fruit groiïit. Les feuilles de l’Amandier font ordinairement longues ; étroites , dentelées très-finement par les bords , pointues ôc rangées alternativement fur les jeunes branches : elles font d’un goût amer, ôc d’un verd blanchâtre. A l’endroit de l’infertion des feuilles fur les branches, on apperçoit fréquemment de petites ftipules qui s’épanouiflent quelquefois, ôc qui forment de petites feuilles; mais elles tom¬ bent le plus fouvent, Ôc en automne l’on n’en apperçoit plus qu’au bout des branches. Les feuilles font pliées en deux dans leurs boutons». 4$v AMYGDALUS, Amandier ^ ESPECES. 1. A MYGDA LUS fativa jriiÜu majori. C. B. Pin, Amandier à gros fruic. 2. AMYGDALUS dulcis , put amine molliore. C. B. Pm* Amandier à coque tendre. 3. AMYGDALUS amara. Ç. B. Pin. Amandier à fruit amer. 4 A MY G DA LU S Orientais, foliis argcnteii fplendentibuf. ** Amandier du Levant, à feuilles farinées & comme argenteesi, - . ....... V * . - . ♦ *. A«é- * /• fi' 1 . ! * ; SS AN O N A , Linn. Gu an a b an u s , Flum. A S S I M I N I E R. description, ; LE calyce de la fleur de l’Alïmiinier eft formé par trois petites feuilles (a) figurées encœur, creuféesen cuilleron, 6t qui fe terminent en pointe. Le difque de la fleur eft compofé de fix pétales {b\ figurés aufli en coeur & difpofés en forme de rofe; les trois pétales intérieurs font plus petits que les trois extérieurs. •Les etamines font en grand nombre ; elles font attachées par de très-courts filaments autour de l’embryon , où elles for¬ ment une efpece de tete : leurs fommets font quadrangulaireso Le piitil eft compofé de plufieurs embryons arrondis 6c d’autant de ftyles terminés par des ftigmates obtus. Chaque embryon devient un gros fruit charnu , quelquefois o\ a e , d autres foisprefque rond : il reffemble à un concombre de moyenne grofleur , mais fouvent un peu plus court. On trouve dans 1 intérieur de ce fruit plufieurs femenees (c) dures, longues , applaties ôt raffemblées les unes près des autres. L’efpe- ce dont n-ous ferons mention dans le Catalogue, contient douze graines divifées en deux rangées : chacune eft renfermée dans une loge particulière. ^ L Afliminier forme un arbriffeau de dix à douze pieds de i-aut , dont le tronc eft gros comme la jambe. Les feuilles font granc es , o\ aies , terminées en pointe , & pofées alternativement; lut les branches» j 6 vl A' O NA, AJJimlnier. t outes les parties de cet arbriffeau ont une odeur forte ôt défagréable, à laquelle on a peine à s’accoutumer. especes . i. AN ON A jntÜu lutefeente Uvi , ferotum Arietis referente. Catefb. Hift. ou Guanabanus. Plum. AsSIMIN 1ER. Il y a plufieurs efpeces de ce genre, mais qui ne peuvent s’élève* en pleine terre. CULTURE. Cet arbriffeau nous eft envoyé du Canada , du haut du Mifliflipi vers les Iroquois : il fe plaît à l’ombre dans les terres grafles ôt humides. . Il leve affez bien des femences qu’on nous envoie des pays que nou« venons de nommer. On ne le trouve point dans la partie méridionale de la Louyflane : il fubfifte depuis long-temps en pleine terre au Château de la Galiffoniere près de N antes. USAGES . Comme cet arbriffeau pouffe fes feuilles , ôt prefqu en meme temps fes fleurs, il eft affez beau dans le mois d’ Avril; amii.il peut fervir à la décoration des bofquets du premier printemps. L’odeur déplaifante de fon fruit fait qu il n y a que les Sauva- ces qui puiffent en manger. Néanmoins on s’y accoutume peu a peu. J’ai lu dans une relation de la Louyflane , que fa chair eft agréable ôt faine; mais que la peau , qui s’enleve facilement, biffe aux doigts l’impreffioiï d’un acide fi vif, que fi l’on n’a pas l’attention de les laver fur le champ , ôt qu’on les porte par inadvertance aux yeux , il y caufe une inflammation accom¬ pagnée d’une demangeaifon infuportable. Ce mal ne dure ce¬ pendant que vingt-quatre heures, ôt n a pas de fuites facheufes. Le bois de cet arbriffeau eft fouple, ployant ôt tort dur. Tout ce que nous rapportons de cet arbre, nous le tenons de quelques Voyageurs , ôt en particulier de M. Sarafin , Médecin du Roi en Canada, ôt de M. de Fontenet, Médecin du Roi à la Louyflane. Nous n’ayons pas connoiffance qu il ait encore fructifié en h rance. . .rc ANONIS} A N 0 N A , Assiminier. Page 56 * Tome L PL 19 ANONIS y Tou r nef. O N o N i s y Lin K.' ARRETE-BŒUF. __ ’ DESCRIPTION, . * ' • » n » /» • t t . LA fleur (a) de l’Arrête-bœuf eft légumineufe ; fon pavil- Ion ( V ?xillum ) (£)eft fl grand , qu’il recouvre prefque entièrement les ailes ( Alœ ) ( c ) , & en grande partie la nacelle ( Carina ) (d) qui eft d’une feule piece. jSon calyce eft un cornet un peu recourbé dont les bords font découpés en cinq lanières étroites. On trouve dans l’inté¬ rieur de la fleur une gaine qui enveloppe le piftil : les bords de cette gaine font découpés en dix filets qui forment autant d’étamines ( * 1 ' Nous ne comprenons point dans cette lifte les Anonis qui îie font que des herbes , ôc qui perdent leurs tiges lhyver. c CULTURE . On peut multiplier les Arrete-bœufs par lesfemencesj ou en faifant des marcottes : ce petit arbufte n exige aucune culture particulière. JL’efpece n°. 2 ; craint un peu les fortes gelees. «-a*»- - USAGES . L’Anonîs ou Arrête-bœuf (n°. 1 ,) qui fleurit au commence- ment de Juin? ôc qui a fouvent encore des fleurs au commen¬ cement d’Oêtobre, mérite d être cultivé dans les plate-bandes d’un bofquet printanier ; car lorfqu’il eft en pleine fleur } il forme un très-joli bouquet. Sa racine paflfe pour être apéritive. Le nom d’ Arrête -bœuf a été donné à cette plante , parcd que plufieurs efpeces de ce même genre qui ne font cependant que des herbes^ tracent beaucoup ? ôc jettent de fortes racines er$ terre; qui incommodent beaucoup les Laboureurs* Xome I, PI, 21, . ' ' ■ . A QU I FOL I U M , Tournef. Ilex,\ L i n n. HOUX. DESCRIPTION, ; . i . J y : i. LA fleur du Houx qui a peu d’apparence eft formée d’un fort petit calyce (a) divifé en quatre parties; d’un feub pétale en forme de rofette ( b ), découpé auiïi en quatre parties arrondies. Ce pétale eft percé dans fon milieu d'un trou par lequel pafle le piftil ( d) ôc qui eft formé d’un embryon arrondi, de trois ou quatre ftigmates fans ftylc. Cette fleur n’a que quatre ou cinq étamines ( c ). L’embryon devient une baie charnue ( e ) qui contient quatre noyaux oblongs ôc de figure irrégulière (/). Les feuilles de la plupart des Houx font plus dures que celles du Laurier : elles font piquantes par les bords ôc placées aL îernativement fur les branches. r r, , ■ ~ ^ * A • ‘ y 1 y * ^ - i . : • J } . • ^ t - ; Ü 1 ; i I ESPECES. X> A QUI FOLIUM bac ch rubris. H. £,« H o u x à fruit rouge. 2.. AQUIFOLIUM laccis lutch . H. L. I Houx à fruit jaune. 3* AQUIFOLIUM baccis albis. M. C. Houx à fruit blanc. A QU IF O L IU AI foliis ex albo variegatis . H. L. Houx à feuilles panachées de blanc. H ij 22. A QUI FO LIUM foliis angufioribus , fpinis & limbis fl ave fcentibusè Houxà feuilles fort étroites, dont les bords <5t les épines font jaunes. >23. A QUI FO LIUM foliis oblongis ex luteo & aureo elegantijfimè varie- Houx à feuilles oblongues , dont les feuilles font richement pa* nachées de jaune 6c de veines d or. £4. A QU IF 0 LIUM foliis oblongis viridibus , maculis argenteis notons v M. C. , . , j_ Houx à feuilles oblongues, d'un verd fonce, mouchetées oe taches argentées. 23. A QUI FO LIUM foliis oblongis , limbis luteis , fpinis & folionm mar **. oint bu s purpurafcentièus. M. C. ^ , , Houx à feuilles oblongues, doncles bords font jaunes, hferes de pour¬ pre, éc les épines pourpres, appeliéen Angleterre Penijelada, a AQUIFOLIUM , Houx. 26. A Q UI FO LIUM foliis oblongis , limbis & [finis ochroluteis. M. C« Houx à feuilles oblongues , dont les bords «5c les épines font de couleur d'ocre jaune. 27. A QU I FO LIU M foliis parvis , inter dum vix fpinofis. M. C. Houx à petites feuilles, qui n’ont prefque pas d'épines. 28. A QUI FO LIUM foliis parvis, inter dum vix fpinojïs , limbis folionm argentatis . M. C. Houx à petites feuilles, qui rfont prefque pas d épines, dont les bords font argentés. 2p. A QUI FO LIU M baccis luteis , foliis ex luteo variegatis. M. C. Houx à fruit jaune, dont les feuilles font panachées de la même couleur. 20. A QU IFO LIU M Echinata folii fuperficie. Corn. Houx dont le delTus des feuilles ell hériifé d’épines , ou bien Houx-Herisson. o 1. A QUI FO LIUM Echinata folii fuperficie , foliis ex luteo variegatis. M. C. Houx dont le deffus des feuilles efl hériifé d’épines , & les feuilles panachées de jaune, ou bien Houx-Herisson doré. r * 32. A QUI FO LIUM Echinata folii fuperficie , limbis aureis. M. C. Houx dont le deffus des feuilles eft hériifé d’épines, 6c le bord doré, ou Houx-Herisson bordé d'or. * * 33. A QU IFO LIUM Echinata folii fuperficie , limbis argenteis. M. C. Houx dont le deffus des feuilles eft hériifé d'épines , & le bord argenté, ou Houx-Herisson bordé d'argent. 34. AQUIFOLIUM Carolinianum anguflifolium , finis raris brevijfimis. M. C. Houx de Caroline à feuilles étroites , qui n'ont que peu d'épi¬ nes & fort courtes. 3;. AQUIFOLIUM foliis décidais. A l c a n n a major latifolia dent tata. Munting. Houx qui quitte fes feuilles. 36. A QUI FO LIU M , five Agrifolium Carolwienfe , foliis dentatis , baccis rubris. Catefb. , # ^ Grand Houx de Caroline à feuilles dentelées, non épineufes, dont les baies font rouges 6c rallemblées en gros bouquets fur v les branches. AQUIFOLIUM, Houx. £3 ^7. A QUI FOL 1U M Carolinienfe foliis dentatis , baccis rubris. CatelL. Ch s s 1 n e ver a Floridanorum , arbufcula baccifcra , Alaterni fermé " ■ facie , foliis alternatim fins. Tetrapyrene. Pluk. Houx de Caroline à feuilles dentelées, dont le fruit eft dùm beau rouge j la vraie Caftine de la floride, & peut-être l'herbe ou le thé du Paraguay. CULTURE . La lifte précédente offre une grande variété de Houx pana¬ chés. On en eft redevable au goût que les Anglois ont eu pour cet arbriffeau ; c’eft ce qui a déterminé leurs Jardi¬ niers à en conferver toutes les variétés. On pourroit encore les multiplier , en obfervant fur quantité de Houx celles qui arriveront à quelques branches particulières ; car en greffant ces bizarreries accidentelles fur des Houx communs , on le rendroit plus confiantes. Nous avons trouvé dans les forêts , fur des Houx fauvages, quelques branches très - joliment panachées. Si on les avoit coupées pour les greffer fur des Houx communs , on auroit confervé ces variétés. Il n’eft pas douteux qu’on fe procureroit encore des variétés, en femant des graines de Houx panaché ; fur-tout fi on les avoit receuillies dans un endroit où beaucoup d’efpeces de Houx fe trouveroient confondues. Pour avoir des Houx communs, on les arrache encore jeu¬ nes j & lorfqu’ils font levés de graine fous les vieux pieds qui croiffent naturellement dans les forêts ; alors on les cultive en pépinière , pour greffer fur ces fujets toutes les autres efpeces de Houx, qui réufliffent très-bien en écuffon & en fente. Les Houx rifquent beaucoup de périr fi on les tranfplante fans motte : néanmoins ils réuffront mieux tranfplantés le prin¬ temps , que l’automne. Les Houx ordinaires fe plaifent à l’ombre fous les grands arbres ; mais les panachés dégénèrent moins , quand ils font expofés au foleil. J1 faut avoir foin de couper toutes les branches qui perdent leur panache , fans quoi ces branches , plus vigoureufes que* les autres, feroient périr celles qui font panachées». ff4 A Q UIFO L IUM, Houx: M. le Chevalier de Genfein m’a affuré qu’il avoit eu long' temps en pleine terre le Houx ou Caffine n°. 37; néanmoins on fera bien d’y apporter beaucoup de précautions, & de nq le rifquer que quand il fera fort. USAGES . Les Houx de toutes les efpeces font un effet admirable danâ les bofquets d’hyver, non-feulement à caufe de leurs feuilles luifantes , mais encore par leurs fruits , qui reftent fur l’arbre une partie de l’hyver. On fera bien d'en mettre encore dans les Remifes; non-J feulement parce qu’ils forment des bluffons touffus qui protè¬ gent le gibier, mais encore parce que beaucoup d’oifeaux vivent de leur fruit. Le bois de Houx eft blanc ; néanmoins celui du centre des gros arbres eft brun : il eft fort dur; fes baguettes font pliantes. On fait que c’eft avec l’écorce de cet arbre que l’on fait la meilleure glu pour prendre les oifeaux. Il faut pour cela gratter l’écorce extérieure qu’on rejette , ôt confejrver l’intérieure qui eft fucculente. On la pile bien pour en former une pâte que l’on met enfuite pourir à la cave, dans un pot que l’on y enterre. Lorfque cette pâte a fuffifamment fermenté, on la lave dans l’eau , on en retire les filaments ligneux , après quoi la glu fe raflémble en une maffe. On ordonne la décoêtion des racines pour calmer la toux; elle eft fort émolliente. Les Houx - Hériffons (n°. 30, 31, ôte.) ont, outre leurs épines du bord des feuilles, une quantité d’autres épines fur la fuperficie des mêmes feuilles. Il y a auffi des Houx qui n’ont prefque point d'épines au bord de leurs feuilles. O11 croit que çela n’arrive qu’aux vieux pieds. L’Alcanna (n°. 33, ) avant les parties de la fru&ification fem- blables à celles du Houx, nous avons cru devoir comprendre cet arbriftéau dans la même claffe. Cet Alcanna fleurit en Juin; fa fleur n’eft pas à la vérité d’un grand éclat, néanmoins il fait un joli arbriffeau : on nous l’a envoyé de Canada. Ses feuilles ne font point piquantes comme celles du Houx ordi¬ naire. II AQUIF0L1UM , Houx. ts Il eft bon d’avertir , que la figure de cet arbufte ayant été deflinée fur un jeune pied qui étoit très- vigoureux, les feuilles en font trop grandes , elles font dentelées trop profondément, elles font trop allongées, ôc elles fe terminent trop en pointe. Ce font-là les remarques que nous avons faites en comparant cette figure avec de gros pieds qui nous font venus récem¬ ment de Canada. Nous avons auffi reçu de la Louyfiane , des pieds ôt des fruits de la vraie Caffine. Les pieds ont mal réufli , & ne nous ont point donné de fleurs; mais les fruits qui contenoient quatre femences, & les calyces divifés en quatre, nous ont détermi¬ nés à les ranger dans le cara&ere des Houx, n°. 37. Le Graveur a fait les feuilles trop profondément dentelées. Les feuilles de cet arbrifleau , qui , félon toutes les apparences , eft l'herbe ou le thé du Paraguay , fourniflent une infufion affez agréable. Les Houx ayant leurs fleurs monopétales, en rofe, herma¬ phrodites , réunies autour des branches , ôt non en chatons comme les Ilex , nous eftimons qu’ils feront toujours un genre particulier ; ôt comme nous avons confervé le nom & Ilex aux chênes verds , nous avons cru qu’il convenoit de fupprimer cette dénomination que M. Linneus avoit donnée aux Houx, Ôc les appeller, comme on l’a toujours fait, Aquifolium, Tome 7. - - ■ < . * . t Tome J, PL 23, AQUIFOLIUM Tomi I, PI. 2%. AQUIFOLIUM , Houx. N°. i. Page 66 Tome I . PL 22 $7 \ i Aralia. . i DESCRIPTION ; LE calyce propre à chaque fleur, eft épais , charnu, ôc divifé par les bords en cinq dentelures peu lenflbles (c) ; la pointe de chaque dentelure eft fouvent marquée d’un petit point rouge: les pétales (d), au nombre de cinq, font difpofés en rofe(e); ils font attachés au calyce entre les petites pointes rouges dont nous venons de parler , ôc l’on voit au milieu de chaque pé¬ tale une efpece de nervure blanche qui s’étend prefque jufqu a la pointe. On apperçoit dans le difque de la fleur (e) cinq étami¬ nes blanches , qui font chargées de gros fommets ovales , divifés par une gcutiere dans la diredion de leur longueur (/) : ces étamines font foutenues par des pédicules allez longs , qui s atta¬ chent au calyce vis-à-vis les points rouges, ou entre les pétales. Le piftil (g) eft formé d’un embryon arrondi , furmonté de quatre ftyles obtus, qui en fe tenant rapproches les uns des autres, forment une efpece de cône tronqué & cannelé : 1 em¬ bryon qui fait partie du calyce, fe transforme en une baie fucculente (A ) qui contient cinq noyaux ou femences dures y ôc de forme oblongue. Les fleurs de f Aralia font rafîemblées en gros bouquets (<2)9 qui font formés par cent ou cent cinquante petites ombelles {b). Pour fe former une idée de ces bouquets , il faut fe rep^re- fentsr une première branche allez grolfe, dou partent, leion 1 l) A R A L I A. différentes directions, de fécondés branches qui ont quatre a cinq pouces de longueur; ôt cinq ou fix de ces fécondés bran¬ ches partent de l’extrémité de la première. Ces fécondés bran¬ ches, qui font quelquefois au nombre de vingt, donnent naif- fance à huit, dix, douze branches d’un troifieme ordre, longues d’un pouce, & pofées alternativement dans toute la longueur des fécondés branches : ces troifiemes branches font terminées par une petite ombelle (£), qui eft formée par vingt , vingt-cinc[ ou trente fleurs , qui font portées par des queues de quatre a cinq lignes de longueur; toutes ces queues prennent leur ori¬ gine de l’extrémité des branches du troifieme ordre ; elles fortent d’un, caîyce qui forme une rofette compofee d une douzaine de fort petites feuilles très-pointues , &. qui font d un beau Le long des troifiemes branches, ôt a leur infertion fur les fécondés, on apperçoit encore de petites feuilles rouges ôt pointues , qui font comme collées fur les branches. Les feuilles reffemblent beaucoup a celles de 1 Angélique. La figure [a) repréfente une grappe de fleurs tres-diminuee de fa grandeur ordinaire. Les figures (b) & (h), font de gran¬ deur naturelle; le refte eft grofli a la louppe, pour en rendre les parties plus fenfibles. ESPECE . R A. Ij I A Jpinofa dïborcfcc'ris. Vaillant, Di (cours fur fa ftrufture des fleurs , . Ahalia en arbre épineux, ou Angélique épineule. Nous fupprimons les efpeces d’Araiia qui ne forment point des arbriffeaux, CULTURE. ïl arrive quelquefois que dans le tems que les fleurs de cet arbriffeau paroiflent, prefque toutes les feuilles fe deffe- chent : on croiroit alors que l’arbre va périr ; mais peu de temps enfuite, il en pouffe de nouvelles. Le grand foleil ne lui convient pas : il fe plaît dans les teçreins humides. Je l’ai élevé de femences^ qui avoient été A R A L I A. 69 envoyées de Canada. Je crois qu'il produit auffl quelquefois des drageons enracinés. USAGES . Quoique l’Aralia ait un affez beau feuillage, & que fes grands bouquets de fleurs faflent un bel effet, il eft néanmoins- plus eftimable par fa forme flnguliere que par fa beauté. Comme les feuilles de cette plante font fort grandes , auiïi-- bien que les épis des fleurs , on n’a pu repréfenter dans la figure qu'une branche fans fleurs ôc fans fruit; mais on peut voir dans la vignette une grappe de fleurs en petit. L’Aralia nous a quelquefois fleuri en été , ôc d’autres foif il n’a fleuri qu’en automne vers le mois d’Oftobre. p :• : ; - 2 ' • . .1 M3V i .... • ; : ' - - K ■ ] ■ ’ * j » Tome L Planche 25» 7* ARBUTUS, Tournef. ô Linn. ARBOUSIER. DESCRIPTION „ LA fleur de PArboufier [a) a peu d’éclat. Elle eft formée par un feul pétale ( b ) , qui a la flgure d’un grelot , ôc qui porte intérieurement dix étamines. Il eft découpé par les bords en cinq parties. Le calyce eft fort petit, & il eft auflî découpé en cinq (c); il porte à fon centre un piftil formé par un ftyle &. un embryon, qui devient une baie ronde & fuc- culente (df Cette baie eft intérieurement divifée en cinq loges (e), remplies de femences (/) affez Anes & dures. Les feuilles de l’Arboufier approchent de celles du laurier; elles font allez profondément dentelées fur les bords ; ôc elles font placées alternativement fur les branches : elles ne tombent point en hyver. ESPECES^ 1. ARBUTUS folio ferrato. C. B. Pin. Arbousier à feuilles dentelées. 2. A R B U TU S fruBu turbin ato , folio ferrato. In fi. Arbousier à feuilles dentelées, & dont le fruit eft en poire. 3* ARBUTUS folio ferrato , flore oblonqo , fruBu ovato. D. MichelL Hort. Pif. Arbousier à feuilles dentelées, dont la fleur eft allongée, & le fruit ovale, ou Arbousier dltalie. ARBUTUS folio ferrato , flore duplici. M. C. Arbousier à feuilles dentelées, & à fleur double. -j, ARBUTUS, Arboufier. <. ARBUTUS folio non fcrrato. C. B. P. vet Adxschns. Tournet, Voyage du Levant. Arbousier à feuilles non dentelees. Comme M. Linneus nomme Arbmus , \es ^ M. de Tournefort, nous renvoyons a 1 article Uv J • CULTURE. . - V Pour élever cet arbriffeau en pleine terre , il faut en couvrir 16 T' fofche ^Xdfnouleut6 Z refte ,7*41 Kl déboutés 1«» de cecçeo ^ 1^ élevé de fcmences & de marcottes. & ü ““ branche de deÎTus une vieille fouche,& ils affurent que, pour branche de tu fouche ces arbriffeaux reprennent fure- mTnt^ ils nous ont fouvent envoyé de pareilles croffes qui n’ont jamais réuiïi dans nos jardins. USAGES. Comme cet arbriffeau conferve fes feuilles pendant l’hyver, & oue fon fruit doux, mais fade, plaît beaucoup au x oifeaux, S, r., »]. le mettre dans les bofouets d’ ,-ec de dans le, écorce. Son fruit qui n’eft guère mange que par les enfans, Pt'e!“ ÏrSîe': Je ce fâche polo. ,ue ce, .ebee foi, de nos jardins. M. de Tourne»» ds, que Ion en mange le fruit. 7b+ armenîaca . V 71 ARME NIJ C A , Tour n ef. P ru N us , Linn: ABRICOTIER. DESCRIPTION. : . LES Abricotiers portent de grandes fleurs (a) blanches^ formées de cinq pétales difpofés en rofes , foutenus par un calyce (b) découpé en cinq , duquel partent environ vingt- cinq étamines (c), au milieu defquelles eft placé un piftil formé d’un ftyle ôc d’un embryon, qui devient un fruit charnu \d)9 divifé fuivant fa longueur par une goutiere. Dans çe fruit eft. un aflez gros noyau qui contient une amande (e). Les feuilles de cet arbre font grandes, arrondies comme celles du peuplier, foutenues de même par de longues queues, ôc pofées alternativement fur les branches. Le bord des feuilles eft garni de dents arrondies en forme de gaudrons : elles ne font pas fort fujettes à être mangées par les infeêles, ôc elles confervent leur verdure jufqu’au temps des gelées. Souvent dans les aiftelles des feuilles, on apperçoit trois boutons à côté les uns des autres; celui du milieu qui eft; le plus gros , contient une fleur f il fort des deux autres des. feuilles ôc des branches. Les feuilles font pliées en deux dans les boutons, ôc quand elles font nouvellement épanouies, elles font accompagnées de ftipules frangées ôc fouvent colorées, qui fe deffechent en, peu de temps ; de forte qu’on n’en apperçoit point fur les bran¬ ches qui font formées. Tome h K 74 ARMENIACA, Abricotier : ESP E CE S. s 4 RM EN IAC A fruttu majori , nucleo amaro. Inft. Abricotier ordinaire à gros fruit, dont l’amande eft amere» 2. ARMENIACA fruttu major! , joins ex luteo varie mis. JVL C. Abricotier à gros fruit, & à feuilles panachées de jaune* 2,. ARM EN IAC A fruttu majori , nucleo dulci. Inft. Abricotier à gros fruit, dont l’amande eft douce. . . ■ a. ARMENIACA mala minora. J. B. **" Abricotier à petit fruit , que les Provençaux nomment Abricot Alexandrin, Auberge ou Aubergeon* > ARMENIACA hetuU folio & facie , fruttu exfucco . Amm. Ruth* Abricotier à feuille de bouleau* Nous fup p rimons plufieurs autres efpeces que nous cultivons dans nos vergers. CULTURE . ! : ► 1 1 On peut élever des Abricotiers en femant les noyaux du fruit ; mais pour multiplier les bonnes efpeces , on les greffe fur des Abricotiers de noyau, ou fur les Pruniers de Saint-; Julien, de damas noir, & de cerifette* Dans les petits jardins , on éleve les Abricotiers en plein vent ou en buiffon ; le fruit en eft meilleur. Mais dans les grands jardins découverts, on eft obligé de les elever en efpa, lier, fans quoi on n’auroit jamais de fruit* . M Linneus dans fon dernier ouvrage , intitulé : Species Plan* tarum , comprend fous le genre des Pruniers ( Prunus ) les Cerifiers, les Padui , & par conféquent les Lauro-Cerajus , ce les Abricotiers. Mais la forme de ces différents fruits étant lufr fifante , pour éviter la confufion , nous avons cru devoir ^conser¬ ver les différents noms que tous les Botaniftes ont donne a ces fruits» A R M E NI AC A y A bricotier : 7 j USAGES . Le fruît de l’Abricotier eft aflez bon à manger crud; mais il eft furprenant que ce fruit qui a peu de parfum par lui- même , en acquiert beaucoup étant confit avec le fucre : c’eft pour cela que l’on en fait de très - bonnes confitures êc des compotes. On employé même à cet ufage des abricots verds, ôc avant que le bois du noyau foit formé; mais alors ils n’ont qu’un goût de verd , qui n’eft pas fort agréable. On fait aufïi avec les abricots mûrs des ratafiats qui font affez bons. Les amandes des abricots s’employent ainfi que les aman-; des ordinaires. Comme la fleur de l’Abricotier eft grande ôt belle , il feroit a delirer qu’on pût avoir celui à fleurs doubles ; mais je ne l’ai jamais vu. Les fleurs de cet arbre s’épanouiflent depuis la mi-Mars jufqu au commencement d’Avril. Il découle des Abricotiers une gomme qui pourroit être employée comme adouciflante ôt incraflante , au lieu de la gomme arabique. L’extravafation de cette gomme eft une maladie pour les Abricotiers qui fait périr plusieurs branches. «s:l *' • ; ■ 7 r,ç » ;:v ï - : • \ J . . . .. c - - ■- ; J * ,2j: >; : ' î 3ô ?bn 1 ' t o < 27 di-ob Biüsli 7 . : .U w. ■{, t ' ■ - : : 7 il • • *- 'Il on j :jO « . >- - - « *■ V f » 4 c> '• * - 1 ! ARMENIACA , Abricotier. N°. 4. Page 76 * Tome L PU 28 . — - < * • « » - « •• Tome I. PI, 27 / • ' ■ ■ . : . ■ " - 'âl , : 'y » ! * • V * . ‘ * " •y • v v . f ' .* • . i -*• N * -ARUNDO, Tourne?. & Li nn. ROSEAU- DESCRIPTION, ; LES fleurs du Rofeau font difpofées en forme d’épi; elles n’ont point de pétales , à moins qu’on ne prenne pour des pétales , les feuilles intérieures du calyce; car en ce cas on peut dire quelles en ont deux, qui font accompagnées de poils aflez longs. Le calyce eft formé de'plufieurs écailles, d’entre lefquelles fortent trois étamines (a), chargées de fommets oblongs, qui fe terminent par une bifurcation (bf Le piftil eft formé de deux ftyles velus (c), recourbés & terminés par des ftigmates à la bafe defquels eft un embryon cblong , qui fe change en une ou en deux femences oblongues, terminées en pointe par les deux bouts (d). Les feuilles du Rofeau font fort longues , & terminées en pointe; elles prennent leur origine des nœuds qui font en grande quantité le long des tiges , fur lefquelles. elles font pla¬ cées alternativement. M. de T ournefort dit qu’il a été tenté de joindre les Rofeaux aux Chiendents; & M. Linneus a joint les Chiendents aux Rofeaux, ESPECES. J. A RU N D O vutgarif , Phrxgmites Diofcoridis. C. B. P, B o s e a u ordinaire des marais. •2, A RU N D O fativa , cjiu Don^x Diofcoridis. C. B. P, 0 Roseau cultivé, ou Canne. 3* A RU N D O fativa, fol iis varicgatis. Roseau cultivé à feuilles panachées. 7& A RU ND O y Rofcau , CULTURE . Le Rofeau ordinaire, n°. i, vient naturellement dans les marais , où il trace plus qu’on ne veut. Le Rofeau, n°. 2, eft une plante de Provence, de Lan¬ guedoc , d’Italie , d'Efpagne , ôte. Elle fleurit rarement dans ce pays-ci ; mais comme elle pouffe quantité de drageons enra¬ cinés, on la multiplie aifément. Il eft à propos de planter ce Rofeau dans un terrein un peu frais: cependant il fubfifte dans des endroits fort fecs ; mais les cannes n’y viennent ni auffi hautes , ni aufli groffes. Il eft important dans nos provinces de les placer aux expofitions les plus chaudes , afin que les cannes acquièrent plus de maturité. USAGES . Les Rofeaux , n°. 1 , font d’un grand ufage dans plufieurs provinces. On en fait des couvertures de maifons, qui durent trente ôt quarante ans. On s’en fert encore pour faire des pail- laffons ôt des enceintes de melonnieres : il y a des pays ma¬ récageux où le bois eft rare , ôt dans lefquels on eft bien heureux d’avoir ces Rofeaux pour chauffer le four. Il y a une autre efpece de Rofeau peu différente de celle dont nous venons de parler; mais nous ne la comprenons point dans cet ouvrage , parce que les tiges meurent toutes les années. On en feme dans les Capitaineries pour faire des remifes, qui font excellentes : les Perdrix ôt les Faifans s’y plaifent beaucoup , pour y faire leurs nids ; ôt il a l’avantage de fubfifter très-bien dans des lieux affez fecs. On cueille les fleurs du Rofeau, n°. 1, pour faire des balais,' que l’on nomme de filence, ôt qui font d’un grand ufage pour nettoyer les foyers, pour ôter les araignées des appartemens, ôte. Les Rofeaux , n°. 2 , font infiniment utiles , fur-tout dans les provinces où ils parviennent à une parfaite maturité. Leurs tiges fervent d’échalats pour faire des enceintes autour des champs : on en fait auffi des treillages d’efpallier , qui durent très-long-temps. C’eft encore avec les Rofeaux ou Cannes, que l’on forme A RU ND O , Rofeau . 79 les pêcheries, qui font en grand nombre fur les bords de la Méditerranée : on les nomme Bourdtques . Enfin perfonne n ignore que-bon en fait des bâtons à la main très - légers pour la promenade , ôc aufli de fort jolies quenouilles. Afin que les cannes fe maintiennent bien droites , on les attache avec des liens fur un morceau de bois , dans le temps quelles font encore vertes, ôc on ne les enfépare quelorfqu’elles font entièrement feches. On enjolive ces cannes dune efpece de peinture, qui fe fait en y appliquant des feuilles de perfil , ou des papiers dé¬ coupés de différentes façons ; enfuite on les expofe à la fumée : les parties qui n’ont pas été couvertes de feuilles de perfil ou de papier, prennent une couleur de maron, ôc les endroits où étoient collés les papiers ou les feuilles de perfil, refient blancs, ce qui fait un allez joli effet. On peut encore former les deffeins fur ces cannes avec un enduit de cire , ôc frotter le tout avec une eau forte affoiblie, dans laquelle on a fait diffoudre du fer : les parties décou¬ vertes , qui font expofées à cet acide, bruniffent , ôc les autres, qui étoient enduites de cire , refient blanches. On fait encore avec ces Rofeaux des étuits à cure-dents,’ & de petits inflruments de mufique champêtre, que l’on nomme chalumeaux; des anches de hautbois ôc de mufette, ôcc. Les Rofeaux à feuilles panachées, n°. 3, font un effet très- agréable , ôc peuvent fervir à la décoration des bofquets d’été Ôc d’automne. i I \ / J \ ASCYRUM , Tome I. PI. 30 » ■ .* ' ' Tome I. Pl, 29. ASCYRUM , Tournef. Hr péri eu m , Link. N Ou s avons déjà dit, en parlant de 1 ' Androfœmum ^ que nous le joignions, auffi-bien que Y Afcy rum , a 1 Hyper i- cum y ainfi après avoir prévenu le leéleur quil faut confulter ce que nous dirons au mot Hypericum , nous nous contenterons d’avertir : i°. Que les pétales de l’ Afcyrum (a) font beaucoup plus grands que les échancrures du calyce ; ce qui ne fe remarque pas dans V Androfœmum. 2°. Que le piftil {b) de V Afcyrum eft terminé par cinq fligmates : Y Hypericum ôt 1 Androfœmum n en ont que trois. 3°. Que le fruit de Y Afcyrum (c) fe termine en pointe comme celui de Y Hypericum , ôc qu il n eft pas arrondi comme celui de Y Androfœmum, q°. Que le fruit de Y Afcyrum eft intérieurement divifé en cinq (d) ; celui de Y Androfœmum & de 1 Hypericum ne 1 eft qu en trois. f. Que les femenccs de Y Afcyrum (è) -ôc de 1 Hypericum $ font plus longues que celles de Y Androfœmum. Voyez Hypericum. *QJ.' o.' ^ jp/ry j£rfX Ca Tome L 9 J î . / ! *W v;-- c * ASPARAGUS, Tourne f. <& L i n n. ASPERGE. DESCRIPTION, LES fleurs (a) de l’Afperge n’ont point de calyce , mais fix petits pétales jaunes difpofés en rofe; un pareil nom¬ bre d’étamines, 6c un piffil (J?) qui devient une baie (r), dans laquelle fe trouvent deux femences fort dures (d). Cette baie eft prefque ronde, liffe 6c terminée par un petit bouton : on apperçoit à l’extrémité de la queue les pétales deflféchés. Suivant les différentes efpeces d’Afperges, les fleurs ont différentes figures ; quelquefois elles paroiffent monopétales ou d’une feule piece. Les feuilles de l’efpece dont nous parlons font pointues ÔC roides ; elles forment de petites houppes. ESPECE. ASPARAGUS foliis acutis. C. B. P. Asperge toujours verte, & à feuilles piquantes. Nous ne comprenons dans cette liffe qu’une efpece d’Af- perge; c’eff la feule qui conferve les tiges l’hyver, 6c qui forme un petit arbufte. CULTURE. Cette forte d’Afperge ne craint point le froid ; on peut l’élever de femences 6c de plant enraciné qui vient auprès des gros pieds , néanmoins elle reprend difficilement. U * ASPARAGUS, Afperge. USAGES. Comme cet arbufte conferve fes petites feuilles pointues tout Hwver, il reffemble alors à un petit genevner , & peut trou¬ ve J fa place dans les bofquets de cette faifon. Quand il ft en fleur, il forme un petit buiflon tout jaune. T ’:nes d’Afperse paffent en Médecine pour fort apé- ritives On fait que les Afperges font un légume alfez recher¬ ché ; & l’on peut manger les jeunes pouffes de 1 efpece don. nous yetions de parler. Tome I. PL 31 ATR IP L E X , Tournée. & L i n n. POURPIER de Mer. DESCRIPTION. CE T arbufte a deux fortes de fleurs ; les unes hermaphro» dites (a) , ont un calyce divifé en cinq, un pareil nombre d’étamines ( c ), ôc au milieu un court piftil (d)> qui devient un fruit ordinairement applati , point de pétales. Les autres fleurs, qui font femelles (A), n’ont ni pétales ni étamines, mais un calyce ( e ) découpé en dix; & le piftil (d) devient un fruit (/) compofé de deux membranes (g), dans la dupli- cature desquelles eft une femence (/;). ESPECES b 1. AT R I PL E X latijolia , Jïve H a l i m u s fruthtofiis. Mor. Hifh A r n o c h e en arbriifeau , ou Pourpier de Mer. *2. AT R IP L E X maritima Hifpanica Jrutefcens & procumlem. In fl. A R R o c h e maritime d’EIpagne , qui fait un arbriifeau. Atriplex Orientalis , frutex acnlcatus , &c. Cor. In fl. Voyez P olygonum*- Il y a plufieurs autres efpeces d'Atriplex ; mais nous ne de» vons pas les comprendre dans cette lifte, parce qu’elles ne* forment point des arbuftes. CULTURE Cet arbufte fe multiplie aifément de bouture; & ils'accom^ mode aflez de toutes icrtes de terreins. 8 6 A TR IP LE X y Pourpier de mer • USAGES . Il porte des feuilles argentées qui refient fur l’arbre prefque tout l’hyyer, ce qui pourroit le faire mettre dans les bofquets de cette faifon ; il feroit très -bien aufli dans ceux de l’automne : mais les limaces- & les oifeaux en dévorent les feuilles , qui font tout fon mérite, » Sj DESCRIPTION. IE calyce (a) de l'Azalea eft d’une feule pièce, coloré , _J divife en cinq parties qui fe terminent en pointe ; il fub- fifte jufquà la maturité du fruit. Le pétale eft en forme d’un tuyau, découpé en cinq jufqu’à la moitié de fa longueur : il a quelques découpures qui fe renverfent en dehors ; & fuivant les efpeces , il a la forme d’un entonnoir ou d’une cloche. Il fort de la fleur cinq glandes étamines qui prennent naif- fance du calyce. Le pifxil (b) eft compofé d’un embryon arrondi, 6c d’un ftyle qui a la longueur des étamines ; il eft terminé par un ftigmate obtus. L’embryon devient une capfule cylindrique (c), qui eft di- vifée intérieurement en cinq loges (d), dont chacune eft par¬ tagée par une cloifon attachée à un filet commun (/) qui traverfe la capfule ; chaque loge renferme un nombre de fe- mences arrondies ( feu do -Acacia foîiiSj K AND, nef. point de ce genre: Voyez A morp ha3 24 B ARB A- JO VIS. CULTURE • L’Ebene de Crete craint le froid: il paffe très -aifément l’hyver dans les orangeries ; mais il faut des précautions pour le conferver en efpalier. Cet arbriffeau fe multiplie de femençes qu’on peut tirer de Cette en Languedoc. USAGES . Dans les pays maritimes où cet arbriffeau peut pafler l’hyver; on doit l’employer pour la décoration des jardins;, car fes feuilles argentées & brillantes, jointes à fes épis de fleurs, font un effet bien agréable. Son bois eft très-dur ; mais fon tronc eft toujours fort menu. La décodion de cet arbriffeau paife en Médecine pour être apéritive* B A R B A-J 0 V I S. N°. i. Page 5>4* Tome L PU BELLADONA, Tournef. Atropa, Linn^ DESCRIPTION. LE calyce de la fleur de la Belladona fubfifte jufqu’à la maturité du fruit : il eft d’une feule piece ôc divifé en cinq parties ovales qui fe terminent en pointe (a). Le pétale eft aufli d’une feule piece , ôc divifé en cinq parties égales. On trouve dans l’intérieur cinq étamines qui prennent naif- fance de la bafe du pétale ; elles font terminées par des fonv mets allez gros (b). Le piftil (c) eft formé d’un embryon qui femble un œuf coupé par la moitié , ôc d’un ftyle qui eft terminé par un ftigmate en forme de tête ovale, dont le grand diamètre eft perpendiculaire au ftyle. L’embryon devient une baie fucculente prefque ronde , divifée en deux loges, dans lefquelles on voit plufieurs femen- ces qui font attachées à un placenta placé au milieu du fruit. La Belladona dont il s’agit dans cet article forme un arbufte, qui s’élève à trois ou quatre pieds de hauteur; fes feuilles (d) font alfez grandes , prefque rondes , épailfes , fucculentes , d’un verd tirant un peu fur le bleu, ôc pofées alternativement fur les branches. * ESPECE . BELL A D ON A frutefcens , rotundifolia , Hifpanicd. In fl. Atrofd caule fruticofo. Lin. Spec. Belladona d'Efpagne qui forme un arbufle } Sc dont les feuilles font arrondies. CULTURE . Ce petit arbrifleau craint les grandes gelees ; néanmoins il a fubfifté en pleine terre au Jardin du Roi pendant les hyvers de i7H &• de 17J4, fans avoir été couvert. On le multiplie aifément par des marcottes. USAGES. ' Les fleurs de cet arbufle font très-petites , verdâtres & fart§ aucun éclat ; ainfl tout fon mérite confifte dans fes feuilles y qui font d’un affez beau yetd clair. BERBERIS, Tome I, Planche 37, - ' . ■ \ - ■ 97 B ERB E RIS , Tour NEF. <5 Linn: EPINE-VINETTE. description ; L’Epine-vinette forme un arbrifleau épineux & afle25 touffu. Ses fleurs (£) raffemblées par grappes, font for¬ mées d’un calyce à fix feuilles (a) , & de fix pétales prefque^ aufli petits que les feuilles du calyce. On apperçoit dans 1 intérieur de la fleur fix étamines (c), & un corps cylindrique qui eft le piftil (d) : ce piftil devient une baie ovale , fucculente , termi¬ née par un petit bouton (e) , dans laquelle il y a ordinairement "deux pépins allongés & affez durs (/) : fon bois eft fort jaune. La fleur de l’Epine-vinette a une Angularité remarquable ; lorfque l’on touche avec un Met le pédicule de fes étamines, elles fe replient, & viennent gagner le piftil; fouvent même elles entraînent avec elles les pétales, & la fleur fe referme* Les feuilles de cet arbrifleau font ovales , dentelées fine¬ ment par les bords, unies; elles n’ont au - deflbus qu’une nervure peu Paillante ; les boutons font pofés alternativement fur les branches. Il fort ordinairement deux grandes feuilles ôt deux petites d’un même bouton, ôt de diftance en diftance une grappe de fruit. Au-defldus de chaque bouton , on voit encore tantôt une épine , tantôt trois. ESPECES : ï. BERBERIS dumetofum. C. B. Pin, Epine-vinette des haies. Tome h N 5>S JS E RB E R IS , Epine-vinette • 2. B ERB ER IS fine nucleo. C. B. Pin. Epine-vinette fans pépin. 3. BERBERIS dumetorum , fruttu candido. M. C. Epine-vinette des haies, à fruit blanc. 4. BERBERIS Orientalis procerior, frutlu. nrgro fuavijfmo. Cor. Infh Grande Epine-vinette du Levant, à fruit noir & doux. 5. BERBERIS latijfimo folio Canadenfs. H. R. Par. Epine-vinette de Canada à feuilles très-larges. 6. BERBERIS Cretica , Buxi folio. Cor. Inft. Epine-vinette de Crete , à feuilles de Buis. CULTURE . L’Epine-vinette fe multiplie aifément par des rejets , qui pouffent des racines , ôc par les femences. Cet arbufte épineux s’accommode aifément de toutes fortes de terreins ; mais fon fruit eft plus beau quand cet arbriffeau eft en bonne tex.e, que lorfqu’il eft dans une terre maigre ÔC feche. USAGES . Comme cet arbriffeau n’eft point délicat , ôc que plufieurs efpeces viennent dans les haies, on peut le mettre dans les remifes , où fon fruit attirera les oifeaux. On peut aufïi le mettre dans les bofquets d’été, ôc même dans ceux du prin¬ temps; car fes fleurs jaunes font un effet affez agréable dans le mois de Mai. On confit fon fruit au fucre , ôc cette confiture réveille l’ap¬ pétit. Les Médecins l’ordonnent comme un très-bon aftringent. L’efpece à fruit noir, n°. 4, que M. de Tournefort a trouvée au bord de l’Euphrate , eft moins acide , ôc d’un goût plus agréable que les efpeces communes n°. 1 ôc 2. L’efpece , n°. 2 , eft fujette à varier : les vieux pieds n’ont point de pépins; mais il arrive fouvent que les jeunes qu’on leve auprès d’eux, en ont, fur-tout quand ils fe trouvent plantés dans un bon terrein. On prétend affez généralement que la fleur de l’Epine-vinette fait couler celle du froment ; je n’ai point vérifié ce fait, qui ne me paioit guere vrai-fembiable. BERBERIS* Epine-vin e t t e. N°. i. Page 08* Tome L PL 38. V9 Betula • BETULA, Tournef. & Linn. BOULEAU. description. LES Bouleaux portent des fleurs mâles (a b) & des fleurs femelles (d), féparées ôc attachées à différentes parties du même arbre. Les fleurs mâles (a b) font difpofées en forme de chaton fur un filet commun (a). Le calyce forme des écailles (c) , qui fe recouvrent en partie les unes fur les autres. Chaque fleuron n’a qu’un pétale très-ouvert , divifé en quatre parties , dont deux font plus grandes que les autres. On apperçoit avec une louppe quatre ou cinq petites étamines ; mais on ne voit point de piftil, ni par conféquent point de fruit. Les fleurs femelles (d) font également raffemblées plufieurs à la fois, & attachées par un court pédicule a un filet com¬ mun : elles fe font voir fous la forme d’un cylindre ou cône écailleux (e) formé par les échancrures du calyce (/) qui font figurées en trefle. Le piftil eft ovale a fa bafe , ôc il fe divife en deux par fon extrémité. On trouve fous les écailles, des femences (g) qui font bor¬ dées de deux ailes membraneufes. Ces fleurs, tant mâles que femelles, n’ont aucun éclat; mais les jeunes branches , qui font flexibles , pendantes ôc chargées de feuilles blanchâtres, rangées alternativement fut les branches, font un affez bel arbre. L’écorce des jeunes Bouleaux eft ordinairement unie , blanche ôc fatinée : elle eft au contraire très-raboteufe fur les vieux troncs. Nij ica B ET, U L A, Bouleau.. Les feuilles de l’efpece n°. i , ne font pas fort grandes ; elles font prefque triangulaires, légèrement échancrées comme par ondes, & dentelées par les bords; elles fe terminent en pointe, & font un peu plus blanchâtres par-deffous que par- deffus. Les boutons des Bouleaux font longs, menus, pointus: affez fouvent un bouton eft accompagné de deux feuilles. Il y a tant de conformité entre les parties de la fruêtifica» tion de l’Aune & celles du Bouleau, que M, Linneus n’en a fait qu’un même genre. ESPECES, 1. B E TU L A. Dod.. Pempt. J. B. B O U L EAU. 2. B E TU LA julifera , fruclu colloïde, viminibui lentis. Gron. FI. Virgv Bouleau de Canada qui porte des chatons, dont le fruit eft en forme de cône , 8c dont les branches font fouples 8c pliantes \ ou plûtôt Bouleau de Canada, à feuilles larges. B ETU L A follir ovatis , oblongis , acuminatis , ferratis. Gron. Fl. Virg, Bouleau de Virginie à feuilles ovales, oblongues , pointues ôç dentelées. On le nomme en Canada Mekisier. CULTURE > Quoique le Bouleau fe plaife particulièrement dans les bon-^ nés terres & dans les lieux humides , il ne laiffe pas de fubfifter dans les fables ôt dans les terreins arides. Nous en avons planté qui viennent allez bien dans des terreins où les autres arbres périlfoient. Le Bouleau fe feme de lui-même. Sous les gros arbres oa trouve du plan en abondance. Pour en ramalfer la graine 9 il faut la cueillir en automne , fur les arbres mêmes ; car fi on la laiffe tomber d’elle -même, elle eft fi line qu’on ne la peut plus retrouver : ainfi dès que l’on s’apperçoit que les écailles des cônes commencent à fe détacher , il faut couper les me¬ nues branches, qui en font chargées, en faire des faifceaux,, les étendre fur un drap. Quelques jours après on frappe B ET U L A, Bouleau , ïoï ces branches avec un morceau de bois , alors les graines fe détachent & tombent fur le drap. Cette graine étant tres-ime , ne doit pas être femée trop avant en terre. Nous avons élevé les Bouleaux de Canada, des graines qui nous ayoient été envoyées du pays. USAGES. Le Bouleau de Canada, n°. 3 , qu’on nomme Merifier dans ce pays-là, a la feuille plus grande & plus belle que celui de France. Les Canadiens affurent que cet arbre eft beau, & que fon bois eft fort utile : nous n’en pouvons parler que fur le rapport que I on nous en a fait > car nous n en avons encore ici que de très-jeunes. Lorfque le Bouleau de France eft à la hauteur des taillis , on en fait des cerceaux pour des futailles ; quand il a acquis la gro fleur de petites ridelles, on en fait des cercles pour les cuves j les gros Bouleaux font recherches par les Sabotiers enfin l’on fait des balais dun bon ufage avec les jeunes bran¬ ches de cet arbre. Ces difïérens emplois rendent les bois de Bouleau prefque aulli chers que ceux d’Aune. On peut fe fervir des Bouleaux pour orner les parties aqua¬ tiques des parcs, où ils font un bel effet : on peut aufti en garnir les coteaux expofés au nord , & même les rochers dont fis cachent la difformité. Ils réuffiffent plantés en avenues , ÔÇ en mafïifs de bois. L’écorce du Bouleau, n°. i & 2, eft prefque incorruptible. On en fait en Canada de grands Canots qui durent long-temps;: & dans le nord de la Suede on en couvre les maifons. Il arrive fouve nt que tout le bois d un Bouleau eft pourri , ôc que fou écorce refte bien faine. L’écorce du Bouleau paffe pour être apéritive. O11 dit qu’onr mire du Bouleau, ainfi que des Erables, une eau qui a cette même vertu. L’efpece du Bouleau, n°. 2, nous eft venue du Canada fes feuilles font beaucoup plus grandes & plus étoffées que celles de notre Bouleau ordinaire ; niais elles ont , à peu de I 01 B E T U L A, Bouleau . chofe près > la même forme. C’eft avec ce Bouleau que Toit fait les canots d’écorce. Le bois des Bouleaux qui fe trouvent dans les forêts du nord de la Suède* eft beaucoup plus dur que celui de France: les Charrons de ces pays en font des gentes de roues qui font très-folides. Tome L PL 35?. ' ■* , ■ -• ■ — jt . ■ • * - tk1; ■ Sa * • - V ■ . - " . • ■ • 1— • * • • * * °3 BIGNONIA , Tour n ef. (S* Linn. description. LE S fleurs du Bignonia font formées d’un calyce {b) d’une feule piece divifée en cinq parties. Le pétale (a), qui eft unique, repréfente une efpece de tuyau recourbé,^ dont îes bords font divifés en quatre ou cinq échancrures inégales. Ce pétale porte intérieurement quatre étamines , dont deux font plus grandes que les autres. Au milieu du calyce eft im¬ planté le piftil (c) , dont la bafe eft un embryon qui devient une filique (/) divifée en deux ( font des Pentes farmenteufes & grimpantes , propres à couvrir des murailles ôt a former des tonnelles. L’efpece , n°. 1 , s’élève très-haut , & produit une tres-grande fleur, qui commence à paroître à la An de Juillet, & qui dure jufqu’au temps des gelées ■: le défaut de cette plante eft de fe dégarnir du bas ; le haut eft toujours très-touffu. L’efpece , n°. 3, garnit plus régulièrement une muraille; elfe B IG NO NIA. ioj elle ne s’élève pas tant que l’autre ; elle fleurit dans le même temps. L’efpece n°. 4. que l’on nomme communément Catalpa y fait un arbre allez femblable à un gros Lilac. Ses fleurs font compofées d’un calyce formé de deux feuilles creufées en cuilleron , & d’un pétale mince qui forme un tuyau court qui s’évafe à fon extrémité , & qui imite en quelque façon une fleur labiée , dont le milieu eft très-ouvert , ôc la levre in-< férieure divifée en trois. On apperçoit dans l’intérieur un piftil recourbé , accompagné de deux étamines terminées par de gros fommets : au fond de la fleur on découvre trois étamines avortées. Cette fleur eft blanche , tiquetée de violet , & marquée de deux rayes qui font d’un fort beau jaune : elles parodient à la fin de Juillet ; elles font réunies en gros bouquets qui répandent une odeur fort agréable. Les feuilles font de la forme de celles de Lilac , grandes y non dentelées , oppofées fur les branches : le bois contient beaucoup de moelle ; il fe fend facilement , quoiqu’il foit allez dur. Cet arbre qui ne devient pas fort grand , doit faire la plus belle décoration des bofquets d’été. On nous envoyé des graines du Catalpa , de la Caroline & de la Louyflane ; & fuivant M. Kæmpfer cette plante croît auflî au Japon, ce qui 11’eft pas furprenant puifque la plupart des plantes dont cet Auteur parle , fe trouvent à la Louyflane comme au Japon. Terni U * - — * «"» ► • • *■ - r - Tme L PU V • . . - < i « »• - , J ' ' •• ■ ■ 1 * - ■ \ , . ■ -*• V , I • & 1 ' - }■ ■ ' ... - - • • - v i . " ..-.'ü . * Tome I> PL ^o, X O J B ON DUC , P lum. Guilandina, Linn. DESCRIPTION. IL y a des Bonducs mâles qui ne portent que des fleurs fécondantes ; ôc d’autres individus femelles qui donnent du fruit. Le calyce (a) des fleurs mâles, eft d’une feule piece divifée en cinq parties (c) : les pétales ( b ) qui 11e font gueres plus grands que les échancrures du calyce, font aufli au nombre de cinq ; ôc l’on apperçoit dans l’intérieur dix étamines. Le piftil des fleurs femelles devient une filique ( e ), dans laquelle il y a plufieurs femences très-dures (d). Cet arbre ell flngulier par l’énorme grandeur de fes feuilles: elles font compofées d’une tige, qui a quelquefois plus de deux pieds de longueur, d’ou il en part de latérales char¬ gées de folioles ovales > qui fe terminent en pointe par les deux extrémités ; elles ne font point dentelées par les bords. La tige ou la nervure principale eft d’abord garnie de deux folioles , enfuite d’environ douze tiges latérales ; elles font toujours par paires. Ces tiges latérales font chargées d'environ quatorze folioles pofées alternativement. Quand l’arbre fe dé¬ pouille, les folioles tombent les premières, enfuite les tiges latérales, 6c enfin les grandes. La grande étendue de fes feuilles rend la tête de cet arbre fort groffe pendant l’été ; mais lorfqu’elles font tombées , il ne refte plus que quelques branches qui femblent mortes , ce qui fait que les Canadiens nomment cet arbre Chicot. Il eft bon d’avertir que ce que nous venons de dire du caractère du Bonduc du Canada , qui eft le feul qui puifle O ij io8 B O N D U C. venir en pleine terre, eft fujet à quelques incertitudes : car quoique les Bonducs de Canada que nous élevons ici , foient déjà allez grands , ils n’ont point encore fruélihé; & peut-etre que iorfque nous ferons en état de les obferver mieux, on fera obligé d’en faire un genre différent des Bonducs de l’Amen- que méridionale. especes . J. B ON DUC Canadenfe polyphyllum, non fptnofum , mas & fœmïna. Bon duc à plulieurs feuilles fans épines \ en Canada ChicoT. CULTURE. Nous avons élevé cet arbre des femences qui étoient ve¬ nues du Canada. Comme elles font prefque auffi dures que de la corne, il faut les arrofer beaucoup, & enterrer les pots dans une couche chaude. Lorfque l’on a arraché un de ces arbres , il ne faut pas com¬ bler le trou ; car les racines un peu greffes que l’on a coupées, repouffent de nouveaux jets , & produifent des arbres que l’on peut mettre en pépinière. Quelquefois cet arbre pouffe de fes racines des rejets ou drageons. Les Bonducs n’ont pas réuffi dans des terreins humides ou j'en avois planté pour en taire 1 expérience. USAGES. Les Bonducs peuvent tenir leur place dans les bofquetS 3’été ; le grand étalage de leurs feuilles fait un fort bel effet* Jls viennent bien dans une terre allez feche. Xome I> PU N t- . < t . „t - V \ - / BUPLEVRUM, Tournef. & Linn. DESCRIPTION. LE Buplevrum porte fes fleurs en ombelles, de la bafe desquelles fortent ordinairement fix petites feuilles. Les fleurs (a) font compofées d’un calvce qui porte cinq pétales (b) difpolés en rofe, pareil nombre d'étamines, un piftil compofé de deux embryons, & de deux ftyles (c) recourbés : ces em¬ bryons (de) fe changent en deux Semences (/) plates du côté ou elles fe touchent ; elles font Priées & arrondies de l’autre. Cet arbrifleau forme un gros buiffon chargé de feuilles allez grandes, fermes comme celles du laurier, pofées alternative¬ ment fur les branches, d’une couleur bleuâtre en deffous , & d’un verd foncé en delTus ; elles ont une odeur d’anis très- gracieufe. Ces feuilles font longues, ovales, arrondies par le bout, convexes en deiïus, concaves en deffous, où l’on voit qu’elles font relevées d’une feule nervure qui s’étend dans toute la longueur de la feuille. L’écorce des jeunes branches eft verte d’un côté, & violette de l’autre. ESPECES . I. BU P LE VRU Al arbortfcens 3 falicîs folio. In fl. Buplevrum en arbrifleau à feuilles de Saule. 2. BUPLEVRUM H ifpanicum arborefcens , gramvneo folio. In A. Buplevrum d’Efpagne en arbre, dont les feuilles reifemblenî à celles du chiendent. 3* BUPLEVRUM frutefcens , foliisjx uno punclo plurimis , iunceïs . tetfaponii. Burman. African. Buplevrum dont les feuilles triangulaires , & femblables à celles du Pin , fortent en nombre d’un même bouton. î I O B UPLEVRUM. .... .. CULTURE. Cet arbriffeau fe plaît dans les terreins humides ’^oique d’ailleurs il s’accommode affez bien de toutes fortes de terres On peut le multiplier par les femences, ou par des marcottes. USAGES. 1 r „„c „o , &n» 2 , ne perdent point leurs feuilles » p« i "• “î»'- CeTU feront’encore affez bien dans les remifes, non-feulement JS forment des buiffons touffus, mats encore parce du n*. r, comme un antidote éprouvé contre la un peï le froid’, il fe conferve néanmoins en pleine terre dans les jardins de Hollande. B U P L E V R U M. N°. i. Pa&e iio^ Tome, L PL 43. 1 1 î • * P Burcardia . e 1 L=_L a d a BURCARDIA , Heist. Eplfi. Calljcarpa , Linn. DESCRIPTION. 1 LE Burcardia porte fes fleurs raflemblées en bouquets au¬ tour de fes branches. Ces fleurs font compofées d’un calyce (a) d’une feule piece, découpé en quatre parties, ôc d’un pétale (b) pareillement divifé en quatre afiez profondé¬ ment , ôc qui furpaffe de peu les découpures du calyce. On trouve dans l’intérieur de ce pétale quatre étamines, ôcun em¬ bryon arrondi, furmonté d’un ftyle (c) de la même longueur que les étamines : il eft terminé par deux ftigmates. L’embryon devient une baie ou capfule (d) arrondie, qui renferme quatre femences. Les feuilles de cet arbrifleau font ovales , terminées en pointe, ôc dentelées très-finement fur les bords : elles font peu épaifles, d’un verd clair, couvertes d’un duvet très -fin, «ôc oppofées fur les branches. ESPECE . ' BURCARDIA . Heifleri , Epi A. C j l l i ca r p Linn. A et. Upf. I RUT EX baccifer verticillatus , Joliis fc abris , laits , dentatis & cenjugatïs* Catef. Carol. "BURCARDIA de Caroline à fleurs verticillees , dont les feuilles font dentelées Ôc oppofées fur les branches. 1 1 % B URCARDIA. CULTURE. Cet arbriffeau ne s’élève guere qu’à la hauteur de trois ou quatre pieds. Il vient très-bien de graines ; & nous croyons que , quoiqu’il nous foit apporté de Miffiffipi , de la Caroline & de la Virginie, comme il fe trouve aulfi dans les pays froids, 1 pourra s’accommoder de notre climat , quand Ion 1 aura allez multiplié pour faire fur lui des tentatives, & lui choifir le terrein qui lui eft convenable. USAGES. Le Burcardia peut fervir à la décoration des bofquets d hy vet & du printemps; dont il fera l’ornement par le beau verd clair de fesP feuilles. Ses fleurs qui font reunies p uiieurs en- femble fur un même pédicule font petites & elles ont peu d’éclat • elles paroiffent vers le mois de Mai. Cet arbriileau étant défleuri fe charge enfuite de baies , qui, en muriffant, deviennent de couleur gris-de-lin , marquetées de rouge : e es ont prefque la forme de greffes perles ,& elles ornent joliment cet arbriffeau. Nous ne lui connoiffons pas encore de pr s priétés pour les Atts ni pour la Medecine, BUT NE RI A. BURCARDI A. Page 112* Tome L PL B U T N F R I A. description. LA fleur (a) de cet arbrifleau n’a point de calyce, mais feule¬ ment une mafle charnue, d’où partent environ quinze pé¬ tales placés fur deux rangées. Les pétales extérieurs (b) paroiffent être une continuation de la mafle charnue, & pourroient être re¬ gardés comme les découpures du calyce : ces pétales extérieurs font , ainfi que les intérieurs, d’un violet aflfez foncé, & qui paroît terne à caufe qu’ils font couverts d’un duvet très-fin , de couleur fauve. Les pétales font allongés & terminés en pointe : la plupart font recourbés vers le dedans de la fleur , ce qui lui donne à-peu-près le port du Clématite à fleur double. On apperçoit dans l'intérieur de la fleur une vingtaine ou environ d'étamines (c) , raflemblées en forme de tête, & ter¬ minées par des fommets oblongs. Les pifihs paroiffent formes de petits fommets implantés fur les embryons (d) f qui font renfermés dans le calyce, à-peu- près comme les femences des Rofiers ; mais nous ne pouvons par er qu avec réferve de ces parties , parce que les fruits que nous avons eus étoient mal conditionnés. Le^ feuilles de cet arbrifleau font ovales , terminées par une longue pointe, creufées par-deflus de filons affez pro- ronds, relevées au-dellous de nervures faillantes elles ne font Tome T P .s • - ■ **l ••• î f .31) > ï I î t rv; - ' .v VV’VV- i V 1 ' . •) ■ î / BUXUS, Tourne*. & Linn. BUIS ou BOUIS. DESCRIPTION. DES le commencement du printemps on apperçolt fut les mêmes pieds de Buis des fleurs mâles & des fleurs femelles. 4 Les fleurs mâles (a) font formées d'un calyce à trois feuilles, de deux pétales , qui ne fe diftinguent des feuilles du calyce que par leur grandeur. On voit entre les feuilles du calyce une malle charnue figurée en rofette ( cd ), qui porte quatre étamines (b). Les fleurs femelles (e) , qui accompagnent tellement les mâles qu’elles fortent des mêmes boutons, font formées d’un calyce à trois feuilles, de trois pétales, qui ne fe diftinguent des feuilles du calyce que par leur grandeur, entre lefquels on apperçoit un piftil formé de trois ftyles (e) qui fe réunifient par le bas à un embryon qui forme un corps à-peu-près arrondi {fy) , lequel devient enfuite une capfule à trois loges (h) remplies de femences ( ik ). Les feuilles du Buis font petites, fermes, toujours vertes/ liftés , luifantes , pofées alternativement fur les branches, d’une odeur forte : elles font , félon les efpeces , plus ou moins lon¬ gues, & plus ou moins arrondies. Les figures de la vignette a b c i & h, font groflies à la loupe, les unes plus que les autres, afin de les rendre plus fenfibles. ESPECES \ I. BUXUS arborefcens. C. B. Pin. Grand Buis des forêts en arbrifteau. Pij i j i B U X US, Buis. Z-' BU XU S , foliis ex luteo varicgatis. H. R. Par. Buis à feuilles panachées de jaune. 3. BU XU S major , foliis per limbum aureis. H. R. Par, Grand Buis à feuilles bordées dor. 4. BU XU S min or , foliis per limbum aureis. Inft, Petit Buis à feuilles bordées d’or. 5. BUXUS longioribus foliis, in acumen luteim definentibits . H. R* Rul% Buis à feuilles longues, dont la pointe eft jaune. G. BUXUS arborefeens , anguftifolia. M. C. Grand Buis à feuilles étroites. 7. BUXUS, folio argenteo , variegato, rotundion, Buis à grandes feuilles rondes, panachées de blanc. 8. BUXUS major, foliis per limbum argenteis. M. C Grand Buis à feuilles bordées d’argent. 9. BUXUS, foliis rotundioribus . C. B. Pin. Buis à feuilles rondes, ou Buis nain d Artois. Nous pourrions encore rapporter plufieurs variétés , tant dut grand que du petit Buis ; mais il nous, a paru fuperflu déten¬ dre cette lifte , car les variétés font infinies dans les arbres qui fe multiplient par les femences, CULTURE . Cet arbriffeau fe plaît mieux à l’ombre , & fut les côteaux expofés au Nord, qu’aux endroits brilles du foleil : cependant il s’accommode de toutes fortes de terreins. On peut multiplier le Buis par fa graine : elle leve dan. les bois fans aucun foin. Pour conferver les efpeces rares , on en fait des marcottes , & des boutures qui produifent lad- iement des racines. rr c a G F S .. Le Buis nain , n». 9 , que l’on nomme Buis d’Artois , eft très-propre à faire des bordures & des broderies dans -es parterres. Ses feuilles font presque rondes. B U X U S , Buis . Le Bais de la grande efpece , fur -tout îe Buis panaché , fait très - bien dans les bofquets d’hyver. On peut auffi en planter dans les remifes, ou il formera une retraite commode pour le gibier , fur -tout pendant l'hyver. Les feuilles de ce Buis font plus ou moins longues, fuivant les efpeces. Les Tabletiers , les Tourneurs , les Graveurs en taille de bois, les Marchands de peignes, &c. font une grande confom- mation du bois de cet arbriffeau. Ce bois eft jaune, dur, liant, & porte bien la vis. On tire les gros Buis de Champagne , ôc encore d’Efpagne. Lorfquil a plu, les Buis répandent une odeur peu agréable.,' La décodion des feuilles de Buis eib très-fudorifique. * ■ » I ' - f'* - -> >- - - -, y - * * K ** Tome L PA - . . . ■ ' ï-v. ... - -, à i , '' . / * • ... . • ,• " " - ' ’ ' . ■ / \ » < *-t . m . . (>s .Vi * CAPPARIS , Tourner & Linn. CAPRIER. DESCRIPTION. 1E Câprier eft une plante farmenteufe , dont les fleurs _ A s epanouiffent a la lin de Juin. Les parties de fes fleurs , ^ont 1111 calyce compofé de quatre feuilles, creufées en cuille» r°n (a), ^quatre grands pétales, une houppe formée par de longues étamines qui prennent leur origine du fond de la fleur,, & un piftil terminé en bouton, qui eft l’embryon (b). Ce bouton devient un fruit charnu (c) dans lequel il y a beaucoup de femences (d) figurées comme un rein. Les feuilles de cette plante font ovales , prefque rondes 9 unies, point dentelées par les bords, ôc pofées alternativement fur les branches. On a eu tort de les repréfenter oppofées dans la planche. On apperçoit à l’endroit où les queues des feuilles s attachent aux branches , deux petites épines crochues qui relient apres que les feuilles font tombées. Ces feuilles ont un goût piquant fur la langue. ESPECES, J. CA F PA RI S fpinofa , fruiïu minore, folio rotundo . C. B. Pin. ^ APR 1 E Fv épineux, à feuilles rondes. En Provence on le nomms 1 A P £ & 1 E R. Ii0 CAP PARI S, Câprier. Z. CAP PARIS non fpinofa, frullu majore. C. B. p. 180. Câprier à gros truie, fans épines. M. de Tournefort, dans fon Voyage du Levant, tome i * p. 232, parle d’un Câprier fans épines, qu’il a trouve fur les bords de la Grotte d’Antiparos. CULTURE . Les Câpriers craignent le froid; c’eft pourquoi on eft obligé de les mettre en efpalier , & de les couvrir pendant l’hyver avec un peu de litiere. Les pucerons en détruifent quelquefois toutes les feuilles. Les branches menues meurent ordinairement lhyver, ÔC on eft obligé de les couper; mais les greffes branches produi- fent de nouveaux jets qui donnent beaucoup de feuilles de fleurs : c’eft pourquoi quand on veut s’épargner la peine d ef¬ palier ces arbrififeaux, & de couvrir toutes les branches , 011 les coupe en automne à fept ou huit pouces de la fouche , lur laquelle on met un peu de litiere. . On les multiplie de marcottes ôc de femences. Il feroit a fouhaiter qu’on en élevât beaucoup de femences , pour en avoir de doubles ou de panachées : car comme les fleurs Amples ôc non panachées des Câpriers ordinaires font très -b elles , il y a lieu de croire quelles feroient encore beaucoup ^ plus belles A elles étoient doubles ou panachées ; ôc elles n en feroient pas moins utiles, puifque ce font les boutons que l’on confit. Le plus sûr moyen de faire des marcottes, eft de couvrir la fouche avec de la terre : les rejets qui partent immédiatement; de la fouche prennent alors facilement racine. USAGES . ïl y a peu de plantes plus belles que le Câprier quand il eft clô fleurs. On confit au vinaigre fes boutons ; ôc c eft ce que les Cui- finiers appellent des Câpres. Si Ion cueille les boutons fort petits, les Câpres font fines oç CAP PA R I S y Câprier . tu & fermes. Si les boutons font gros , les Câpres font grolfes & molles. On les cueille en Provence comme elles fe rencontrent fous la main ; mais quand elles font confites dans le vinaigre ôc le fe 1 , on les paffe par des cribles pour les féparer fui- vant- leur groffeur : les petites font les meilleures ôt les plus cheres. On confit auffi les jeunes fruits ^ qu’on appelle cornichons de Câprier. Les Câpriers que nous élevons dans ce pays pourroient fournir des Câpres. J’en ai vu qui en donnoient trois ou quatre livres; mais on préféré de laiffer épanouir les boutons , pour jouir des fleurs qui font fort belles. Les feuilles & les boutons du Câprier font antifeorbutiques* L’écorce des racines eft fort apéritiye. Tome I . Q / » s ' r ■ ’ Xojjze I, PI, 27, CAPRIFOLIUM, Tournef. Lonicera t Linn. CHEVRE-FEUILLE. DESCRIPTION. ‘ . LE Chevre-feuille eft une plante farmenteufe & grimpante, qui porte des fleurs charmantes par leur couleur & par leur odeur. Elles s’épanouiflent dans le mois de Juin ; elles font alors raffemblées par bouquets, & partent plufieurs d’un même endroit (a). Le calyce qui eft fort petit, eft aivifé en cinq ; il n’y a qu’un pétale qui forme un long tuyau évafé par fon extrémité, & divifé en cet endroit en cinq parties qui le renverfent en dehors ; une de fes levres efb découpée plus profondément que les autres: on trouve dans l'intérieur cinq etamines ôc un piftil ( b ), formé d’un embryon arrondi qui fait partie du calyce, 6c d’un long flyle qui eft terminé par un ftigmate. L’embryon devient une baie (c) qui eft terminée par une ombiliqué : elle eft divifée en deux loges , ôc contient deux femences applaties prefque ovales ( d ). Il y a des Chevre-feuilles dont la bafe des feuilles embrafle les tiges ; ce font ceux-là qu’on nomme perfoliés. Toutes les efpeces ont leurs feuilles oppofées fur les branches , &: plus ou moins grandes, prefque rondes ou ovales fuivant les efpeces, point dentelées, douces au toucher. Dans les aiîfelles des feuilles on apperçoit des boutons, dont i axe fait prefque un angle droit avec les tiges. Qij ii4 CAPRIFOLIUM, Chevre-feulUe. Souvent les fleurs font accompagnées d’une feuille qui forme une efpece de coupe de laquelle elles fortent. ESPECES : ï. CAPRIFOLIUM Germanicum. Dod. Pempt. Chevre-feuille d’Allemagne. En Provence on l’appelle Maire-Siouvo. 2. CA P RI FO L 1U M Germanicum , flore ruheîlo , ferotinum. BrofT» Chevre-feuille d’Allemagne à fleur rouge-pâle. 3. CAPRIFOLIUM Itaîicurn. Dod. Pempt,- Chevre-feuille d’Italie, CAPRIFOLIUM Italicum , perfoliatum prœcox. BofT, Chevre-feuille printanier d’Italie, & perfoiié. 5. CAPRIFOLIUM perjoliatum , foliif ( ïnuofis & variegatis. Inflv C h e vr e-f e u i l l e panaché , à feuilles de Chêne. <* . C A P R I F O L IU AI non perjoliatum , foliis ftnuoftr. In fl:. C h e vr e-f e u i l l e à feuilles de Chêne , qui n’eft point perfoiié. Ad. Linneus n’a fait qu’un feul genre du Caprifolium , du Periclymenum , du Chamœcerafns , du Xylofteon , du Symphuricar - pos , ôt du Diervilla , qu’il a nommé Lonicerap & il faut avouer que tous ces arbuftes fe reffemblent beaucoup par les parties de la frudli fi cation : néanmoins nous avons cru devoir confère Ver les différents noms fous lefquels ils font connus. Pour aider à les diftinguer, nous ferons remarquer que les fleurs des Xylofteon & des Chamœcerafus viennent toujours deux à deux, & que toutes les autres efpeces que M, Linneus nomme Lonicera , portent des fleurs par bouquets; mais cette feule cir- confiance ne nous paroît pas fuffifante pour établir un genre* Nous croyons que la différente forme des fleurs pourra en¬ gager à en faire au moins deux genres : dans l’un on compren- droit le Caprifolium , le Chameecerafus & le Diervilla , dont le pétale eft découpé irrégulièrement, y ayant une découpure qui forme une efpece de levre ; ôc dans l’autre , le Periclymenum , le Symphoricarpos &. le Xylofteon ? dont les découpures du pétale font régulières» CAP RIFOLIU M , Chevre- feuille. 12 j CULTURE . Les Chevre-feuilles fe multiplient aifément par marcottes, & même par boutures. Quoiqu’ils fe plaifent dans les terreins humides, ils s’accommodent aflez de toutes fortes de terres: l’on en trouve qui croilfent naturellement dans les bois dont le terrein efl humide. USAGES , Toutes les efpeces de Chevre - feuilles font très - propres à garnir des tonnelles & de petits murs de terralfe : leurs fleurs font très-belles, & répandent une odeur des plus °racieufes. L efpece au n . 4 , qui ne quitte point fes feuilles pendant j hyver , à moins qu’il ne gele bien fort , peut être mife dans les bofquets de cette faifon ; d’ailleurs ce Chevre - feuille eft d’un très-beau verd, & fes fleurs font fort belles. Les Chevre-feuilles peuvent être tondus en boule , & for¬ mer des buiflons dont on peut décorer les bofquets du prin¬ temps : on peut auiïi les faire grimper dans d’autres arbres, qu'ils ornent de leurs fleurs ; mais ils ont le défagrément d’être' prefque tous les ans dévorés par les cantarides ou par les puce¬ On employé la décodion des feuilles pour déterrer les Vieux ulcérés. ' . Tme L PL CARPI NUS, Tournei. & Linn. CHARME. description. LES mêmes pieds de Charme produifent des fleurs mâles (a) & des fleurs femelles (e). Les fleurs mâles font grouppées fur un filet commun en forme de chatons. Ces chatons font formés d’écailles (b) , fous lefquelles on découvre des étamines fort courtes (c). Les fleurs femelles (e) forment d abord par leur aiïemblage fur un filet commun, des efpeces d’épis écailleux; fous cha¬ que écaille on apperçoit un piftil (d) , formé de deux flyles qui fe réuniffent par leur bafe à un embryon qui devient une efpece de noyau ovale & anguleux (/) , dans lequel eft une amande (h). H y a des feuilles qu’on nomme aflez improprement fémi- nales , parce qu’elles accompagnent toujours les femences. On peut les voir repréfentées dans la planche. Elles font di- vifées très-profondément en trois parties. Les feuilles du Charme font ovales, terminées en pointe t dentelées par les bords , pliffées depuis la nervure du milieu jufqu’aux bords, fuivant la dire&ion des nervures latérales qui. font rangées très -régulièrement & parallèlement les unes aux autres ; l’entre-deux de chaque nervure eft bombé en deffus 6: creufé en gouttière pardeffous. Les feuilles font placées alternativement fur les branches : elles fechent fur l’arbre pen- dans 1 automne, & ne tombent qu’au printemps. Les boutons qui font aux aiffeiles des feuilles font lon^s ôc pointus. 5 j i 3 C A RP IN U S , Charme. ESPECES. 1. CAR P I NUS. Dod. Pempt. Chaume commun. 2. CAR P IN U S foliis variegatis. M. C» Charme à feuilles panachées. 3 . CAR P INUS Orientalis , folio minori , fruVtu hrevi. In fl. . Charme du Levant, à petites feuilles &à petit fruit. 4. CA RP INU S Virginiana , florefccns. Pluk. Phyt. Charme de Virginie. 5. CA RP INU S, feu Ojlrya ulmo fimilis , fruttu racemofo , Lupulo fimili. C. B. P. ... , Charme qui relTemble à l’Orme, & qui a le fruit comme le Floublon. En Canada Bo 1 s- d u R. Ces deux dernieres efpeces font ouïes mêmes, ou des variétés qui fe reffemblent beaucoup. Nous ne faifons, comme M. Linneus ôc beaucoup d’autres Botaniftes , qu'un genre du Carpinus ôc de 1 Ojlrya , qui ne dif¬ ferent qu’en ce que les enveloppes des femences de V Ojlrya étant plus renflées , elles ont quelque reiïemblance avec le fruit du Houblon. CULTURE. Les Charmes s’élèvent aifément de femences, qui lèvent même dans les forêts fous les gros Charmes j on y arrache le jeune plant pour former des paliflades, ou pour le cultiver pendant quatre ou cinq ans en pepiniere , ôc alors on en peut former des paliflades qui ont cinq ou fix pieds de hauteur. Voici comme il convient de faire ces fortes de pépinières. On choifira dans les bois fous les gros Charmes de beaux plans de charmille ; on les plantera fans les étêter , a un pied ou un pied ôc demi les uns des autres dans des rigolles ; on les accol- lera fur des perches ôc des baguettes , afin que les tiges . des jeunes Charmes, qui font fou pies, fe tiennent bien droites: .011 les entretiendra de labour, ôc on les tondra au croiflant comme une charmille. Quand les pieds auront fix ou fept pieds de hauteur, on les arrachera avec foin, ayant grande attention C A RP I NU S , Charme. 1 15? attention de ménager les racines ; Ôc on les tranfplantera avec leurs branches latérales dans de grandes rigoles , ayant foin que les branches de côté s’entrelaflent les unes dans les au¬ tres ; ôc pour empêcher que le vent ne les déverfe, on atta¬ chera les tiges fur un rang ou deux de perches légères. Nous avons exécuté cette pratique en grand; ôc ayant" foin de bien ménager les racines en arrachant les Charmes dans la pépinière , ôc de les planter promptement avec précaution dans de grandes rigoles , nous avons eu des palilfades qui faifoient leur effet dès la première année de leur plantation» Il eft bon d avoir du plan de Charme fort menu pour le planter entre les gros pieds , ôc bien garnir le bas de la palifîade. Quand 011 plante une paliiïade de Charme, les Jardiniers ont coutume de couper les brins à quatre doigts de terre ; ils font bien fi le plant eft mal enraciné , s’il n’eft pas nouvellement arraché, ôc li la terre où on Jes met eft fort mauvaife. Mais quand le plant eft bon , on doit s’abftenir de l’étêter ; il faut feulement attacher les tiges fur de petites gaules : car la première tige qui tend à s élever droite, éleve bien plus promptement les paliffades, que les nouvelles pouffes, qui prennent des direêtions obliques. Les Charmes viennent bien dans toute forte de terre, pourvu qu elle ait du fonds. Ils font communs en France, à la Louyftane ôc en Canada. USAGES. Tout le monde fait que le Charme eft plus propre que tout autie aibre a faire de grandes ôc belles palihades, auxquelles on a donné le nom de Charmilles. J outes les efpeces de Charmes doivent être placées dans les bofquets d été ôc dans les bois. Les deux efpeces , n°. 4 ôc y , qui n’en font peut-être qu’une,’ nous viennent de Canada fous le nom de Bois-dur. Cet arbre eft tres-beau , ôc mérite bien d’être multiplié en France; car les Canadiens eitiment beaucoup fon bois , qui eft plus brun que le notre.. On en fait des rouets de poulies pour les vaiffeaux. Le bois des Charmes de nos forêts eft très-dur ; c’eft pour¬ quoi beaucoup d’ouvriers l’empioyent pour la monture de leurs outils, ou pour des maillets Ôc des maffes; ôc il y a peu de bois qui foit meilleur pour le chauffage. Tome L R f t : , ■ - ' - - - - •' r ' JJ. : £ * t , • . . ' * ‘ « * * » Tome I. Planche 49 - - - . * •****+ “*'• - \ " . -t . * CAS IA, Tourne r. Oziris , Linn. DESCRIPTION, ; I L y a dans ce genre des individus mâles & des individus femelles. Le calyce des fleurs mâles (a) eft d’une piece , divifé par les bords en trois parties qui font creufées en cuilleron : il n’a point de pétales ; mais il contient trois petites étamines. Les fleurs femelles different des mâles en ce qu'au lieu d’étamines , on trouve dans le calyce un piftil qui eft compofé d un ftyle très-court, furmonté d’un ftigmate arrondi, ôc porté fur un embryon , qui devient une baie ronde (b), terminée par une ombiliqué triangulaire. On trouve dans l'intérieur do cette baie un noyau arrondi (c)% • ESPECES . I. CA SI A poëtica. Tnffi C a s i a à fruit rouge. 2. CAS IA fruiïu niera. Amæn. Kuth. ou Oziris foliis ohtufîs. Linna Spec. plant. Cas ia à fruit noir. CULTURE . Le Cafia n°. i vient naturellement en Languedoc ; il y eft mê¬ me très-commun ; mais ces arbriffeaux font li difficiles à élever dans nos jardins, que nous avons été tentés de n’en point parler, et nous 11e nous fommes déterminés à les comprendre dans cet ouvrage que dans fefpérance qu'on pourra dans la fuite parvenir à trouver la culture qui leur convient. ij®' C A S I A* USAGE . Cet arbufte eft très-joli , & il feroit employé utilement pour la décoration des jardins , fi l’on pouyoit trouver le moyen de Je familiarifer avec notre climat. CASTANE J , Toürnef. Fagus } Linn. CHATAIGNIER. DESCRIPTION, LES Châtaigniers portent des fleurs mâles & des fleurs femelles fur les mêmes arbres. On trouve fouvent la fleur femelle à la nailfance des cha- tons mâles. Les fleurs mâles font formées d’un calyce dune feule picce, divifé en cinq parties (a), dans lequel font dix étamines ( b ) ou environ ; nombre de ces fleurs font grouppées fur un filet en forme de chatons (c). Les fleurs femelles, qui fortent des mêmes boutons que les mâles, mais qui ne font point partie du chaton, ont un calyce divifé en quatre parties, dans lequel eft un piftil qui fe divife par le haut en trois ftyles. L’embryon qui forme la bafe du piflil , ôt qui fait partie du calyce , devient un fruit {d) ferme ôt épineux, dans lequel font une ou plufieurs châtai¬ gnes ou femences (e) , formées d’une grofle amande , laquelle eft recouverte par une enveloppe coriacée. On fait que le Châtaignier eft un grand ôt bel arbre : fes feuilles font grandes, fermes, d’un beau verd, fort luifatnes £t jiofées alternativement fur les branches , dentelées par les» Ï 3 4 CAS TA N E A , Châtaignier . bords, & relevées en defTous par des nervures allez Taillantes.' Les fleurs du Châtaignier répandent une odeur défagréable» ESPECES. r, C A STAN EA filvefris , cjux peculïariter Castanea. C. B. Pin» Châtaignier fauvage ou des bois. 2. C A STAN E A fativa. C. B. Pin. CHATAIGNIER Cultivé, appelle M A R O N N I E R. 2 . C A STAN EA fativa , foliis cleganter variegatis. Châtaignier cultivé > à feuilles panachées. 4. CA STAN EA humilis , racemofa. C. B. Pin. Petit Châtaignier à grappes. C A ST AN E A humilis , Virginiana , racemofa , fruÜu parvo in Jingttlis capfdis echinatis unico. B a n i s t e r. Pluk. Alm. Châtaignier de Virginie, qui n’a qu'un fruit renfermé dans chaque capiule , ou le Chincapin des Anglois, CULTURE. Comme on éleve le Châtaignier de femences , les efpeces ou plutôt les variétés Te font beaucoup multipliées; & il Teroit aifé d’en faire une lifte très-étendue; mais nous avons cru qu’il fuffiroit de rapporter les plus frappantes. On nous a apporté de Canada un Châtaignier nain à petit fruit, qui n’eft point le Chincapin. C’eft peut-être le n°. 4. Jufqu’à préfent les Chincapins qu’on a effayé d’élever en France , n’ont fait que languir : ils viennent aufti fort mal en Angleterre. Les Châtaigniers fe plaifent dans les terres fablonneufes qui ont beaucoup de fonds ; ils languiflent dans celles qui ont le tuf à deux ou trois pieds de profondeur. Si l’on veut faire des pépinières de Châtaigniers, on fera bien de faire germer les fruits dans le fable , pour ne les mettre en terre qu’au printemps , après avoir rompu le germe * ou la radicule ; ians cette précaution les mulots en détruiroient C AS TA NE A , Châtaignier . 135 beaucoup pendant l’hyver, ôt les arbres qui poufleroîent un long pivot , reprendroient difficilement. O11 greffe les bonnes efpeces de Châtaignes qu’on nomme A lavons , fur les fujets qu’on a élevés de femences; & la greffe en fifflet eft celle qui réuffit le mieux. Les bonnes efpeces de marons viennent de Dauphiné , de Suze ; on en trouve auffi en Languedoc, en Provence; ôc l’on affure que le Châtaignier croît naturellement à la Louyfiane dans les terreins éloignés de cent lieues de la mer, USAGES . Quand on eft dans un terrein qui plaît au Châtaignier, on fera bien d’en planter dans les bofquets d’été & d’automne, & d en former des maffifs & des avenues, quoiqu’il ait le dé¬ faut d etendre fes branches , Ôt de les laiffer pendre fort bas. Son bois eu excellent pour les ouvrages de charpente qui ne font point expofés à l’eau. On m’a affuré qu’a Bordeaux on faifoit des armoires , des commodes ôt d’autres ouvrages de menuiferie très-beaux, avec le bois de Châtaignier. Lorfque les Châtaigniers font à la groffeur de taillis, on en fait de bons cerceaux pour les barils. Dans quelques Provinces le fruit du Châtaignier nourrit une partie de l’année les hommes , & plufieurs efpeces d’animaux* Dans le Limofin , le Périgord, &c. pour conferver les châtai¬ gnes, on les fait deffécher ainfi : on les pele, on les étend à une certaine épaiffeur fur des claies , ôc on fait du feu def- fous : fi l’on ne les boucanoit pas de cette maniéré , elles germeroient , ou elles fe moifiroient. Pour manger les châtai¬ gnes ainfi defféchées , on les fait revenir à petit feu ; on les lait cuire; on les affaifonne avec un peu de fel; & l’on en fait une bouillie , qu’on nomme la Châtigna . On fait qu’on mange les marons bouillis avec l’eau & le fel, ou rôtis fous la cendre, ou grillés dans une poêle : on en fait auffi des comportes & des confitures feches ; on les nomme alors Marons glacés. On employé la farine des châtaignes pour arrêter les diar- ruées, On en fait auffi de très-bonne bouillie. ï 5 ^ CL! 5 TA NE A , Châtaignier . Il n’y a aucune différence cara&ériflique entre les châtai¬ gnes & les marons : le goût feul en décide; deforte quon nomme marons une châtaigne qui a la chair ferme & fucrée, & entre le meilleur maron & la châtaigne la plus mole & la plus infipide , on trouve une infinité de nuances. Le Chincapin , n°. qu’on nous envoyé delà Louyfiane,' eft un vrai Châtaignier : fes fruits, qui relfemblent à de petits glands de chêne verd , font renfermés un à un dans une capfule très - épineufe qui s’ouvre en deux. Ses feuilles font allez femblables à celles du Châtaignier , mais communément moins dentelées. A . • » a On nous a envoyé de Canada une petite châtaigne qui n elt point le Chincapin ; mais qui , à ce qu’on affure ; telle nain* CE A NOTHUS i Tome I. PL 50 - ' • ' » . • •• ' » ^ . , " . . * f ... : . v - ' *5- ‘ ■ ■« • ' , • • • V ' • ■ - -, ‘ 1 ■ * * * L , ' ' V ' i -r CEANOTHUS, Linn. DESCRIPTION, ; LE calyce de la fleur (a ôc b ) du Ceanothus eft d’une feule piece; il a la figure d une poire , ôc il eft divifé en cinq parties qui fe terminent en pointe. Cinq pétales (c) égaux ôc arrondis, s’attachent aux pointes du calyce pat une bafe étroite; ils s’élargiflent enfuite, Ôc font creufés en cuilleron. Cinq étamines de la longueur des pétales prennent leur origine des parois du calyce au-deflus des pétales , ôc elles por¬ tent des fommets arrondis. Le piftil eft formé d! un embryon triangulaire, qui eft fur- monté d un ftyle , lequel fe divife en trois parties couronnées de ftigmates obtus. L’embryon devient une baie feche (d), ou plutôt une capfule à trois loges, dans chacune defquelles (/) on trouve une fe- mence prefque ovale (g). Ce fruit eft accompagné ôc en partie enveloppé d’une efpece de calyce ( e ). Les parties de la fruôiification de cet arbrifleau reflemblent beaucoup a celles du Paliuus ; mais il eft aifé à diftinguer par la forme de fes pétales , & par la difpofition de fes fleurs , qui viennent par bouquets & qui font blanches. Le Ceanothus forme un petit arbrifleau, qui ne s’élève qu’à deux ou trois pieds de hauteur. Ses feuilles font pofées alter¬ nativement fur les branches, ôc elles font ovales, terminées en pointe, relevées en deflbus par trois nervures principales qui partent du pédicule : elles font allez grandes. L’écorce • des branches eft rougeâtre. Tome Ip S 1 3 S CEANOTHUS. ESPECE , C EAN OT HU S. Linn. A . , . ( • Tome J. PI, 5 2 , . r r— ft '.? ( «V; :> ’ CELTIS, Tourne?. & Linn. MICOCOULIER. ou M I C A C O U L I E R. description, ; LES Micocouliers portent des fleurs mâles (a b) & des fleurs hermaphrodites; celles-ci (d) ont un calyce di- vilë en cinq , dans lequel on ne trouve point de pétales , mais cinq étamines fort courtes , & deux piffils (A > recourbés en différents fens , qui donnent naiffance à une baie (/) un peu charnue , dans laquelle on trouve un noyau (g h). Les fleurs males ont le calyce divifé en fix , les étamines femblables à celles des autres fleurs, mais point de piffîl. Les feuilles font d’un verd jaunâtre & terne, rudes au tou- cher pardeffus , douces pardefTous, longues, dentelées par les bords, terminées en pointe, & pofées alternativement fur les branches ; le deffous eft relevé d’arrêtés affez baillantes , & le deflfus creufé de profondes goutieres : affez fouvent elles font panachées de jaune. ESPECES \ t. CELTIS fruSltt nigricante. In fl. Micocoulier à fruit noirâtre. En Provence Fabuecouiie» OU Fa L A BR I QU I E R. 2* CELTIS fruiïu obfcurè pnrpnrafcente* Infl» Micocoulier à fruit noir. 3' CELTIS Orientalis miner, foliis mïnoribus & crajjioribus , fritEhi flavo. C. Infl. Micocoulier du Levant à petites feuilles épaiffes, dont fe fruit efl jaune. ï'441 C E LT I S , Micocoulier . L’efpece du n°. i , a les feuilles longues Ôc le fruit noir : celle du n°. 2, aies feuilles moins grandes, ôc fouvent profon¬ dément découpées en quelques endroits; fes fruits d’un rouge brun : celle du n°. 3 , a les feuilles beaucoup plus courtes, ÔC le fruit jaune. CULTURE . Le Micocoulier eft un arbre de Provence, de Languedoc, d’Italie, d’Efpagne; néanmoins il fupporte allez bien noshyvers. v Dans les terreins gras ôc humides, il devient prefque auh] grand qu’un Orme, ôc on en peut faire des avenues. On le multiplie aifément de femences, USAGES. Son fruit eft comme une petite cerife, couverte d’une chaît feche , dont néanmoins les oifeaux font très-friands ; c’eft pour¬ quoi on peut mettre cet arbre dans les remifes. Comme il produit beaucoup de branches , ôc qu’il fouffre le cifeau ôc le croilfant, on peut en former des palilfades dans les bofquets d’été ôc d’automne. Son bois eft liant, il plie beaucoup fans fe rompre; c’eft pour cela qu’on i’eftime pour en faire des brancards de chaife : on en fait encore des cercles de cuve qui font de très-lon¬ gue durée. On dit que fon fruit eft bon pour arrêter le cours de ventre, CEF HAL ANTUS > Tome I. PZ. 5 3 ■ CEPHALANTUS, Linn; DESCRIPTION. LE S fleurs qui font raflemblées en bouquet fous la forme d’une tête fphérique (a), ont un calyce commun; 8c chaque fleur (b) a un calyce particulier qui eft divifé en quatre parties. Le pétale eft unique, 8c forme un tuyau étroit, dont les bords font divifés en quatre. Il renferme 8c foutient quatre étamines ( c ) fort courtes ; elles prennent leur naiffance du mi¬ lieu du tuyau, 8c elles ne l’excedent pas (d). Le piftil eft unique, 8c formé d’un ftyle fort long qui excede beaucoup le pétale, 8c d’un embryon qui devient une capfuîe oblongue, laquelle renferme une ou deux femences aufli oblongues. Un grand nombre de fes capfules (fg ) font raflemblées autour d’un axe commun , 8c forment une tête fphérique relevée de fort petites éminences ( e ). Les feuilles de cet arbriflfeau font entières, oppofées, point dentelées : en général il eft fort joli. ESPECE , CEPHALANTUS. Linn. Ge n* P LATANOCEPHALU S, V aft* Tome h X I CEP HALANTUS. CULTURE. La délicateffe de cet arbriüeau , qui craint le froid de nos forts hyvers, oblige de le renfermer dans les orangeries * ou de le mettre en efpalier, & de le couvrir avec foin. On peut l’élever de femences qu’on nous envoyé de la Louyfiane * ou le multiplier par des marcottes. USAGES . ïl n’eft pas d’un grand fecours pour la décoration des parcs* à moins qu’on ne fût placé dans quelques provinces maritimes* où alors il pourroit paffer l’hyver en pleine terre. L. Tome L PI, - • •• . • - :t u i v; -, ,i v h ci ,’i. j ■ . - ' " S r ■ •.*. ■ . 1 47 C E R A S US , Tourne f. & Linn. G en. Plant . Prunus , Linn. 5/?^. P/W. CERISIER, en Provençal P I C H O T. 5 t DESCRIPTION. LA fleur des Cerifiers (*) eft compofee d’un calyce cam- paniforme divifé en cinq parties qui foutiennent cinq pétales difpofés en rofe, & environ trente étamines (c). Du fond du calyce s’élève un piftil (b), compofé d’un ftyle ôc d’un embryon qui devient un fruit fucculent ( dh ), dans le¬ quel fe trouve un noyau ( e ), qui contient une amande (fg) qui fe divife en deux lobes. M. Linneus a diftingué les Padus des Cerifiers dans fes G en . Plant, mais dans fes Spec, Plant . il a réuni les Cerifiers & les Padus aux Pruniers. Comme nous n’appercevons d’autre diffé¬ rence bien fenfible entre les Cerifiers de les Padus , finoit que le calyce des Cerifiers tombe quand le fruit groflit , ôc que celui des Padus fe deffeche fans tomber , nous n’avons pas cru devoir féparer ces deux genres. Pour ne point troubler les idées généralement reçues , nous continuerons dediftinguer, avec tous les Botaniftes , les Cerifiers d’avec les Pruniers, d’autant que la forme du fruit, ôc fur-tout celle des noyaux, font fuffifantes pour qu’il n’y ait point de confufion entre ces deux genres qui, quelque méthode qu’on fuive, doivent être dans la même claffe, ôc très-voifms l’un de l’autre. Les feuilles de prefque tous les Cerifiers font dentelées pat T ij f i4* CERASUS, Cerifier. les bords > & elles ont deux glandes ou petites bofles rougeâtres fur la queue. Leur grandeur & leur port varie dans les diffé¬ rentes efpeces. Les feuilles font toujours pofées alternativement fur les branches, ESPECES. î. C E R A SU S major ac filveflris , fruclu fubdulci nigro colore ïnficunte. C. B. Pin. Gra nd Cerisier des bois à fruit doux & noir : Merisier à fruit noir. 2. CE R A SU S major ac filveflris , multiplici flore. H. R. Par. Grand Cerisier des bois à fleur double : Me r i s i er à fleiiii double. 3* C ER A SU S racemofla , filveflris , fruElu non eduîi. C. B. Pin. Cerisier à grappes, dont le fruit n’efï pas mangeable : Bois de Sainte-Lucie, ou Pa du s. CE R A SUS racemofla, filveflris , fruttu non eduli rubro. H. R. Par; Cerisier des bois à grappe, à fruit rouge, qui n’elf pas man¬ geable: Bois de Sainte-Lucie à fruit rouge : Pa dus. 5* CERASUS fllvejlris, fruttu nigricante in racemïs longis , g endidis , Fbito • laça, inflar conge [lis. Gron. PI. Virg. Cerisier de Virginie, dont le fruit vient en grandes grappes noires : P a d us. 4). C ER A SU S filveflris amara , Mahaleb putata. J. B* C e r 1 s 1 e r des bois à fruit amer :Mahaleb, *J. CERASUS filveflris Alpina , folio rotundiori. In fl. Cerisier lauvage des Alpes, à feuilles rondes. §. CERASUS filveflris Scptentrionalis Anglica , fruclu rubro , parvo , fero* tino. Raii. Cerisier d'Angleterre à fruit rouge, petit 8c tardif» CERASUS fativa fruttu rotundo, rubro & acido. Inft» Cerisier à fruit rond, rouge & acide. ,20. CE RA SUS hortenfis , flore rofleo. C. B. Pin* C er : s 1 er cultivé à heur fembdouble» »4? CE RAS US, Cerifier. iïl. CERASUS bortenfis , flore pleno. C. B. Pin. Cerisier cultivé à fleur double. 12. CE R A SU S hortenfis , foliïs eleganter variegaiis. M. C. Cerisier cultivé à feuilles panachées. 13. CERASUS minor fativa , fruÜu minimo rotundo prœcocL Cerisier nain précoce. 14. CE R A SUS racemofa hortenfis. C. B. Pin. Cerisier à trochets cultivé. Ï5* CE RASUS fruttu, aquofo. Inft. C e r 1 s 1 e r à fruit tendre : Guignier. 3 6. CE RA SUS major ^ fruftu magno , cordato. Bail hiiî. Grand Cerisier à fruit en cœur: le Bigarreautiek; I7- CE R A SUS pumila, Canadenfis , ohlongo angufto folio , fruchi pdrvcl C er i s 1 er nain à feuilles de Saule. Kagouminer, ou Ne ga5 ou Min el de Canada. Nous fupprimons plufieurs autres efpeces de Merifiers 3 Cerifiers, Bigarreautiers , ou Guigniers que l’on trouve dans les catalogues d arbres fruitiers. Nous en cultivons une trentaine bien diftinctes. CULTURE. On peut élever les Cerifiers des noyaux qu’on feme comme îes amandes. Il leve beaucoup de Merifiers dans les bois. Plufieurs efpeces de Cerifiers pouffent de leurs racines quan»' tité de rejets ; les Padus fur-tout & les Ragouminers tracent beaucoup. Pour multiplier les efpeces rares , on les greffe fur les Merifiers des bois. Le Mahaleb, n°. 6 , fe multiplie aifément par les marcottes. En général tous les arbres élevés de femences tracent moins que ceux qui originairement viennent de rejets ou de drageons enracinés. Prefque toutes les efpeces de Cerifiers font fujettes à uns maladie qui fait périr des branches entières , ôc quelquefois tout 1 arbre : c’efi: un épanchement du fuc propre , ou de la gomme, dans le tiffu cellulaire ôc les vaiffeaux limphatiques : ii cet épanchement a fait peu de progrès y on peut fauver I3 j jo CE RAS US , Cerijier. branche en entamant l’endroit affeété, ôc le couvrant de cire ôc de térébenthine ; mais fi la maladie s’eft trop étendue dans la branche , le plus fur eft de la couper. Les Cerifiers plantés dans une terre fort fubftancieufe , m’ont paru plus fujets que les autres à cette maladie. USAGES. Le Cerifier , n°. i , qui leve dans les forêts , fans qu’il foit befoin de le femer, eft un fort bel arbre. Ses branches fe foutiennent bien , ôc fes feuilles qui font grandes ôc d’un beau verd , reftent fur l’arbre jufqu’aux gelées ; ainfi on peut le placer dans le bofquet d’automne. Il a encore l’avantage de fubfifter dans les plus mauvaifes terres : nous en avons formé des taillis ôc même des avenues dans des terreins où les autres arbres périffoient. On dit que cet arbre fe trouve aufll dans les bois du Mifliftipi. Les efpeces, n°. 2 & 1 1 , produifent outre cela des fleurs aufll grandes que les femi doubles : elles forment dans le mois de Mai des guirlandes d une beauté admirable ; ainfi on doit les mettre dans les bofquets du printemps. On les multiplie en les greffant fur le Cerifier n°. 1. L’efpece du n°. 10, a ordinairement deux piftils, ôc donne fouvent des fruits doubles. Sa fleur femi-double eft fort belle. Nous avons un Cerifier qui a dans le difque de fa fleur fept ôc huit piftils , ôc qui porte au bout d’une même queue trois ôc jufqu’à huit cerifes bonnes à manger. Les n°. 2 ôc 1 1 , ne donnent point de fruit. Nous cultivons une efpece de Cerifier bien finguliere : il fort de chaque bouton une branche , qui , à mefure qu’elle s’allonge , fournit des fleurs ôc des feuilles ; de forte qu’il y a fur ces branches des fruits mîirs , des fruits verds ôc des fleurs : on voit encore fur ces arbres des fruits bons à manger à la fin de Septembre. Je crois que c’eft l’elpece n°. 14. Les Padus, n°. 3, 4 & y, qui produifent dans le même temps de belles grappes de fleurs, doivent aufll fervir à la décoration des bofquets printaniers : ils fe multiplient de fe- mences , ôc de rejets que fourniflent les racines. C E R A S US, Cerijîer. i y i Nous avons fait avec le Mahaleb des paliffades qui font fort agréables par le mélange des fleurs & des feuilles qui parodient en même temps ; mais il eft plus printanier que les efpeces précédentes , il fleurit au commencement du mois de Mai. On le multiplie aifément de marcottes. Le Ragouminer, n°. 1 7 , eft un fort petit arbufte qu’on peut mettre dans les plate -bandes du bofquet printanier, & fur- tout dans les remifes, où fon fruit, quoiqu’un peu acre, attirera les oifeaux : pour cette raifon toutes les efpeces de Cerifiers font propres à garnir les remifes. On fait que le bois du Merifier eft recherché par les Tour¬ neurs; & le Padus, ainfi que le Mahaleb , par les Ebéniftes , à caufe de leur odeur qui eft agréable : ils font connus fous le nom de Bois de Sainte-Lucie. Le bois des Bigarreautiers & des Guigniers reffemble à celui des Merifiers : le bois du Cerifier eft un peu rouge & moins dur. On fait avec les jeunes Merifiers d’excellents cercles pour les petits barrils. Les Cerifes paffent pour être très-faines : il découle des Cerifiers une gomme qui eft adouciffante & incraffante , comme celle qu’on appelle Gomme Arabique. Quoique nous ne nous propofions pas de traiter en dé¬ tail ce qui regarde les Cerifiers dont on mange les fruits , nous ne pouvons nous difpenfer de dire en général qu’on peut divifer les Cerifiers en deux claffes , dont l’une com¬ prend les efpeces qui portent des fruits ronds & acides ; telles font le Cerilier nain précoce, le Cerifier ordinaire, le Gobet, la Cerife de Montmorenci , &c. leurs feuilles font fermes , de moyenne grandeur, êc fe tiennent droites. L’autre claffe comprend les Merifiers dont le fruit eft petit; les Guigniers dont le fruit eft tendre, & les Bigarreautiers qui ont le fruit ferme & de bon goût : toutes les efpeces de cette claffe ont le fruit en forme de cœur , & d’une faveur douce ; leurs feuilles font grandes ôt pendantes, & leurs branches fe fou- tiennent beaucoup mieux que celles des Cerifiers à fruit rond, qui en général font des arbres moins grands. Il y a outre cela des efpeces mitoyennes, telles que le Duc-cheri des Anglais êc notre Griotte , dont les feuilles font plus grandes que celles r j 2, C E R A S U S y Cerijier. de nos Cerifiers , ôc plus étoffées que celles des Cerifiers de la fécondé claffe : leur fruit eft plus tendre que le Bigarreau, prefque rond comme la Cerife, mais moins aigre ôc plus ferme. O11 fait avec les Cerifes acides ou à fruit rond une liqueur fort agréable qu’on nomme Vin de cerife. Pour la faire ori choifit des cerifes bien mures , & préférablement celles dont le fuc eft noir ; on les écrafe, ôc après avoir retiré les noyaux, on met le marc ôc le jus fermenter comme le vin. Lorfqu’on lent que le tout a pris une odeur vineufe, on exprime le jus à la preffe , & on le verfe dans une cruche ou dans un petit barril, en ajoutant une livre ôc demi-quarteron de fucre pour chaque pinte de jus , ayec les noyaux qu’on a eu foin de concaffer. La fermentation recommence , ôc quand elle eft ceffée , on foutire à clair cette liqueur , ou bien on la paffe a la chauffe pour la conferver dans des bouteilles bien bouchées. Il eft fingulier que le fuc des Cerifes prenne au moyen du fucre, autant de force que de bon vin, ôc faffe une liqueur agréable à boire , ôc qui peut fe conferver pendant plufieurs an¬ nées. CH A MÆC ER A SU Si Tome I, PL 55. • . . ' '' . ; * . V . * 3* ■! ■ > v . *■' * «- ■ ■-‘-•S Tome I. PL. 5 6 " T • - - - ..... . ....... „ _ *..,.*** - ♦ • 1 ' ' ' C E R A S U S * Cerisier. N°. 13. Page 152*** Tome L PL 57. rjgvT Tome l PI. 58, C HA MÆCERASUS, Tourner Lonicera, Linn. DESCRIPTION, ; IES fleurs (a) de cet arbufte font formées d’un feul pétale figuré en tuyau découpé en cinq par les bords , mais inégalement. Le tuyau eft fupporté par un caly ce(d), qui elî aufli divife en cinq parties : il fublifte jufqu’à la maturité du fruit. On trouve dans l’intérieur de la fleur (c) cinq éta¬ mines , & un piftil ( b ) compofe d un ftyle & d’un embryon qui devient une baie (e) terminée par une ombiliqué , dans la¬ quelle on trouve plufieurs femences (/) arrondies d’un côté, ôc applaties du côté où elles fe touchent. Ordinairement les fleurs & les baies font pofées deux à deux fur les branches. Les feuilles des Chamæcerafus font entières , ovales , oppo- fces deux a deux fur les branches , ôc attachées a des queues afiez longues. Celles de 1 efpece n°. i , font chargées d un. duvet tres-fin qui les rend comme veloutées. Les boutons qui font aux aiffelles des feuilles font très-; pointus, & font prefque un angle droit avec les branches. Ces arbufles reffemblent beaucoup par les parties de la fr uni¬ fication aux plantes que M. Linneus a appellées Lonicera, Voyez ce que nous en avons dit au Caprifolium , ESPECES . € J. CH AMÆCER A SU S dumetorum, fntSlu gcmino ruhro. C. B. P. Chamæcerasus des haies, à fruit rouge Sc jumeau. Tome E y jJ4 CHAMÆCERASUS. 2. CH AM JE GERA SU S Alpin a, fruttu, gemïno ruhro , duohus p unüis notato. C.* B. P. Chamæcerasus des Alpes, à fruit rouge & jumeau, marqué de deux points noirs. J. CHAMÆCERASUS Alpin a , fruïïu nigro gemino. C. B. P. Chamæcerasus des Alpes , à fruit noir 6c jumeau. CHAMÆCERASUS mont an a , fruiïu fingulari cœruleo. C. B. P* Chamæcerasus de montagne, à fruit bleu 6c unique. CULTURE „ Les Chamæcerafus viennent naturellement dans les bois fous les grands arbres. On peut les multiplier par les femences , ôc en faifant des marcottes qui pouffent aifément des racines. Ils fouffrent d’être taillés au cifeau ; ainfi ils peuvent fervir à la décoration des parterres, fur-tout le n°. i qui porte des fleurs blanches. USAGES . Ces petits arbufles fe chargent au printemps de fleurs aflez jolies; mais ils font beaucoup plus agréables l’été quand ils font garnis de fruits, les uns rouges, les autres violets; ainfi ils peuvent fervir également à la décoration des bofquets du printemps ou de l’été. Lè n°. 2 , qui nous vient de Canada , a les feuilles d’un beau verd ; elles font longues , augmentent de largeur vers l’extré¬ mité, fe terminent en pointe, & ne font point dentelées; les nervures du deffous font affez relevées. C’eft un arbufte très- joli quand il eft en fleur ôc en fruit : fes fleurs font d’un beau rouge. Comme les oifeaux fe nourriffent des baies des Chamæcera¬ fus, on peut mettre dans les remifes l’efpece n°. î qui eft fort commune. Les fruits paflent pour purgatifs , ôc même on prétend qu’ils excitent le vomiffement ; on ne les emploie pas en Médecine. Il eft bon d’en être prévenu, pour empêcher les enfans d’en manger. CHAMÆCERASU S. N°. i Pa*e 1 5*4*1 Tojïiç I, PI, 55/» CHAMÆDRISy Tournef. Te u c riu m , Lînn. PETIT-CHENE. En Provence Calamendrier. M. Linneus n’a fait qu’un genre du Chamœdris & du Teucrium : nous le ferons aufti , pour les raifons qui feront rappor¬ tées au mot Teucrium y ainfi nous nous contenterons de faire re¬ marquer ici que le calyce [c) , qui ne tombe point , eft divifé en cinq parties prefque égales jufqu’à la moitié de fa lon¬ gueur. Le pétale (a b) eft unique, figuré en gueule, formé par un tuyau un peu recourbé : la levre fupérieure eft divifée en deux dans toute fa longueur , & les deux divifions font écar¬ tées l’une de l’autre : la levre inférieure eft ouverte , divifée en trois ; les découpures latérales font longues , étroites , ôc affez femblables aux divifions de la levre fupérieure, l'échan¬ crure du milieu eft grande, ouverte, & creufée en cuilleron. On trouve dans l'intérieur quatre étamines recourbées en forme d’alêne, terminées par de petits fommets : comme elles font longues , elles paroiflent entre les divifions de la levre fu¬ périeure. Le piftil ( à ) eft formé d’un ftyle menu qui accompagne les étamines, & d’un embryon divifé en quatre. L’embryon fe change en quatre femences (*)> couvert d’une peau [h) ; il renferme des femences oblongues. On apperçoit entre les capfules un filet qui eft le piftil defleché. Ses feuilles font longuettes , épaiffes , fermes , d’un verd fonce en deflus , un peu blanchâtres en deffous , arrondies par le bout, & pofees alternativement fur les branches, aux¬ quelles elles font attachées prefque fans queues : elles ne? tombent point pendant l’hyver. ESPECE . CHAMÆLEA tricoccos. C. B. P. Çhamælea dont le fruit eft compofé de trois capfules, CULTURE . Cet arbufte fe multiplie de femences. Il eft bon de le cou? ÿrir l'hyver avec de la litière 5 car il craint les fortes gelées. 4 CH A MÆLEA. USAGES. i;S Le Chamælea conferve pendant l’hyver fes feuilles, qui font d’un beau verd : ainfi il fera très-bien dans les bofquets de cette faifon; mais il faut, comme nous l’avons dit, le défendre des fortes gelées. Les Anciens employoient fes feuilles comme un puiflant pur¬ gatif ; mais maintenant on ne s’en fert plus que pour détergeç les ulcérés. Tomt L PL 60. . . •: ». .. 4 • - ■ »■ ■ » - *•••■• - • - > CHAMÆRHODODENDROS , Tournef, Rh o d o d en D RO N , Linn. DESCRIPTION, ; LE calyce des fleurs O) eft fort petit, divifé en cinq fegments ovales terminés en pointe : il eft ordinairement coloré en dedans, & il fubfifte jufqu'à la maturité du fruit. Cette fleur n’a qu’un pétale figuré en tuyau (J?) , qui s’évafe en forme de foucouppe, & cet évafement eft découpé en cinq. Aux efpeces que M. Linneus a nommées Kalmia , on api perçoit fous les découpures dont nous venons de parler , dix petites éminences ou fortes de mammelons , qui font formés par des cavités qui fe trouvent à la face fupérieure du pa¬ villon. Souvent les fommets des étamines relient engagés dans les cavités, ôc alors les filets qui les Emportent font des efpeces d’anfes. On trouve fouvent dans l’intérieur du tuyau dix étamines; mais les A z ale a Linn . n’en ont que cinq : elles font plus ou moins longues fuivant les efpeces. Au milieu eft un piftil (c), compofé d’un ftyîe cylindrique^’ & d’ un embryon qui devient une capfule pentagonale (d) 9 divifée en cinq loges (e) qui s’ouvrent par la pointe (/, g>h)9 elles contiennent des femences (i) allez fines. Les Kalmia Linn. ont les fruits fort courts & petits; les A z ale a les ont fort longs. Les feuilles des Chamærhododendros font allongées & de différentes formes } fuivant les efpeces : elles font pofées deux \Sà c HA MÆR HO DO DE ND R O S. à" deux 5 & quelquefois trois à trois fur les tiges , excepte les Azalea qui les o«t alternes. On voit que M. Linneus a fait trois genres de ce que nous comprenons fous un feul : mais il nous a paru que la circonf- tance des petites cavités du pétale du Kalmia dans lefquelles les fommets des étamines relient engagés , de même que celle de ne trouver que cinq étamines dans les Azalea , n’étoienc pas des différences affez confidérables pour multiplier les gen¬ res. Néanmoins nous dillribuerons l’énumération des efpeces en trois dalles, favoir : i°. Chamærhododendros. 20. Chamærhododendros Kalmia. 30. Cha - mærhododendros Azalea. On trouvera le détail de la fleur & du fruit aux mots Azalea Kalmia . ESPECES . ChAMÆRHODODENDRo s. C H A M JE R H O D O D E N D R O S Alpina , glabra. In fl. Chamærhododendros des Alpes, à feuille lilfe. 2. CHAMÆRHODODENDROS Alpina , villofa. Infl. Chamærhododendros des Alpes, à feuilles velues.’ 3. CHAMÆRHODODENDROS Alpina, ferpilli folio. Infl. Chamærhododendros des Alpes , à feuilles de Serpolet* Chamærhododendros Azalea. CHAMÆRHODODENDROS fupina , ferruginea , thymi folio 9 Alpina. Bocc. Azalea ramis dijfufo procumbentibns. Fl. Suec. Petit Chamærhododendros des Alpes , à feuilles de Thym, de couleur de rouille. J. CHA MÆ R HO DOD ENDRO S Virginiana , flore & odore Pericîy * meni . . . Cirrus. Pluk .Azalea foliis margine fc abris , corollis piloflt glutinofls. Linn. Spec. Chamærhododendros de Virginie, qui a la fleur de Pc- rjclymenum. 6. CHAMÆRHODODENDROS Virginiana , Fcriclymem flore CH AMÆRHO DO D EN D RO S. id dmpliori,' minus odorato . . . C/stus. Pluk. Azalea foins ovatis , corollis pilofis 3 jlaminibus longijjimis. Linn. Spec. Chamærhododendkos de Virginie, à grandes fleurs de Pe- riclymenum peu odorantes. Chamærhqdodendros Kalmia. 7* MÆ R HO D O D E ND RO S mariana Laurifoliaffloribus expan- Jis, Jummo ramulo in umbellam plurimis . . . C/stc/s. Pluk. Kalmia Joliis ovatis , corymbis terminalibus. Linn. Spec. Chamærhododendkos à petites feuilles de Laurier, qui porte les fleurs raflfemblées en bouquets comme en umbelle au bout des branches. o. CH A A4 Æ R HODODENDROS femper virens , Laurifolia , floribus c eganter bullatis . . . C/srus. Pluk. Aim. Kalmia joliis lanceolatls corymbis lateralibus. Linn. Spec. Chamærhqdodendros, arbufle à petites feuilles de Lau* lier, qui font lilies , & qui nJont aucunes nervures. ESPECES. Les Chamarhododendros proprement dits fe peuvent multiplier par les graines & les marcottes; & je crois même qu’on peut aufli employer les boutures. Les L/iamœrhododendtos Kalmia font encore trop rares en L rance pour que nous publions dire quelque chofe de politif lur leur culture. r Néanmoins M. Sarrazin nous apprend que l’efpece n°. 7 fe trouve au bord des ruifleaux; & nous le cultivons en pleine terre depuis plufieurs années. Le même Auteur dit que l’efpece n . 8 vient dans les terres incultes & feches. A egard des Chamœrfiododendros AÎzalea , ils fe pîaifent dans les terreins gras & humides. Ils fubfiftent dans les terres feches, mais î s ne s y éievent qu’à deux ou trois pieds; au lieu que c ans e_ ons terreins ils ont jufqu’a quinze ou feize pieds de v,ette nantp v*ent naturellement en Virginie & dans la Ca- o me . e e a fupporte les hyvers en pleine terre en Angleterre# *■ U e c Pro uit fes belles fleurs depuis plufieurs années. Tome E iti CHAMÆRHODODENDROS. USAGES . Tous les Chamœrhododendros portent de très-jolies fleurs, qui parodient la plupart dans le mois de Juin ; ainfi on peut les employer pour la décoration des bofquets de la fin du prin¬ temps. M. Sarrazin dit que le n°. 7 forme un arbriffeau qui s eleve environ à cinq ou fix pieds. Il eft chargé de feuilles ovales, qui fe terminent en pointe par les deux extrémités ; elles font unies, point dentelées par les bords, & elles fubfiftent 1 hyver. Les fleurs, qui font purpurines, font raflemblées par gros bouquets. Son bois eft fort dur; on l’employe en Canada a faire des eflieux de poulies & à d'autres ufages pareils. On prétend que fes feuilles font un poifon pour les oifeaux , pour les bœufs & pour les chevaux , & qu’au contraire elles font faines pour les chevres & pour les cerfs. Le n°. 8 eft un arbufte qui ne s’élève qu a un demi-pied : fes feuilles font ovales ôc terminées en fer de lance ; elles font plus petites & plus molles que celles de 1 efpece précédente* Ses fleurs font aufli plus petites , & elles ne font pas rafle m- biées par bouquets ; mais elles viennent trois a trois le long des tiges : elles font d’un fort beau pourpre. Cet arbufte conferve fes feuilles pendant l’hyver; & on lui attribue les memes vertus qu’au précédent. Les tiges de l’Azalea, qui dans les bons terreins font gro fies comme une canne, produifent de petites branches, furlefquelles les feuilles font rangées alternativement. Du bout de ces branches menues fortent des bouquets de fleurs qui reflemblent aflez au Chevre-feuille : elles ne font pas toutes de la même couleur; quelques plantes en produifent de blanches , d’autres de rouges , & d'autres de purpurines. Lorfque les fleurs font paflees , des capfules longues leur fuccedent : elles contiennent une infinité de femences très-fines* Cet arbriffeau n’a point encore fleuri dans nos jardins ; mais à en juger par ce qu’en dit JM. Catefbi, fes fleurs doivent y fournir un bel ornement» Tome I. Planche 61. . ï m .2 o ■ • ^ o • i a ■ * - . ' V. . J <'■ ■\ ' i 6 3 C HE NO P 0 D IU My Tournef. & L i n n. PIED-D’OI SON. DESCRIPTION ; IE calyce de la fleur (æ£) des Chenopodium eft compofé de J cinq feuilles creufées en cuilleron , dont les bords font membraneux. Il ne porte point de pétales , mais feulement cinq étamines ( c d) furmontées d’un fommet arrondi. Le piftil eft formé d’ un embryon arrondi, qui eft furmonté de deux ou trois ftyles ou filets courts , dont l’extrémité eft obtufe. L’embryon ( f ) , qui a toujours le calyce pour enve¬ loppe (^), devient une femence ronde ôc comprimée (g). ESPECE . CH EN O P O D IU M , Sedi folio minimo , frutefcens perenne. Boer. ind. ait. Sedvm minus fruticofum. C. B. P. Pied-dOis on qu’on appelle Petit Sedum, & qui forme un arbriffeau. Nous avons obmis les Chenopodium qui ne forment point des arbuftes, & quelques variétés de celui que nous venons de nommer. CULTURE . Cet arbufte fe multiplie aifément par bouture & par niar*« cottes. Il a peine à fupporter les très-fortes gelées. USAGES . Ses fleurs n’ont aucun mérite ; mais comme il ne quitte point fes feuilles, il forme un petit buiflon qu’on peut mettre dans iss bofquets d’hyver. Xij 3! f V v - - Tmc L PL 62, V.- ' . L . t’L . i . •: . .1 U , i U -i 0 V. .1 H O i**# • -mm-* . r • " ! , * ' • ' S C H 1 0 N A N T H U S y L i n nJ DESCRIPTION. LE calyce de la fleur eft d une feule piece divifee eiî quatre (a, c), de même que le pétale (b) qui eft un tuyau îort court, mais dont les découpures font longues & étroites * Jl iupporte dans fon intérieur deux étamines fort courtes ter- minces par des fommets figurés en cœur (d). On trouve dans l'intérieur un piftil (e), qui eft formé d’un embryon ovale, & d’un ftyle dont l’extrémité eft divifée en trois. L embryon qui eft à la bafe du ftyle devient une baie ronde , dans laquelle on trouve un noyau ftrié. Quelquefois on trouve des fleurs à cinq pétales; celles-là put trois étamines. 4 Les feuilles ovales font grandes & oppofées fur les branches, ESPECE, CH WNANTHVS Linn. Hort. Cliffi ou A»o, Z^NIcA fiat?/'. Plut *“htUS mUof"> floribus Mis, cuculi modo Uci- S n au drap des Anglois. CULTURE, Cet arbre, qui nous vient de l’Amérique feptentrîonale - 11 P» USAGES. Iesn e’fS fo,rment deS graPPes> il femble, quand cet l; on K En eft, Ch3rgd ’ ^ foit couvert de neige ; & lorfqu’el- le, tombent la terre en eft toute blanche : ainfi on peut l’em- leurk anT dtCOrer lesb°Pqti«s. Il eft encore affez rare icirji Jieunt au commencement de Juin». ... * • -I Di! ni.iu"'! * *+*;• -.-5 - • ^«um-ymr+9* - — ■ ? ; Jom h PU 6 3. ► l > - ■z:r , 5 - . - V J ' ■ ' ■ -*• O CI S TUS, To u r n e f. & Lin n. CISTE. DESCRIPTION . LA fleur (a) des Cilles eft compofée d’un calyce (b) ? formé de cinq feuilles ? dont deux alternativement font plus petites que les autres; de cinq grands pétales , de beaucoup d’étamines garnies de petits fommets fphériques. Il y a quel¬ ques efpeces qui n’ont que dix étamines > & dont M. Linneus a fait un genre particulier qu’il nomme Ledum. On trouve au fond de la fleur un embryon arrondi d’ou s’élève un ftyle obtus qui fe termine en trompe. L’embryoa qui fait la bafe du piftil devient une capfule (r) à plufieurs loges (d) , qui renferme de petites femences rondes (f). Les feuilles de plufieurs efpeces reflemblent à celles de la Sauge : elles font oppofées deux à deux fur les branches } àç elles confervent leur verdeur pendant l'hyver. ESPECES. !• CISTUS mas major , folio rotundiore. J. B* Grand Ciste à feuille ronde. 2. C1STUS mas, folio loagiore. J. B. Ciste à feuilles longues. 3’ CJSTUS mas foliis undulatis & crifpis. In fl.. Ciste à feuilles ondées & crépues. x 68 C I S TU S , Cifte. CISTUS mas , folio oblongo incano . C. B. P. Ciste à feuilles longues ôc velues. En Provence on Pappellg Massuguo. CISTUS mas , folio breviore . C. B. P. Ciste à petites feuilles. C. CISTUS femina , folio Suivis , elatior & redis virgis. C. B. P. Cl s T £ à feuilles de Sauge , qui sJéleve & fondent bien fes branches* " / 1 7. CISTUS ladanifera Monfpelienfium. C. B. P. Ciste de Montpellier qui donne du Ladanum. C I STU S ladanifera Hifpanica , Salicis folio. Inft. Ciste d’Efpagne, à feuilles de Saule. ij. CISTUS LE DO N, foliis Laurïnis. C. B. P. Ciste à feuilles de Laurier. jO. CISTUS LE D ON , foliis Populi nigrœ , major. C. B. P. Ciste à feuilles de grand Peuplier noir. jl. CISTUS LE DON, foliis Populi nigrs , miner . C. B. Po Ciste à feuilles de petit Peuplier noir. 12. CISTUS ladanifera Cretica. In fp. Ciste de Crete, qui fournit le Ladanum. 33. CI STU S LE D O N foliis Roris marini Fcrrugineis. C. B. P; Ciste à feuilles de Romarin. M. Linneus a retranché cette plante des Ciftes, ôc en a fait un nouveau genre, qu’il a nommé Ledum , Linn . fl. Lappc parce que i°. le calyce des Ciftes eft de cinq feuilles, ôc celui du Ledum eft d’une feule piece divifée en cinq ; 20. parce que la fleur des Ciftes contient beaucoup d’étamines, ôc que celle du Ledum n’en contient que dix. Pour le Cïflus Chamœrhododendros , ôc c. de Pluknet, voyez Cha+> Wiccrhododendros. Le Ciflus Jemper virens de Pluknet eft un Azaiea de Al. Linneus ; voyez Chamœrhododendros , CULTURE. JTous les Ciftes fe multiplient de femences. Comme C I S TU S , Clfce. \ccj Comme ils nous font apportés de pays aflez chauds , tels que font la Provence, le Languedoc, l’Efpagne, l’Italie, le Levant , ils periflent dans les grands hyvers ; ainfi on fera bien de les couvrir avec un peu de litiere. Les efpeces n° 8 o to, m & I2 font plus fenVtbles à la gelée que les autres’; & délicates aV°nS fuppr‘me ici fePc ou huit entre dans plu- emplâtres, & dans le baume apople&ique. Les Turcs en perhcieÛx “re;maiSle tt°P fréqU6nt ufaSe leur devienc au printemps, au pied de quelques efpeces de Cille ; rejettons qui s elevent a la hauteur d’un demi-pied • ils font œ r°Ufri’ tetndres & fucculents> & r e Ifeni bl e n t° en q e,que façon a la Joubarbe ou a l’Orobanche. C’ell une plante râ .Labdanl,m & font fynoni- . Voyage du Levant . tom. , , p. 83. Tome h y j 7o C I S T U S , Cijîe. parafite } qui tire fa fubfiance des racines du Gifle : on 1 appelle Hvpocistis , en François Hypocijle. Son fuc épaifîi en confi- f lance d’extrait , efl fort aflringent. Cette plante parafite efl repréfentée dans une des planches y au pied d’un gros Gifle, Tome I. PI. 64. v >1 -• - - 'fi - . ' v. < r- Tome L PI 6$, Tome I. Plt 66, . Tome I. PL 68, . — “■ . . - *••• - —T \ ' - -, ■ L LE MATITIS , Tournet. Clematis, Linnv CLEMATITE ou HERBE AUX GUEUX. D E S C R I P T I 0 N. IES fleurs (a) de la Clématite n’ont point de calyce ; mais quatre ou cinq pétales , avec beaucoup d’étamines ôc quantité de piftils fort longs (b). La bafe de chaque piflil eft un embryon qui devient une femence (d) : pendant qu elle le forme, les ftyles s allongent; & lorfque les femences appro¬ chent de leur maturité, ils relfemblent à des plumes qui s étant recourbées en différens fens, forment une efpece de boule qui paroît être de duvet (c). Les feuilles font oppofées fur les branches , & leur figure varie beaucoup dans les différentes efpeces. Elles ne font point dentelées. ESPECES . I. CLE MAT ITI S fllveflris latifolia. C. B. P. Clématite des bois à grandes feuilles. £. CLE Al AT ITI S Canadenfls trifolia dentata flore allô. Boerh. Clématite de Canada à trois feuilles dentelées, & à fleurs blanches. S • CL 11 MATITIS peregrina foins Pyri incifls. C. B. P. Clématite exotique, à feuilles de Poirier découpées, Y ij jyt CLE MAT I T I S , Clématite . q. C L E M AT IT I S Orientalis Apii folio flore viridi flavefcente poferius reflexo. Cor. In H. Clématite d u Levant, à feuille de Perfïl , dont la fleur efl d'un blanc verdâtre. C L E M ATIT I S cœritlca vel purpurea , repcns. C. B. P. Clématite rempante à fleur bleue. 6. CLE M ATIT I S cœrulea flore pleno. C. B. P. Clématite à fleur double bleue. 7. CLE M ATIT I S purpurea repens , petalis forum ccriaceis. Raj. Hifï. Clématite rampante de Virginie, dont les pétales reflemblenc à des lanières. S. CLE MATITIS Alpha , Gcr ami folio. C. B. P. Clématite des Alpes à feuilles de Géranium. Atragene, Linn. Spec. plant. 9. CLE MATITIS cœrulea eretta. C. B. P. Clématite qui foutient les branches, & dont la fleur efl bleue. Cette efpece n’eft point un arbufle > puifqu’eîle perd fes feuilles tous les hyvers : mais comme elle fait un fort bel effet par fes grandes fleurs , qui font d’un bleu très - vif , ) ai cru devoir en faire mention à la fuite des autres } qui font des plantes grimpantes. CULTURE . Si i on excepte la Clématite à fleur double , les autres peu¬ vent s’élever de femences. Toutes fans exception peuvent être multipliées par marcottes : mais il faut être prévenu qu elles produifent difficilement des racines ; ainfi il faut les lier avec du fil de cuivre recuit au feu , ôc ne les fevrer que la troifieme année. Plufieurs efpeces tracent ôc fournifïent abondamment du plant bien enraciné. USAGES . Toutes les Clématites > fans en excepter le n°. i , qui vient naturellement dans les haies ; font des bouquets de fleurs très-jolis; C L E MAT I T I S , Clématite . ï 7 3 la plupart font farmenteufes , & peuvent fervir à garnir des terrafles , des murailles & des tonnelles; elles fleuriflent à la fin de Juin. La Clématite à fleur double fleurit dans le mois de Juillet : elle eft alors toute couverte de fleurs, qui font d'un pourpre foncé & un peu terne. Les Jardiniers fe fervent de i’efpece du n°. i pour lier leurs légumes au lieu d’ofier. On en fait aufli de jolis panniers, en ne confervant que la partie ligneufe qui eft au milieu. Cette plante eft efearotique : les pauvres s’en fervent pour fe former des ulcérés aux bras & aux jambes dans la vue d’exciter la compaflion, & ils fe guériflent avec des feuilles de poirée : c’eft pour cette raifon qu’on l’appelle Herbe aux Gueux. Quelques-uns la nomment mal-à-propos Viorne? ce nom ne convient qu’au Viburnum , Tome L PL 70 Tome I. PI. 6 9 BBHHMi A - ■ . ’ 1 75. C L E T HR A , G r o n o v. (5 Linn. DESCRIPTION. IE calyce (ad) delà fleur de cette plante eft formé de à cinq feuilles ovales creufées en cuilleron, ôc de cinq pétales oblongs un peu plus grands que les feuilles du calyce [b c). On apperçoit dans le milieu de la fleur dix étamines (ef), ôc un piftil (g ) qui eft formé d’un embryon fphérique, ôc d’un ftyle terminé par un ftigmate divifé en quatre ; l’embryon devient une capfule à trois loges (h) qui contiennent plufieurs femences anguleufes (i). Les feuilles de cet arbriffeau font entières, ovales, allongées, terminées en pointes, dentelées par les bords, ôc pofées altes- ■nativement fur les branches. ESPECE , ■CLE TH RA. Gronov. Virg, CULTURE . Cet arbriffeau fe plaît fingulierement dans les terres aquatî» ques , ôc il fupporte les hyvers , du moins dans les pays mari¬ times. On peut l’élever des femences qu’on nous envoyé de la Louyflane , ôc le multiplier par des marcottes. USAGES. Le Cléthra produit de jolis épis de fleurs blanches dans le inois^ de Juillet ; ainfi il doit fervir à la décoration des bofquets 4 été, pourvu que le terrein en foit un peu- humide. . • > Colutea , CO LUT E A 9 Tourner. & BAGUENAUDIER. DESCRIPTION . IA fleur (a) du Baguenaudier eft légumineufe ; fou calyce [b)9 _j qui ne tombe point, eft une cloche divifée en cinq par les bords. Les cinq pétales prennent différentes figures fuivant les efpe- ces. Ordinairement les ailes (a la) font petites ôt figurées comme une lance. Les étamines, qui font au nombre de dix, font réunies par le bas, ôt forment une gaine qui enveloppe le pifHl. Le piftil (b), qui eft recourbé par le haut, porte à fa bafe un embryon applati ôt allongé qui devient une veflie (c) aiïez groffe ôt prefque vuide , dans laquelle on trouve plufieurs fe- mences (d) figurées comme un rein (e). Elles font attachées par des pédicules à deux nervures qui font dans une gouttière , qui s’étend dans toute la longueur des veflies. Les feuilles de cet arbrifleau font conjuguées, étant formées de folioles ovales qui ne font point dentelées par les bords, mais échancrées à leur extrémité , ôt rangées deux à deux fur un filet qui eft terminé par une feule. Chaque feuille porte or¬ dinairement neuf ou onze folioles. Ces feuilles font pofées alternativement fur les branches. Tome h Z ly o COLUTEA, B aguenaudier. ESPECES. i. COLUTEA veji caria. C. B. P. Baguenaudiez qui porte des veilles. COLUTEA veftcaria ? vef cutis rubentibus. J. B. Baguenaudiez, qui porte des veffies rougeâtres. 3. COLUTEA Orientait s , flore fan min à coloris . luteâ macula notato. Cor. Infh B a g u e n a u d i ER d’Orient , dont la fleur efl rougeâtre , marquée d'une tache jaune. Nous ne parlons point ici de plofieurs efpeces de Bague-» naudiers qui font annuels , ou qui craignent nos hyvers. P + CULTURE . Les Baguenaudiers fe multiplient très-aifément de femences & de rejettons. Ces arbriffeaux s’accommodent bien de toutes fortes de terres. U S Al G E S. Les Baguenaudiers font en fleur à la fin de Mai : ils font très-propres à décorer les bofquets du printemps. On fera bien d’en planter dans les remifes ; car pour peu que la terre y foit bonne , ils ne manqueront pas de s’y multi¬ plier d’eux-mêmes. Le Baguenaudier du Levant à fleur rouge , ne s’élève pas autant que celui du n°. 1 ; mais fes feuilles font d’un verd argenté , & fes veffies font ouvertes par le bout ; ce qui fait que fes graines font allez difficiles à ramaffer. Les feuilles ôç les gouffes du Baguenaudier font purgatives. On pourroit fubftituer fes feuilles à celles du Séné : cependant on ne les employé pas à cet ufage > parce qu’il faudroit en aug¬ menter beaucoup la defe, & que fans cela elles purgent trop lentement. Tome I . PI. 72. ' • Jv r ,■ V O ?• M». . ’ v ■ . CO RI ARIA, Nissol; & Linn. « fa- description. il S heurs du Conaria font hermaphrodites: elles viennent en grappes. Ces fleurs ont deux calyces : l’extérieur ' qui paroît en (£), eft divifé en cinq pièces jufqu’à fa bafe ; ce calyce fubfifte jufqu’à la maturité du fruit (//). Le calyce intérieur qui paroît en (c) eft également divifé en cinq feuilles epaihes , tellement collées fur les fruits , qu'une portion de leur chair fe prolonge entre les femences (i) . Dans le milieu de la fleur du Coriana , 1 on apperçoit cinq .emorions (d R ^ furmontes d un pareil nombre de ftyles affez longs , & d’un rouge vif : on voit dix étamines (de) autour ue ces embrions. Ces cinq embrions fe changent en autant de femences qui font ici repréfentées en (g) & dépouillées de leur fe cond calyce en ( i). Les îeuiiies de cet arbufte font affez larges par la bafe ^ point dentelées, mais terminées en pointe; relevées en deffous t-à;s n ei vu res , creufees en defîus de trois filions, ôt oppo- iv,^s deux a deux fur les branches ; elles fe replient prefque toutes du même côté. Les tiges font relevées fuivant leur longueur , de quatre pe¬ tits filets en relief qui les font paroître quarrées. Tome L Ç 0 Kl A RI A. Ad. Acad. Par. CULTURE . Le Coriaria trace beaucoup , & ne fe multiplie que trog quand il trouve une terre un peu bonne. USAGES . Cet arbrifleau forme un buiflon de trois ou quatre pieds de fauteur : il conviendroit de le placer dans les remifes ; nm quelques perfonnes prétendent qu’il fait avorter les brebis. Ce foupçon fuftit pour empêcher qu’on ne le multiplie dans les campagnes. On dit encore que c’eft un violent poifonôc que cinq ou fix baies font capables de faire mourir un homme : lorfque les moutons en mangent les pouffes , ils deviennent comme eni¬ vrés ; cependant cette ivrelfe paffe en peu de temps : c eft peut-être ce qui aura fait dire que cet arbrifleau fait avorter les’ brebis , & cette propriété pernicieufe peut lui avoir été attribuée avec raifon. Comme fes feuilles y qui font d un beau verd y fubfiffent jufqu’aux fortes gelées , il pourra être mis dans les bofquets d’automne. On peut employer cet arbufte y comme le Sumac y pour tannée les cuirs ; c’eft pour cela qu’on l’a nommé Coriaria . Les Tanneurs font fécher le Coriaria , & le font moudre fous une meule : cette poudre donne un tan plus fort que celui de l’écorce du Chêne. Quand ils veulent hâter la pré¬ paration des cuirs , ils mêlent avec le tan ordinaire un tiers ou un quart de cette , poudre & par ce moyen le cuir eft plutôt préparé ; mais il en vaut beaucoup moins pour 1 ufage* * » - • . _ 4 »• . '• ■' - ■ ' ■ - . : ...... *t . ■ >“■ • •«. il . ■ ,i8i COR NUS, Tournef. & Linn. CORNOUILLER* description. IA fleur du Cornouiller eft formée de quatre, & rarement j cinq pétales (a b), qui partent d’un calyce qui a un pareil nombre de découpures {c). On trouve dans cette fleur le même nombre d’étammes, ôc un piilil compofé d’un ftyle menu, ôc d’un embryon (c) qui fait partie du calyce : cet embryon de- vient une baie qui eft terminée par un ombilic (d) , & dans laquelle eft un noyau fort dur (e). divifé en deux loges (/), qui contient deux amandes (g). Plufieurs de ces fleurs fortent d’un même bouton , qui forme un calyce commun dans les efpeces qu’on nomme improprement males : ce calyce com¬ mun ( Involucrum) eft quelquefois fort grand. Les feuilles font ovales , terminées en pointe , ôc relevées en deffous de nervures très-faillantes qui partent de la nervure du milieu , ôc vont circulairement fe rendre à la pointe. Elles font oppofées deux à deux fur les branches , & ne font point dentelées par les bords. Quoique les fleurs des Cornouillers (oient hermaphrodites , on diftingue , allez mal-à-propos, ces arbres en mâles ôc en fe¬ melles. Les mâles confervent le nom de Cornouiller , ôc les femelles prennent celui de Sanguin , parce que leurs jeunes branches 6c leurs feuilles font prefque toujours fort rouges ; mais les Cor¬ nouillers fe diftinguent encore mieux des Sanguins par quatre feuilles ordinairement colorées qui accompagnent les bouquets de fleurs, 6c qui forment un calyce commun. Les fruits des Cornouillers, n°. ï, lorfqu’ils font mûrs , font de la forme de petites olives : ils font d’un fort beau rouge «, J 3 à C O B. N U S, Cornouiller . & ils ont le goût de l’Epine-vinette : ils viennent par pe¬ tits bouquets de deux, trois ou quatre, qui fortent d’un même bouton. Les fruits des Sanguins font ronds, très-acres, violets au dehors, verds au dedans, & rafïemblés au bout des branches en forme d umbelle : l’écorce de ces branches eh; ordinairement rouge. Les boutons des Cornouillers font très-pointus j ôc les bran-* ches font avec les tiges un angle très-ouvert. ESPECES. I. CORNUS flveftris mas. C. B. P. Cornouiller des bois. z. CO R N US hortenfs mas. C. B. P. Cornouiller ordinaire cultivé. Les Provençaux l’appellent A c U R N 1 E R. 3 • COR NU S hortenfis mas , fruElu ccra, colore. C. B. P. Cornouiller cultivé, à fruit jaune. 4* CORNUS hortenfis mas, fruftu albo. C. B. P. Cornouiller cultivé, à fruit blanc. $• CORN VS hortenfis mas , fruftu faturatiks rubentc, cum offeulo craflore & breviore. C. B. P. Cornouiller cultivé , à fruit rouge foncé , dont le noyau eft gros les efpeces n°. 1 , 2 , 3, 4 ôc 7, portent de très-petites fleurs qui s’ouvrent dès le mois de Février en fi prodigieufe quantité que les arbres paroiffent tout jaunes. Les fruits des efpeces > n°. 1 & 2, devien¬ nent d’un beau rouge , lorfqu’ils font mûrs. O11 peut alors les confire comme l’Epine-vinette ; car ils font fort aigrelets. Ou prétend encore que fes fruits verds peuvent être confits au vinai¬ gre comme les olives. Comme cet arbre fouffre le cifeau , on peut en faire de jolies paliffades baffes ; & puifqu il s’accommode affez bien des terres médiocres , on peut en mettre dans les remifes. Le Sanguin porte au commencement de Juin d’affez gros bouquets de fleurs blanches qui n’ont cependant pas beaucoup d'éclat. Ses fruits font abandonnés aux oifeaux 3 Ôc comme il trace ï?4 CORNUS , Cornouiller. beaucoup , il convient de le mettre dans les remifes. On peut aufti l’admettre dans les bofquets printaniers. Les efpeces , n°. 6 ,8, 9 , io 6c ii, méritent une attention particulière. , a , L’efpece n°. 1 2, ne peut pas être regardee comme un arbïilte * tant elle eft petite ; néanmoins fi l’on parvenoit à la familiariier avec notre climat, on pourroit en faire des bordures , qu il fau*v droit relever fréquemment , parce quelle trace beaucoup. Mais îufqu’à préfent cette plante n’a pas fait ici de grands progrès : il conviendroit de la placer dans des terreins frais & hu- Comme les Cornouillers ne font pas de grands arbres, leut bois n’eft pas d’un grand ufage , quoiqu’il foit fort dur. Les fruits des Cornouillers font recommandes pour arrêter les diarrhées 6c les flux de fang. CORONILLJ, Tome L PL 7^. «•* . - ta . ; ' . ; * . ! ‘ ' •• ' , v i . • ' '•* * i ' » . ■ . H < -i * ; ;■ - , - . ; V * ! » , ! » >■ , i * . ÜMMBMBMM— i B ■» . ' • ••• ' - •*• • ' -3* T-' * - - ' •'** ‘ ... . -V v.V ' ' . : - . ... i . . •//.' - a ;V . . / — v--~- ■ À ■< •V -i V ' . •' ,\'l .X CORONILLA, T o u r n e f. & I, i n n: DESCRIPTION. IE S fleurs (a) du Coronilla font légumineufes & formées a d’un calyce (r) afifez courte découpé en cinq inégalement, de forte qu’on apperçoit trois petites levres ôc deux grandes* Le pavillon (vexillum) eft allez petit, figuré en cœur, ren- verfé en dehors. Les ailes (alœ) , qui s’approchent l’une de l’autre par le haut, ôc s’écartent par en bas, font ovales. La nacelle ( carina ) eft courte, applatie, ôc relevée par l’extrémité ( b). On apperçoit dans l’intérieur dix étamines qui fe réunifient par le bas (f), ôc forment par leur réunion une efpece de gaine qui environne le piftil. Ce piftil ( d ) devient une filique (e) qui contient plufieurs femences arrondies, oblongues (g). Comme la filique eft com¬ primée entre chaque femence , il femble qu’elle foit formée de plufieurs petits corps cylindriques (fh) articulés les uns au bout des autres. Les fleurs de cet arbriflfeau font rafifemblées par bouquets , ôc difpofées de maniéré qu’elles forment une efpece de cou* ronne. Les feuilles font conjuguées; ainfi les folioles font rangées deux à deux fur un filet commun qui eft terminé par une feule. Les feuilles font attachées alternativement fur les bran¬ ches , ôc garnies de ftipules à leur infertion. Celles du n°. îj font allez grandes. ESPECES . j. CORONILLA maritima glauco folio. Inft. Coronilla maritime , a fleurs bJanchâtres3 Tome I, A a CORONILLA. 2. CORONILLA filiquis & feminibus crajjîoribui. Inft. Coronilla dont les femences & les filiques font groffes. Nous ne comprenons point dans ce Catalogue plufieurs efpeces de Coronilla qui perdent leurs tiges l’hyver. M. Linneus a rangé dans ce genre le Securidaca & VE me ru s. On peut les diftinguer par les femences, qui font quarrées dans le Securidaca, cylindriques dans ÏEmerus , ôc rondes dans le Coronilla, LV oyez E me ru s, CULTURE. Ces arbuftes fe multiplient de femences & par marcotte?. Ils n’exigent aucun foin particulier. Il leur fuffit , comme à tous les petits arbuftes , quils ne foient pas étouffés par l’herbe» USAGES . Les Coronilla dont nous parlons , ne forment que de très- petits arbuftes , mais qui font tout couverts de fleurs d'un très- beau jaune pendant une partie du mois de Juin. Ces fleurs paffent pour émollientes, & font employées dans ies cataplafmes ôc dans les décodions. CORONILL A. N°. i. Terne L PI. 7 6. . • . / l87. CO RYLUS, Tournef. <§Linn. NOISETTIER, ou AVELINE. DESCRIPTION. IE Noifettier porte des fleurs mâles &: des fleurs femelles^ a Les fleurs mâles {a) étant grouppées fur un filet commun , forment des chatons écailleux. Sous les écailles (bc) on apper* çoit de fort petites étamines. A d’autres endroits du même arbre s’ouvrent des boutons (d) ° CO RYLUS, Noijettier . pourquoi il eft très-bon à en faire des cercles pour les petits barriis : les Vanniers l’employent aufli pour faire la charpente de leurs petits ouvrages ; enfin on en fait des baguettes pour les Chandeliers , & des fauffets pour fermer les trous de vrille que l’on fait aux futailles, Terne I, PU 77 .. 4. .îw «- * O • X Kl 'V »> ‘A 1 L > - * ; ■ ‘ : 1 . > , . « * J % •* v ; . - * - ■* ■ \ ■ r là S ■ * 1 v \ . . . - . • . • - DESCRIPTION. IES parties de la fleur (a) du Fuftet font, un calyce d’une «J Feeile piece , qui eft divifée en cinq lanières obtufes* cinq petits pétales (b) ovales difpofés en rofe (c), & cinq pe¬ tites étamines furmontées de fort petits fommets. Le piftii eft compofé d’un embryon triangulaire , d’où partent trois ftyles ou filets dont 1 extrémité eft obtufe. L’embryon devient une baie ovale (d)9 dans laquelle on trouve une femence triangu¬ laire. Les fleurs viennent au bout des branches en forme de grap¬ pes ; elles paroiflent pourpres. Quand les baies fout tombées , ce3 grappes reflemblent a une touffe de bourre ; car outre lej queues qui portent les baies , & qui n’ont point de poils, il y en a beaucoup d’autres qui font hériflees dans toute leu$' longueur de poils très-fins. Les feuilles de cet arbrifleau font d’un beau verd , entières*’ point dentelées, ovales, arrondies par le bout, portées par des queues afiez longues, ôc attachées alternativement fur les branches. Au milieu de la feuille eft une nervure jaune qui s’étend dans toute fa longueur : il en part de latéralles qui tendent: vers le bord de la feuille , & celles-ci font prefque un anglqr, droit avec la nervure du milieu. ESPECE i COTINUS Coriaria. Dod. pempt» 1 U 5 T e x des Corroyeurs, ijï C O T 1 N U S , Fuji et» CULTURE . Cet arbriffeau fupporte bien nos liyvers : néanmoins comme il nous vient des pays chauds , nous mettons un peu de litiere fur les racines, afin que la fouche repouffe de nouveaux jets ^ il des gelées extraordinaires faifoient périr les branches. On peut l’élever de femences qu’on tire d’Efpagne, d’Italie du Levant ; car elles ne mûriffent point dans ce pays. Cette raifon fait que nous le multiplions par des marcottes; mais il ne faut les lever que dans la troifiéme année : car elles pouffent difficilement des racines. Le Fuftet vient allez bien dans des terres fort médiocres* USAGES. La fleur du Fuftet n’a aucun mérite; ainfi cet arbriffeau ne convient point dans les bofquets du printemps ; mais il eft fort garni de feuilles, qui font fermes prefque comme celles du Laurier: elles font d’un verd agréable, & elles confervent leur verdeur jufqu’aux gelées; ainfi les Fuftets doivent être mis dans les bofquets d’été & d’automne. Leurs feuilles font bonnes, ainfi que celles du Chêne vert^ pour tanner les cuirs, & l’on fe fert du bois de cet arbriffeaii pour les teintures jaunes. On attribue au Fuftet les mêmes vertus médicinales qu’au Sumac* CR A TÆ GUS * Tome I. PL 78 - - V: f B-.|- ‘ - . • f CRATÆGUS , Tournef. & Linn. ALIZIER; DESCRIPTION. LÀ l i z i E R porte fes fleurs ( a ) raflemblées en bouquets; Leur calyce eft d une feule piece figurée en coupe , di-. vilée en cinq par les bords : il ne tombe point. Le calyce porte cinq pétales (b) arrondis , creufés en cuiL leron , & une vingtaine d etamines (f), qui font terminées pat des fommets arrondis. La bafe du calyce {d) renferme l’embryon d’où partent quatre ou cinq ftyles (e). L’embryon devient une baie ( f ) charnue , arrondie, & qui eft terminée par un ombilic; elle renferme deux femences oblongues 6c cartilagineufes. Les feuilles des Aliziers font grandes , fermes ôc placées alter-* nativement fur les branches, où elles reftent attachées jufqu aux gelées; mais elles perdent leur éclat d allez bonne heure. Néan¬ moins il y a quelques efpeces, comme 1 Alouche de Bourgogne, qui confervent plus long-temps la beauté de leurs feuilles.° Les Aliziers a feuilles découpées ( joliis laciniatis ) ont leurs feuilles echancrées , de maniéré que les bords forment ordinai¬ rement neuf grandes dents pointues, qui font outre cela fine¬ ment dentelées par les bords. Les efpeces n°. 46c 5- ont leurs feuilles feulement dentelées : ôç celui de Virginie, n°. 6 , qui a les feuilles affez petites, les a dentelées fi finement quelles femblnet être fans dentelures. Les boutons aes Aliziers font prcfque comme ceux dit Poirier. Tome ïa p h I> Kf 4 r /? AT ÆC US , Aliter. ESPECES . 1. CR AT Æ GU S folio laciniato. In (h Ali zi ek à feuilles découpées. 2. C/ï AT Æ GUS folio fubrotundo ferrato & laciniato. Bot. P ar» A l I z i e r à feuilles arrondies, dentelées & découpées» 3. C R AT Æ GU S folio fubrotundo minus laciniato. Bot. Par. Alizier à feuilles arrondies moins découpées. CR A T ÆGUS folio fubrotundo ferrato fubtus incano. Tnft. A lizie r à feuilles arrondies de blanches en deffous, ou Alouche de Bourgogne. 5. CR ATÆGU S folio oblongo ferrato , a trinque virente. Inft. A L i z 1 e k à feuilles oblongues , dentelées & vertes des deux côtés» 6. CR. ATÆGU S Virgmiana foliis Arbuti. Inft. Alizier de Virginie, à feuilles d'Arboufier , finement dente¬ lées: au bord des' feuilles & fur l’arête du milieu, on apperçoic de petits points noires qui parodient glanduleux. M. Linneus, dans fes Spec. plant, a réuni au Cratœgus le Sorbus torminalis , les Oxiacantha & les Mefpilus Apii folio ; & quoiqu’il n’y ait dans les parties de la fructification , que le feul fruit qui puiffe les faire ranger fous des genres particuliers, les fleurs étant les mêmes, nous leur avons cependant con- fervé les dénominations données par les anciens Botaniftes. CULTURE. L’ Alizier eft un arbre de forêts , qui fe plaît dans les terres qui ont beaucoup de fonds. On peut le multiplier de femen- ces; ôc elles lèvent naturellement dans les bois lous les gros arbres. Les efpeces rares peuvent fe greffer fur 1 Alizier ordinaires On pourroit aulfi en faire des marcottes» USAGES . L’Alizier eft un arbre de moyenne grandeur, ainfi il ne C R AT Æ GUS, Alisier. i y y convient point dans les grandes avenues, ni dans les grandes futaies. On peut en faire de petites allées dans les parcs; ôc il convient dans les taillis , où fon fruit attire les oifeaux. Ses fleurs qui viennent par bouquets, font un bel effet au printemps. Gomme les feuilles de plusieurs efpeces perdent leur éclat de bonne heure, il convient de n’en point mettre dans les bofquets d’automne. Cet arbre vient allez bien à l’ombre ; c’eft pourquoi on pourra s’en fervir pour garnir les clairières qui fe trouveront dans les bois de moyenne grandeur* Quand les Alizés (c’eft ainfi qu’on nomme les fruits des Aliziers) font molles comme les neffles, elles font allez agréa¬ bles à manger. ° Le bois de l’Alizier eft fort dur ; mais il n’a point de cou¬ leur : les Charpentiers l’employent pour faire des alluchons ôc des fù féaux dans les rouages des moulins. Il eft recherché par les Tourneurs; ôc les Menuifiers en font la monture de leurs outils. On fe fert aulfi des jeunes branches pour faire des flûtes & des fifres. Le fruit de l’Alizier eft aftringent ôc propre à arrêter 1%, diarrhées. B b ij * i :' Y, /: v • x Y . '**- • w. . , . • .. t- - . ..... .H CUPRESSUS > Toiirnef. & Linn. CYPRES, DESCRIPTION. LE Cyprès porte, fur différentes parties du même arbre des fleurs^ males & des fleurs femelles. Les fleurs males (a), ralfemblées fur un filet commun, for- ment de petits chatons ovales & écailleux. On découvre fous les écailles (b) quatre étanunes , ou plutôt quatre fommets qui fourniffent beaucoup de poufliere très-fine; de forte qu’en cer¬ tains jours du printemps , lorfque les étamines s’ouvrent, ou croiroit qu il fort de la fumée des gros Cyprès. a*iJ^5r‘femf“..W f0rjent fautres bout°ns fous la forme dun petit cône écailleux, dans lequel on ne découvre ni pé- - ni P'Ms bien apparents ; néanmoins il fe forme en cet endroit un fruit prefque rond (d), qui, lorfqu’il eft mûr (,) , fe gerfe a la fuperficie, & s’ouvre peu à peu , de la circonfé- rence au centre , en plufieurs fegments de fphere if) , entre leÜfese S f°nt qUantké de femenCCS ( affez “enu« & angu- ^ On voit par cette description que les épithetes, mâle & fe- impropres °" * d°‘lneeS 3UX efPeces «°. i & 2 , font très- articulée Ufl^S dU ^Prc® ^ont tres-petites , pointues , & comme ro ffent n’1 TC aUtreS ; ou Plutôt !es Cyprès p⬠tes branrh J°r ^ ^ Petltes brandies rondes & vertes : mais fcfilles ell "T couvertes de Pe«tes écailles ; ce font-là les «de ces petes branche' * “ liSnCUX ^ eft dans laxe r *Y CUP RES SUS , Cyprès . Les feuilles du Cyprès de Virginie, n°. 4, font compofées d’une cinquantaine de petites folioles longues 6c ovales , qui font rangées par paires fur une nervure commune qui eft ter¬ minée par une feule. Ces feuilles , qui font pofées alternati¬ vement fur les branches, tombent l’hyver. Les fruits de ce Cyprès reffemblent extérieurement aux noix des Cyprès ordinaires ; mais l’intérieur eft fort- différent. On apperçoit fous une croûte qui enveloppe le fruit, des amandes ovales très-réfineufes qui font enchaffées dans des efpeces de capfules ligneufes, de fgure fort irrégulière. Ces amandes font attachées à un filet ligneux qui eft au milieu du fruit. Quand cet arbre fera plus connu, il eft à préfumer qu’on le féparera du genre des Cyprès pour en faire un particulier. ESPECES. J CUP RE S SU S meta in faJUgîum convoi ut a , mu fœmina Plinii Inft. Cyprès qui a les branches raiïemblées comme en un faifceau» • • CUP RESSUS ramos extra Je /purgent, c\m mas Plinïi. Inft. Cyprès qui étend lès branches. 3 . CU P RE S SUS Lufitanica patula , fruttu. minori. Inft. D Cyprès de Portugal, à petit fruit. 4. CUP RE S SU S Virginiana foliis Acacu décidais. H. L. B. ~ Cyprès de fa Louyfiane à feuilles d’Acacia, & qui fe dépouille l’hyver. CULTURE . Le Cyprès 11e fe multiplie que de femences : il y a des années où elles lèvent très-bien ; mais fouvent il en leve fort peu, ce qui nous a engagé à les femer dans des terrines fur couche , ôc la fécondé année on plante en pepinicre les petits pieds. Il faut préferver de la gelée les jeunes Cyprès , ôt ceux qui font nouvellement plantés ; mais quand ces arbres font un peu gros, & qu’ils ont bien pris poifelfion de la terre, ils Appor¬ tent très-bien l’hyver. Il n’y a que celui de Portugal qui eft plus délicat ; fes feuilles ont une odeur allez agréable. CU P RE A S Jj S , Cyprcs . i y ^ Les Cyprès s accommodent bien de toutes fortes de terres, viennent vite : 1 efpece n°. 4 , eft la feule qui fe plaît à l’ombre ôc dans les terreins fort humides. Apres bien des tentatives , nous avons enfin reconnu que pour oir des graines de Cyprès propres à germer, il faut, dans les mois ae Mars ôc d Avril , chercher les noix qui commencent à s ou\ rir. On les met dans une boite, dans un grenier un peu chaud, ou au foleil , jufqu a ce que les noix s’ouvrent d’elles-mêmes; ôc l'on feme la graine qui tombe au fond de la boîte. Alors elle leve en tres-peu de temps. Si l'on ouvre les noix pour en tirer la graine , il eft rare qu’elle germe. Il faut auffi avoir l’at¬ tention de ne pas femer cette graine trop avant dans la terre. Mais le pius sûr eft de tirer la femence de cet arbre des Pro- \inces méridionales , comme de la Provence ou du Languedoc» USAGES. Le Cyprès , n°. 1 , forme naturellement une pyramide qui fait un très-bel effet le long des allées. L’efpece , n°. 2 , étend fes branches , ôc convient dans les mafîîfs. On peut aufii faire de belles allées en plantant alternativement les deux efpeces , fur-tout fi l’on a foin d’éla¬ guer le n°. 2 , pour lui former une tige. On peut planter les Cyprès en maftifs ; ils formeront des bois qui feront agréables pendant l’hyver. Leur défaut eft d'être d’un verd obfcur qui eft défagréable pendant l’été; mais dans î’hyver , quand les autres arbres font dépouillés, on ne les trouve plus difgracieux à la vue : ainfi on ne doit pas manquer de mettre les trois premières efpeces dans les bofquets d’hyver. L’efpece, n°. 3, eft d'un plus beau verd, U l’odeur de fes feuilles eft plus agréable ; mais il craint les grandes gelées , ôc 1 on fera bien de ne le rifquer en pleine terre que quand il fera un peu fort , ôc à des expofitions qui le mettent à couvert du grand froid. Comme l’efpece du n°. 4 quitte fes feuilles l’hyver, il ne convient point dans les bofquets de cette faifon ; mais on pourra 1 employer pour garnir les parties baffes des parcs. On devroit beaucoup multiplier les plantations de Cyprès £ ! o o CU P RE S S US , Cyprès: il y a peu d’arbres dont on pût retirer plus d’utilité. Son bois eft de bonne odeur, & l’on peut le fubflituer au Cedre. Il a le très-grand avantage d’être prefque incorruptible. Nous avons une enceinte de melonniere dont les poteaux font encore très-fains, quoiqu’ils foient en place depuis près de vingt-cinq ans : ainfî des Cyprès de fept à huit pouces de diamètre conviendroient très-bien pour faire des contr’efpaliers , pour paliiïader des Villes de guerre , & pour beaucoup d’autres fervices où le Chêne ne fubfifte que fept à huit ans. Les jeunes branches l'eroient très -propres à faire des échalats, & des treillages d’efpaliers. Je ne puis rien dire de la qualité du bois de l’efpece n°. 4^ parce que cet arbre qui nous vient de la Louyfiane eft encore trop rare en France pour que nous ayons été à portée de connoî- tre la qualité de fon bois. Les Cyprès font des arbres réfmeux, & l’on dit que dans les pays chauds ils fourniffent de la refîne quand on a fait des incifions à leurs branches ; néanmoins il 11’en fort point des branches que nous coupons à nos gros Cyprès. Nous avons remarqué qu’il fort , en très-petite quantité de Fécorce des jeunes Cyprès une fubflance blanche > & qui paroîc comme des points de cette couleur. Quand on les examine à la louppe , on trouve qu’ils reiïemblent à de petits morceaux de gomme adragante : nous avons quelquefois vu des abeilles fe donner bien de la peine pour les détacher ; apparemment qu’ el¬ les emploient cette matière dans leur propolis, La noix ou fruit du Cyprès , eft très-aftringente ; elle pafle auftl pour fébrifuge étant prife en poudre à la dofe d’une dragme^ CYDONïA , Tome I. PL 81. Im X» Ph ' . î . ' • . . 4 , " V- ■■ ” • ' f . ■ * / .. « - . \ *•'* . ... -4 i> . - 4.4. 4 « • . • • — ZOI CYDONIA, Tournef. Pirus, Linn, COIGNASSIER ou COIGNIER. DESCRIPTION. IE calyce (a) de la fleur du Coignaffier eft d’une feule a piece ; le bas forme un godet : il eft divifé en cinq par les bords , ôt ne tombe point ; il porte cinq grands pétales arrondis (£) , creufés en forme de cuilleron , difpofés en rofe, avec environ une vingtaine d’étamines furmontées de fommets qui font divifés en quatre. Le piftil eft compofé d’un embryon qui fait partie du calyce*' &t de cinq filets ou ftyles. L’embryon ou la bafe du piftil devient un fruit charnu figuré en poire, odorant, couvert d’un duvet fin, ôt terminé par un ombilic qui eft formé par les découpures du calyce. On trouve dans l’intérieur (c) de ce fruit cinq loges, dans chacune defquelles il y a une Ôt fouvent deux femences ou pépins (d) , qui font en forme de larme. Les feuilles font aflez grandes , chargées d’un duvet fin,1 blanchâtres en deflous , point dentelées , pofées alternativement fur les branches. Tome L Ce z o z CYDONIA, Coignaffïerr ESPECES 1. CYDONIA frntfu cblongo lœviori. In fl. Coign ass'Ier à fruit long. En Provençal Coudou nier. 2. CY D O N I A anguflifolia vulgaris. I n fl. Coignassier ordinaire à feuilles étroites. 3« CYDONIA fruttu. breviore & rotundiore. In fl. Coignassier à fruit rond, ou Coignier, CYDONIA latifotia Lufîtanica. In fl.. Coignassier de Portugal, à gros fruit & à grandes feuilles. CULTURE . On cultive ordinairement les Coignîers Ôt les Coîgnafliets dans les potagers , où ils viennent fans beaucoup de foin. On n’en trouve point dans les bois. On pourroit multiplier cet arbre en femant les pépins ; mais comme les marcottes pouffent aifément des racines , on les multiplie ordinairement de cette façon , êe l’on greffe i efpece du n°. 4 fur celle du n°. 2. USAGES . On fait que les Coins fervent à faire des confitures , des ge¬ lées qu’on nomme Cotignac, ôc des liqueurs. Toutes ces pré¬ parations s’employent pour fortifier l’eftomac ôt arrêter les diarrhées. Leurs pépins fourniffent un mucilage qui efl adouciffant ôt incraffant. Cet arbre, qui mérite de trouver place dans les vergers, ne convient pas dans les bofquets ; ôt f ufage qu’on fait principa¬ lement de l’efpece n°. 2 , efl de fournir par marcottes des fùjets fur lefquels on greffe toutes les efpeces de Poiriers, qui étant greffés furies Coignaffiers , reflent plus nains, donnent du fruit plus promptement, ôt ordinairement plus beau que lorfqu ils font greffés fur des Poiriers fauvageons. On voit fur la même plan¬ che gravée, les fleurs de cet arbre ; les Coins ronds n°* 3. ôc les Coins longs n°. 1. R. N°. I. & 3. Page 202 * Tome 1 . F/. 83, - ■ • • *• -- ... \3:jw, ;• v. ,'l -- V . . , - , V • l • ' ' - • .. - . : ' -v • • . ■ ’ - . V V ■ CYT1 SO-G E NI STA, Tournef. Spa rtium ; j Linn. GENEST-CYTISE. description : LE S Genets-Cytifes font de véritables Genêts. M. de Tour- j nefort dit qu ils fe rapportent au Genêt 9 en ce qu’ils ont une partie de leurs feuilles qui nailfent feules ôc alternes ; ôc qu ils approchent du Cytife, en ce que le refie de leurs feuilles font compofees de trois folioles qui font difpofées en trefle au bout d une queue. AI. Linneus ayant jugé à propos d ap- peller Spartium ce qu on appelloit Genifla^ il a mis les Genêts- Cytifes dans le genre des Spartium: on peut donc ne faire qu’un feul ôc même genre du Gênât Ôc du Genêt- Cytife ; ainfi , pour la defcription de la fleur ôc du fruit 3 voyez G ENl S TA , ESPECES. F. Cl TI SO-G EN I ST A fcoparia vulgaris flore lut eo. InfL G e n e s t-C y ti s e ordinaire à fleur jaune, dont on fait de^ balais. 2. CYTISO - G E NI STA fcoparia vulgaris flore albo. Infl. G E N e s T-C Y t i s e ordinaire à fleur blanche , dont on fait de? balais. CULTURE . Les Genets-Cytifes fe multiplient très - aifément par les C c ij 104 CYTISO-GENISTA, Genêt-Cydfe. femences ; ôc comme celui dont les fleurs font jaunes eft plus commun que celui qui porte des fleurs blanches , on peut , pour fe procurer cette derniere efpece, la greffer par approche ou en écuffon fur l’autre. Au refie cet arbufle s’accommode affez de toutes fortes de terres. Nous fupprimons ceux du Portugal, parce qu’ils craignent le froid. USAGES . Les Genêts-Cytifes forment de très-jolis arbuftes quand ils font chargés de leurs fleurs dans le mois de Mai ; ainli ils font très-propres à décorer les bcfquets printaniers. Dans les pays de forêts on en fait des balais. \ CYTISO-GENISTA J Genest-Cytise. N®, i. Page 204.* Tome I. PL 84. C Y T I S US, Tour n ef. & Linn. CYTISE. DESCRIPTION, LA fleur ( a ) des Cytifes eft légumineufe. Les pétales for-? tent d’un petit calyce [b) figuré en cornet qui eft divifé en deux grandes levres, dont la fupérieure eft fubdivifée en deux , & l'inférieure en trois. Le pavillon (vexillum) eft ovale,’ & les bords font repliés. Les ailes {ala) font obtufes & allez longues , & la nacelle ( canna ) eft renflée & terminée en pointe. Les étamines (c) , au nombre de dix , fe réunifient par la bafe , ôc forment une gaine au piftil. Le piftil eft compofé d’un embryon qui eft furmonté d’un filet ou ftyle dont l’extrémité eft obtufe. L'embryon devient une filique allez longue (d) , qui contient plufieurs femences ( e ) figurées comme un rein. Les feuilles de tous les Cytifes font en trefle, ou compofées de trois folioles qui font foutenues par une même queue, ôc les feuilles font pofées alternativement fur les branches. Au refte elles font de grandeur & de figure très- différentes fuiyant les efpeces. ESPECES V I. CYT I SU S glalris foliif fubrotundis , pediculis trevijfimis. C. B. P. Cytise à feuilles liftes, arrondies, & foutenues par des queue# fort courtes, ou Trifolium des Jardiniers. 2. CYT I SUS glaber viridis. C. B. P. Cytise à feuilles liftes ôc d’un beau verch , Lytije. L ï 1 1 o U o 3. CYTISU S glaber nigricans. C. B. P. Cytise à. feuilles lifles, & d’un verd foncé. CYT I SU S foliis inc unis , anguflis , cjuafi compile ati s. C. B. P. Cytise à feuilles blanchâtres, étroites, & qui femblenc être raf- femblées par bouquets. 5. CYTISU S hirfutus , flore luteo purpurafcente. C. B. P. Cytise velu, à fleur jaune orangé. 6. CYT I SU S Atpinuf , latifoliis , flore raccmofo pendulo. In fl. Cytise des Alpes à feuille large , dont les fleurs font difpofées ea grappes pendantes; ou Ebenier des Alpes. *7. CYTISU S Alpinus flore racemofo pendulo , foliis variegatis. Infl. Cytise des Alpes, dont les fleurs font en grappes pendantes, & qui a les feuilles panachées. S. CYTI SUS Alpinus anguflifo lins , flore racemofo pendulo longiori. In fl. Cytise des Alpes , à feuille étroite , dont les fleurs font en grap¬ pes fort longues. p. CYT I SUS Alpinus , flore racemofo pendulo breviori. Infl. Cytise des Alpes, dont les fleurs font en grappes courtes. 10. CYTI SUS Jpinofus. H. L. Bat. Cytise épineux; ceA un Spartivm de Linneus. 11. CYT I SU S incanus folio medio longiore. C. B. P. ou Anthillis fruticofi foliis ternatis , inaqualibus calycibus , lanatis lacer alibus. Linn. Cytise velu, à feuilles longues velues. CULTURE . Les Cytifes ne font point délicats ; nous en avons planté fur des côtes 011 la terre étoit aflfez mauvaife, & ils y ont fubfifté. On les multiplie très-aifément de femences ôc par des mar¬ cottes; & les Cytifes des Alpes, n°. 6 > 7) 8 ôc , reprennent très-bien de bouture. USAGES. Les Cytifes , n°. 1 , 2 , 3 , 4 & 5 , font de très-jolis arbufles qui portent une prodigieufe quantité de fleurs jaunes. Les efpeces n°. 6? 7, 8 & p, forment d’allez grands arbres, C Y T I S U S , Cyt ije . 20 -j qui font très-beaux quand ils font chargés de leurs grandes grappes de fleurs jaunes. Les uns & les autres fleurirent dans le mois de Mai, & mé¬ ritent plus qu'aucun autre arbre d'être mis dans les bofquets printaniers. On peut compter fur un coup-d'œil fort gracieux, en mêlant avec art des buiffons du Staphilodendron qui produit des grappes de fleurs blanches, avec des Cytifes des Alpes 6c des Pfeudo-Acacia , qui portent tous deux des fleurs légumi- neufes en grappe, des Genêts, des Guefniers, ôcc. Le bois des Cytifes des Alpes eft fort dur, à-peu-près de la couleur de l’ébene verte. Je fai vu employer comme le bois des Ifles , pour faire des manches de couteaux. Il eft aufll fort liant. On affure qu’on en fait d’excellents brancards de chaife. Comme ce bois reflfemble beaucoup aux bois des Mes, on le nomme Ebenier des Alpes. Les Cytifes des Alpes doivent être élevés en maftifs ; car quand ils font ifolés , ils pouffent le long de la tige des brins gourmands qui arrêtent la fève, & empêchent les arbres de profiter fi l’on n’a pas foin de les retrancher. On confit au vinaigre les petits boutons des Cytifes. Le$ fleurs ôc les femences palfent pour être très-apéritiyes. I * ■ ■ . X . Tome I. PL 85. Tmî h Fit $6* 2.05» D I E RVILL A , Tournef. Lonicera , Linn. descriptio N. IA fleur (a) de la Diervilla eft formée d’un calyce allongé — ^ con"‘me Lme efpece de tuyau, qui eft découpé en cinq, * Sarm de ,cmtl petites feuilles ; elle a un pétale qui a la forme d un tuyau dont le bord eft découpé en cinq. Ces découpures iont arrondies & renverfées en dehors. Il y en a une qui eft un peu plus grande que les autres ; elle eft plus épailTe , & elle eit garnie de petits filets (nettarium) que les autres n’ont point ; aulli eft-elle plus colorée de jaune : les autres font d’un blanc laie Le calyce fubfifte jufqu’à la maturité du fruit ; mais le pétale tombe, & il relfemble aHez à celui d’une fleur de Jafmm. On trouve dans l’intérieur de la fleur cinq étamines Ce), ôt un embryon ovale (b) qui fait partie du calyce, & d’oii part un iilet ou ftyle. L embryon devient un fruit ( d ) en forme de poire, ou une capfule divifée en quatre loges Ce) , remplies de femences {f) rondes ôc petites. Les fleurs font raflemblées par bouquets; & les feuilles font grandes, ovales, dentelées par les bords, pliées en gouttière, mpportées par des queues allez courtes. Elles font oppo- lees deux a deux fur les tiges. espece . D IFRI IL LA Acadien fi s fntticofa , flore luteo. Ad. Acad. E. P. 1JI£K v I LL A de Canada en arbnlfeau , qui porte des fleurs jaunes. Lomé L ta a 1 IO D I E R V I L L A. CULTURE. Ce petit arbufte peut s’élever de femences 6c de marcot¬ tes ; mais ordinairement il trace , & fournit quantité de rejets enracinés. Il ne craint point le froid. On ne connoît encore que l’efpece qui vient d’être nommée. USAGE . .La Diervilla qu’on pourroit prefque regarder comme un Chevre-feuille , produit à la fin de Mai des grappes de fleurs allez jolies ; ainfi cet arbufte peut décorer les bofquets de la fin du printemps. ... ' ' * C'î » . . a: , - - .. .... .... ... , - - < ■ HÏ » ' V X ' “v. N. ' • - * *-• , - ' ‘ ■ •, * .' . -V. • •v, ■* / .. \ *• #: . v . ■ ** ». ' ■ 'i; - ■; ■ r ' ■ .> - • ’ * "V* * . ' <- » - - û v ■ . • . / . . . . > . ■ ... Vj . . / * ’ - - . ■ f X . . . ? ; ly v ...... . ^ ~ .* - . . • v-u\ M Z I J DIRCA, Linn. En Canada BOIS DE PLOMB. DESCRIPTION. IA fleur (a) du Bois de plomb n’a point de calyce ; elle n’a J qu’un pétale qui a la forme d’un tuyau qui n’eft point ter¬ miné par un pavillon , mais dont l’extrémité eft inégale. De la partie moyenne de ce tuyau partent huit étamines (b), qui font plus longues que le tuyau ; elles font terminées par des fommets en olives (c d). Le piftil (e) eft compofé d’un embryon ovale, qui eft uni peu oblique à fon extrémité; il eft furmonté d’un ftyle menu, qui eft plus long que les étamines, ôc qui fe recourbe par le bout. L’embryon devient une baie, dans laquelle on trouve une femence. Cet arbrifleau ne parvient guere qu’à cinq ou fix pieds de hauteur. Les branches font tellement articulées qu’on les pren- droit pour des chevilles qui entrent les unes dans les autres. Les feuilles font grandes ôc ovales. Les fleurs fortent ordinai¬ rement au nombre de trois de chaque bouton ; elles fembient partir d un pédicule commun : elles font recourbées vers le bas , Ôc paroilfent avant les feuilles» Ddij \ ni D I R C A , B ois de plomb. - ESPECE. ■ DI RC A. Linn. ThymelÆu* fiorihus albis primo vere erumvcntibuf, foins oblongis, acuminatis vimïnibus & cortiee valdè tenacibus. Gron. Fi. Virg. Il cft appelle par les Anglois Lither IVood , ou Moor JFood ; par les Canadiens , Bois de plomb . CULTURE . Quoique cet arbri fléau ait été plufieurs années au Jardin du Roi, je ne puis rien dire fur fa culture; M. Sarrazin nous apprend feulement qu’en Canada il fe trouve dans les lieux gras & humides, * - - — - wwïttb — USAGES . Le Bois de plomb efl trop rare pour que nous puiflions décider de l’ufage qu’on pourrait en faire pour la décoration des jardins : nous remarquerons feulement que, comme il fleurit de très-bonne heure , il annonce le printemps, ce qui efl tou¬ jours agréable. Il ne paraît pas qu’il puifle être d’une grande utilité pour les Arts , non-feulement parce qu’il ne forme" qu’un arbrifleau, mais encore parce que fon bois efl; fort tendre ôc léger : M. Sarrazin n’ayant pu favoir des Indiens pourquoi ils ils nommoient cet arbrifleau Bois de plomb , efl: porté à croire que ce n’efl que par oppofition qu’ils lui ont donné ce nom. Tarn* 1. PI. 88. F' ■' - -V fS . . - - — ‘1 .1 .“/i .fî O J a ■ ‘ • ■ ■ • . * 3 T O h , K 3 51 I Cl • - - . - ' : . ' • ; » . > .» .. • . - , ” > ' . * • ' . - ; ■ V ; v . ■ . :• ; /; M .VI -, . X ELÆAGNUS, Tournef. 'fiVUi, . ; . .. *«* E ME RUS , Tournef. Coronilla, Linn. DESCRIPTION. LES fleurs (a) de lEmerus, raffemblées en petites grap¬ pes , font legumineufes : elles font compofées d'un calyce fort petit (b) , découpé par les bords en quatre parties inégalés. Le pavillon ( vex'illum ) n’eft prefque pas plus grand que les ailes; il eft renverfé en arriéré , & échancré au milieu: fouvent il eft féparé des autres parties de la fleur jufqu a fa bafe. Les ailes {al a), font ovales; elles fe réunifient par le haut , ôc s’écartent un peu par le bas. La nacelle {canna) eft prefque cachée par les ailes; elle eft d'une feule feuille, atta¬ chée au calyce par deux appendices; elle eft comprimée ôc fe termine en pointe. On trouve dans l’intérieur dix étami¬ nes [d).y qui prennent leur origine d’une gaine qui enveloppe le piftil ; leurs fommets reffemblent à de petites pyramides. Le piftil (c) eft formé d’un embryon allongé furmonté d'un filet. L’embryon devient une filique (/), longue, menue, ôc comprimée entre chacune des femences, lefqueîles font cylin¬ driques. Les feuilles font conjuguées, étant compofées de folioles figurées comme un cœur, ôc rangées par paire au nombre de quatre, fix , huit fur un filet qui eft terminé par une feule. Ces feuilles font attachées alternativement fur les jeunes bran¬ ches : elles font d’un beau verd ; ôc cet arbriffeau eft fort touffu. x\6 £ M E R U S. ESPECES. 1. E ME RU S Cifatfim. Infl. Emerus de Céialpin , ou Se curidaca des Jardiniers, ou Séné batard. 2 . E ME RUS minor. Ind. Petit E me r u s. CULTURE . Cet arbufte s’élève fort bien dans toutes fortes de terreins; mais il fe plaît à l’ombre. On le multiplie très - aifément pai; des drageons enracinés qui pouffent autour des gros pieds. USAGES. L’Emerus eft un arbufte très -joli : au printemps il fe garnit: d’une prodigieufe quantité de feuilles qui font d’un beau verd; & vers le milieu du mois de Mai il eft tout couvert de fleurs jaunes , marquées de taches rouges , qui le rendent très-propre à la décoration des bofquets du printemps. Comme il conferve fes feuilles jufqu’aux gelées, & que fou- vent il fleurit encore dans l’automne , on pourra en mettre dans les bofquets de cette faifon. On prétend que les feuilles de cet arbufte font laxatives. Le SccuvidûCEi de ivl. de Tournefort ne devroit point entrer dans ce Traité , parce que fes tiges pétillent tous les ans; néanmoins comme il fert pour la décoration des jardins, & qu’il différé peu de l’Emerus, nous en avons joint la figure à celle de l'Émerus. E MP ET RU AP Tome l Fl. 90. *w 1 I 4 ) • i * E MP ET RUAI , Tou r nef. & Linn. DESCRIPTION. LEmpetrum refîemble beaucoup aux bruyères ; il porte trois fortes de fleurs, les unes hermaphrodites, les autres mâles & les autres femelles. Les hermaphrodites (a) ont un calyce divifé en trois ; un pareil nombre de pétales, trois étamines, & un piftil compofé d’un embryon arrondi & d’un ftyle fort court. L’embryoi/ de¬ vient une baie ( bc ) à-peu-près fphérique, dans laquelle on trouve neuf femences tranchantes d’un côté, arrondies de l’au¬ tre (def). Les fleurs males font fembîables aux précédentes , excepté qu elles n ont point de piftil; ce qui fait qu’elles ne donnent point de fruit. Les femelles au contraire n’ont point d’étami¬ nes , mais un piftil , & elles produifent des baies fucculentes qui renferment des femences ( g ). , ^et atbufte porte des tiges rameufes , chargées de feuilles étroites, petites oc pointues; ôc les fleurs font raflemblées en épi. ESPECES. l. E MP ET RU M montanum fruSlu nigro. Infh ëmpetrum de montagne à fruit noir , ou grande B a u y e s. 2 qui porte des baies noires. Tome L L e I » i s EM? ET RU M. z. EMTETRUM Lufitanicum fruftu albo. Infh Empetkum de Portugal à fruit blanc. CU LT U K E. Ces arbuftes peuvent fe multiplier par les femences fl 11 E R ICA, Tourne?, & Linn. BRUYERE. DESCRIPTION. 1ES fleurs (a b) de la Bruyere ont un calyce compofé de pluueurs petites Feuilles colorées j & un pétale fleure ert cloche ou en grelot divifé en quatre parties. On trouve dans l’intérieur huit étamines (c) , & un piftil (de), qui eft formé d’un embryon termine par un ftyle. L’embryon devient un Itiii. ( / ) arrondi, divife en quatre loges (gi) remplies de fe- mences fort menues (h), Lc.s feuilles font petites, étroites, pointues, & tantôt opno-*^ fées fur les branches, tantôt pofées alternativement fuivant les efpeces. ESPECE S . I. ERIC A vuîgarh glabra. C. B. P. Bruyere ordinaire, dont les feuilles font liftes. 2r ERIC A vulgaris glabra flore albo. C. B. P. Bruyere ordinaire à feuilles liftes & à fleurs blanches, 3. ERIC A fruteflcenf peregrina. C. B. P. Bruyere en arbrilfeau. 4. E RI CA major floribus ex herbaceo pur pur ch. C. B. P. Grande Bruyere à fleurs pourpres , tirant fur le verch 5. ERIC A major fcoparia , foliis detiduh. C. B. P. Granae Bruyere à faire des balais, Sz qui quitte fes feuilles* 'C. ERIC A ex rubro nigricans fcoparia. C. B. P. Bruyere à faire des balais, qui eft d’un rouge brun, 7. ER ICA humilis cortice cïnereo Arbuti flore. C. B. P, Petite Bruyere à fleur d’Arboufier.. «8- ERICA hirfluta Anglica. C. B. P. Bruyere velue d'Angleterre» lit. E R ICA , Bmycrc . CULTURE . La plupart des Bruyères viennent dans les plus mauvais terreins, fur-tout dans des fables arides; & elles fe multiplient p>ar marcottes , par drageons enracinés , & par femences. Quand elles fe plaifent dans un endroit, on a bien de la peine à les > détruire, ou à les empêcher de fe multiplier trop; mais il efb fouvent difficile de les y faire reprendre* USAGES . Toutes les efpeces de Bruyères forment des arbuftes très- jolis dans les mois de Juin & Juillet, temps auquel ils font chargés de fleurs, les unes blanches & les autres pourpres. Mais il efb dangereux de les trop multiplier ; parce qu’il n’efb pas aifé de les empêcher de s’étendre quand elles fe plaifent dans un terrein. La plupart des efpeces ne quittent point leurs feuilles; mais lorfque les fleurs font paiïees , les tiges relient chargées de follicules feches qui font défagréables à voir. Les abeilles font d’amples récoltes fur les fleurs de Bruyères ; mais le miel qu’elles ramaflent fur cette plante n’eft pas effimé; il efb jaune ôc fyrupeux. C’eft avec la Bruyere que I on fait les petits balais qu’on préfente aux vers à foie , quand ils veulent monter pour fe métamorphofer & former leur coque. La plus grande partie du charbon que l’on confomme à Bordeaux , eft fait avec les bouches & les grolfes racines de la Bruyere. Enfln on attribue aux feuilles de la Bruyere une vertu diu' rétique. Tome I, PI, £ FO NI MO IDES, A &. Acad. R. P. Celastru s , Linn. DESCRIPTION, \ LES fleurs {abc) de FEvonimoides font formées d’un ca- lyce dune feule piece , divifé en cinq parties. Ce ca- lyce porte cinq pétales ovales (e) , cinq étamines (f), & un piftil [d) , formé par un petit embryon, furmonté d’un ftyle quelquefois fort court , qui eft terminé par un ftigmate arrondi. L’embryon devient un fruit oblong (g h i) formant comme trois côtes. On trouve dans l’intérieur (/) quelques femences ovales (w). Cette plante eft farmenteufe & grimpante; elle n’a point de¬ mains , mais elle s’entortille autour de ce qu’elle peut toucher: elle porte des feuilles arrondies terminése en pointe, & des épis 'de fleurs qui s’épanouiffent vers le milieu du mois de- Mai, Les feuilles font pofées alternativement fur les branches»- ESPECES . ï . EVONIMOIDES Canadenfîs fcandens, foins fcrratis. A et. Acad. R. S,- Evonimoides qui grimpe, & dont les feuilles lont dentelées, ou Bourreau des Arbres. 2. EVQN I MO I DE S Virginiana foliis non fcrratis, fruEhi coccinco eleganter bullato. A lit . Acad. R. S. ou Evonimus Virginianus rotundifotkis, capfnlis coccineis eleganter bullatis. D. Banift, Pluk. Phytog. Evonimoides de Virginie , dont les feuilles ne font point den» telées , 6c dont les fruits font ronds 6c d'un beau rouge. EVONIMOIDES Caroiinienfis Ziûphi foliis. Aét Acad, R-, S> V oyez Ce a n o t h u s. E V O N I MO I D E S . CULTURE. L’Evonimoides, n°. i, trace beaucoup ;& quand il eft une fois bien repris dans un endroit , il fe multiplie plus quon ne veut. Nous n’avons point fefpece n°. 2 : elle vient en Canada r M. Sarrazin dit qu’elle s’élève beaucoup en s’accrochant aux ar¬ bres voilins. USAGES . L’Evonimoides peut fervir à garnir des tonnelles ôc des ter- rafles : fes feuilles font d’un beau verd; mais il ne s’élève pas fort haut , & il a le défaut de tracer beaucoup , ce qui le rend incommode dans les jardins cultivés avec propreté. On dit qu’en Canada il fe roule autour de la tige des arbres, ôc qu’il les fait quelquefois périr ; c’eft ce qui l’a fait appeller le Bourreau des Arbres . L’efpece , n°. 2 , n’a point les feuilles terminées en pointe ; elles font ovales , allongées, ôc cette plante fait un fort bel effet furtout dans l’automne. £ VO NM IUS, Tome I. PL 95 • * ■ —• •* . s ' N <■ / >■' . " ' ■ ' .?o .1 .V EVO NIMUS , Tournef. & Linn. FUSAIN,; ou BONNET DE PRESTRE. oniraus DESCRIPTION, : LES fleurs ( abc ) du Fufain font formées d’un calycé applati ( ef g ) ? divifé en quatre ou cinq parties. On apperçoit en dedans une efpece de rofette qui eft l’embryon ou la bafe du piftil ; c’eft de cette rofette que partent quatre ou cinq pétales [d) , un pareil nombre d’étamines & le ftyle [h i k). L’embryon devient un fruit quarré ou pentagonal, qui efl: 'divifé en quatre ou cinq loges {/), dans chacune defquelles efl: une femence (o) , qui eû enveloppée dans un peu de pulpe colorée (») , comme on le voit en (m). Les feuilles de la plupart des Fufains font entières, ovales, plus ou moins allongées, finement dentelées par les bords, ôc pofées deux à deux fur les branches. Les Fufains forment d’alfez grands arbrifleaux. ESPECES. i. EVO NI MU S vulgaris granis rubentibus. C. B. P, Fusain des bois , dont les graines font d’un beau rouge. lût quelques Provinces on le nomme G Ait A s. Tome 1 » F f ntf EVONIMUS, Fufain. 2. EVONIMUS granis nigris. C. B. P. Fusain dont les graines font noires. 3. EVONIMUS latifolius. C. B. P. Fusain dont les feuilles font grandes, & les fruits gros & pour-j près. 4. EVONIMUS Virgînianus Pyracanihx foliis , fcmger virens , cap fui a verrucarum infar ajperata. Pluk. Fusain de Virginie toujours verd , à feuilles de Pyracantha, dont les fruits font couverts de petites bolfes. EVONIMUS Virgînianus folio ovato fentato , flore ex viridi rubelloo. Fusain de Virginie à feuilles ovales dentelées, dont les fleurs font vertes , teintes de rouge. EVONIMUS Virgînianus , &c. Pluk. Voyez Evonimoides. EVONIMUS Jujubinis foliis , &c. Pluk. Voyez Ceanothus* CULTURE . Le Fufain, n°. 1 , vient naturellement dans les haies; ôc les efpeces n°. 2 & 3 ne font pas plus délicates. Toutes les efpeces peuvent s’élever par femences ôc pat marcottes ; quelquefois même elles tracent , ôc fourniflent de$ drageons enracinés. USAGES . Le Fufain fleurit à la fin de Mai. Ses fleurs, qui font dut! blanc verdâtre, ont peu de mérite; mais fes fruits rouges ou violets qui confervent leur belle couleur jufqu’aux gelées, doi¬ vent engager à le mettre dans les bofquets d’automne ôc dans les remifes. Le n°. 3 , qui a de gros fruits pourpres , eft garni de belles ôc grandes feuilles. L’efpece , n°. 4, ne quitte point fes feuilles, ôc pourroit être mife dans les bofquets d'hyver, fi elle n’étoit pas fenfible aux grandes gelées. L’efpece, n°. $ , fe cultive à Trianon. Le bois du Fufain eft aflez dur. On s’en fert pour faire dç grottes lardoires ôc des fufeaux» E V O NI AI US y Fufain 217 On en fait auiïi du charbon qui fert aux Deiïinateurs. Pour cela on fend une tige de Fufain par morceaux gros comme le doigt ; on en remplit un canon de fer que l’on bouche exac¬ tement par les bouts , ôc on le fait rougir au feu. Quand il eft refroidi , on trouve dedans un charbon très-tendre & très- commode pour faire des efquilfes. Mais comme la circonfé¬ rence de ces morceaux de bois fe retire plus que le centre y on trouve ordinairement les charbons rompus ou très-courbes ; c eft pourquoi , au lieu de prendre des morceaux refendus , je préféré des baguettes de brin; alors les crayons font fort droits; mais il faut faire la pointe de ces crayons fur un des côtés pour éviter la moelle. On dit que les fruits & les feuilles du Fufain font pernicieux au bétail ; & que deux ou trois de fes fruits purgent violem^ ment. Ff ij N r ■ - - 1 "ri* J . - Tome I. PU 96. ■\ • \ . V ■ , ■ ■ • . . • * . . . . , ■ ' •• ■ V* n - FAGARA, Zantoxilum , Linn. description. LE Fagara porte, fur dififérens individus , des fleurs mâleS ôc des fleurs femelles. Les fleurs mâles ont un calyce découpé en ^ cinq parties ovales êt colorées, point de pétale, a moins qu on ne veui e que le calyce foit le pétale. On apperçoit dans la fleur quatre , cinq, flx ou fept étamines. Le « fleurs femelles (ab) font entièrement femblables aux mâles , excepté qu’au lieu d’étamines on apperçoit un piftil (cd) formé de quatre ou cinq embryons & d’autant de flyles ter¬ minés par un ftigmate obtus. Tous ces embryons, qui lont raflemblés en tête au fond du calyce , forment autant de capfules qui renferment chacune une femence ronde & bni- Les feuilles du Fagara reflemblent beaucoup a celles du Frêne ; mais il ne forme qu’un arbriffeau : il porte de grolle® gc courtes épines. ESPECE . FAGARA fraxini folio. Mas & fœmina. Fagara dont la feuille reifemble allez a celle du Frene , O# Fresne épineux. C U LT U R E Nous avons élevé cet arbriffeau par les graines qui nous font Venues de Canada ; mais la plus grande parue ne leye ponut 230 F A G A R A. Si on veut avoir des femences de cet arbriffeau en France,, il eft nécelfaire de planter les deux individus auprès les uns des autres. Nous avons quelques pieds alTez gros qui tracent ôc four- niffent beaucoup de drageons enracinés. USAGES . Le Frêne épineux forme un joli arbriffeau par fon feuillage j mais fa fleur n’a aucun éclat: il eft fujet à être dépouillé par les cantharides. Il pafle en Canada pour être un puiflant fu- dorifique ôc diurétique. Ses graines ôc leurs capfules répandent une odeur aiïez agréable. Tome L PU 97. ' • î ;; . ' - • ■ • . . - w •• FAGUS, Tournes. & Linn. HESTRE; DESCRIPTION. LE Hêtre produit des fleurs mâles ôc des fleurs femelles; Les fleurs mâles (b) font attachées à un filet flexible ^ & forment par leur aiïemblage un chaton fphérique (a). Chaque fleur eft compofée d’un calyce qui eft figuré eit cloche , ôc découpé parles bords en cinq, fans pétale nipiftilj on trouve dans l’intérieur environ douze étamines (c). Les fleurs femelles (d) ont un calyce campaniforme découpé en quatre par les bords. On apperçoit dans l’intérieur le pifhil (e) compofé de trois ftyles, dont la bafe ou le calyce devient un fruit (f) épineux, relevé de quatre côtes ou gaudrons ; il fe termine en pointe ; & l’on trouve dans l’intérieur (g) quatre femences triangulaires (/z)« Les feuilles font ovales ; on apperçoit quelques dentelures fur les bords, & il y a des feuilles qui n’en ont prefque point: elles font toutes de médiocre grandeur, d’un beau verd, très» luifantes , & rangées alternativement fur les branches. Cet arbre , qui eft un des plus grands & des plus beaux d# nos forêts, a toujours fon écorce très-unie & blanchâtre» ESPECE .. FAGUS . Dod. pempt. Hestre, Fau, Fouteau, ou Foyard, 13i F A G U S , Hêtré. CULTURE. Nous avons femé la Faine (ou Fouefne) qui eft la femence du Hêtre , dans l’automne Ôc au printemps , avec un égal fuccès : néanmoins il eft mieux d’en conferver les femences dans du fable pendant l’hyver ; elles y font à couvert des mulots ôc de plufieurs autres animaux qui en font très-friands , ôc elles fe difpofent à lever plus promptement au printemps. Quand on fait des femis en grand , on répand le fable avec la femence; ôc fi le champ a été entretenu en bon labour, il fuftit d’y faire paffer la herfe pour que la F aine foit fufhfam- ment enterrée ; car elle réuffiroit mal fi on la mettoit a une trop grande profondeur. Quand on veut femer du Hêtre, dans la vue de 1 elever en pépinière, on répand les femences fur des planches, avec les précautions que nous venons de rapporter; ôc dans la fécondé ou la troifieme année , lorfque les jeunes Hetres ont fix ou huit p' ou ces de hauteur, alors , au mois de Novembre, quand la terre eft bien pénétrée d’eau, on les arrache, ayant attention de ne point rompre les racines : on coupe la racine pivotante ; ôc 1 on plante les jeunes arbres dans des rigolles a deux pieds de diftance les uns des autres. On laboure ces pépinières comme une jeune vigne : on élague de temps en temps les jeunes arbres ; ôc quand ils ont quatre ou cinq pouces de circonférence a un pied au-delfus de terre* on peut les arracher pour les planter en avenues.^ Comme il leve beaucoup de Faine dans les forets, on peut fe difpenfer d’en femer ; il fuffit d’en arracher de petits lous les grands arbres, ôc de les mettre auftitot en pépinière. Les Hêtres ne réufïiiïent point d*ns les terres qui ont peu de fonds ; le terrein qui leur convient le mieux eft un fable gras, ou qui eft mêlé d’un peu d’argille. On en voit dallez £>eaux dans le fable pur, lorique le terrein eft un peu humide. On dit que cet arbre croît naturellement a la Louyfiane. USAGES . On fait que le FIêtre eft un des plus beaux ôc des plus grands arbres de nos forets. Son bois, comme nous le dirons D dans FA G U S y Fl être* 235 dans la fuite , eft propre à beaucoup de fervices. Ainfi lorfque l’on fe trouvera dans un terrein qui lui convient, on fera bien d’en élever de grandes futaies. Il y a peu d’arbres qui foient d’une plus belle forme : fes feuilles font d’un très-beau verd, brillantes, ôc alfez fermes > ce qui fait qu’elles font peu endommagées par les infectes, ôc quelles fubfiftent fur les arbres jufqu’aux gelées. Toutes ces raifons doivent engager à en faire des falles d’automne ôc des avenues. Comme cet arbre fouffre le croilfant ôc le cifeau , 011 pourra en former des palilfades , qui feront au moins aulli belles que celles de Charme. Le bois de Hêtre eft fendant ôc caftant quand il eft bien foc; mais tant qu’il conferve un peu de fève, il eft pliant ôc fait reftort : c’eft pourquoi on le préféré à tout autre bois pour les rames des bâtimens de mer, ôc l’on en fait encore de bons brancards pour les chaifes de pofte. En Allemagne les Char¬ rons en font des gentes de roues : ôc à Breft on en fait quelque¬ fois des affûts de canon , qui pourriffent moins promptement dans les Vaifteaux que ceux que l’on fait d’Orme. Mais ce bois eft plus fujet à fe fendre : ôc 011 ne l’employe guere pour les charpentes ni pour la conftruôtion des Vaifteaux; j’en ai feulement vu faire des palplanches pour des encaiffemens au¬ tour des pilotis. Les Menuifiers pour meubles en employait beaucoup, quoiqu’il foit fujet à être piqué par les vers : on prévient en partie cet inconvénient en verniffant ce bois après l’avoir employé. Les Tourneurs en font plufieurs petits ouvrages, comme des febiles ou gamelles , des faunieres , ôcc. Les bâtieres des bêtes de charge, les attelles des colliers des chevaux de harnois, les pelles pour remuer le grain, pour les vendanges , pour les écuries , pour les travaux des terres , pour les Boulangers : toutes ces chofes font faites avec le Hêtre. O11 en refend à la foie des planches fort minces dont les Layetiers font une grande confommation. C’eft avec ce bois qu’on fait les copeaux pour éclaircir le vin, ôc pour les ouvrages de gaînerie ; les meilleurs fabots , après ceux de Noyer, font ceux de Hêtre : ôc l’on choifit ce bois par préférence à tout autre pour chauffer les appartenons. Tome 1, G g *34 F A G U S, Hêtre. Nous avons dit que le bois de Hêtre étoit fuj’et a être piqué des vers : néanmoins les fabots, les pelles , les attelles de collier, ôc quantité d’autres ouvrages, ne font point fujets à la ver¬ moulure; ce qu’on doit, je crois, attribuer a la précaution qu’on a de palier ces ouvrages par la fumée : cette opération donne au bois une couleur allez agréable ; elle empeche que ces différents ouvrages, qui font faits avec du bois verd, ne fe fendent, ôc je crois quelle les preferve pour un temps de l’attaque des vers. C’elt encore avec ce bois qu’on fait les manches des cou¬ teaux que l’on nomme des jambettes. Quand le manche eft dégrolli , on le met fous une prefie dans un moule de fer poli, qu on a fait chauffer & que l’on a frotté d huile. Ce bois entre dans une efpece de fufion : une portion du bois s etend entre les deux plaques de fer qui forment le moule , comme li c étoit une efpece de métal; & le manche fort du mouie bien forme, très-poli, ayant acquis beaucoup de durete , & pris une couleur alfez agréable. En cet état il n’elt plus polfible de reconnoitre le grain du bois de Hêtre. Les amandes qui font dans les femences font prefque aufli agréables à manger que les noifettes. On prétend qu eiles font diurétiques. Les porcs les mangent avec avidité. On en tire par expreflion une huile fort douce , qui refiemble a celle de noifette. Cette circonffance qui établit une grande diffé¬ rence entre l’amande du Hêtre , Ôc la Châtaigne , dont on ne peut tirer d'huile, nous a détourné de réunir ces deux genres, comme l’a fait M. Linneus, qui met les Châtaigniers au rang des Hêtres. D’ailleurs la forme des parties qui fervent à la fructification , eft bien fuffifante pour diftinguer ces deux gen¬ res. Et cette diftinêfion fe trouve encore confirmée par le peu de fuccès des tentatives qu’on a faites depuis quelque temps pour faire reprendre le Châtaignier fur le Hêtre. M. d'Ifnard prétend ( Hift. del'Acad. des Sciences 1726) que l’huile de Faine, nouvellement tirée, caufe des pefanteurs d’effomach ; mais qu’elle perd cette mauvaife qualité en la confervant un an dans des cruches de grais bien bouchées que l’on enterre. Tome I. Pl.gS* ’t l • « ®— . * » . *•# Ficus FICUS, Tourne f. & Linn. FIGUIER. DESCRIPTION, ; ON a cru que le Figuier ne portoit point de fleurs ; mais maintenant les Botaniftes font allez d’accord que ce qui fait la chair de la Figue eft un calyce commun & charnu qui forme une efpece de bourfe ( à ) , où il ne relie qu’une petite ouverture qu’on nomme l’œil ou l’ombilic : encore cette ou¬ verture efc-elle prefque entièrement fermée par des écailles qui forment les bords du calyce. Ce calyce qui eft, pour ainli dire , caverneux , contient intérieurement une multitude de fleurs : celles qui font allez proche de l’ombilic font mâles (cd); elles contiennent trois , quatre ou cinq étamines fuppcrtées par un afl'ez long pédicule & un calyce ( b ) : elles ne produifent point de graines. Les fleurs femelles {ef)} qui font aufli au bout u’un long pédicule , & que l’on trouve près de la queue de la Figue, renferment un pillil formé d’un embryon ôc d’un long ftyle : l’embryon devient une femence lenticulaire (h); enfin proche l’ombilic de la Figue l’on découvre des écailles (g) qui ne renferment ni étamines ni pillil. Les Figues qui font formées par ces différents organes, font des fruits plus ou moins gros Ôc plus ou moins ronds , fuivant les efpeces ; mais ils approchent toujours de la figure d’une Ggij ij£ F I C U S , Figuier. poire ; lorfqu’iis font en parfaite maturité , ils doivent être fort mois & fucculens. Les feuilles du Figuier font grandes, découpées plus ou moins profondément, fuivant les efpeces : elles font rudes au toucher , d’un verd allez foncé pardelfus , blanchâtres en def- fous, & relevées de nervures allez faillantes. Elles font pofées alternativement fur les branches. Les bords ne font point dentelés, mais ondés, & quelque-* fois échancrés. Cet arbre répand une liqueur blanche quand on entame forî> écorce ou fes feuilles. ESPECES, ï. FICUS fativa fruttu violaceo longo , in tu s rubenti. Infh Figuier cultivé à fruit long, violet en dehors & rouge en de* dans. '2. FICUS fativa fruttu pracoci , albido , fugaci. Infh Figuier hâtif à fruit blanc. ^ FICUS fativa fruttu gîobofo , albo, meltifluo. Infh Figuier à fruit blanc, rond & très-fucré. g. FI CUS fativa fruttu parvo fufco , intiis rubente. In IF. Figuier à petit fruit, jaune en delfus ,, rouge en dedans, oï| Figue-angelique. y. FICUS fativa fruttu longo majori nïgro , tntus purpurafeente. Infh. Figuier à fruit long, noir par delfus, & rouge dedans, ou Fig u e-Po i r e. 6. FICUS fativa fruttu globofo , intuf rubente. M. C. Figuier à fruit rond, qui elî: rouge en dedans, ou Figue de Brun sf ick. 'j. FICUS Orientait s foliis laciniatis, fruttu maximo albo. M. C. Figuier du Levant à très-gros fruit, dont les feuilles font de- coupées en lanières; ou Figuier de Turquie. Il y a un grand nombre d’autres efpeces de Figuier qu’oni ipeut chercher dans les Livres de Jardinage , & dont le détail * F I C U S , Figuier . 237 feroit d’autant plus long ôc plus confus, que la plupart , ainfi que celles mêmes que nous venons de nommer , ne font que des variétés. CULTURE . Le Figuier s’accommode de toutes fortes de terres : j’en ai vu de très-gros dans des terres fubftantieufes ; mais il fubfifte dans les plus mauvaifes, ôc fon fruit eft plus fucré , ôc a le goût plus fin, quand l’arbre eft planté dans un terrein fec, ôc même entre des rochers. Comme cet arbre ne peut fupporter nos grands hyvers ; pendant long -temps on l’a cultivé en caille ; mais dans cet état il ne produit que très-peu de fruit. Il vaut mieux planter les Figuiers fur un coteau bien expofé au midi, ôc qui foit à couvert du nord ôc du couchant par le coteau même, ou par des murailles alfez élevées. Il eft préférable de planter les Figuiers en buiffon plutôt qu’en efpaliers ; ils donnent alors plus de Figues , ôc elles m brif¬ fent mieux. Si l’on fe contente de tenir ainfi les Figuiers à une bonne expofition , il arrivera de temps en temps que les branches gèleront : à la vérité la fouche repoulfera; mais les nouveaux jets ne donneront des Figues que dans la troifieme année. Pour prévenir ces accidents, il faut tenir les Figuiers très-nains. Il y en a qui croyent y parvenir en rompant l’été l’extrémité des jeunes pouffes : je ne blâme point cette pratique que j’ai éprouvée; mais le mieux eft d’abbatre tous les ans jufques fur la fouche quelques-unes des plus groffes branches. Pendant que les branches de médiocre groffeur donneront du fruit, la fouche produira de nouveaux jets, qui feront en état de fruc¬ tifier quand les autres branches, ayant pris trop de force, feront dans le cas d’être retranchées. Par cette pratique 011 11’aura pas à la vérité autant de fruit que fi les arbres étoient grands ; mais aufïï on ne courra point le rifque d’en être entièrement privé après les grands hyvers , pourvu toutefois qu’on ait l'at¬ tention de couvrir les arbres nains avec de la paille , des yofeaux ou des genêts. Comme dans les Provinces maritimes ; les gelées y font moins 1 3 3 FICUS, Figuier, fortes, j’ai vu à Breft des Figuiers d’une groffeur monftrueufe: mais il y fait rarement allez chaud pour que leur fruit mûrilfe parfaitement. Nous avons fait remarquer que les Figuiers donnent des fruits plus fucculents quand ils font plantés entre des rochers. Comme on eft rarement dans le cas de fe trouver pourvu d’un pareil ter- rein, qui foit bien expofé, & à l’abri de la bife , nous avons pris le parti de faire paver le defîous de nos Figuiers. Par cette précaution l’on empêche l’eau des pluies de pénétrer jufqu’aux racines , & on augmente la réverbération du foleil qui contribue à faire mûrir les Figues. Ce qui eft le plus expéditif, ôt ce qui fe pratique le plus communément, eft de multiplier les Figuiers par des marcot¬ tes : elles pouffent effectivement des racines avec beaucoup de facilité. Si-tôt qu’on a fait une entaille à une branche en la coupant en talut du tiers ou du quart de fa groffeur , il ne s’agit plus que de la paffer dans un panier ou dans une caiffe remplie de terre, ou de courber la branche pour couvrir de terre l’endroit entamé : on eft sûr d’avoir au bout d’un an un Figuier bien enraciné; ôc pour peu qu’il ait de racines, la reprife eft cer¬ taine, puifque les boutures de cet arbre réuffiffent affez bien. On peut aufti multiplier les bonnes efpeces de Figues en les greffant fur les efpeces moins eftimables ou plus commu¬ nes : la greffe qu’on nomme greffe en fifftet, réuffit mieux que toute autre. Quand il ne s’agira que de multiplier les efpeces connues, on fera bien de le faire par des marcottes ou par la greffe ; car ces moyens mettent en état d’avoir promptement du fruit : mais il y a des cas oii l’on fera forcé d’avoir recours aux femences. Si, par exemple, on defiroit d’avoir des efpeces d'Italie, d’Efpagne, du Levant, on pourroit tenter de fe les procurer en femant les graines qui fe trouvent dans les Figues lèches qu’on tire de ces pays ; car les femences fe confervent très-faines dans les fruits qui n’ont été defféchés que par l’ardeur du foleil. M. l’Abbé Nollin, Chanoine de Saint Marcel à Paris, qui fait cultiver dans fon jardin beaucoup d’arbres curieux , & qui fe fait un plaiftr de tenter diverfes expériences propres à F I C U S , Figuier. 159 perfectionner leur culture , m’a fait voir des Figuiers d’un an qui avoient fept à huit pouces de hauteur f & qui provenoient de la graine de différentes efpeces de Figues feches qu’il avoit tirées de l’étranger. Il eft vrai que par les femences on ne peut pas compter .avoir furement l’efpece de Figue qu’on a femée ; cependant c’eft le feul moyen de fe procurer de nouvelles efpeces > & entre celles-là il peut s’en trouver de très-bonnes. Si dans cette vue un curieux veut femer la graine des Figues de fon jardin , il faut qu’il les laiffe mûrir fur l’arbre jufqu’à ce qu’elles foient entièrement flétries : il les cueillera en cet état 5 & il les écrafera dans un bafîin rempli d’eau fraîche. Il ramaflera la bonne graine qui tombe au fond de l’eau; & après l’avoir un peu defféchée fur un linge , il la femera dans des terrines , en la répandant fur la fuperficie de la terre , & il ne la recouvrira qu’avec un peu de terre paffée au crible. Si l’on tient ces terrines fur une couche chaude , & fi on a l’attention de les défendre de la grande ardeur du foleil avec des paillaf- fons , on aura la fatisfaélion de voir en peu de jours les jeunes Figuiers fortir de terre. Nous ne parlerons point des induftries qu’on peut employer pour hâter par des étuves la maturité de ces fruits , parce que nous n’avons pour le préfent en vue que les arbres qui fe peuvent élever en pleine terre. On recommande dans quelques Livres d’Agriculture de met¬ tre avec un pinceau un peu d'huile d’olive à l’oeil des Figues , c’eft-à-dire à cette ouverture que l’on apperçoit à l’extrémité du fruit. J’en ai vu faire l’expérience à Bercy chez feu M. Geoffroy. On choififfoit fur une même branche deux figues de même groffeur, & qui étoient parvenues aux deux tiers de celle qu’elles dévoient avoir. On mettoit avec un pinceau un peu d’huile d’olive à l’une des deux; celle-là grofliffoit plus que l’autre, & elle parvenoit plutôt à fa maturité fans rien perdre de fa bonté. Je crois que dans cette occafion l’huile fait à-peu-près le même effet que les infeéles de la caprification , dont je vais parler. Nous fournies dans 1 ufage de faire cette opération à prefque toutes nos Figues. Quelques Auteurs ont aullî confeillé de piquer l’œil de la Figue avec une plume ou une paille graiffée d’huile. Z 40 FICUS, Figuier. Les Figuiers croiftfent naturellement à la Louy liane, USAGES . La Figue de bonne efpece , qui eft venue dans un terreitï convenable , à une bonne expofition , & qui eft parvenue a une , parfaite maturité , eft un des meilleurs fruits qu on puifte man¬ ger. Quelques-uns ont prétendu qu’il etoit mal-fain ; mais je crois que c’eft à tort , & que s’il a quelquefois caufe des in- digeftions fâcheufes , il faut s’en prendre moins aux Figues qu a l’intempérance de ceux qui mangent avec exces d un fruit qui leur paroit délicieux. En Languedoc , en Provence, en Efpagne, en Italie, &: dans le Levant, on deffeçhe beaucoup de Figues au foleil ; cela fait une branche de commerce allez conliderable : car on en confomme beaucoup pour les aliments, dans les pays froids & tempérés. La Figue feche eft regardée en Médecine comme un bon émollient , & on l’employe fur-tout pour avancer la maturité des abcès de la bouche & de la gorge. C eft aufîi un bon béchique : on en fait ufage pour appaifer les toux violentes. Comme fa décoction eft adouciffante, relâchante & incraflante, on l’ordonne pour la maladie des reins & de la veftie. Le lait qui découle des feuilles & de l’écorce des Figuiers eft cauftique ; on s’en fert pour détruire les verrues. Le bois de cet arbre eft tendre & fpongieux : je ne fâche pas qu’on en faite aucun ufage. Les Serruriers & les Armu¬ riers s’en fervent ; parce qu’étant fpongieux , il fe charge fa¬ cilement de beaucoup d’huile & de la poudre d ’émeril qu’ils em* ployent pour polir leurs ouvrages. Comme le Figuier exige des précautions pour être confervé dans les grands hyvers , c’eft un arbre qui appartient uni¬ quement aux jardins potagers , & qui ne peut fervir pour la décoration des bofquets. Ainfi il ne me refte plus pour ter¬ miner l’article du Figuier qu’à dire un mot de la caprilica^ tion. Les Habitans de l’Archipel font leur principale nourriture des Figues fçches, qu’ils mangent avec un peu de pain d’orge. Cette F I C U S , Figuier . 2 4* Cette raifon les engage à donner toute leur attention à ce qui peut augmenter la fructification des Figuiers. Ceux que nous cultivons aux environs de Paris , la plupart des efpeces qu’on éleve en Provence, ou dans llfle de Malthe, ôt plufieurs efpeces qui fe cultivent dans 1 Archipel, donnent leur fruit fans qu’on foit obligé d avoir recours a aucune autre induftrie que la culture ordinaire que 1 on donne a tous les arbres fruitiers. Mais dans l’Archipel ôc a Malthe , il fe trouve des efpeces de Figuiers , tant fauvages que domeftiques , qui ont befoin d’un fecours bien lingulier pour conduire leur fruit jufqu’à une parfaite maturité. Au moyen de ce fecours, qu on nomme Caprification y un de ces Figuiers qui donneroit a peine vingt-cinq livres de Figues mûres ôc propres a lecher, en donne plus de deux cens quatre-vingt livres. La caprification étoit connue des le temps d Ariftote , M. de Tournefort, dans fon Voyage du Levant , nous inftruit des circonftanc-es de cette opération; ôc par les obfervations que M. le Commandeur le Godeheu a faites a Malthe , on a encore acquis des idées fort juftes fur la phyfique de la caprification. Je vais effayer de donner d’après ces deux Phyficiens une idee abrégée d’une des plus fingulieres pratiques d agriculture. On cultive dans l’Archipel deux efpeces de Figuier , 1 un do- meftique qui fournit les fruits , & l’autre fauvage que l on nomme Caprifigiiier ôc dans le pays Ornos : celui-ci donne naiflance a des infeôles qui fervent à procurer aux Figues domefliques une ma-; turité à laquelle elles ne parviendroient pas lans ce fecours. On fait que nos Figuiers produifent des Figues au printemps ôc en automne. Les Caprifiguiers en produifent trois fois dans le cours d’une année : les naturels de 1 Archipel leur donnent des noms différents. Les premières Figues y qu’on nomme Comités y & que nous appellerons Figues d’ automne y parodient en Août, ôc tombent fans mûrir en Septembre ôc en Octobre. Les fécondés Figues qu’on nomme Cratitires, ôc que nous appellerons Figues d lyver, paroiffent à la fin de Septembre, ôc refient fur 1 arbre jufquau mois de Mai. Alors paroit la troiheme efpece de Figue, qu on nomme Orni dans le Levant, ôc que nous pouvons appe et Figues printanières . Tome h ■lil i4* FICUS, Figuier. Aucune efpece de ces fruits ne mûrit ; mais il s’engendre dans les Figues d automne , de petits vers de la piquure de certains moucherons qui y dépofent leurs œufs, & qu’on ne voit volti¬ ger qu’autour des Caprifiguiers. Dans les mois d’Oêlobre & de Novembre , les moucherons qui proviennent des vers qui fe font dlevés dans les Figues d’automne, piquent les Figues d’hy ver, àc alors les Figues d’automne tombent. Les Figues d'hyver renferment , jufqu’au mois de Mai , les œufs de ces mouche¬ rons : alors les Figues du printemps commencent à fe montrer. Lorfqu’elles font parvenues à une certaine groifeur & que leur œil commence à s’ouvrir , elles font piquées en cet endroit par les moucherons qui fe font élevés dans les Figues d’hyver. Les Figues du printemps font beaucoup plus groffes que celles d automne & d'hyver. Lorfqu’elles approchent de leur maturité, elles mollilfent & deviennent jaunâtres ; mais dans leur plus grand degré de maturité, elles ne contiennent point de liqueur tucrée; elles font intérieurement feches & farineufes. Au relie, on apperçoit dans leur intérieur les fleurons & les graines, comme dans nos Figues ordinaires. Dans les mois de Mai ou de Juillet, quand les vers qui fe f°nt métamorphofés dans ces Figues , font prêts à fortir fous la forme de moucherons , les Payfans les cueillent ôt les portent lur les Figuiers domelliques. C’eft en cela que confille le grand travail de la caprification; car fi l’on attend trop tard, les Fi¬ gues printanières tombent, & la plus grande partie du fruit des Figuiers domelliques ne fait que languir. Quand on a tranfporté à temps les Figues du printemps fur les Figuiers domelliques, les moucherons qui fortent des Figues du printemps , entrent par l’ombilic dans les Figues domef- tiques , qui font alors grolfes comme des noix, & ils y dépo¬ fent leurs œufs. Si l’on ouvre en différents temps ces Figues, on voit d’abord les moucherons qui fe promènent çà & là dans l’intérieur de la Fig ue. Quelque temps après, on apperçoit que tous les pépins font extrêmement gros ; '& fi on les ouvre , on trouve (pour me fervir de l’expreflion de M. le Godeheu ) qu’elles contiennent des amandes vivantes, c’eft-à-dire qu’il y a inté¬ rieurement des vers qui fe nourrilfent des amandes des Figues* FICUS , Figuier, 243 En ouvrant les Figues lorfqu’elles approchent de leur matu¬ rité , on voit les moucherons fortir des pépins \ &. bientôt apres avoir defteche leurs ailes , ils s’envolent. Quand les poires nouent , il y a quelquefois des mouche¬ rons qui depofent leurs œufs dans l’œil de ces jeunes fruits. Les vers qui en n ai fient entrent dans le fruit par le canal des P /tut & nourriflent de ce qu’ils rencontrent. Ces poires groftifient beaucoup plus promptement que les autres , & elles tombent. Cette^ augmentation de groffeur vient-elle de ce que e ver ayant détruit les organes qui vont au pépin, les fucs nourriciers fe portent plus, abondamment dans la chair du fruit ? ou cette grofleur dépend-elle d’une extravafation de fucs , comme il paroît par les galles qui viennent à l’occafion de la piquuie des ^infeéles ? c eft ce qui n’eft point encore décidé: mais il femble qu’il y a quelque rapport entre ce qui arrive aux fruits véreux, Ôt ce qui réfulte delà caprification, d’au¬ tant que les Figues caprifiées ne font jamais fi bonnes que les autres. Le but^ de cette opération n’eft que d’obtenir une plus grande quantité de fruits. M. le Godeheu remarque pour Malthe , 1 . qu il y a des Figuiers , qu il nomme domeftiques , qui mûriftent leur premier fruit fans le fecours de la caprification , mais qui ne peuvent s’en paiïer pour conduire à maturité leurs féconds fruits. 20. Qu il y a des Figuiers , qu’il nomme Sauvages , qui ne donnent du fruit que dans une faifon, & que ceux-là ne peu¬ vent fe pafter de la caprification. 30. Enfin que la caprifica¬ tion fatigue les arbres, ôc que les Figuiers, qui ont donné par ce moyen beaucoup de fruit dans une année, en donnent peu l’année fuivante. ^.a chaleur du foleil ne fuffit pas pour deftecher les Figues capnfie.es , il faut encore les paffer au four ; c’eft apparemment pour faire périr la femence vermineufe , car le four leur donne un goût defagréable. H h ij •* •> r. . 1 ■ ■ - : • . ' ‘ Tomz L Pî. ÿÿ *4 5 FRANGULA, Tour nef. Rhamnvs , Linn* BOURDAINE. DESCRIPTION. LA fleur (al?) de la Bourdaine eft formée d’un calyce eil godet découpé en cinq, ôc coloré au dedans. En ou^ yrant le calyce, on apperçoit de petites feuilles (c) ce font des pétales; l’on y voit encore cinq étamines & un piflil (de). L’embryon , qui eft à la bafe du piftil , devient une baie fucculente (/) qui renferme deux femences (gh) , plattes d’un côté , convexes de l’autre. Les baies commencent par être .vertes j puis elles rougiflent, ôt enfin elles deviennent noires; La Bourdaine forme un grand arbrifleau : fes feuilles font ovales , allongées , d’un affez beau verd. Elles font pofées alternativement fur les branches. L’écorce intérieure eft jaune j. le bois eft blanc ôc tendre. On voit ici, comme dans l’Alaterne , que les petits pétales du Frangula ont engagé M. Linneus à comprendre cette plante dans le genre des Rkamnus. Cependant nous avons jugé a, propos de lui conferver le nom de Frangula , Bourdaine , pour ne point trop changer les noms établis par les anciens Bo- taniftes : nous nous contentons d’avertir que cet arbre a beau¬ coup de rapport avec le Rhamnus , ôc qu’il pourroit être rangé (dans le même genre. ESPECES .. v X FRANGULA . Dod. Pempt. &OU&D aine* ou Aune jko ut5 bacciferep *4^ J7 ^2 ^ A' G U LA , Bourdaine . -â- FKANGU LA rugofiore & ampliore folio. Inft. Bourdaine à feuilles larges ; ou Aune noir, baccifere 3 grandes feuilles. Cet arbrilfeau croît en Canada. CULTURE . La Bourdaine eft un grand arbrifleau qui vient fous les grands arbres de nos bois* principalement dans les terrains humides. On peut le multiplier par les femences, par les marcottes <ôc par des drageons enracinés , qui fe trouvent auprès des gros pieds. USAGES . La Bourdaine , qu'on nomme aufli Y Aune noir , ne peut guere fervir à la décoration des jardins : le feul ufage que je fâche qu’on fafle de fon bois , eft de le réduire en un charbon léger , qui eft eftimé préférablement à tout autre pour la fabrique de la poudre à canon. Pour cet effet, on coupe le Frangula par morceaux de quatre pieds de long ; & on en leve l’écorce dans le temps de la fève. Lorfque le bois eft à demi-fec , on l’arrange debout dans une foffe qu’on a creufée en terre : on le brûle à flamme vive ; 6c quand il eft fuffifamment confumé , on étouffe la braife avec de la terre, car l’on n’employe point d’eau pour l’éteindre. Un quintal de ce bois , qui coûte à peu près quatre livres ; ne produit que douze livres de charbon. Dans plufieurs Provinces , les Cordonniers n’emploient point d’autre bois pour faire les chevilles des talons des fouliers qu’ils fabriquent. L’écorce des racines de cet arbrifleau purge fortement par haut 6c par bas. On l’emploie dans les campagnes contre les hydropifles, ôc on la prefcrit à la dofe d’une drachme 6c demie* On la fait aufli entrer dans les pommades contre la gale. FRANGULA, Bourdaine. N°. i. Page 24.6 * Tome I. PL 100 / 14/ FR J X INUS, Tournei. & Linn. FRESNE; DESCRIPTION. LES fleurs du Frene (b fl) font raffemblées par bouquets ou en grappes {ah): elles font forme'es de deux étamL nes (f g) & d un piftil cilindrique (ri),divifé en deux par fou extrémité. Ce piftil devient un fruits ou une follicule membra- neufe, oblongue, formée en langue d’oifeau, plattc, fort déliée dans fa pointe ( d) , & qui renferme dans fon milieu une femence oblongue ou prefque ovale, applatie ( e ) , blanche, d’un goût âcre & amer : elle ne mûrit qu’en automne. La plupart des efpeces de Frêne portent des fleurs fans pétales {b) : les efpeces (f) qui ont quatre pétales étroits , fe nomment Frênes à fleur . Les feuilles du Frêne font compofées de fept ôt quelquefois * de treize folioles dentelées plus ou moins profondément par les bords : elles font rangées par paires le long d’une cote qui elï terminée par une feule foliole. Les feuilles font aufli oppofées deux à deux fur les branches, ESPECES \ ï. FRAXINUS excelflor. C. B. P. F h £ s n e de la grande efpece. 2.. l'RAXINUS rotundiore folio. J. B Ere s n e à feuilles rondes* a 4* FRAXINUS, Frêne: 3 FR A XI NU S humilior , five altéra TheoghraJH , minore & tenuiore folîol C. B. P. Fresne nain qui a les feuilles fort petites, ou Fr es ne de Montpellier. % «j,. FRAXINUS Jlorifera botbryoides,. Mor. Hift. Ornus. Michjj Fresne à fleurs en grappes. FRAXINUS Caroliniana latiori fruElu. Fresne de Caroline ou de Canada, à feuilles de Noyer. C. FR A X I NUS ex nova Anglïa primis foliorum in mucronem yroâiiüioribiisl Fresne de la nouvelle Angleterre , dont les folioles font terrai-* nées par une pointe longue. Nous avons encore plufieurs autres efpeces de Frêne : la plu- part nous font venus de Canada ôc de la Louyfiane ; mais com¬ me ces arbres font encore jeunes , nous ne les comprendrons point dans cette lifte. Ils font néanmoins différens les uns des autres; même par la qualité de leur bois, CULTURE . Le Frêne vient très-bien dans les terres aquatiques ; ôc même fubmergées. Néanmoins nous avons planté les efpeces n°. i , 2, s y 4> l'ur des hauteurs, dans des terroirs fecs , où ils ont très-bien réufli. Nous en avons même mis dans de fort mau¬ vais terrains , ôc ils y ont mieux fubfifté que l’Orme ôc le Noyer que nous y avions auflfi plantés. L’efpece , n°. y , ne fe plaît point dans ces fortes de terres; il lui faut néceflfairement de l’humidité. Quand on a des maflifs de Frêne , on ne manque pas de plant ; il en leve toujours beaucoup fous les vieux arbres. Mais quand on veut femer cet arbre, on fera bien de cueillir la graine après les premières gelées d’automne , ôc de la mettre fur le champ , ôc toute verte , par couches avec de la terre , pour la femer dans le mois de Mars : de cette façon elle leve en très- peu de temps ; au lieu que fi l’on avoit confervé la graine dans un lieu fec , elle ne fortiroit de terre que dans la fécondé, année.. FRAXINUS , Frêne. ï45 Au bout de deux ans on les arrache pour les planter dans les maflifs , ou pour les mettre en pépinière ; ôc comme on leur coupe le pivot , ils reprennent aulïï aifément que les Ormes. On ne les etete ordinairement point en les replantant ; on fe contente de les élaguer. Nous en avons tranfplanté ainli qui avoient dix-huit pouces de circonférence , ôc ils ont très- bien repris. Nous avons greffé en fente , les efpeces n°. 3 & 4, fur 1 efpece n°. 1 ; ôc dès la première année , ils ont produit des jets de trois a quatre pieds de hauteur. USAGES . Le Frene, n°. î, forme un fort grand arbre. Sa tige eft droite; ion ecorce lifte ôc unie ; fes branches fe foutiennent bien ; fa tete prend prefque toujours une forme agréable ; fes feuilles font d un beau verd : ôc comme d’ailleurs cet arbre s’accom¬ mode alfez bien de toutes fortes de terrains , on peut en faire des futaies ôc de belles avenues. Nous confeillerions même d en mettre dans les bofquets d’été ôc d’automne , s’il n avoit pas le defaut d etre dévoré prefque tous les ans par les can¬ tharides. Ces infectes parodient ordinairement vers le milieu de Juin : ils mangent toutes les feuilles des Chevre-feuilles , des Xylofteons, des Lillacs ôc des Frênes. Ces arbres en re¬ pou fient a la vérité de nouvelles qui fubfiftent jufqu’aux gélées; niais il eft defagreable de voir des arbres dépouillés comme en hyver dans la plus belle faifon de l’année, lorfque toutes les autres productions de la terre font dans leur plus grande beauté. Le Frêne à fleur, n°. 4, eft abfolument exempt de ce dé¬ faut : jamais les cantharides ne l’endommagent. Ses feuilles font d’un très-beau verd ; ôc comme les pétales de fes fleurs font grands , il eft chargé a la fin de Alai de grandes ôc groffes grappes de fleurs qui font un très-bel effet. O11 doit conclure de ^ ces avantages, qu’il faut beaucoup multiplier ces fortes de Frênes, pour en décorer les bofquets de la fin du printemps, ôc en former des maflifs ôc des avenues» Tome L i 5. JO F RJXINUS, Frêne. L cfpece , n°. y , a les feuilles plus larges que les précédentes; mais elles ne font pas d un aufli beau vercl ; & cet arbre eft plus délicat fur la nature du terrain. D’ailleurs il eft dépouillé par les cantharides ainfi que le n°. i ; mais ce défaut eft com¬ mun a toutes les efpeces de Frêne , excepté au Frêne à fleurs. Les frênes , n°. 2 & 3, font probablement femblables à ceux qui donnent la Manne de Calabre, Voici les notions les plus certaines que nous avons à ce fujet. Dans la Calabre la manne coule d’elle-même , quand le temps eft îerein, depuis le milieu de Juin jufqu’à la fin de Juillet: pendant la chaleur du jour on voit fortirdu tronc & des branches des Frenes une liqueur très-claire , qui s’épaiflit en grumeaux. Ces grumeaux deviennent aflfez blancs ; on les ramalfe le len¬ demain matin en les détachant avec des couteaux de bois 3 pourvu qu il ne foit point tombé d’eau : un brouillard humide fuftit feul pour les fondre. On les étend au foleil pour achevée de les delfécher ; c’eft ce qu’on appelle la Manne en larmes. Sur la fin de Juillet, lorfque cette liqueur celle de couleï d’elle-même , les Payfans font des incifions dans l’écorce des Frênes, d’où il fort pendant la chaleur du jour beaucoup de liqueur qui s’épaiflit en gros floccons. On les lailfe un ou deux jours fe delfécher. La couleur de cette manne eft plus roulfe que la précédente; c’eft probablement la Manne graffe. Quelquefois dans les mois de Juin & de Juillet , les Pay¬ fans ajuftent fur les arbres des morceaux de paille ou de bois, fur lefquels la manne fe fige en forme de ftalaêlites. C’eft cette manne qui eft la plus chere , la plus recherchée &. la plus eftimée. La Manne de Perfe, fuivant M. de Tournefort, eft l’extra* vafation de la feve d’une efpece de Genêt qu’il nomme Al- b agi Maurorum . Rauvolf & Cor. Inft . Il a trouvé cette plante en abondance dans l’ifle de Syra, le long de la mer. Voyez le Voyage du Levant, in- 8°. Tome II , p. 4. Cette Manne que M. de Tournefort paroît eftimer moins que celle de Calabre > a la meme vertu , c eft-a-dire qu elle purge doucement. La Meleze fournit auffi une forte de Manne. Voyez Larix : Le bois de toutes les efpeces de Frênes eft très-ferme ôç F R A X I N U S , Frêne . i j i liante tant quilconferve un peu de fa feve. C’eft pour cela que' on en fait un grand ufage pour le charronage. Les meilleurs brancards de Berline font de ce bois. Comme les jeunes Frênes s elevent fort droits , on les drelfe à la plaine, & l’on en forme es perches que 1 on emploie ordinairement pour faire ces Supports que l’on place le long des murs des efcaliers, & que 1 on nomme Ecuyers ; on en fait encore de petites échelles légè¬ res , des hampes d’efponton , enfin des manches pour différens outils, ôte. Les Tourneurs font avec ce bois plufieurs fortes d’ouvrages,1 ,n débite auffi en planches ; ôc quelquefois on en fait des pièces decharpente ; mais il eft fujet à être piqué par les vers.’ Les brenes produifent le long de leur tronc des tumeurs igneufes ou des exoftofes, dont le bois eft aftfez beau, mais diffi¬ cile a travailler. La fécondé écorce des branches du Frêne , ainfi que le fruit &e cet arbre , font regardés en Médecine comme très-apéritif^ ft ■' i~ ■ ■)» * * ' ' Tome I. PL ioi •» *'• ' ' ■ r ; ' J >SÎ GALE , Tournef. Mr ri c a , I.inn. PIMENT-ROYAL. DESCRIPTION. LE Piment-Royal doit être diftingué en individus mâles 8c individus femelles. Ceux-ci portent des fruits, les autres des fleurs fécondantes. Les fleurs mâles (a) font grouppées fur une petite branche qui eft roide , ou fur un poinçon ; ainfi elles forment par leur aflemblage une efpece d épi compofé d écaillés pointues (b) 8c creufees en cuilleron , fous lelquelles fe trouvent quatre éta¬ mines (r). Les fleurs femelles (df) ont allez le port des mâles, & font grouppées de même ; mais au lieu d’étamines on trouve fous les écaillés un piftil compofé d’un embryon qui eft de figure ovoïde , furmonté de deux ftyies. Cet embryon devient une capfule^ ( e ) qui ne contient qu’une femence. La plupart de ces petites baies font relevées de bofles. Les feuilles, qui font ordinairement allongées, font pofées alternativement fur les branches» Celles de quelques efpeces font échancrées. Les fruits des efpeces, n°. 2 & 5 , qui fournirent la cire dont nous parlerons , font raffemblés par bouquets, & attachés & ^es queues; les arbres en font extrêmement chargés. ESPECES » L EA LE frutex odoratus Septentrion alium Eleagnuî cor do CkamAeagnnS Dodonœi. J. B. May & j cm in a. Ru us Myrti folia Belgica. C„ B. P. Piment-Royal, qui eft un arbufie odorant , individu mâle Ôç femelle. Il en vient en Canada , en France & en Portugais zy 4 GALE , Piment- Roy al. 2. GALE Myrtus BrahanticA fîmilis Carolïnienfis baccata fruÜu raccmof* Jejfili Monopireno. Pluk. Mas & femina. Grand Piment-Royal qui porte fes baies difpofées en grap¬ pes, ou l Arbre de Cire de la Louyiîane. Candelbery de» Anglois, le mâle & la femelle. 5- GALE , ejHA Myrtus Br ab amie a fimilis Carolinienfis humilior foliu la- tiorïbus & magis ferratis. Catefb. Mas & femina. Piment-Royal nain à feuilles larges & profondément dente¬ lées; ou l'Arbre de Cire nain de Caroline ôc d'Acadie, le mâle & la femelle. Et en Canada fur la frontière de l'Acadie. Laurier sauvage, „ GALE Mariana A/plenii folio Pet. M'uf. ou Myrii Br ab arnica ajfnit Americana foliorum laciniis Afplenii modo divifis, julifera fimul & fruc - tum jerens. Pluk. Myrica foliis oblongis alternatim fînuatis. Hort. Chili & Linn. Voyez Liegu idembar foliis oblongis. Cette plante porte , fur les mêmes pieds , des fleurs mâles ôc clés fleurs femelles ; au lieu que les Gale ont des individus mâles & des individus femelles. De plus cet arbriffeau a des ftipules a la naiffance des feuilles que les Gale n’ont point. Il paroîtque Mf Linneus n’a pas connu cette plante, puifqu’il la déligne encore fous le nom de Liquidembar : Nous fupprimons plufieurs efpeces de Gale qu’on ne peut élever en pleine terre. Tels font les Gale à feuilles de Chêne du Cap , êtç. CULTURE . Toutes les efpeces de Piment-Royal, comprifes dans ce dé¬ nombrement , font des arbrilfeaux aquatiques. L efpece, n°. i , fe plaît dans les marais. L Arbre de^ Cire, n°. 2 , nous eft venu des graines qu’oit nous a envoyées de la Louyfiane ; ôc le n°. 3 nous eft par-i \ enu de la Caroline par l’Angleterre. On allure que dans le pays ces arbres fe multiplient aifément de drageons enracinés* Je crois qu il y a de ces efpeces de Gale qui viennent vers le haut du fleuve de Quebec ; mais je n’ai pas encore pû ei$ Wok des femences qui aient levé. GALE , Piment- Roy al. 255 , QQuand on parviendra a avoir de bonnes graines des efpeces n . 2 & 3, on fera bien de les femer dans des terrines ou oans des cailles ; car les jeunes arbres craignent nos grands hy- vers : ainfi il faut les renfermer dans les orangeries jufqu a ce que es tiges foient un peu grolîes. On pourra alors les mettre en pleine. terre dans un lieu humide , avec la précaution de les couvrir d’un peu de litiere ; & quand ils y auront paffé quelques années , il y aura lieu d’efpérer qu’ils y fubfifferont ; car nous en avons vu en Angleterre & à Trianon, qui étoienc charges de fleurs & de fruits. On nous afTure que l’efpece de Canada eft la même que celle qui nous vient de la Louy- liane ; ce qui n’eft pas furprenant , car il y a des efpeces de plantes qu on trouve dans les pays chauds & dans la partie froide de la Zone tempérée ; par exemple l’Epine blanche & le Pi¬ ment-Royal , n >. 1, qu’on trouve en Efpagne, en Portugal & en Suede. D’ailleurs je crois que beaucoup de plantes' &fe natu rainent dans le pays ou on les cultive ; de forte que je penle que les Ciriers qui proviendroient de graines élevées dans ce pays, feroient moins tendres à la gelée que ceux qui viennent des femences qu’on envoie de la Louyfiane. Ce qui me confirme dans ce fentiment, c’efl que, fuivant les Voya¬ geurs, on trouve les Ciriers à l’ombre des autres arbres, ôc que 1 on en voit qui font expofes au foleil , d’autres dans les lieux aquatiques , d autres dans les terrains fecs , enfin que l’on en trouve indifféremment dans les pays chauds , ainfi que dans les pays froids, USAGES \ Les Gale , n°. 2 & 3 , produifent des baies qui font cou¬ vertes d’une efpece de cire, ou plutôt d’une forte de réline qui a quelque rapport avec la cire. Les habitans de la Louyfiane en ramaffent les fruits ou efpeces de baies j ils les font bouillir dans l’eau , ôc ils en retirent les graines ^Ôc les queues avec des écumoires \ alors la cire réfineufe qui revet les capfules fe fond , ôc comme elle eff plus legere que 1 eau , elle fumage , & fe fige : par ce moyen ils obtiennent une efpece de cire qui eff verte , ôt dont on peut faire des bougies. Depuis quelque temps les habitans ont trouvé le moyen de? i GALE, Piment-Royal. retirer cette cire allez blanche ou jaunâtre. Pour cela ils met¬ tent les baies dans des chaudières , ôc ils verfent deffus de l’eau bouillante qu’ils reçoivent dans des baquets , après avoir laifte diftfoudre la cire pendant quelques minutes. Quand l’eau eft refroidie, on trouve delïus une cire réfineufe qui elt jaunâtre. Comme ce premier procédé n’épuife pas entièrement la ré- fine de ces graines , on les fait enfuite bouillir dans l’eau : cette derniere réfine qui fumage eft plus verte que fi l’on n’avoit pas retiré en premier lieu la réfine jaunâtre. La cire réfineufe qu’on retire du Gale eft feche. Elle fe * réduit aifément entre les doigts en poudre graffe. Pour lui don¬ ner plus de corps , j’y ai mêlé un peu de cire ordinaire , ou une petite portion de fuif , Ôt j’en ai fait faire des bougies qui prenoient un peu de blancheur fur le pré, beaucoup moins à la vérité que la cire : mais ces bougies ont l’agrément de répandre une odeur agréable , ôt les égoutures de cette cire font plus faciles à emporter de deftfus les étoffes que celles du fuif. L’eau qui a fervi à retirer la cire eft fort aftringente : elle arrête les diarrhées; ôt l’on prétend qu’en faifant fondre du fuif dans cette eau , il acquerre prefqu’autant de confiftance que la cire. Quand on a enlevé la cire de deflus les baies, on apperçoit à la furface des baies une couche d’une matière qui a la cou¬ leur de la laque ; l’eau chaude ne la diftout point ; l’efprit de vin en tire une teinture ; ôt quelques-uns croient qu’elle pour- roit être de quelque utilité pour les arts. Cet arbrifleau eft encore trop rare en France, pour qu’on ait pu en reconnoître d’autres ufages que ceux que l’on a ap¬ pris des habitans de la Louyfiane. GENÎSTA , Tome 1. Tl. 102 , / GENISTA, Tournef. S partium , Linw( G E N E S T. DESCRIPTION. LE S fleurs {a) du Genêt font légumineufes. Le calyce eft dune feule piece ; on trouve dans l’intérieur de la fleur dix étamines réunies par le bas, ôc un piftil ( b ) qui de¬ vient une filique affez longue ôc applatie , dans laquelle font plufieurs femences qui ont la forme d’un Rein (c). Les branches du Genêt font fort vertes, ôc peu garnies dé feuilles qui font pofées alternativement. ESPECES . ïa G K N IST A juncea. J. B. G en est qui a les branches comme le Jonc ; ou Genest d’Efpagneâ Z. GENISTA Hifpanica pumila odoratijjïma. In fl. Petit Genest d’Efpagne très-odorant* 3* GENISTA humilior Pannonica. In fl. Petit G e n e s T de Plongrie. L GENISTA Lufitanica parvo flore hitto. In fl. G e n e s t de Portugal à petites fleurs jaunes. Tome /, K 4 c 8 C E N I S T A ) Genêt. y 5. G E N 1 ST A jtincea flore multiplici . Genest à branches de Jonc & à fleurs doubles, 6. GE NI ST A ramofa foliis Hyperici. C. B. P. Genest branchu à feuilles de Mille-pertuis, 7. G E N I ST A radiât a, five fîéHaris. J. B. Genest étoilé. 8. GEN I ST A, fwe Spartium purgans . J. B, Genest purgatif odorant. Les trois efpeces fuivantes ont les filiques & les fleurs du Genêt ; mais comme elles font épineufes , elles feroient ; fuivans M. de Tournefort , des Gemfta Spartium . p. G E N I ST A fpinofa montis Ventofu r Genest épineux du mont Ventou. > 20. GENISTA fpinofa minor Germanica. Petit Genest épineux d’Allemagne, II. GENISTA fpinofa minor Anglic a. Petit Genest épineux d’Angleterre, CULTURE . Tous les Genêts s’élèvent aifément de femences , & ils peuvent fe greffer les uns fur les autres par approche^ ôc en écuffon : c’eft: la feule façon de multiplier le Genêt a fleurs doubles) qui ne porte point de graines. Quelques cfpeces re¬ prennent difficilement quand on les tranfplante. Au refie ces arbuftes ne font point délicats fur la nature du terrain ; ils viennent fort bien par-tout, USAGES . Tous les Genêts font très-propres à décorer les bofquets printaniers. Le Genêt purgatif fleurit dans le mois de Mai ; les autres au commencement de Juin. Ils forment alors des buiffons très-agréables \ mais on doit cultiver par préférence les Genêts G E N 1 S T A , Genêt . 2. j 9 d’Efpagne , n°. 2, qui répandent une odeur admirable. Le Genêt à Heur double eft recherché , quoique fa rieur ne foit pas fort belle. Le petit Genêt purgatif répand aurid une très - bonne odeur. Les fleurs de toutes les fortes de Genêt peuvent , ainfi que la Geneftrolle, fournir une teinture jaune. O11 confit au vinaigre les boutons de Genêt; & on les emploie dans les fauces comme les Câpres ; mais ces boutons font ordinairement durs , & n’ont point le goût relevé de la Câpre. En Médecine on regarde le Genêt comme fort apéritif ; & le fel lixiviel de cette plante a quelquefois produit de grands effets dans l’hydropifie. En faifant brûler fur une affiette de jeunes branches de Genêt verd, on en tire une huile noirâtre fort cauftique : on l’emploie contre les dartres. K k /il ■ ■ lome I. PU 103, GENISTA SPARTIUM, Tournef. Ulex, Linn. GENEST EPINEUX, JONC MARIN , AJONC, eu Landes en Bretagne, &c Brusque en Provence. DESCRIPTION. Mde Tournefort ne diftingue le Genifta du Genfta Spartium * . que parce que celui-ci eft fort épineux. On pourroit établir cette différence fur la forme de la fleur , comme le fait M. Linneus. Car le calyce du Genfta efl d’une pièce qui a la forme d’un tuyau divifé en deux levres principales ; & le calyce du Genijïa Spartium paroît être formé de deux feuilles. Le pavillon (vexillum) des Genifta eft grand, prefque rond " relevé ; il fe termine par une pointe, Ôc les bords font ren* verfés en arriéré; au lieu qu’au Genfta Spartium il eft ovale couché fur les ailes qu’il enveloppe, & plié en forme de gouttière. Les ailes \al que du $par~ tium. Les tiges des Genêts épineux font garnies de petites feuilles ovales , ôt de longues épines vertes très-pointues , d’où il en part d autres plus petites qui font encore garnies de plus petites épines. Ces feuilles & ces épines font attachées alternativement fur les branches. ESPECES . I. GENIST A SPA RTIUM Jpinofum majus fecundum hirfutum. C. B. P. Grand Genest épineux velu , ou grand Jonc marin. 2' GEN ISTA S PA R TI UM fpin'ojum majus, tenuius &glabrum. H. R. P. ' Grand Genest épineux qui n’a pointée poils. 3. GEN ISTA SP A RTIUM majus aculeis brevioribus & longioribus. Inft. Grand Genest épineux qui a des épines fort longues & d’au¬ tres fort courtes. Jonc marin, Ajonc, Lande, Brusque, fuivant les différeras pays. P G EN I STA SP A RTIUM fpinofum minus. C. B. P. Petit Genest épineux. e. GEN I ST A SPART IUM minus faxatile , aculeis horridum. ïnft. Petit Genest trés-épineux qui vient fur les rochers. CULTURE. Les Genêts épineux fe multiplient très-aifément de femences. En Normandie , en Bretagne, dans une partie du Poitou, on feme des champs d’ Ajonc , n°. ? , comme on lente du fain- foin; mais ils ne viennent bien grands que dans les bonnes terres. J’en ai fenté dans des fables gras où ils font venus très- gros ; mais ils n'ont fait que languir dans les bonnes terres à froment de la Beauce. On les feme ordinairement avec de l'avoine ou du bled de Mars ; & quand on a fait la récolte de ces grains ; le champ fe trouve rempli de Genêts épineux. •* GENISTA, Genêt épineux . 2 6* On prétend que cet arbrifleau n’épuife point la terre * ôc que le froment vient très-bien dans les champs qui ont pro¬ duit du Genêt épineux. Dans les pays de boccage cette plante fe feme d’elle-même * &; remplit toutes les Landes. USAGES . Comme le Genêt épineux forme des buiffons toujours verds* on peut en mettre dans les bofquets d’hyver. Ils font fort agréables dans les mois de Mai «5c de Juin , quand ils font chargés de leurs fleurs qui font d’un jaune très-vif : on peut donc les employer pour décorer les bofquets du printemps. Ils feront auffl très-bien placés dans les bofquets d’automne ; car fouvent ils produifent encore des fleurs dans cette faifon. Les épines de cet arbrifleau étant très-fortes , on le feme fur les berges des foffés pour tenir lieu de haie. Dans les pays où le Genêt épineux vient naturellement* on y a recours pour nourrir le bétail* quand les autres fourrages font rares. Pour cela on coupe les jeunes pouffes de Genêt épineux ; on les pille avec des maillets fur des billots ou pe¬ lotons de bois; ôc quand les épines font rompues, les bœufs ôc les chevaux fe nourriffent très-bien de cette plante. Dans les Provinces où le bois eft rare , on feme du Genêt épineux dans les meilleures terres , <5c l’on en fait des fagots qui fervent à chauffer les fours * à faire de la chaux ; «5c en Pro¬ vence* à carener les bâtimens de mer. En Bretagne on fait des tas d’ Ajonc & de gazon , formés par des couches alternatives de l'un «5c. de l’autre. Ces tas s’échauffent * le Jonc marin pourrit* ôc le tout fait un boa fumier. Tome I. PL 104. ' ' '*xt ' 4 6 S G LEDITS IA, Lin n. FÉVIER: DESCRIPTION. IL y a des Féviers mâles & d’autres femelles. Néanmoins on trouve très-fréquemment quelques fleurs mâles fur les in¬ dividus femelles , ôc quelques fleurs hermaphrodites (c) fur les individus mâles. Les fleurs mâles (a) ont un calyee propre divifé en quatre parties qui font creufées en cuilleron, quatre pétales étroits, fix ou plus fouvent , huit étamines (b) : ces fleurs qui font atta¬ chées a un filet , forment des chatons en épi. Les fleurs femelles different des mâles, en ce que les pétales font plus grands, ôc quelles ont un piftil affez long {d), dont la bafe, qui eft large, produit une grande filique un peu char¬ nue (/) , dans laquelle on trouve des femences (e) ovales : ces fleurs font attachées à un filet comme les mâles ; mais les cha¬ tons font plus gros. Les feuilles des Gleditfia font formées d’un filet principal ; d’ou il en part d’autres latéraux qui font rangés à peu près deux à deux, lefquels font chargés d’environ feize folioles un peu den¬ telées par les bords, ôc prefque ovales, terminées en pointe, ÔC rangées alternativement fur ces filets qui font terminés par une feule foliole; étant ainfi doublement compofées, elles reffem- blent affez à celles du Bonduc. Mais fouvent les feuilles font Amplement compofées, comme celles de l’Acacia, ôc elles n’ont qu’un feul filet chargé de folioles. Les feuilles font toujours placées alternativement fur les branches. Tome /, L 1 \ 166 G LE D I T S IA , F évier. Ou remarque encore aux feuilles doublement compofées } qu’il part immédiatement de la greffe nervure une ou deux paires de grandes folioles. Ces feuilles , comme toutes celles qui font empanées , fe replient vers le foir les unes fur les autres ; & elles s’ouvrent lorfque le jour paroît. Dans l’automne elles fe replient aufli ; mais c’eft pour ne plus s’ouvrir. L’efpece n°. 2 n’a point d’épines ; mais celle du n°. 1 en a de très-fortes ; elles fortent des branches un peu au-deffus de l’aifielle des feuilles : elles acquièrent quelquefois trois à quatre pouces de longueur , & produifent fouvent fur les côtés des épines moins grandes. Toutes ces épines font dures, très- pointues & très -fermement attachées aux branches , & même au tronc. ESPECES. I. GLEDITSIA fpinofa Linn. mas & femin a, ou Acacia American A Abrita foliis Triachantos } five ad alas foliorum fpina triplici donatam Pluk. Mant. Févier d’Amerique à feuilles d’Acacia, qui a trois épines aux; ailfelles des feuilles. D, G LE D ITS TA inermis mas & femina , ou Acacia Javanica } nor} fpinofa , foliis maximis fplendcntibus. Pluk. Févier fans épines. C f • ■- Les Gleditfia ayant des fleurs mâles & des fleurs femelles £ font très-différents des Acacia & des P feudo- Acacia. De plus, les P feudo- Acacia portent des fleurs légumineufes ; V Acacia des tuyaux d’une piece divifés en cinq, & le Gledirjia des fleurs polypétales difpofées en rofe. CULTURE. On éleve les Féviers des femences qu’on nous envoie dé Canada & de la Louyfiane dans de grandes flliques. Cet arbre qui devient affez grand , n’eft pas délicat : nous en avons planté •dans quelques maflifs de bois cii ils réufîiffent fort bien. Dans la planche ôt dans la vignette , on a été obligé do G L E D 1 7 SIA, F évier. 2 6j deffiner la filique plus petite qu’elle n’eft par fa nature : la branche de la planche a été deflinée au printemps , lorfque les fleurs n’étoient encore qu’en boutons. USAGES . Le Févier a un feuillage très -agréable qui a une petite odeur gracieufe, auiïi-bien que fa fleur qui n’a pas beaucoup d’éclat ? & qui paroît dans le mois de Mai ou de Juin. La beauté de fa feuille peut engager à en mettre dans les bofquets du prin¬ temps; mais ces arbres feront très-bien dans les bofquets d’été. Ils ont , comme le faux Acacia , le défaut de s’éclater par le vent , quand deux branches aulli vigoureufes l’une que l’autre forment un fourchet. Si les efpeces qui ont de grandes épines devenoient com¬ munes , on pourroit, en les étêtant , les employer pour former de bonnes haies; car leurs épines font très-fortes , ôc ces arbres produifent beaucoup de branches. M. Aimen, Médecin de Bordeaux , ôc bon Botanifte, m’a alluré en avoir déjà vu des haies auprès de Bordeaux. Le bois du Févier paroît dur ôc fendant; c’eft tout ce que je puis dire d’un arbre qui eft encore rare en France. Nous avons un Févier qui nous eft, je crois, venu de la JLouyfiane. Ses folioles font petites & ferrées fur les branches comme celles de l’Acacia. Ses épines font comme celles du n°. 1 , mais plus rouges ôc plus petites. Il craint plus le froid que les autres ; ôc il n’y a point d’hyver qu’il ne perde quel¬ qu’une de fes branches. Nous en avons un , n°. 2 , qui n’a point d’épines , ôc que nous croyons être Y Acacia Javanica de Pluknet. Néanmoins fes feuilles ne font ni plus grandes ni plus brillantes que celles du n°. 1 . ' * V i ' ' ■ * * * -r. Tome I, PU 105, .• 'i l ■- : • ■ • v- - - . - - . .. \ v. i . : v. ; ; o ... :■ ■ * r : $ v » > , ' . . • • • . ’ v ^ G LO BU L ARIA, Tournef. Ali pu m , Magn. GLOBULAIRE. DESCRIPTION . LA fleur ( a ) de la Globulaire a un calyce commun com-i pofe de petites feuilles étroites [b) , difpofées en écailles» Dans le calyce font renfermées un grand nombre de petites fleurs ( cd ) qui ont chacune leur calyce propre formé de plu-* fleurs petites feuilles , & un pétale figuré en tuyau , qui fe termine par plufieurs découpures irrégulières. On trouve dans l’intérieur environ quatre étamines terminées par de petits fommets noirâtres. Au milieu (ef) eft un piftil formé d’un ftyle qui fe termine en pointe , & d’un embryon qui devient une femence fine, laquelle eft recouverte par le calyce, dont les bords, quand ils font defféchés, parodient des poils. Dans l’efpece dont nous parlerons , chaque branche eft ter¬ minée par une fleur qui a environ un pouce de diamètre, ôc qui eft d’un beau violet. Les feuilles qui font rangées fans ordre fur les branches, reffemblent aux feuilles du Myrte : néanmoins leur ligure varie; il y en a qui fe terminent par une pointe, & d’autres par trois^ Ce petit arbufle s’élève à la hauteur d’un pied & demi, ©u deux pieds. ESPECE . G L O BU LA RI A frtiticofa Myrti , folio tridentato. In fl. Ou Ali pu m Monfpelianum , five frutex terribilis. J. B. Globulaire en arbufle à feuilles de Myrte qui a ordinairement trois pointes» i -'o G LO BU LA R IA , Globulaire. j J CULTURE . Cette Globulaire croît en grande abondance auprès de Montpellier fur les montagnes arides. Nous l'élevons allez aifément en pot; mais on a peine à la faire fubfiller en pleine terre. USAGES . Cette Globulaire eft très - agréable dans le temps de fa fleur : on n’eft point encore parvenu à la naturalifer dans nos jardins. Elle eft extrêmement purgative par haut ôc par bas , ce qui lui a fait donner le nom de Frutex terribilis . i GLOBULARIA , Globulaire. N°. i. Page 270 * 8 Tonie L PL io6> I t t . - ■ GRAN AD1LLA , Tournef. Rassi Flora , Lînn^ FLEUR DE LA PASSION. DESCRIPTION. LA Fleur de la PafTion (a) eft compofée d’un calyce Fort ouvert , divifé en cinq , d’un pareil nombre de pétales «, ôc d’un piftil qui reflemble à une colonne (b). Chaque divifion du calyce eft terminée par un petit crochet ; & les pétales font aulTi grands que les divifions du calyce. La bafe du piftil eft garnie d’une triple couronne de filets ( neÏÏarium ) : elle porte à fon fommet (c) cinq étamines & un embryon furmonté de trois ftyles qui font femblables à des clous. L’embryon devient un fruit charnu ôt coriace (d) y de la figure d’un petit Con¬ combre, rempli d’un mucilage (e) tranfparent , liquide & affez agréable au goût , fur lequel font attachées plufieurs femences {/) qui font chacune enveloppées d’une membrane. 27^ CRA NA D 1 LL À y Fleur de la P ajjion . Les feuilles des Fleurs de la PafTion font ordinairement découpées très-profondément, ou formées de longues digita¬ tions. Elles font pofées alternativement fur les branches qui font flexibles. ESPECES . I. GRANADILLA pentaphyllos flore c&ruleo magno. Boerh. Ind. Alt. ou G r a n a d i ll a polyphyllos frublu ovato. Inft. Fleur de la Passion à grande fleur bleue & à cinq feuilles. 2.. GRANADILLA pentaphyllos angufli folio, flore albo. Boerh. Fleur de la Passion à fleur blanche & à cinq feuilles étroites. 3 • G R A NA D IL L A pentaphyllos angujlioribus foliis , fore minore purpu - rafcente. M. C. Fleur de la Passion à petites feuilles purpurines, & à cinq feuilles étroites. Nous fupprimons plufieurs efpeces qui ne peuvent fupporter nos hyvers, CULTURE. On peut élever les différentes efpeces de Fleurs de la PafTion avec les femences qu’on tire d’Italie ou d’Efpagne ; car fes fruits ne mûriffent guere dans nos provinces. Mais elles fe multiplient aifément par des drageons enracinés , qui fe trou¬ vent auprès des gros pieds. On peut aufli en faire des mar¬ cottes. La Fleur de la PafTion, n®. i, qui mérite particulièrement d'être cultivée , produit une tige affez groffe. Néanmoins comme c'eftune plante farmenteufe il faut l’élever en efpaliers, où elle fupportera les hyvers fl l’on a foin, de la couvrir avec de la litiere. J'en ai vu à Paris dans la cour de M. de Juffieu, un très- beau pied qui y a fupporté , fans être couvert, l’hyver de l7S3 '• ( 011 Fait qu il a été affez rude;) mais les tiges ont péri oans l’hyver de 17^4 : on fera donc bien de la défendre des grands froids , fans quoi Ton courroit rifque de la perdre. USAGES. GRANADILLA , Fleur de la Pajjïon. 173 USAGES . Les différentes efpeces de Fleurs de la Paillon font pro-f près a garnir des tonnelles 6c des terralTes. Mais l’efpece* n°* 1 y mérité lingulierement d’être cultivée à caufe de fes belles &. grandes fleurs qui font d’une forme des plus fingu- lieres. Les n°. 2 & 3 en font des variétés. Dans la nouvelle Elpagne où le fruit de cet arbufte parvient a maturité , les Efpagnols 6c les Indiens l’ouvrent comme l’on fait les œufs pour y fuccer le fuc aigrelet qu’il contient , ÔC qu ils trouvent délicieux. A la Martinique on appelle ce fruit Pomme de Liane . Tome h Tome L PL 107 •- • - ", ' ■ . . i- ' • • * • •• - - ..... . v - . 'K ■ •\ l ,i* :.u'n l7 S G R E W I A , Linn. DESCRIPTION : LE calyce (b) de la fleur {a) du Grewia eft compofé de cinq grandes feuilles pointues , fermes, folides, fort éva- fées ôc colorées au dedans. Les p étalés font au nombre de cinq , de même forme que les feuilles du calyce; mais leur extrémité inférieure qui eft; recourbée , forme une cavité qui entoure la bafe du piftil : on, trouve ordinairement dans cette cavité une fubftance mielleufe. Le difque de la fleur eft occupé par un grand nombre d’éta¬ mines (d) allez longues , qui prennent naiiïance du deiïous de l’embryon ; elles font terminées par des fommets arrondis. Le piftil (c) eft formé d’un petit cylindre qui eft furmonté d’un corps à cinq angles , du delfus duquel les étamines pren¬ nent leur origine ; & au milieu de ces étamines eft un embryon arrondi , furmonté d’un ftyle menu , qui eft terminé par un fligmate ordinairement divifé en quatre. L’embryon devient une baie anguleufe (/) , ou plutôt quatre baies réunies par leur bafe , dans chacune desquelles on trouve un noyau (uis dire d’un arbrilfeau qui eft encore fort rare ici, USAGES. Cet arbrilfeau qui devient alfez grand, eft fort joli au comment cernent de Juin, temps où il eft en fleurs ainfl il peut feryir à h «décoration des bofquets d’été. G RE W I A. N®, i. Page 27 6* Tome L PU io3. 277 GROS S ULARI A , Tournef. Ribes, Linn. GROSEILLIER. DESCRIPTION. LLes fleurs (a b) des Grofeiiliers font compofées d’un ca- lyce (c) divifé en cinq, d’un pareil nombre de petits pétales {d) 9 & autant d’étamines. Le piftil eft formé d’un em¬ bryon arrondi , & d’un ou deux ftyles. L’embryon devient une baie ronde fucculente (e) , garnie d’un ombilic. On trouve dans l’intérieur (f) plufieurs femences arrondies, un peu com¬ primées {g). Toutes les efpeces de Grofeiiliers peuvent fe rapporter à deux genres allez différents l’un de l’autre. Les uns qui font épineux, ont les feuilles arrondies, aflez petites & découpées prefque comme celles de l’Epine blanche : ces Grofeiiliers portent leurs fruits un à un. Les épines par¬ tent une, deux ou trois du talon qui fupporte les feuilles. Les autres n’ont point d’épines ; ils portent leurs fruits en grappes. Leurs feuilles font grandes & figurées comme celles de la Vigne, ou plutôt comme celles de l 'Opuhts. Elles font échancrées, dentelées par les bords, & fupportées par de lon¬ gues queues. Les feuilles de tous les Grofeiiliers font pofées alternativement fur les branches, ôc les boutons font pointus. Ce que nous venons de dire des Grofeiiliers épineux & fans épines n’eft cependant pas fans exception. Car à la Galilfoniere près de Nantes, on en a cultivé un qui étoit à grappes, dont le fruit étoit rouge , & qui avoit des épines : il venoit de Canada. M. Miller fait mention d’un Grofeillier à un feul grain, qui n’a point d’épines. Si l'on youloit diftinguer les efpeces des Grofeiiliers par leurs 1 7 B GROSSU LARIA, Grofeilller. fruits difperfés un à un ou raflemblés en grappe, on trouveront encore des exceptions ; car quelquefois les Grofeilliers épi¬ neux portent deux , trois & quatre grains ralfemblés en forme de petites grappes ; ainfi il ne faut pas prendre trop rigoureu- fement la diftin&ion des deux claffes auxquelles nous allons rapporter les diverfes efpeces. ESPECES . Groseilliers a un seul grain. I. G R O S SU LA R I A fîmplici acino , vel fpinofa filvejîris. C. B. Pin. Groseillier fauvage , épineux. z. G RO S SU L A RI A fpinofa fativa. C. B. Pin. Groseillier épineux, cultivé. 3. G RO S SU LARIA fpinofa fativa altéra foliis latiorihus. C. B. Pin. Groseillier épineux cultivé à feuilles larges. q. GROSSULARIA fpinofa fativa foliis ex lutco variegatis. M. C. G R o s e 1 l L 1 er épineux à feuilles panachées. GROSSULARIA fpinofa fativa foliis fiavefeentibus. M. C. Groseillier épineux à feuilles jaunâtres. 6 . GROSSULARIA , five uva crifpa alla , maxima , rotunda. H. Edim. Groseillier épineux à gros fruit blanc. 7. GROSSULARIA maxima , fubflava , oblonga. PL Edimb. Groseillier épineux à fruit long jaunâtre. 8. GROSSULARIA fruBu rotundo maximo virefeente. M. C. Groseillier à gros fruit rond verdâtre. 9. GROS SU LARIA Virginiana fritlhi fpinofo. Groseillier de Virginie à fruit épineux. 10. GROSSULARIA fîmplici acino caruieo fpinofa. C. B. Pin. Groseillier épineux à fruit bleu. 11. GROSSU L ARIA fîmplici acino cœruleo foliis latiorihus. Groseillier à un feul grain violet 8c à feuilles larges. 12. GROSSULARIA fîmplici acino cœruleo , non fpinofa. C. B. P. Groseillier à un feul grain violet 8c fans épines. G RO S S U LA. R IA , Grojeilller . z -g g Groseilliers a grappes. *3- GRO SSULARIA mnltiplici acino , five non fvinofa, hortenfis , rubra , five R 1 b e s ofpcinarum. C. B. P. Groseillier à grappes rouges des Jardins. *4. G R O S SU L A R I A hortenfis majore fruttu rubro. C. B. P, Groseillier à grappes & à gros grains rouges. 15. GROS SU LARI A hortenfis majore fruttu carneo. Groseillier à grappes ôc à gros fruit couleur de chair. 16. G R O S SU L A RI A vnlgaris fruttu dulci. C. B. P, Groseillier à grappes & à fruit doux. J 7* G RO S SU L A RI A vnlgaris foliis ex luteo variegatis. M. C. Groseillier à grappes Ôc à feuilles panachées de jaune» 3 8. GRO S SU LA R IA vnlgaris foliis ex albo variegatis. Al. C. Groseillier à grappes 8c à feuilles panachées de blancs jp. GRO S SU LA RI A hortenfis majore fruttu albo. PI. R. P. Groseillier à grappes ôc à gros fruit blanc. 2.0. G R O S SU L A R I A hortenfis fruttu margaritis fimili. C. B. P. Groseillier à grappes ôc à fruit femblable à des perles .v ou Grofeilles perlées.. 21. GROSSULARIA fruttu albo , foliis ex albo variegatis. Al. C. Groseillier à fruit blanc Ôc à feuilles panachées de blanc». 22. GROSSULARIA non fpinofa fruttu nigro majore. C. B. P. Groseillier à grappes ôc à gros fruit noir. Cassis. 23* G RO S S U LA R I A Americana fruttu nigro . Groseillier d'Amérique à fruit noir. Il ne faut pas s’étonner de cette longue Me: la plupart de ces efpeces ne font que des variétés , entre lefquelies même plufieurs different peu les unes des autres. CULTURE . Les Grofeilliers font des arbriffeaux très -aifés à cultiver.. Iis. 180 G RO S SU LA RI A , GroJ'eillicr. viennent mieux dans la bonne terre que dans la médiocre ; mais il faut qu’elle foit bien mauvaife pour qu’ils y périlfent. On pourroit les élever de graines; mais ce moyen eft long, & il ne convient d’y avoir recours que quand on fe propofe d’obtenir des efpeces ou plutôt des variétés nouvelles. Si, par exemple, on femoit les pépins d’un Grofeillier blanc à fruit perlé , qui auroit été planté entre plufieurs Caflis ou Grofeil- liers noirs à grappes, on pourroit avoir des Grofeilliers métis qui auroient du parfum & une couleur finguliere. Mais quand on ne fe propofe pas d’avoir des efpeces nouvelles , le plus expéditif eft de planter des drageons enracinés qui fe trou-* vent ordinairement au pied des forts Grofeilliers ; s’il ne s en trouve point, on fait des marcottes ou des boutures. Cet arbrif- feau reprend de toutes ces façons. USAGES . Lorfque la Grofeille épineufe eft verte , on l’emploie dans les cuifines comme le verjus ; il s’en faut cependant beaucoup qu’elle ait un goût aulli agréable. Elle a toujours quelque chofe d'herbacé qui ne fe remarque point dans le verjus. On trouve dans l'intérieur de la fleur de cette efpece, un ou plutôt deux piftils joints enfemble qu’on fépare facilement. Lorfque ce fruit eft mûr , il n’eft pas mauvais à manger , fur-tout l’efpece n°. ïo, dont le fruit eft violet. Sa chair eft moins molafte , ôc fon goût approche de celui du Raifin. Il eft rare que dans les haies & dans les brouftailles on ne trouve pas quelques pieds de Grofeilliers épineux ; on pourra en tran.fplanter dans les rernifes : cet arbufte y conviendra d’au¬ tant mieux qu’il a l’avantage de n’être point mangé parles lapins. Le fruit du Grofeillier à grappes eft plus eftimé que celui de l’épineux. Il a un goût aigrelet qui eft agréable quand il eft corrigé par le fucre. On en fait des eaux rafraîchifîantes , de très-bonnes compotes, des confitures, des gelées, des firops. On peut manger des Grofeilles fraîches jufqu’à la fin d’Oc- tobre, fi l’on a foin de couvrir les Grofeilliers avec de la paille aufti-tôt que leur fruit eft rouge, pour empêcher qu’il ne foit de fléché par le foieil,& pour le défendre des oiléaux. En G RO S S U LAR I , Grofeillier . i 8 i En Médecine on fait plus d’ufage de la Grofeille à grappe qu on nomme Rites , que de l’épineufe à laquelle on conferve le nom de GroJjMlaria. Toutes les deux font aftringentes, rafraî- chiifantes , fortifiantes ; elles éteignent l’effervefcence de la bile ; elles temperent les ardeurs du fang ; elles arrêtent les cours de ventre & les crachemens de fang. On attribue de très-grandes vertus à l’efpece n°. io. On prétend que fon fruit, qui a une odeur peu agréable , eft pur¬ gatif. On a ordonné l’infufion de fes feuilles pour toutes fortes de maux ; mais il y a beaucoup à en rabattre : c’eft un remede de mode dont on commence a ne plus parler. Dans 1 intérieuîr de fa fleur on ne trouve qu’un piftil. Nous en cultivons de deux efpeces, l’une qui vient plus grande que l’autre ; elle porte de plus gros fruits & de plus grandes feuilles. Le n°. 23 porte de très-belles grappes de fleurs; les pétales font plus longs que ceux des autres efpeces. On n’y trouve qu'un piftil. Tomé h N 3 - ♦ * - - GROSSULARIAj Groseillier. N°. 13. Page 282 * Tome L PL, no GROSSULARIA, Groseillier. N°. i. Page 282 Tome 1. PL. îoy. GU A lACANA, Tournef. Diospfros. Linn. PL AQUEMINIER ou PI A QUEMIN IER. DESCRIPTION. tA fieur {a ou e') du Plaqueminier effc formée d’un calyce J plus ou moins grand divifé en quatre parties qui font plus grandes que le petale, ôc d’un pétale {boue) en forme de clo¬ che plus ou moins allongée ( df). Il eft divifé en quatre , quel¬ quefois li profondément qu il paroît formé de quatre pétales siTez grands. Le petale tombe quand le fruit noue. On trouve dans 1 intérieur^ huit petites étamines (g) attachées au pétale j elles ont des pédicules très-courts ôc des fommets allongés , ôc ne débordent point le petale : on y voit encore un piftil formé d’un embryon arrondi ôc^de quatre ftyles qui fe réuniffent en un. L embryon devient un fruit fucculent (i) qui refie entouré du calyce , ôc dans lequel le trouvent (/z) quelques femences ovales & pointues (fc). Les feuilles qui font ovales, entières ôc un peu velues, font pofees alternativement furies branches. Les fleurs fortent une à une des aiffeiles des feuilles , ÔC paroiffent dans le mois de Juin. Ces arbres deviennent grands, ôc ont un beau feuillage. Dans la vignette, ia fleur (aj eft de l’efpece n°. i, de même que le fruit ( i ). La fleur (c) eft celle du n.° 3 , ôc le fruit de cette efpece eft repréfenté dans la fécondé planche. ^ESPECES. r. GUAIACANA. J. B. Plaqueminier à petit fruit. Nn i] 1 8 4 GU A IA C A NA , P laquemimer, 2. GU A ÎA CA NA angnfliore folio. Inft. Plaque minier à feuilles étroites & à petit fruit. 3 . G U A I AC A NA , Jîve Pis h y} min Virgimanum. Park. Plaqueminier de Virginie nommé P i sh a min, ou Pi A* que minier de la Louyfiane, à gros fruit. CULTURE . Les Plaqueminiers s’élèvent de femences. Celui défigné n°. i1 produit, quand il eft un peu gros, des rejets enracinés. Quoique ces arbres fupportent bien nos hyvers, nous avons la précaution , quand ils, font jeunes, de mettre vers la fin de l’automne, un peu de litiere fur les racines. USAGES . Ces arbres fleuriflent vers le milieu de Juin. Leur fleur n’eff pas d’un grand éclat, mais leurs feuilles font belles, & l’on fera bien d’en mettre dans les bofquets d’été ; ils deviennent fort grands. La décoclion des feuilles pafle pour aftrin genre ; & l’on dit que leur bois eft dur & d’un bon ufage. Les nôtres font trop jeunes pour que nous publions parler d’après nos obfervations. A la Louyfiane on mange le fruit quand il eft mol , comme des Neffies. On fs fert de la pulpe pour faire des efpeces de galettes fort minces qui ont un goût allez agréable , & qui arrêtent les diarrhées. Pour faire ces galettes , on écrafe les fruits dans des tamis fort clairs qui féparent la chair de la peau ôc des pépins : la chair étant ainfi réduite en bouillie épaifle ou en pâte , on er* fait des pains longs d’un pied & demi , larges d’un pied , ôc épais d’un doigt , que l’on met fécher au foleil ou au feu fur un gril. Ces galettes ont meilleur goût quand on les a féchées au foleil. Les fruits des Piaqueminiers de la Louyfiane font gros comme des œufs. Un Normand qui alla s’établir dans ce pays, parvint à faire un bon. cidre de ce fruit. GU_A_IAÇA~NÂ^ Plaouem.v,.: I Page 284 * GU ALTERIA, h N N. description. A flrUura du- ?ua!te,ria eft comP°fée de deux calyces __J qui iubfiftent jufqu’a la maturité du fruit. Le calyce extérieur eft formé de deux petites feuilles ob- tule^ creuiecs en cuilleron. Le calyce intérieur eft d’une feule piece, figuré en cloche, dont .es bords font divifes profondément en cinq Cette fleur n’a qu’un pétale (b) qui a la forme d’un srelot • & dont les bords loin découpés affez profondément en cinq parties renverfees en dehors. “ Les étamines (d), au nombre de dix, prennent leur oripïne du fond de la fleur, vers la bafe du pétale (c): elles font plus courtes que le petale, & terminées par des fommets allongés qm fe divifent en deux , fuivant la longueur : elles forment deux efpeccs de cornes. Le piftil ( efg), qui occupe le centre de la fleur, eft formé dtm embryon arrondi, un peu applati par le haut & furmônté d un ftyle qui eft termine par un ftigmate obtus ; il s’élève un peu au-deflus des bords du pétale. L embryon eft entoure à fa bafe de dix petits corps pointus (nettanum ) qui font pofés entre chaque étamine, tout auprès de leur attache (d). auprès L’embryon devient une capfule arrondie, un peu compri¬ mée par le haut: elle a cinq côtes peu fenfibles, & eft divifée intérieurement en cinq loges remplies de femences anguleufes dans le temps de la maturité , cette capfule eft renfermée dans le calyce intérieur qui devient charnu, & forme une efpece kaie arrondie ; ouverte par le haut, 1 GUALTERI A. Ce petit arbufte qui a prefque le port de la Pervenche, a de même les feuilles prefque ovales, fermes, luifantes ôc très- légèrement dentelées par les bords: elles font placées de même que les fruits à l’extrémité des petites branches : alfez fouvent elles font violettes par-delfous. ESPECE i GUALTERI A. Linn. CULTURE. Cet arbufte croît en Canada dans les terres feches ôc arides; légères ôc fabloneufes. Il fe multiplie par la femence ôc par des drageons enracinés. USAGES. La racine de cet arbufte eft recommandée en infufion pour arrêter les diarrhées. En Canada & à l’Ifle-Royale , on prend cette infufion comme le The: elle eft agréable, & elle fortifie leftomac. GUALTERI A. N°. x. I H AM AME LI S , Gronov. & L i n n. DESCRIPTION. L A fleur (a) de l’Hamamelis a deux calyces. Le calyce extérieur eft compofé de trois feuilles , dont une eft beaucoup plus grande que les autres. La grande feuille fe termine en pointe ; les autres font obtufes. Le calyce intérieur eft d’une piece profondément découpée en quatre parties ovales qui font légèrement velues fur leurs bords. Ce calyce porte quatre pétales fort longs , très-étroits & repliés en différens fens. Il y a à l’extrémité de chaque pétale * près de leur infertion au calyce , une cavité qui eft couverte par une écaille ou onglet ( neôtarium ) ; & c’eft entre cet onglet & le pétale qu’on découvre les fommets des étamines ; efles font courtes & au nombre de quatre: ces fommets s ouvrent de la bafe à la pointe. Le piftil eft formé par deux embryons ovales & velus , ôc deux ftyles qui font furmontés de ftigmates obtus. s Les embryons deviennent une capfule (b) à deux loges qui s’ouvrent par l’extrémité fupérieure ; chaque loge contient une femence ovale , oblongue, lifte & droite (c). L’Hamamelis forme un arbrifleau de médiocre grandeur ; fes feuilles font grandes, ovales, unies, d’un verd qui tire un peu fur le jaune , dentelées allez profondément par les bords 5 ainft elles reflemblent aflez à celle du Noifettier : elles font pofees alternativement fur les branches. Comme les fleurs font raflemblées par bouquets, leurs pétales i89 HAMAMELIS. qui font longs 6c jaunes , reflemblent à des houppes d’une forme fmguliere qui n’eft pas defagréabie. ESPECE . HAMAMELIS. Gronov. CULTURE . Cet arbrifleau, qui nous vient de la Virginie 6c de la Louy- fîane., eft encore rare : néanmoins on le multiplie aifement par les marcottes, 6c il ne paroît pas délicat, USAGE . Comme fHamamelis fleurit dans l’automne , il doit feryit a- la décoration des bofquets de cette faifon. UEDERAi Page 288 * HAMAMELI S. N°. 1. Tome I. PU 11^0 r .. _ HEDERA , Tourner & Linn. LIERRE. description. LA fleur (a) du Lierre couronne l’embryon. Les parties qui la compofent font, un petit calyce divifé en cinq, un pareil nombre de pétales qui repréfentent une étoile, ôe cinq etamines avec un piftil (c) formé d’un embryon arrondi qui upporte la fleur, & d’un ftyle. L’embryon, qui d’abord elt godronne en deflus, devient enfuite une baie ronde (d) , dans laquelle on trouve cinq femences ( : - S \ I • : ï r — . . . . I Â-- • t Tome I. PL 120 ma ^ «y ^ra ï fl’ifM JAS MT NU M , Tour n ef. & Linn. JASMIN* DESCRIPTION, LE calyce (e) de la fleur ( ab ) du Jafmin eft divife en cinqf parties fort pointues; il ne tombe point. Le pétale (c) qui eft en forme de tuyau, eft aufli divife en cinq pièces ovales, terminées en pointe ôc recourbées en deflous. On trouve dans l’intérieur deux étamines chargées de fommets fort longs , ôc un piftil (d) qui eft compofé d’un embryon arrondi ôc d’un ftyle. L’embryon devient une baie (fh) dans laquelle on trouve deux femences ovales (g), oblongues, plates d’un côté, con¬ vexes de l’autre. Les feuilles du Jafmin font de figures très-différentes fur les différentes efpeces ; mais prefque toujours oppofées fur les branches , ôc le plus fouvent compofées de folioles qui font rangées par paires ôc attachées à un filet commun terminé pat une feule. ESPECES . 1. JA S M 1 NU M vülgatïus flore albo. C. B. P. Jasmin ordinaire à fleur blanche. 2., JASMINUM, fwe Gelseminvm luteum. J. B, Petit Jasmin jaune. 3* JA S M 1 N U M luteum vulgo ditlnm haceijerum. C. B. P. Jasmin jaune des bois. 3 t 0 J A S M I N U M , Jafmin. Nous fupprimons plufieurs belles efpeces de Jafmin, parce quelles ne peuvent être élevées qu’en ferre. Ce qu’on appelle Jafmin de Virginie , eft un Bignonia . CULTURE . Les Jafmins fe multiplient aifément de marcottes , de dra¬ geons enracinés qu’on trouve auprès des gros pieds , ôc meme de bouture. On peut auffi multiplier les efpeces rares en les greffant fur les Jafmins communs. C’eft ainfi que les Géno>s nousfourniffent beaucoup de Jafmins d’Efpagne jaunes ôc blancs, des Jafmins d’Arabie ôc des Azcrs : ils les greffent en fente. Les trois efpeces que nous avons nommées fupportent nos hyvers, ôc ne font point délicates fur la nature du terrein ; le n°. 3 fe trouve même dans les bois. USAGES . Le Jafmin blanc , n°. i , eft un arbriffeau farmenteux qui peut fervir à garnir des tonnelles, des terrafles. On en fait auffi , en le tondant au cifeau , de jolis buiffons. Il porte dans le mois de Juin des bouquets de fleurs blanches, qui font fort jolis, ôt qui répandent une odeur très-agréable. Ces fleurs ne fourniffent point d eau odorante par la diftil- lation; ainfi ce qu’on appelle ejjence de Jafmin qu on nous ap¬ porte d Italie , eft une huile tiree par expreffion, ôc aromatifee par les fleurs du Jafmin. Voici comment on la fait. On imbibe des morceaux de coton avec de l’huile de Ben , qui a la propriété de ne point rancir. On arrange fur des tamis de crin une couche de fleurs de Jafmin, une couche de petits morceaux de coton imbibés d’huile , une couche de fleurs , puis une couche de coton , jufqu’à ce que le tamis foit plein, & on le couvre bien. Vingt- quatre heures après on ôte les fleurs ôc les morceaux de co¬ ton pour les remettre dans le même état avec de nouvelles fleurs ; ôc on répété cette opération jufqu’a ce que les cotons fentent le Jafmin comme la fleur même. Alors on les paffe a la preffe pour en retirer l’huile qui eft fort aromatique \ ôc elle J A S M I N V M , J af min. 3 1 1 conferve aflez long-temps cette odeur , pourvu que les flacons foient bien bouchés. On fait prendre auiïi au fucre une petite odeur de Jafmin , en mêlant de même des couches de fucre en poudre & de fleurs de Jafmin. O11 met les tamis fur des vafes dans une cave, & on les couvre avec des linges mouillés: alors l’humidité de la cave fait couler le fucre en firop qui a contraêlé une agréable odeur de Jafmin. L’efprit-de-vin n’acquerroit pas l’odeur des fleurs du Jaf¬ min par la distillation ; mais on peut lui donner cette odeur par un tour de main fort Ample. Pour cela, il n’y a qu a verfer de i’efprit-de-vin fur de l’huile de Ben aromatifée , comme nous l’avons dit , & fecouer la bouteille où l’on a fait le mé¬ lange. Aufll-tôt l’odeur du Jafmin abandonne entièrement l’huile graife , & pafle dans 1 efprit-de-vin qui , fur le champ , fe charge d’une forte odeur de Jafmin; mais elle fe diflipe facilement ; & quelque foin qu’on prenne de boucher les flacons , fefprit- de-vin perd peu à peu tout fon aromat. Les fleurs du Jafmin, n°. 2 & 3, n’ont point d’odeur. C es efpeces forment de jolis buiflons qu’on peut mettre dans les bofquets d’été ; ôc comme celle du n°. 3 ne quitte point les feuilles, on peut la mettre dans les bofquets d’automne ôc d’hyver. En Médecine on ordonne les fleurs du Jafmin, n°. 1, pour faciliter l’expeêloration. On prétend que les feuilles appliquées en cataplafmes, amolilfent les tumeurs fquirreufes, r ? ■ 4 Tome I. PI. 122. . .. : : - - . • — ■ ■ ■ . - . ■ *-•' ■ *■ ■ ■ . - , , : : ; * v , , . . 3 ir .5 /Z£I,Tournef. Quercus , Lxnn* CHESNE-VERD. DESCRIPTION ; LE Chêne-verd porte des fleurs mâles 6c des fleurs femelles fur les mêmes individus. Les fleurs mâles (b) font formées d’un calyce d’une feule piece découpée en quatre ou cinq, dans lequel on apperçoit plufieurs étamines fort courtes. Ces fleurs qui font attachées fur un filet fouple forment des chatons en grappe Ça). Les fleurs femelles Çc) paroiflent dans le bouton immédia¬ tement attachées à la branche. Le calyce qui eft peu apparent dans le temps de la fleur , devient dans la fuite très-fenfible. Il eft d’une feule piece hé- mifphérique, plus ou moins raboteux en deflus, charnu en dedans 6c coriacé. On n’apperçoit dans l'intérieur ni pétales ni étamines , mais un piftil compofé d’un embryon ovale 6c de plufieurs ftyles. L’embryon eft d'abord couvert par le calyce : peu à peu il Te dégage par le haut du calyce qui s’eft aufli beaucoup étendu ; 6c il devient un fruit (d) figuré en olive, enchâffé par le bas dans le calyce Çé) qui a alors la forme d’une coupe. Le fruit , qu’on nomme Gland, eft couvert d’une enveloppe ëoriacée (/) qui contient une amande divifée en deux lobes (g). Les feuilles du Chêne-verd font fermes , plus ou moins dentelées ôc piquantes par les bords ? d’un verd foncé ôc un Tome I% R r 3 1 4 I L E X, Chêne-verd. peu terne, îa plupart un peu velues Ôc blanchâtres par-defîous | toutes font pofées alternativement fur les branches. Quelque méthode que l’on fuive , nous croyons , ainfi que M. Linneus le penfe, que le Chêne-verd (Ilex) ôc le Liege ( Suber ) font de vrais Chênes ( Quercus ). Pour conferver des noms qui font connus de tout le monde , nous avons parlé des Ilex ôc des Suber dans des articles féparés du Quercus ; mais on ne peut diftinguer les Chênes-verds des Chênes ordinaires, que par la forme des feuilles qui reffemblent allez à celles du Houx , ôc qui ne tombent point l’hyver : ôc le Liege eft un véritable Chêne- verd , dont l’écorce efl épailfe ôc fouple. Il faut donc regarder ces trois genres comme un feul , quoique nous ayons confervé la diftinêlion que nous avons trouvé établie^ Il eft bon cependant d’être prévenu que les Ilex de M. Linneu» font des Aquifollum,. ESPECES. i. ILEX oblongo ferrato folio. C. B. P. Chesne-verd à feuilles oblongues ôc dentelées. Z. I L E X folio angufto non ferrato. C. B. P. Chesne-verd à feuilles étroites ôc non dentelées. 0 , ILE X folio rotundiore molli modicéque finit ato; Smilax Theophrafli. C. B. P. Chesne-verd à feuilles rondes, qui n'a que peu d'épines, qui font molles. ILEX folio Agrifolii. Bot. Monfp. Chesne-verd à feuilles de Houx. 5. ILEX folio ut r in que lanato Monfpeliaca. H. R. Par. Chesne-verd dont les feuilles font velues deffus ôc defTous* ILEX aculeata cocciglandifcra. C. B. P. Petit Chesne-verd à feuilles très-piquantes , ôc qui porte le Kermès. On l'appelle en Provence fimpîement Ker m és. 7. ILEX media cocciglandifera Ilici plane fuppar , folio Aquifolii. Adv. Petit Chesne-verd à feuilles de Houx, ôc iemblable à celui qui porte le Kermès. 8. I Ij E X t folio non ferrato in ftm?nitate quafï triangnlo Quercus . . . Catefb* Chesne-verd dont les feuilles ne font point dentelées. 5^5 I L E X , Chêne-verd. CULTURE . On trouve des Chênes-verds dans des pays a fiez chauds ; 6c les petits qui produifent le Kermès, croisent par-tout fur les montagnes d’Efpagne, d’Italie, du Languedoc & de la Provence. M. de Tournefort dit avoir vu des Chênes-verds très-grands dans 1 ifle de Candie au pied des montagnes couvertes de neige: l’on en trouve auffi dans des pays allez froids & fur des montagnes ou ils font expofés au Nord. Dans nos climats ils fe plaifent beaucoup à cette expofition. Néanmoins les jeunes Chênes-verds fupportent difficilement nos grands hyvers : celui de 17 5-4 les a beaucoup fatigués; ils ont perdu plusieurs jeunes branches & toutes leurs feuilles. Les Chênes-verds peuvent reprendre de marcottes ; mais la meilleure maniéré de les multiplier, eft d’en femer les Glands. On peut auffi greffer les efpeces rares fur celles qui font plus communes. O11 fera bien de tirer les Glands des pays froids plutôt que des climats chauds : les arbres qui en viendront feront plus en état de fupporter nos hyvers. Il faut prendre , pour élever les Chênes-verds , les mêmes précautions que pour les Chênes ordinaires : ainfi voyez à cet égard l’article Quercus . Comme les Chênes-verds s’élèvent ordinairement de femem ces, il s’en trouve une prodigieufe quantité de variétés que nous n’avons pas cru devoir faire entrer dans notre Catalogue. USAGES. Toutes les efpeces de Chêne-verd confervent leurs feuilles pendant l'hyver; ainfi il convient d’en mettre dans les bofquets de cette faifon. Ils croiffent lentement ; mais à la fin ils par¬ viennent à former d’affez gros arbres : j’en ai vu des ma¬ driers qui avoient treize à quatorze pouces de largeur , fur dix à douze pieds de longueur ; & comme ce bois eft d’un excel¬ lent ufage, on feroit bien d’en femer des bois entiers. Le bois de Chêne-verd eft lourd, très-dur, extrêmement fort , & il pourrit difficilement. On prétend que fa feve eft âcre, ôc qu’il fait rouiller les clous ôt les chevilles de fer qu’on 3 ï 6’ 1 L E X y Chêne-ver d. y enfonce. Mais ii y a apparence que cela lui eft commué avec tous les Chênes dont le bois eft fort dur , tels que font ceux des pays chauds. On fe fert du bois de Chêne-verd dans la Marine pour faire des eftieux de poulies; ôt on le préféré a tout autre dans les endroits qui doivent éprouver beaucoup de frottement. On en fait aufti des leviers ou épars pour 1 Artillerie; ÔC comme il a beaucoup de reiïort , on le préféré a tout autre bois pour les manches de mail. Enfin il y a des Chênes-verds dont le Gland eft doux ôc peut fe manger comme les Châtaignes. Dans les années de difette leur fruit pourroit fervir pour la nourriture des hon> mes comme pour celle des animaux. L écorce ôt les feuilles du Chêne-verd fervent dans quelques Provinces à tanner les cuirs. Le Chêne-verd eft commun à la Louyfiane vers le bord de 3a mer : auprès de l ifte Barataria , entre la mer ôt les lacs > on en voit une lifiere d’un quart de lieue de largeur. Les efpeces ,56 c 7, font des arbrilfeaux qui ne font pro¬ pres qu’à faire de petits buiflons fort jolis ; leurs feuilles font très-petites , très-luifantes ôt d’un très-beau verd. Les Glands du n°. <5 font fort gros, ôt leur cupule eft cou¬ verte extérieurement de petites écailles terminées par des poin¬ tes rouges qui font 'un joli effet. Il y a en Provence, en Languedoc, en Efpagne ôt en Por¬ tugal, certains infeêles qu’on peut comparer aux punaifes des Orangers. Ces infeéles s’attachent aux petites branches du petit Chêne-verd n°. 6 ; ôt comme ils trouvent en cet endroit tout ce qui eft néceffaire pour leur nourriture , ils relient toute leur vie à l’endroit où ils fe font attachés ; ils y grofïiftfent ôt for¬ ment une petite boule d’un beau rouge , grofte comme un pois, qui reftemble plutôt à ces produêlions qu’on nomme des gales qu’à un infeéte : c’eft pour cela que M. de Reaumur les a nommés Gale-infectes * Quand la Gale-infeêle eft parvenue à fa groffeur, ôt pour ainft dire à fa maturité, .elle devient d’un très-beau rouge qui eft couvert d’une efpece de fleur blanche comme les Prunes* Alors les Payfans la détachent de l’arbre pour la vendre fraîche IL E X, Chêne-verd. 317 aux Apothicaires, qui en tirent le fuc pour faire le firop de Ker¬ mès , ou bien ils la font fécher après l’avoir tenue quelque temps dans du vinaigre pour faire périr les vers qui , venant à éclorre y ne manqueroient pas d’altérer la graine d’écarlate ou le Ker¬ mès qu’on nomme auffi Coccus infettoria. Quand les Teinturiers ont développé la couleur du Kermès par la diffolution d’étain, iis en font d’aufli belle écarlate qu’avec la cochenille. On emploie en Médecine cette poudre & le firop pour for¬ tifier l’eftomac ôc réparer les forces abattues. Nous avons, depuis plufieurs années, plufieurs Kermès qui fe plaifent beaucoup dans notre bofquet d'arbres verds ; mais il ne s’eft jamais trouvé fur eux une feule Gale-infe&e : il eft vrai que nous n’avons pas elfayé de faire venir cet infe&e de Provence. Peut-être que notre climat feroit trop froid pour qu’il pût réuflir dans nos jardins. On trouve fur les montagnes de Provence le Chêne -verd , n.° 7, mêlé avec le n°. 6 ; & quoique ces deux arbriffeaux fe reffemblent de telle forte qu’on a peine à les diftinguer, .jamais on ne trouve la Gale-infeête fur le n°. 7, . Tome I. PI. 123. Lan ggwfcrnm I L E X, Chesne-verd. N°. 3. Page 318* Tome L PL 124. Tome I. PL 125 Ifea . X t f c I T E A, Gron. ô Linn. DESCRIPTION. LE calyce de la fleur (a) de l’Itea eft petit ^ d’une feule piece î di viré en cinq. Le pétale eft aufli divifé en cinq parties étroites , longues ^ pointues , ôt qui font un difque ouvert. On trouve dans l'intérieur cinq étamines aflez longues , ter< minées par des fommets en olive (c). Le piftil (b) eft compofé d’un embryon ovale qui eft fur- monté d’un ftyle allez gros qui ne tombe point. Le ftigmate eft obtus. L’embryon devient une capfule fort longue, terminée parle ftyle. Elle eft divifée ôt s’ouvre en deux : elle contient beau¬ coup de femences menues. Les feuilles de l’Itea font ovales , finement dentelées Ôt pofées alternativement fur les branches0 La partie la plus large de ces feuilles eft du côté du pédicule qui eft aflez court ; l’autre extrémité eft fort en pointe , le deflus eft creufé de filions peu profonds , ôt le defTous relevé d’arêtes peu faillantes. ESPECE r 1JEA. Gronov. CULTURE . L’Itea n'exige aucune culture particulière :■ il fe multiplié aifément par marcottes. USAGES . Cet arbriffeau eft encore trop rare en France pour que nous publions rien dire de fes ufages ; il croît en Canada ôt à la Louy> liane. JUNIPERUS, I T E A. N°. i, Page g 20 Tome I. PL 1 26. JUNIPERU S , Tournef. & Linn. GENEVRIER. DESCRIPTION. LES Genévriers portent fur différents individus des fleurs mâles & des fleurs femelles. Les fleurs mâles (a b) étant raffemblées fur un filet , forment toutes enfemble un petit chaton conique & écailleux ; chaque fleur contient trois étamines (cd) qui s’apperçoivent mieux dans le fleuron qui termine le chaton. Les fleurs femelles font formées d5un calyce divifé en trois ; de trois pétales dures ôc piquantes , & d’un piftil qui efl compofé d’un embryon arrondi & de trois ftyles. L’embryon qui fait partie du calyce , devient une baie ronde (e), charnue, couronnée par trois petites pointes. On trouve dans cette baie trois femences dures (g) , voûtées d’un coté & applaties fur les autres faces (fh). Les feuilles du Genevrier font étroites, applaties, pointues y piquantes, rangées affez près l’une de l’autre fur les branches, ôc oppofées deux à deux, trois à trois, ou quatre à quatre; elles ne tombent point pendant l’hyver. Les jeunes branches font aufïi oppofées fur les groffes. Comme il n’y a point de différence affez marquée entre les 'Juniper us , les Cedrus & les Sabina , pour en faire trois genres féparés, M. Linneus a compris les Cedres & les Sabines dans le genre des Genévriers. Néanmoins nous ayons confervé la diflin&ion que nous avons trouvé établie. ESPECES . 'JL . JUNIPERUS vulgaris fruticvfa. C. B. P. .? Genevrier ordinaire & qui forme un arbriffeau. Tome T Sf 3iz JUNIPERUS , Genévrier . «2. J UN I F E RU S vulgariî arbor. C. B. P. Genevrier ordinaire qui forme lin . .«< Iv'-/. • 3. JUNIPERUS miner montana folio latiore fruEluque longiorc . C. B. Po Petit Genevrier de montagne qui a les feuilles larges & le fruit allongé. JUNIPERUS major bacca c arnica . C. B. P. Grand Genevrier à fruit bleu. 5. JUNIPERUS major bacca rufefeente. C. B. P. Grand rz £ jie va 1 £ a à fruit rovig* àt-r/=> __ ou Cade. C. JUN IP ERU S Virginiana, foliis inferioribus Juniperinis Jugcrioribuf Sabinam vcl Cuprejfum rejerentibus. Boerh. Ind. Alt. Genevrier dont les premières feuilles relfemblent à celles du Genievre, <5c les autres à celles de la Sabine ou du Cyprès, ou, Cedre rouge de Virginie. 7. JUNIPERUS Bermudiana. H. L. Genievre, ou Cedre de Bermude. 8. JUNIPERUS Virginiana , PI. L. folio nbique junigerino. Boerh. Genevrier, ou Cedre de Virginie. p. JUNIPERUS Cretica ligno odoratijfimo. Cor. Infl. Genevrier de Crete dont le bois eft très-odorant. 10. JUNIPERUS latifolia , arborea , Cerafi frnttu. Cor. Inff. Genevrier à feuilles larges qui s'élève en arbre, & dont îô fruit eft comme une Cerife. 11. JUN I P E RU S Orientalis vulgari fimilis jnagno fruÜn nigro. Cor. Inft. Genevrier du Levant dont le fruit elt gros & noir. Comme M. Linneus n’a fait qu’un genre des Genévriers ôc des Cedres> voyez pour la fuite des Genévriers. Linn. au mot Ce d ru s. CULTURE . Quelques efpeces de Genévriers reprennent de bouture % mais toutes peuvent s’élever de femences. La femence ne leve quelquefois que la fécondé année. Les efpeces , n°. 1 , 2 & 3 , viennent dans les plus mau¬ vais terreins ou aucun arbre ne peut fubfifter, ôt je fuis par¬ venu à en garnir des côtes où à peine on trouvoit des Chiendents» J U N I P E RU S , Genévrier . 313 Il n a fallu pour cela que femer des baies de Genievre comme on feme le grain , & remuer légèrement la fuperficie de la terre pour enterrer un peu la femence. Il eft vrai que ce procédé qui ne coûte prefque rien , eft fort long ; car ces petits Genévriers font long-temps a prendre le delfus de 1 herbe. Pour jouir plu¬ tôt* nous avons fait arracher en motte dans les bois de petits Genévriers qui étoient levés d’eux-mêmes; ôc nous les avons fait planter dans le mois de Mars. Il ne nous en a prefque pas péri; ôc les Genévriers font venus allez bien fans qu’on leur ait donné aucun labour. USAGES. Tous les Genévriers peuvent être mis dans les bofquets d’hy- ver. Les efpeces communes font d une grande reffource pour garnir les coteaux des mauvaifes terres, ôc pour former des ga¬ rennes. Les merles ôc les grives fe nourriffent de leur fruit ; mais alors leur chair n’eft pas fi agréable que quand ces ani¬ maux fe font engraiffés de Raifin. Les Genévriers ordinaires ne forment point de grands ar¬ bres ? fur-tout quand iis font plantés dans de mauvais terreins. Ils pouffent a droite & a gauche de longues branches menues d où pendent encore d autres branches plus menues qui font chargées de feuilles ; ainfi cet arbre a un port fort bizarre. Néan¬ moins une cote plantée en Genévriers eft bien préférable à ce quelle feroit fi elle étoit toute nue ; ainfi on peut regarder les Genévriers comme très-précieux pour garnir les terreins les plus mauvais. Quand ces arbres font plantés en bonne terre; ils de¬ viennent plus gros. J en ai vu des bûches qui avoient fept à huit pouces de diamètre fur dix à douze pieds de longueur. Ce bois eft fort tendre ôc léger. Il eft gris quand il eft fraî¬ chement coupe ; mais lorfqu’il eft fort fec , il eft d un rouge clair affez agréable, ôc il répand une très-bonne odeur. En un mot c eft un bois de Cedre dont les Ebéniftes font quantité de jolis ouvrages. Il eft vrai qu’il y a des efpeces de Cedres ou de Genévriers qui ont leur bois un peu plus folide que d’autres. Quand on brûle dans les appartenons un peu de bois de Sf ij 3i4 JUNIPERUS, Genevrier. Genievre , ils font parfumés d’une odeur plus gracieufe qu£ quand on en brûle la femence. Il s’amaffe fouvent auprès des nœuds , ôc entre le bois ôc l’éeorce , une refîne fort claire ôc de bonne odeur. On prétend qu’en Afrique on fait des incifions pour retirer cette refîne qu’on appelle le Vernis ou le Sandaraque des Arabes. Toutes les efpeces de Cedre ôc de Genievre ne donnent pas cette réfine également belle. Il faut la choifir en larmes claires y luifantes , diaphanes, blanches ôc nettes. On prétend qu’elle eft réfolutive, ôc on la fait entrer dans quelques onguents : mais un de fes principaux ufages eft de fervir à faire les vernis blancs. Pour cela on fait diftfoudre cette réfine dans i’efprit-de-vin très-redifté. Ce vernis eft très-blanc ôc brillant ;• mais il eft fort tendre , il s’égratigne aifément. Pour lui donner plus de corps, on y mêle de la laque ôc une très-petite quantité de gomme élemi : alors le vernis eft plus folide ; mais il a perdu une partie de fa blancheur. Le fandaraque fert auftî à vernir les papiers fur lefquels les Maîtres à écrire font leurs exemples, ou pour empêcher qu’un endroit qu’on a gratté ne boive quand on paffe la plume deffus. Pour cet effet on fe contente de réduire le fandaraque en poudre fine , ôc on en frotte le papier avec une patte de lievre. On dit que l’efpece n°. ^ , qui croît en Languedoc , fournit ce qu’on appelle le Baume de Cade dont fe fervent les Maré¬ chaux. L’efpece, n°. 6 > qui eft le Cedre rouge de Virginie forme un bel ôc grand arbre qui foutient bien fes branches , ôc qui eft d’un b eau verd. On ne doit pas négliger d’en mettre dans les bofquets d'hyver. Une grande propriété du bois de tous les Cedres ôc de tous les Genievres , eft d’être prefque incorruptible. On en fait de très-bons échalats ; ôc ft on en avoit de gros , on pourroit ei> faire des paliffades qui dureroient fort long-temps. En Médecine on fait ufage de toutes les parties du Genie» vre : fon bois paffe pour diurétique ôc fudorifique. On eut ordonne l’infufion dans les maladies de la vcfîie. Les baies font ftomachiques ; quelques-uns les avalent avant le repas pour faciliter la digeftion : ou bien ils en prennent J UNIPERUS, Genevrier. rinfufion comme du Thé. On en fait aufli un extrait des ra¬ tafias dont on fait ufage pour faciliter la digeftion. Quelques-uns rempli fient un petit baril avec partie égale de baies de Ge¬ nièvre ôt de Pruneaux j & ils prétendent que l’eau qu’on retire de cette efpece de râpé foulage les Afthmatiques. Les baies de Genievre entrent dans les parfums qu’on em¬ ploie pour purifier l’air. Enfin dans les pays remplis de forêts, lorfque le vin eft rare, les habitans, enverfant de l’eau fur un râpé de baies de Genievresy fe font une boiffon qu’on trouve agréable lorfqu’on y efi ac¬ coutumé. Je crois que cette liqueur feroit beaucoup meilleure fi l’on y ajoutoit de la melafie , ôc fi l’on la traitoit comme nous avons dit qu’on faifoit à l’égard de l’Epinette en Canada; Voyez A b ies9 • • < . . . . .... « . * <1: ■ ■ JUNIPERUS, Genevrier. N°. i. Page 32 6 Tome L FL 127. Tome I. PI. 123. • —Ml K A L M I A, Lin n. description. LE calyce (b) de la fleur du Kalmia eft petit , divifé eri cinq parties ; les fegments font ovales & termine's en pointe. Le pétale {a) eft unique, figuré en tuyau qui s’évafe en forme de foucoupe un peu profonde; les bords font découpés en cinq parties, ou comme godronnés. Au deffous du pa¬ villon de l’entonnoir , on apperçoit dix efpeces de mamelons formés par des cavités qui font à la partie fupérieure du pavillon. Dans l’intérieur on voit dix étamines allez courtes , qui font divergentes , ôc qui fe replient fur le pavillon pour placer leurs fommets dans les cavités dont on vient de parler. Le piftil eft compofé d’un embryon arrondi ôc d’un ftyle long ôc menu qui eft terminé par un ftigmate obtus. L’embryon devient une capfule (c) ronde, applatie ; elle eft divifée en cinq loges , ôc s’ouvre en cinq parties : ces loges renferment de menues femences. Le Kalmia différé fi peu du Chamœrhododendros que nous avons cru qu’on pouvoit, fans inconvénient, le comprendre dans ce genre. Ainfi voyez Chamærhododendros* ' ■ y . • ». •»% - ♦ » • * ' ' Tome L PU 12$, K ET MI A, Tournef. Hibiscus , Linn.- ALTHEA FRUTEX des Jardiniers. DESCRIPTION. LÀ fleur (a) de cette plante eft compofée de deux caly- ces (b) qui fubfiftent jufqu’à la maturité du fruit. Le calyce extérieur eft formé au moins par huit feuilles qui lont fort étroites. Le calyce intérieur eft d’une feule piece dé¬ coupée en cinq parties. Ces calyces fupportent cinq grands pétales difpofés en rofe. On apperçoit dans l’intérieur de la fleur grand nombre d’éta¬ mines réunies enfemble par leur bafe , 6c furmontées de fom- mets qui ont la forme d'un rein. Au milieu d’un tuyau formé par les étamines, on découvre le piftil (f) compofé d’un em¬ bryon arrondi 6c d’un ftyle qui fe divife en cinq. Cet embryon devient un fruit ovale (c) , divife en cinq loges (e) , dans lefquelles on trouve un nombre de femences(d) qui reffemblent à un rein. Les feuilles qui font aftez grandes font découpées profon¬ dément , terminées en pointe } 6c pofées alternativement fuç les branches. Tome 4 X t 33® K E T M I A. * ESPECES. * 1 1. K ET Ml A Syrorum cjiùbufdam . C. B. P. Ketmia à fleur rouge, ou Althea fr ut ex des Jardiniers* K ET Ail A Syrorum , flore purpuro-violaceo. In fl:. Ketmia à fleur violette tirant fur le pourpre. 3. K ETMI A Syrorum flore albo, Boerh. Ind, Ketmia à fleur blanche. y. K ET Al IA Syrorum foliis ex albo eleganter variegatif. M. C» Ketmia à feuilles panachées de blanc. 5 • K ET Al I A Syrorum foliis ex luteo variegat'iSo Ketmia à feuilles panachées de jaune. 6. KETMIA Syrorum flore varieçato . Y T- ^ J 4^ Ketmia a fleurs panachées. Nous fupprimons les efpeces qui ne font point des arbriffeaux de pleine terre. CULTURE . Le Ketmia fe multiplie très-facilement par les femences ; on peut auffi en faire des marcottes & même des boutures qui pouffent aifément des racines. Cet arbriffeau fe plaît dans les terres fubftantieufes ; lorfque le terrein eft trop fec , l’arbufte fe charge de moufle & ne fait que languir. USAGES . Le Ketmia eft un arbriffeau d’une forme très-jolie. Ses gran¬ des fleurs qui font violettes , rouges ou blanches, font un fort bel effet: elles s’épanouiffent en grand nombre dans le mois de Septembre ; ainfi cet arbriffeau doit être mis dans les bofl quets d'automne. Il eft employé en Médecine comme un bon émollient 9 ainfi que les autres plantes malvacées. Peut-être qu’en continuant de le n ultïplier par femences * on parviendra à en avoir à fleurs doubles ; ce qui fcrmeroit des fleurs d une grande beauté* Tome I, PI. jjo. r Si1 LARIX, Tourneï. Abies, Linn. MELESE. DESCRIPTION. 1E Mélefe produit des fleurs mâles & des fleurs femelles. Les fleurs mâles étant attachées à un filet commun , forment de petits chatons écailleux (a). Sous les écailles (c) on trouve des étamines furmontées de fommets allongés qui font partagés par une rainure. Les fleurs femelles {b). qui paroiffent à d'autres endroits du même arbre, fe montrent fous la forme d’une petite pomme de Pin ovale , longuette & écailieufe , d’une belle couleur pour- pre*violette. Les écailles couvrent de petits embryons (d) furmontés d’un ilyle. Le fruit groflit & devient un cône écailleux ( e ). On trouve fous fes écailles (f) les femences ( h ) qui font ailées ou garnies d’une membrane (g) mince & tranfparente. Jufqu’ici l’on voit que les Mélefes ne different point des Sapins, & qu’on pourroit , à l’exemple de M. Linneus, réunir ces deux genres ; mais fi l’on veut les diftinguer , comme le fait M. de Tournefort, il faut avoir recours aux feuilles qui, dans les Mélefes, fortent en grand nombre ôt par houppes (i), d’une efpece de tubercule. Les feuilles des Mélefes font fllamenteufes. L’efpec , n°. i } Tt ij 3 3* LARIX, Mele/è. quitte fes feuilles ; mais elles font au printemps la plus beîlé verdure qu’on puifie délirer: elles font molles & non piquantes. Cet arbre devient fort grand & répand fes branches de côté & d’autre ; elles font flexibles ôe panchées vers la terre. Le Cedre du Liban , n°. 2, étend beaucoup fes branches; mais fes feuilles , qui ne tombent point, font d’un verd terne, ESPECES . ï. LA R IX folio deciduo conféra. J. B. Mêle se qui quitte fes feuilles Lhyver. Epinette rouge de Ca*î nada. 1. LARIX Orientalis fruiïn rotundiore ohtufo. In fl. Mêle se du Levant à gros fruit rond & obtus, ou Cedre du Liban. 3. LARIX Canadenfis hngiffimo folio Sarraceni. Infl, Voyez P inus foliîS qvinis. CULTURE „ Dans le Dauphiné , & en général dans les Alpes de France'; de Savoie, des Grifons , de Stirie & de Carinthie, même fur le mont Apennin, il y a de grandes forêts de Mélefes, n°. 1 , où les arbres fe multiplient d’eux-mêmes par les femences qui tombent à terre. On prétend même que les arbres deviennent plus beaux quand ils fe trouvent fur de vieilles fouches pourries ; & que les cônes mis tout entiers en terre, à deux ou trois pouces de profondeur, réuiïiiïent mieux que les femences feules. La végétation fe fait toujours lentement dans les terreins froids & couverts de neige ; c’eft pourquoi les Mélefes qui fe trouvent dans cette fituation , 11’ont à 1 âge de cinquante ans guere que huit pouces de diamètre auprès de la fouche. Si la forêt eft expofée au Nord en bon terrein , & que la neige y féjourne long-temps , les Mélefes , qui n'ont que trois pieds de circonférence par le bas, s’élèvent droit à quatre-vingts pieds de hauteur ; après quoi ils groffiflent & ne s’élèvent plus : enfuite ils tombent en retour, & fechent à la cime. Si ou L A R I X , Mélefe. 3 33 les coupe alors, le cœur eft plus rouge que le refie: ôc fi on les laifle fur pied, leur bois s’altere ; il devient femblable au Liege qui amortit le tranchant de la coignée, ôc il ceffe d’être réfineux. Les Mélefes donnent quelquefois des rejettons de leurs ra¬ cines; mais on eftime mieux ceux qui viennent de femenceS. Si l’on veut élever des Mélefes dans nos Provinces , il faut cueillir les cônes vers le commencement de Mars , les expo- fer au foleil ôc à la rofée dans des caiffes, les remuer, les agiter ôc les fecouer de temps en temps ; les écailles s’ou- yrent, les graines en fortent ôc fe trouvent au fond de la caiffc. Comme cette graine efl fine, il ne faut pas la mettre avant en terre , elle y périroit : j’avoue que dans quelques tenta¬ tives que nous avons faites pour avoir des femis confidérables de Mélefes, nous n'avons pas réufli; ce que nous attribuons à ce que le foleil brûle les jeunes plantes lorfqu’elles fortent de terre ; en effet fi on les fente dans des terrines , tout périt fi on les laiffe expofées à l’ardeur du foleil. Nous avons réuffi à élever les Mélefes en les femant dans des terrines que nous enterrions dans des couches : nous les couvrions foigneufentent avec des paillaffons lorfque le foleil étoit un peu ardent , ôc nous les découvrions la nuit, ôc lorfque le ciel étoit couvert. Il faut préferver de la gelée les jeunes plantes, foit en ren¬ fermant les terrines dans une ferre, foit en les couvrant fui: les couches. Dans la troifieme année, vers le mois de Mars, on tranfporte les jeunes Mélefes en pleine terre , faifant en forte qu il refte un peu de terre à leurs racines , ôc on les dé¬ fend du foleil jufqu’à ce qu’ils aient pouffé : alors les Melefes n’exigent plus de foin particulier; ils fe gouvernent comme les autres arbres ; ôc même , quand on les tranfplante , ils reprennent plus aifément que les Pins Ôc les Sapins. Les Mélefes fe plaifent dans les pays froids, fur le revers des montagnes du côté du Nord ; ce qui prouve combien il eft néceffaire de les préferver de la grande ardeur du foleil» La culture du Cedre du Liban, n°. 2 , eff la même que celle des Mélefes, n°. i4 3 34 L A R I X y Adèle je, USAGES . Le Cedre du Liban devient un arbre d’une groffeur prodi- gieufe; il étend fes branches horizontalement à plus de quatre toifes de fon tronc , & il forme par Ion feuillage une ombre fi epaiffe , qu en plein jour on a peine à lire une lettre fous les branches d'un grand Cedre. Je n’en connois que de jeunes en France; mais j’en ai vu quatre fort gros aux angles d’une piece d’eau dans le Jardin de Chelfea près Londres. Comme cet arbre ne quitte point fes feuilles , on doit le mettre dans les bofquets d’hyver. Le bois de cet arbre pâlie pour être d’un bon fervice; mais il eft encore trop rare en Europe pour que nous puiffions parler d apres nos propres obfervations. Des voyageurs m’ont alfure qu il répand un fuc réfineux qui eh d’une odeur très- agréable. Le Mélefe , n°. i , eh un arbre très-beau & très-grand , qui relfemble a un Pin par fes feuilles étroites & filamenteufes ; mais comme il les quitte l’automne , il ne convient point dans les bofquets d’hyver. On peut, à caufe de la beauté de fa verdure, le mettre dans les bofquets du mois de Mai; d’ailleurs à la fin de ce mois, fes cônes qui font d une belle couleur pourpre , font prefque un auhi bel effet que des fleurs. A 1 égard du bois de Mélefe qu’on nomme Alejle dans quelques endroits , on le dihingue en Mélefe rouge & Mé¬ lefe blanc. Sont-ce deux efpeces d’arbres ? ou la couleur rouge que prennent quelques Mélefes, vient-elle d'une maladie qui afeôe ces arbres comme les Piceas , ainfi que nous l’avons remarque dans l’article de ÏAbies ? Nous n’oferions le décider; tout ce que nous pouvons dire fur cela, c’eh que nous avons vu en Provence du bois de Mélefe qui étoit rouge, & d’autre qui étoit blanc. Le rouge eh plus ehimé : il m’a femblé plus réfmeux; fi cela eh, la couleur rouge de ce bois n’eh pas un indice de maladie comme au Sapin. M. Brunet de Briançon , qui a bien voulu répondre aux L A R I X , Mélefe. 3 3 y queftions que nous lui avons faites à ce fujet, nous allure qu’il n’y a qu’une efpece de Mélefe , & que la différente couleur du bois dépend de l’âge de 1 arbre, comme nous l’avons dit plus haut. En général le bois de Mélefe eff bon : les Menuifiers le preferent au Pin ôt au Sapin; on en fait de bonne charpente; & dans la conftruêfion des petits bâtimens de mer, on l’emploie pour les dernieres allonges & pour les bordages des ponts. Les réponfes de M. Brunet de Briançon & de M. le Clerc , Chirurgien dans le Comté de Neufchatel , me mettent en état d’expliquer a fiez exaélement les ufages qu’on fait des Mé- leles dans le Briançonnois & le Valais. Dans ces pays ou les Alélefes font fi abondans qu’on n’y trouve prefque pas d’autres arbres, on apperçoit pendant la belle faifon une prodigieufe quantité de baquets aux pieds de ces arbres où tombe la réfine des Alélefes , qui coule par de petites gouttières de bois ajuflées à des trous de tariere qu’on a faits aux troncs des Alélefes environ à deux pieds au deffus du niveau de la terre , & ces petits baquets fe remploient en fort peu de temps. Les, arbres trop jeunes ou trop vieux ne donnent que peu de terebenthine ; ainfi on ne s attache qu à ceux qui font dans leur plus grande vigueur. Quoiqu il fuinte quelques gouttes de térébenthine de l’écorce dans la faifon où la feve eft la plus abondante, il paroît que ce fuc eft répandu dans ie corps ligneux, puifqu’en coupant par tronçons l’arbre le plus fain , on trouve dans l'intérieur du bois a cinq ou fix pouces du cœur & à huit ou dix pouces de lecorce, des depots de cette réfine liquide, qui ont quelque¬ fois un pouce d’épaiffeur , trois ou quatre pouces de largeur & autant de hauteu*. Dans un tronc de quarante pieds de longueur, on trouve quelquefois jufqu’à fix de ces principaux refervoirs , & quantité de petits. Si on les entame avec la coignée, la térébenthine en coule abondamment ; & les Scieurs de long redoutent beaucoup ces réfervoirs qui empêchent la fcie de couler. M. Brunet m’a envoyé , avec des branches de Alélefes un petit pot qui contenoit environ deux onces de très -belle 5 3 o L A R I X , Mélefe. térébenthine qui avoit été tirée d’un Mélefe de dix1- huit pouces de diamètre , qu’on avoit coupé, & où cette liqueur fe trouvoit renfermée dans une efpece de cavité ovale fituée à fix pouces de l’écorce ôc à trois pouces du cœur , à la hauteur de quatre pieds au deffus des racines. Les Mélefes jeunes ôt vigoureux n’ont prefque jamais les réfervoirs dont nous venons de parler : ces dépôts ne fe for¬ ment que dans le tronc des gros arbres qui commencent à entrer en retour; ôc ils font fitués à fix ou huit pieds de terre entre les couches ligneufes , ordinairement plus près de l’axe de l’arbre que de l’écorce; plus les cavités font près du centre, plus elles font grandes ôc remplies de térébenthine. Une preuve encore que ce bois eft extrêmement gras ôt ré- fineux , c’eft que dans le pays on bâtit des maifons ou ca¬ banes en pofant de plat, les unes fur les autres, des pièces de bois quarrées qui ont un pied de face. Dans les encoignures, ôt vis-à-vis les refends, les poutres font entaillées à mi-bois pour former les iiaifons. Ces maifons font blanches quand elles font nouvellement bâties ; mais au bout de deux ou trois ans elles deviennent noires comme du charbon , ôt toutes les jointures font fermées par la réfine que la chaleur du foleil a attirée hors des pores du bois. Cette réfine qui durcit à l'air, forme un vernis luifant ôc poli , qui eft fort propre. Ce vernis rend ces maifons impénétrables à l’eau & au vent^ mais auftl très-combuftibles ; c’eft ce qui a obligé les Magiftrats d’ordonner , par un réglement de Police , qu’elles feroient b⬠ties à une certaine diftance les unes des autres. Aux environs de Briançon , où il ne paroît pas qu’on fafie de commerce de la térébenthine que produit le Mélefe , les Payfans qui en ramaifent pour leur ufage, font avec la coi¬ gnée, au pied de ces arbres, des entailles de fix pouces de profondeur , ôc ils ramaifent la térébenthine qui coule fur le plan horizontal de la plaie. Mais dans la vallée de Saint Martin, près celle de Luzerne, pays de Vaudois, les Payfans fe fervent de tarières qui ont jufqu’à un pouce de diamètre , ôc ils percent les Mélefes vigou¬ reux en différens endrotis , commençant à trois ou quatre pieds L A H I X MéLje. 53 y pieds de terre, ôc remontant jufqu’à dix ou douze. Ils choifif- fent 1 expofition. du midi ôc les nœuds des branches rompues, où ils voient fuinter de la térébenthine; & ils ont foin que le trou foit un peu en pente , ôc qu’il ne pénétré pas jufqu’au centre de l’arbre. A ces trous iis ajuftent des gouttières faites de bois de Mé- lefe, qui ont un pouce ôc demi de groffeur fur quinze à vingt de longueur; une des extrémités de ces gouttières £e termine en forme de cheville dont le centre eft percé d’un trou qui peut avoir fix a huit lignes de diamètre : on foure cette extré¬ mité dans les trous faits aux Mélefes , & la térébenthine coule par 1 ouverture du bout de cette gouttière , d’où elle fe répand dans des auges de bois préparées pour la recevoir. Les foirs ôc les matins , depuis la fin de Mai jufqu’à la fin de Septembre, chaque Payfan vifite fes auges, ôc ramafle la térébenthine dans des fceaux ou baquets de fois pour la tranf- porter à la maifon. Ils bouchent avec des chevilles les trous qui n’ont point donné de liqueur ôc ceux qui cefient d’en fournir ; ôc ils ne les rouvrent que douze ou quinze jours après Alors ces trous fourniflent ordinairement beaucoup plus de réfine que les au¬ tres, ôc ils en donnent toujours de plus en plus, jufqu’à ce que le froid refierre le bois ôc arrête tout écoulement. Un Mélefe bien vigoureux peut fournir tous les ans fept à huit livres de térébenthine pendant quarante ou cinquante ans. S il s eft mêle quelques feuilles ou autres immondices dans les auges, on pafle la térébenthine dans des tamis de crin fort groiïiers ; ôc l’on en remplit des outres , qu’on porte à Brian¬ çon, ou à Lyon, pour la vendre aux Marchands. ^ Cette térébenthine refte toujours coulante ôc de la confiftance d’un firop bien cuit. La refine ou la terebenthine de Alélefe, qui coule dans les baquets , fe met quelquefois dans de grandes cucurbites de cuivre : on y ajoute de 1 eau; ôc par la diftillation, on retire avec l’eau une huile elfentielle qui n’eft pas cependant fi eftimée que celle qu’on retire de la térébenthine du Sapin , quoiqu’on l’emploie aux mêmes ufages. On trouve au fond de la cucurbite, après la diftillation, une Tome A ’ y u !•:(; .-'1 r : ' • • :•. ........ j . - ^ ‘ ‘ : * ’ y' . Tome I. PI 131. Tome L PL 132* ,v-'- : f ’ ■ • •; • 34* LAVANDULA, Tournef. & Linn. LAVANDE. DESCRIPTION. LA Lavande porte des fleurs (a) labiées, dont le calyce (c) eft court , renflé , finement dentelé par les bords , ôc d’une forme prefque ovale. Le pétale (b) eft divifé en deux levres principales , la fupé- rieure eft relevée , arrondie ôc échancrée dans fon milieu ; l’inférieure eft divifée en trois parties qui font prefque égales ôc arrondies. On trouve dans l’intérieur du pétale quatre petites étamines terminées par de petits fommets ; il y en a deux qui font plus courtes que les deux autres. Le piftil ( eft formé d’un embryon qui eft divifé en quatre parties , 6c furmonté d’un ftyle menu qui fe termine par un ftigmate obtus, ôc qui n’excede pas le pétale. De l’embryon fe forment quatre femences (g) prefque ova¬ les, qui iront pour enveloppes que le calyce (/), au fond duquel elles fe trouvent. La Lavande eft une forte d’arbufte qui pouffe des verges dures, ligneufes, quarrées à la hauteur de deux ou trois pieds; elles font chargées dans toute leur longueur de feuilles lon¬ gues, étroites, blanchâtres, ôc font terminées par des épis de fleurs; toutes les parties de la plante ont une odeur aromati¬ que ôc agréable. Comme les parties de la fructification des Sfœcka's font fem- blables à celles des Lavandes, M. de Tournefort n’établit la différence de ces deux genres que fur ce que les fleurs des- Lavandes viennent par épis P ôc celles des Stœchas en forme de $4 1 L AV A N DU LA, Lavande. tête. Mais cette circonftance ne nous paroiffant pas fufFifante pour établir deux genres , nous comprenons les St œ chas avec les Lavandes , comme l’a fait M. Linneus. ESPECES : î. LAVANDULA latifolia. C. B. P. Lavande à feuilles larges. On 1 appelle aulîi Aspic, VA VA N D U L A anguflijolia. C. B. P. Lavande à feuilles étroites. ~ L A VA N DU L A Indica latifolia fubeinerea fpica , breviori. H. R. P. ^ L avan de des Indes à feuilles larges de couleur cendrée, & dont les épis des fleurs font courts. . p AV A N DU LA Hifpanica tomentofa. Inft. T Lavande d’Efpagne à feuilles couvertes de duvet blanc. Ç. L AVAN DU L A latifolia flore albo. L ava n d e à larges feuilles 6c à fleurs blanches. 6. LAVA N DU LA foliis crenatis. InfL Lavande à feuilles dentelées. VJ. lA VA N DU LA foliis pinnato-dentatis. Linn. Hort. ClifF. Stæc ha t L'a va n DE°à feuilles dentelées, & dont les fleurs font raffemblées en forme de tête. $. LAVANDULA foliis Une edato- -line aribus, fpica comosa. Linn. Hort. ClifF. Stæc n j s purptirea. C. B. P. . Lavande à feuilles étroites, & dont les fleurs purpurines font rafFemblées en forme de tête. CULTURE . La Lavande n’eft point délicate ; elle vient par-tout , & elle fe multiplie pat des drageons enracines qui fe trouvent auprès des gros pieds. Il eft bon de tranfplanter les gros pieds tous les trois ou quatre ans pour les planter plus avant en terre. /■ USAGES. Cette plante eft fort belle dans le mois de Juin, quand elle L A VA N D U L A , Lavande. 345 eft chargée de fes épis de fleurs bleues ou blanches ; elle ré¬ pand une odeur très-agréable. On diftille fes fleurs avec le via Ôt Teau-de-vie pour faire refprit de Lavande qu’on emploie pour parfumer l’eau dont on fe lave. Ses fleurs rendent beaucoup d’huile eflentielle de bonne odeur. Le bois ôt les feuilles fans les fleurs en rendent aufli, mais en moindre quantité ôt d’une odeur moins gracieufe. Pour avoir de refprit de Lavande très-agréable, il faut mêler de l’huile eflentielle très-reêlifiée ôt nouvellement diftillée, avec de bon efprit-de-vin , ôt y ajouter, fi l’on veut, une très- petite quantité de ftirax ou de benjoin. L huile eflentielle qu’on retire de l’efpece n°. 1 , fe nomme Huile de Spique , ou communément d’ A(pic\ elle eft d’une odeur pénétrante , fort inflammable. On la recommande pour tuer les vers : les Peintres en émail en font ufage. Cette plante paflfe pour réfolutive ; céphaiique ; antihyfté- rique. tAURO-CERA SUS} IAURO-CERASUS , Tournef. P a dus, Linh<: Gen. Plant. Prunus , Linn. Sped. Plant. LAURIER-CERISE. DESCRIPTION. LÀ fleur (V) des Lauriers-Cerifes eft formée d’un calyce (£) qui eft d’une feule piece , figurée en cloche ouverte dont les bords font divifés en cinq ; ce calyce porte cinq petales arrondis , dilpofes en rofe. On apperçoit dans l’intérieur vingt ou trente étamines furmontées de fommets arrondis ; elles pren¬ nent leur origine du calyce.: le milieu de la fleur eft occupé par un piftil (c) , qui eft formé d’un embryon arrondi ôc d’un ftyle terminé par un ftigmate obtus. L’embryon devient une baie ovale (d), prefque ronde, charnue , dans laquelle on trouve un noyau fragile , ovale ( ef ) , terminé un peu en pointe , ÔC fillonné. Les feuilles des Lauriers - Cerifes font Amples , entières 5 ovales, oblongues, plus épaifîes ôc plus luifantes que celles de l’Oranger, & pofées alternativement furies branches ; elles ont à leurs bords de petites dentelures qui font éloignées les unes des autres- M. Linneus, dans fes Généra -plant . a fait un genre particu- culier des Padus , dans lequel il a compris les Lauriers-Cerifes ôc plufieurs efpeces de Cerifiers qu’on trouve au mot Cerafus . Mais dans fes Spçc. plant . il a réuni aux Pruniers les Armcniaca , les Cerafus , les Padus , ôc par conféquent les Lauro-Cerafus . Tome L Xx 54<î LAURO-CERASUS, Laurier-Cerife. ESPECES. 1. LAURO-CERASUS. Cluf. Hift. Lau il IEK - Cerise ordinaire. * î 2. LAURO-CERASUSfoliis ex luteo varierait s. M. C. Laurier-Cerise ordinaire à feuilles panachées de jaune, 3. L A U R O - CE RA SU S foliis ex albo variegatis. M. C. Laurier-Cerise ordinaire à feuilles panachées de blanc» '4. LAURO-CERASUS Lufîtanica mïnor. In 11. Petit Laurier-Cerise de Portugal , ou A z are ro des Pof* tugais. 5. LAURO-CERASUS Amcrïcana amygdali odore. Laurier-Cerise de la Louy liane, dit L a uri e r amande* CULTURE . Les efpeces, n°. 1 , 2 & 3 , fupportent afTez bien nos hy-* vers ; elles ne gelent jamais dans les Provinces maritimes ; ôc fi dans l’intérieur du Royaume des gelées très-lortes font périr leurs branches , les racines fubfiftent, ôc elles produifent de nouveaux jets. L’efpece n°. 4 eft plus délicate: néanmoins elle fupporte les hyvers ordinaires, lorfqu’elle eft en bonne expolition. Le n°. 5* a fupporté, en pleine terre, l'hyver de 17^4 dans les Jardins de M. le Duc d Ayen. On peut multiplier les Lauriers-Cerifes par les femences ÔC les marcottes; ôc on greffe, fi Ion veut, les efpeces pana¬ chées , 2 ôc 3 , ôc même X Azarero , n°. 4 , fur le n°» 1 . On a greffé avec fuccès le Laurier-Cerife fur le Cerifier ; mais les arbres ne durent pas. Il y en a dans les Jardins de la fjaliffoniere , près de Nantes, qui ont deux ans , ôc qui fe por¬ tent bien. On y a auffi greffé, mais fans fuccès, les Cerifiers fur les Lauriers-Cerifes: on s’étoit propofé d’avoir ainfi des Ce* xifiers nains» L AU RO - C E R AS U S , Laurier-Cerije. 347 USAGES . Les efpeces, n°. i, 2 ôc 3 , portent de grandes & belles feuilles qui ne tombent point l’hyver ; ainfi ces arbres doivent être mis dans les bofquets de cette faifon. On peut aufli en garnir des terraffes : ôc je crois avoir remarqué qu'ils geloient moins à l’expofition du Nord quà celle du Levant. Cet arbre fe charge dans le mois de Mai de belles fleurs en pyramides ; ôc quoiqu’elles ne foient pas d’un beau blanc, elles peuvent fervir à décorer les bofquets du printemps. Dans les pays maritimes où le Laurier-Cerife ne gele jamais,’ on peut en faire des taillis qui fourniront d’excellens cercles ou cerceaux pour les barils. Les fleurs ôc les feuilles du Laurier-Cerife ont une odeur d Amande amere qui eft affez agréable; on s’en fert dans les cuifines pour donner le goût d’ Amande aux foupes au lait ôc aux crèmes. On en retire par la diftillation avec l’eau-de-vie , une liqueur qui eft affez gracieufe , ôc que l’on prétend être bonne pour l’eftomac; mais il ne faut pas la charger trop de cet aromat : car en diftillant plufieurs fois de l’eau fur les feuilles de Laurier-Cerife , 011 en retire une liqueur qui eft un violent poifon pour les hommes ôc pour les animaux. J’ai fait fur ce poifon diverfes expériences. Une cuillerée iuffit pour tuer fur le champ un gros chien. La diffeètion la plus exacle ne me fit appercevoir aucune inflammation ; mais lorfque nous ouvrîmes l’eftomac, il en fortit une odeur d’A- mande amere très-exaltée , qui penfa nous fuffoquer. Ainft je crois que cette vapeur agit fur les nerfs; car fi nous nous étions obftinés à refpirer l’odeur qui s’exhaloit de l’eftomac , nous ferions tombés évanouis, ôc peut-être aurions-nous aufli été fuffoqués. Malgré les fâcheux effets que produit cette eau qu’on a diftillée fur les feuilles de Laurier-Cerife , elle peut être un bon ftomachique , étant prife à petite dofe ; car fi i’on en fait avaler tous les jours deux ou trois gouttes à un chien, fon appétit augmente ôc il engraiffe. ÏGAzarero, n°. 4 , eft un arbriffeau très-agréable pour fa feuille ôc fa fleur; mais il craint le froid, ôc l’on aura de la peine à l’élever, même en efpalier. Xx ij 1 ' ' > . ii. :i LAURO-CERASUS , Lauribr-Cer i s e. N°. i. Page 348 Tome L Pi. 133 LAUR US, Tournef. & Linn. LAURIER} DESCRIPTION. LA fleur ( a ) du Laurier n’a point de calyce , mais quatrd ou cinq pétales ovales (£), creufés en cuilleron , ôc ter- minés en pointe; ou plutôt un pétale divifé jufqu’à la bafe en quatre, cinq ou fix parties. On découvre dans l’intérieur (c) neuf étamines rangées trois à trois fur trois lignes concentriques , qui ont pour centre ce¬ lui de la fleur, où eft un piftil compofé d’un embryon ovale qui eft furmonté d’un ftyle terminé par un ftigmate obtus. L’embryon devient une baie ( d ) ovale terminée en pointe^ St. couverte en partie (?/) par le pétale qui tient lieu de ca¬ lyce. On trouve dans l’intérieur un noyau ovale (g).-. Outre les parties dont on vient de parler, on découvre auprès de l’embryon trois tubercules colorées que M. Linneus nomme nettarium, ôt deux petits corps arrondis qui font atta¬ chés par de courts pédicules à la bafe des trois étamines, qui occupent le fécond rang. Enfin on trouve quelquefois des fleurs mâles qui ne donnent point de fruit ; & dans les Lauriers or¬ dinaires , n°. 2 , il y a des individus mâles & des individus- femelles. Les Lauriers ne fe dépouillent point l’hyver; leurs feuilles font entières, Amples, d’un beau verd, luifantes , fermes &z pofées alternativement fur les branches. Le verd des feuilles des Lauriers-jambons eft foncé & obfi cur. Les feuilles de la plupart font comme froncées par leurs J)ords* L A U R U S y Laurier . £ S P E C E S. 2. L AU RU S latifolia Diofeoridis. C. B. L a u K i e r à feuilles larges. Tous les Lauriers ordinaires fe nomment aulïi Laurier- J AMI ou: 2. L AU RU S vulgaris. C. B. P. Laurier ordinaire, ou Laurier-franc, 5. LAURUS vulgaris flore pleno. H. R. Monfp. , Laurier ordinaire à fleur double. 4,. L AU RU S vulgaris folio undulato. H. R. Par. Laurier ordinaire à feuille ondée. , .* 5. LAURUS temtifolia mas. Tabern. Icon. Laurier à feuille étroite. 6. L AU RU S foliis enerviis , ovatis , utrinque acutis , integris, annuis. Linn. Hort. Cliff. ou Arbor Virginiana , Tishaminis jolio baccata , fktf- zjoinum redolens. Pluk. Laurier dont les feuilles font entières, ovales & fans nervures, qui fent le Benjoin. 7. LAURUS foliis integris & trilobis. Linn. Hort. Cliff. Cornus , Pluk. S.4SSAFRj4S , C. B. P. Laurier-Sassafras dont les feuilles font découpées par trois grandes dentelures. j£. L A U RU S foliis lanceolatis , tranfverfè venofîs , calycihus fruclus baccatif, Linn. Hort. Cliff. Laurier dont les feuilles fe terminent en pointe. CULTURE. Toutes les efpeces de Lauriers craignent les grands hyvers; néanmoins nous en avons qui , expofés au midi le long d un mur y ont vingt ou vingt-cinq pieds de hauteur ; & il y en a dans le bofquet d’hyver qui y fubfiftent depuis huit ou dix ans ans avoir été couverts en aucune maniéré. Mais on fera bien de ne rifquer les efpeces 6 àc 7 en pleine terre , que quand les pieds feront un peu forts; & il fera bon, fur-tout dans les premières années; de mettre un peu de litiere fur les racines. L A U R U S , Laurier , 3^1 Au refte ces arbres peuvent fe multiplier par les femences &: par les marcottes , & l’on peut les greffer les uns fur les autres. Ils réuHifient mieux dans les terreins fecs que dans les ter** feins humides. USAGES. Comme toutes les efpeces de Lauriers confervent leurs feuih les pendant l’hyver, on pourra les mettre dans les bofquets do cette faifon , fur-tout dans les pays maritimes. Le bois des efpeces n°. 1 , 2 , 3 , 4 & y , eft pliant & fort, quoique tendre ; ainfi dans les Provinces maritimes où ces ar¬ bres ne gelent jamais , on pourra en faire de très-bons cerceaux pour les petits barils. Les feuilles de ces Lauriers qu’on nomme Laurier-jambon $ entrent comme affaifonnement dans plulieurs mets. On tire des baies de ce Laurier une huile qui eft très-réfo-» lutive. Pour cela on pile dans un grand mortier des baies de Laurier fraîchement cueillies ôc bien mûres; on les met dans une grande chaudière avec de l’eau, de forte qu’elles en foient recouvertes d’environ un pied : on fait bouillir cette eau à petit feu pendant dix heures ; enfuite la liqueur étant bouillante, on verfe le tout dans des facs de toile forte & un peu claire; on met le mare à la prefle pour mêler ce qui en découle avec la liqueur qui a pafie en premier lieu ; & quand la liqueur eft refroidie , on trouve l'huile de Laurier qui s’eft figée à la fu- perfide de l'eau. On peut , en faifant bouillir le marc dans la même eau, en retirer encore un peu d’huile; mais celle-ci eft inférieure à la première. On apporte des pays chauds des baies de Laurier feches ; il faut les choifir récentes , bien nourries , point vermoulues , ni féparées de leur écorce, de couleur noirâtre : on les em- ployoit autrefois pour les teintures ; mais on a maintenant des drogues plus communes qui fourniflent de plus belles couleurs. On fait que le Benjoin qui nous vient de Siam, de Sumatra & des côtes de Java, eft une gomme -réfine qui découle d’un arbre, comme le Sandaraque coule du Genievre. Nous avons dans nos cabinets des morceaux de cet arbre, dans lefquels 3 j i L A U R U S , Laurier l on apperçoit des veines de Benjoin qui ont une odeur treS3 agréable. On trouve dans les boutiques deux efpeces de Ben¬ join : l’un en larme , qui eft le plus parfait; l’autre en malle > qu’on peut fubftituer au premier quand il eft bien conditionné: l’un ôc l’autre doit avoir une odeur aromatique ôc agréable * avec des taches blanches qui relfemblent à des Amandes rom¬ pues , ce qui le fait appeller Benzoinum amygdaloides. Si on le tient fur le feu dans une cucurbite de grais couverte d’un cornet de papier fort, il fe fublime en fleurs argentées qu’on emploie dans les parfums , ôc en Médecine pour les maladies du poumon, ainfi que dans la Chirurgie pour réfifter a la gan¬ grené. On prétend qu’elles enlevent les taches de roulfeur. Un Voyageur m’écrit: i°. Qu’on recueille le Benjoin de deux maniérés, ou par les incitions qu’on fait à Parbre , ou en prenant çelui qui en découle naturellement. 20. Qu il y en a de deux efpeçes : Pun en fleurs noirâtres ; c'eft le meilleur ; il découle des jeunes arbres : l’autre, qu’on nomme Amygdaloides , ôc qui plaît à la vue ; mais il eft moins bon. 3 \ Qu’on fophiftique le Benjoin en mêlant ces deux efpeces enfemble. Le Laurier n°. 6 , dont nous parlons dans cet article, neft pas l’arbre qui fournit le Benjoin ; mais il en a 1 odeur. Cet arbre qui nous vient de Virginie ôc de Canada , eft encore trop rare pour que nous purifions entrer dans quelque détail fur les ufages qu’on en peut faire. Le Laurier-Sajjdfr as , n°. 7, nous vient de Canada du coté des Iroquois ; mais il eft encore fort rare en France. On fait feulement que fon bois qu’on nous apporte de la Floride ôc d ailleurs, a un goût piquant aromatique & l’odeur du fenouil, ôc qu’on l’emploie comme incifif, apéritif ôc fudoriftque. Cet arbre eft commun à la Louyfiane : fon bois ne brûle que quand il eft excité par d’autre , ôc il s’éteint fi-tôt qu’on l'a retiré du feu. M. Sarrazin dit que cet arbre fe plaît dans les bonnes terres ôc a découvert, ôc qu’en Canada on l’appelle fimplement Laurier „ On cultive en Angleterre deux variétés du Laurier n°. 8 : j’y no dont le fruit eft rouge ; ôc l’autre dont le fruit eft bleu,, LENT! S CU S y Page 3f2 Tome L PL Tome I. PI. 135. r . , .Vi .1 *»«>; . ‘ ' LENTISCUS , Tournef. Pistachia , Linn. LENTISQUE. DESCRIPTION. LE S Lentifques portent fur différents pieds des fleurs mâ- les & des fleurs femelles. Les fleurs mâles font difpofées en grappes, & l’on trouve à la bafe de chacune une petite feuille plate en forme d écaille. Outre cela chaque fleur a un calyce propre, fort petit & di- vifé en cinq ; point d-e pétale , mais cinq étamines courtes , terminées par des fommets allez gros. Le calyce propre des fleurs femelles eft divifé en trois , ÔC fort petit; il n’a point de pétale, mais un piftil compofé d’un embryon plus grand que le calyce, & de trois ftyles terminés par des ftigmates allez gros & velus. Il faut confulter, lur ce qui vient d’être dit, la vignette du Terebinthus ; ^es deux genres fe relfemblant beaucoup, fur-tout par L* parties de la fruêfiflcation. L’embryon devient une baie oblongue (a b), peu charnue dans laquelle fe trouve un noyau de forme ovale (c d). Les feuilles des Lentifques font compofées de plufieurs fo¬ lioles rangées par paires fur un filet commun, qui n’eft point terminé , comme dans la plupart des feuilles conjuguées , par une foliole unique : cette circonftance peut feryir à diftinguer les Lentifques d’avec les Térébinthes, fl l’on veut, comme M. de Tournefort, en faire deux genres. Cet auteur remarque que les Lentifques de l’Ifle de Scio ont leurs feuilles plus grandes que ceux de Provence, Tome /* 3 j 4 LENT I S CUS , Lentifque. ESPECES. I. LE N T I S CU S vulgarif. C. B. P. Mas & femin a, Lentisque ordinaire de Montpellier. 2.. LENTISCUS fativa latifolia , Sch/nos Gracorum. Lentisque cultivé à feuilles larges , qu’on nomme à Scîo SCHINOS. 3. LE N TI S CU S fativa latifolia pub efc en s , Schtnos aspros Gracorum. Lentisque cultivé, ou Lentisque blanc qu'on nomme à Scio SCHINOS ASPROS. 4. LENTISCUS flveflris ramis rubentihis baccifera , Votomos Gracorum. Lentisque fauvage cultivé, dont les rameaux font rougeâtres , & qui porte des baies qu'on nomme à Scio Votomos. 5. LENTI S CU S fdveflris foliis oblongis , acutis ; baccifera , Fis c a r 1 Gracorum. Lentisque fauvage cultivé , à feuilles oblongues & pointues, qui porte des baies, & qu’on nomme à Scio Pis cari. 6. LENTISCUS omnium minima . Très-petit Lentisque, ainfi nommé à Trianon. On l'y a élevé de graines venues de Scio. LENTISCUS Feruviana. Voyez Molle . CULTURE . Le Lentifque fe multiplie aifément des femences qu’on tire de Provence & du Levant; mais il craint le froid : ainfi on ne peut efpérer de parvenir à Pélever en pleine terre , qu’en le mettant en efpalier à une bonne expofition, & qu’en prenant un grand foin de le couvrir en hyver. Malgré ces précautions, il convient de ne le rifquer en pleine terre , que lorfqu’il fera devenu un peu gros. Il croît naturellement en Languedoc , en Provence, en Italie, en Efpagne , aux Indes ; &_ on le cultive dans Hile de Scio pour en recueillir le Maftic dont les Turcs font un grand ufage. La culture de cet arbre ne confifle qu'à le previgner. On a par ce moyen beaucoup de jeunes pieds vigoureux , qui four- L E N T I S CUS, Lentifque , 3 j y ni fient plus de Maftic que les vieux : c'eft pour cela , dit M. de Tournefort, que les Lentifques de Plfle de Scio ne font point raffemblés en bofquets , ni plantés en haie ou en quinconce ; mais qu ils font répandus par bluffons dans les campagnes. On ne les laboure qu’en hyver; pendant l’été on fe contente de tenir le deffous des arbres bien net d’herbes ôc de feuilles, afin que le maftic qui tombe à terre en foit plus propre. M. Digeon Drogman , chargé du Vice-Confulat de Scio , ôc M. Coufineri , tous deux Correfpondans de M. Peyffonel , Conful de France à Smyrne , difent qu'on greffe les bonnes efpeces fur celles qui font plus communes ou moins précieu- fes ; ôc que les Turcs croient que ces arbres ne peuvent s’é¬ lever de femence , ce qui eft une erreur ; car les femences du Lentifque de Provence lèvent très-bien ; ôc M. Peyffonel a élevé des Lentifques dans fon Jardin avec la graine qui lui avoit été envoyée de Scio. Les Turcs plantent les jeunes Lentifques en Janvier : ils fleuriffent en Mars. On leur fait des incitions au mois de Juillet ; la réfine coule ordinairement jufqu à terre ; mais il s’en congele en larmes fur les branches : celle-ci eft plus eftimée que l’autre. On commence à ramaffer la réfine vers le feizieme d’Août ; cette récolte dure huit jours : on fait enfuite d'autres incitions aux memes arbres , la fécondé récolte commence vers le qua¬ torze de Septembre ; ôc quoiqu’on ne faffe plus enfuite de de nouvelles incitions , le maftic continue de couler jufqu'au huit de Novembre: on le ramaffe tous les huit jours; ôc après ce temps la récolte n'en eft plus permife. USAGES . Le Lentifque forme un joli arbre qui ne quitte point fes feuilles pendant l’hyver : mais il eft trop délicat pour être mis dans les bofquets de cette faifon. O11 apporte des pays chauds le bois de Lentifque. Il doit être nouveau , fec , difficile à rompre , pefant , point carié , gris au dehors , blanc au dedans, d’un goût aftringent. Comme on lui attribue la propriété de fortifier les gencives , on en fait des curedents , Ôc on ufe de fa décoction pour les gargarifmes* 3 J 6 LENTISC U S, Lentifque'. li entre dans quelques comportions pharmaceutiques en qualité d aflringent. En Italie , on tire du fruit de cet arbre une huile, ainii que l’on tire celle du Laurier en Languedoc. Voyez pour cela Farticle L au ru s. M. de Tournefort dit qu’au Levant on fait, par expreflion, avec les fruits du Lentifque , une huile que les Turcs pré¬ fèrent a celle d’OIive pour brûler, ôc pour employer dans leurs médicaments. Dans rifle de Scio , on fait , comme nous l’avons dit , des încifions au tronc & aux greffes branches des Lentifques; & il en découle des larmes réfineufes qu’on nomme Majîic . Les gouttes de Maflic qui tombent à terre fe durciffent ôc compofent fouvent des plaques allez groffes. Pour que la ré¬ colte foit bonne, il faut que le temps foit fec ôc ferain; car fî la terre vient à être détrempée par la pluie , elle couvre ces larmes ôc les perd. On paffe le Maflic dans un tamis clair pour en feparer les ordures : la plus grande partie de cette récolte fert à payer le tribut au Grand-Seigneur. Le Maflic doit être par petits grains, clairs, tranfparents , luifants, d’un blanc jaunâtre ÔC d’une odeur qui n’efl point defagréable. Le Maflic qu’on nomme en forte eft mêlé d’impuretés, quoiqu’il vienne du Levant comme celui qui eft en larmes. On emploie intérieurement le Maflic pour fortifier l’efto- mac , arrêter les diarrhées ôc les vomiffements. Il entre dans plufieurs baumes ôc emplâtres. On l’étend fur un morceau de* taffetas , ôc on l’applique fur la tempe pour calmer les douleurs de dents. Enfin le Maflic fe diffout aifément; ôc il peut entrer dans la compofition de plufieurs vernis. Les Turcs ôc les Dames du Serrail en mâchent prefque continuellement pour rendre leur haleine agréable , fortifier leurs gencives ôc blanchir leurs dents. Mrs. Digeon ôc Coufineri difent qu’on diftingue quatre fortes de Lentifques qui fourniffent du Maflic , fans compter le fau- vage qui n’en donne point. Les Grecs les nomment Schïnos , Schinos afpros , ou Lentifque blanc; Votomos ôc Pifcari : les deux premiers font aufli nommés Lentifques domefiques ; ôc les deux autres fauvages cultivés. Les Schinos ôc les Schinos afpros produifent le plus beau Maflic^ LE NT I S CUS , Lentifque. 3 s 7 le plus tranfparent ôc le plus fec; c’eft en conféquence de ces qualités que les Marchands le nomment Maftic mâle : M. Di- geon remarque expreffément que la feule différence qu’il y ait entre ces deux Lentifques , c’eft que le Schinos donne moins de Maftic que le Schinos afpros. Il y a apparence que ces deux ef- peces ne portent que des fleurs mâles , ôc ne fourniffent point de fruit. Nous en ferons certains quand M. Peyffonel aura pouffé plus loin fes recherches ; mais ce qui rend ceci fort pro¬ bable , c’eft qu’on eft obligé de multiplier ces deux efpeces par boutures ôc par marcottes , ou de les greffer , au lieu que les autres fe trouvent naturellement dans les bois. C’eft une remarque de M. Coufineri. Le Votomos qui donne du fruit, a les feuilles plus petites que les autres , ôc il étend davantage fes branches. Il donne très-peu de Maftic; mais ce Maftic eft d’affez bonne qualité 3 & il eft mâle , félon l’expreffion des Marchands. Ce Lentifque, à caufe de fes petites feuilles , paroîtroit être celui de Provence; au lieu que ceux dont nous avons parlé auparavant fembleroient être 1 efpece que M. de Tournefort a apportée du Levant, ôc qui a fubftfté long-temps au Jardin du. Roi. Mais comme il eft dit que le Votomos donne des baies, on pourroit croire que c’eft le Lentifque femelle ; ôc que le Schinos eft le Lentifque mâle qui féconde les autres. Au refte on connoît au Levant les Lentifques fauvages qui paroiffent être les mêmes que ceux de Provence. M. Digeon ajoute que le Pifcari forme un plus gros buiffon que les autres ; que fes feuilles font plus longues ôc plus pointues que celles du Votomos; qu’il fournit beaucoup plus de Maftic que les autres : mais que ce Maftic eft de médiocre qualité ; les Marchands le nomment femelle. Il eft opaque ôc gluant : il fe feche difficilement , ôc s’amollit à la moindre chaleur. M. Peyff fonel s’eft affuré que ce Lentifque donne des femences. M; Coufineri nous apprend encore que les Payfans mêlent de bon Maftic avec celui du Pifcari y Ôc qu’au bout d’un mois ou fix fe - maines , ce Maftic forme des pains affez fecs , mais faciles à diftinguer du bon Maftic en les rompant. M. Peyffonel nous a envoyé des branches d’un Lentifque qu’il nomme fauvage ; les feuilles de celui-ci font plus longues y 3;3 LENTÎSCUS, Lentifque. plus étroites ôc plus pointues que celles des autres efpeces. Il nous allure qu’on ne s’en fert que pour greffer iur les Schinos ôc les Schinos a/pros , qui ont leurs feuilles allez grandes , ovales, ôc ôc leur bois chargé d’une efpece de petit duvet. Le Lentifque qu’il nomme Jimple , ou Votomos , a les feuilles un peu plus petites que le blanc, ôc le bois plus rouge. Ces remarques font faites fur des branches de toutes les efpeces de Lentifque, que M. Peylfonel nous a envoyées parfaitement delféchées. Ce que nous venons de rapporter s’accorde avec ce que je trouve dans une Lettre d’un Voyageur, ôc dans ce qu’écrit un Grec qui faifoit fa demeure à Scio même ; nous croyons de¬ voir donner l’extrait de ces deux Lettres, ne fut-ce que pour augmenter encore 1a. confiance qu’on doit accorder aux Mémoi¬ res que M. Peylfonel ôc fes Correfpondans ont bien voulu nous fournir. Suivant la Lettre du Voyageur dont je parle, on diflingue à Scio quatre efpeces de Maftic : la première efpece eft en grofles larmes blanches ; la fécondé , en larmes ou morceaux moins gros; la troifieme , en morceaux plus petits; ôc la quatrième eft brute. Il ajoute que les Juifs ne font d’autre falfification à ce Maftic, que de le faire fondre dans de l’eau bouillante pour le purifier ôc le rendre plus blanc ; après quoi ils le réduifent en alfez gros morceaux , afin de le rendre plus commode à la vente. On avoit foupçonné que les Juifs le mêloient avec du Sandaraque: mais notre Voyageur dit que cela ne peut pas être, parce que le Sandaraque coûte quatre fois plus au Levant que le Maftic. Le Grec de Scio nous mande que le Maftic coule des inci- fions qu’on fait au tronc ôc aux branches des Lentifques dans le mois d’Août ôc de Septembre ; ôc qu’on a foin de bien battre & de balayer la terre qui eft fous ces arbres, afin que le Maftic qui tombe à terre foit moins altéré. Il ajoute qu’il y a des Lentifques fauvages qui ne fournilfent pas de bon Maftic, mais qui donnent une réfine prefque aufti liquide que la téré¬ benthine. Il dit encore que les bons Lentifques ne fe trouvent que da^s la partie de rifle qui eft du côté du Sud ; enfin il obferve que la feule préparation qu’on donne au Maftic , eft de trier les grains qui font les plus beaux ôc les moins chargés d'impuretés. Tome L PL 13 6 ~ftW% ’ . ! ,:j j' ' • ’ ' \ SK \\ \ i A ■»\\\> \ v \ v- - I, r . ./ • " - ■ . . ■ ■ , ■ , . V ' - K '' I / - - _ _ . -* -, R •• . J \ ' • ....... . .. • • -, 1 y - . : ./t : ' \ * ■ \':j, ' - ; ■ !.V r , ■ ■ ' - ■ ■ -■ ■ ■ , ■ V'i' y '• ■ ■ . A y 7 1 .4 \ •y . ‘ ‘ \ y,—' . ' ■ t-- X - ** /■ Cs , ? • . • ! * > . 352 LIG US TR UM, Tournef. <& Linn. TROENE, DESCRIPTION, ; LES fleurs (a b) du Troène ont un petit calyce d’une feule piece, divifé en quatre ; & un feul pétai (c) qui a la forme d’un tuyau dont les bords font divifés en quatre parties ovales. On ne trouve dans l’intérieur que deux étamines & un piftil qui eft formé d’un embryon & d’un ftyle (de) fort courte & furmonté d’un ftigmate qui eft divifé en deux parties. L’embryon devient une baie arrondie ( fg ), dans laquelle on trouve quatre femences {h) auiïi arrondies d’un côté, mais plates & anguleufes fur les côtés où elles fe touchent. Les fleurs du Troène font raflemblées en épi comme celles du Lilas. Ses feuilles font Amples, lifles , oblongues , non dentelées 9 oppofées deux à deux fur les branches. Dans les hyvers doux5 elles relient fur les arbres jufqu au printemps ; mais elles tom¬ bent quand les gelées ont été très-fortes, ESPECE S , 1. LIGUSTRUM. J. B. Troene. 2. L IGU ST RU M foliis è luteo wirîegatis. H. R. P, Troene à feuilles panachées de jaune. 5. L I GU STRXJ M foliis argentatis . Breyn. Prod,. Troene à feuilles panachées de blanc. U GU S T P, U M, Troène. CULTURE. Le Troène s’élève aifément de femence ; maïs comme il en leve beaucoup dans les bois , on y trouve fuflifamment de jeunes plans. On peut greffer les Troènes panachés fur les communs; ou les multiplier par marcottes. USAGES. f- Comme les Troènes ne fe dépouillent que quand les ge~ lées ont été très-fortes , on fera bien de les mettre dans les bofquets d’automne. On pourra aufTi en mettre dans ceux d’été; car ces arbrifleaux font jolis au commencement de Juin , lorf- que leurs fleurs font épanouies. Les efpeces; 2 ôc 3 ; font eftimables à caufe de leurs feuilles panachées. Comme les Troènes ne font point délicats, on peut en mettre dans les remifes; car les oifeaux fe nourriflent de leur fruit. Les branches des Troènes font flexibles; on les emploie pour faire des liens & de petits ouvrages de vannerie. La décoètion des feuilles ou des fleurs de Troène eft re¬ commandée pour les maux de gorge , pour les ulcérés de la bouche , & pour raffermir les gencives dans les affeétionf feorbutiques* LILAC x LIGUSTRU M* Troene. N°. i. Pape 260 Tome L PL 137 . 3 G ï LILAC, Tournef. String a, Linn. LILAS. DESCRIPTION. LE calyce de la fleur ( a ) du Lilas eft petit, d’une feule pièce , figuré en tuyau dont le bord eft divifé en quatre. Le pétale (b) forme aufti un tuyau allez allongé 5 dont les bords font divifés en quatre parties arrondies , creufées en cuilleron. On ne trouve dans l’intérieur que deux étamines fort cour¬ tes , terminées par de petits fommets, & un piftil (cd) qui eft: formé d’un embryon allongé 6c d’un ftyle aflez court qui porte un ftigmate divifé en deux. L’embryon devient une capfule ( 50 ont leurs feuilles Amples, en¬ tières, unies, larges par le bas, terminées en pointe par le bout , fans aucune dentelure; & elles font d un verd qui tire un peu fur le bleu : elles confervent leur verdure jufquaux gelées ; mais elles font fujettes à être dévorées par les cantharides. Ces Lilas font de grands arbrifleaux qui fe chargent dans le mois de Mai de belles grappes de fleurs , qui répandent une odeur des plus agréable ; ainfi il convient d en mettre uans les L I L A C, Lilas. 3^3 bofquets du printemps. On pourra planter dans les remifes les efpeces n°. i & 2. Les Lilas de Perfe forment de plus petits arbriffeaux ; ils fleuriffent auffl dans le mois de Mai ; on doit donc les met¬ tre comme les autres dans les bofquets du printemps. On en diflingue de deux efpeces : les uns , dont les feuilles font en¬ tières comme celles du Troène, ont leurs fleurs blanches ou tirant un peu fur le rouge; les autres, qu’on nomme a feuilles découpées, ont fur le même pied des feuilles entières, & d au¬ tres qui font découpées fl profondément qu’elles paroiflent for¬ mées de deux, trois, quatre, cinq ôc quelquefois fix folioles. La fleur de cette efpece tire plus fur le bleu que celle de l’efpece précédente. La poudre & la décoêtion des femences du Lilas font afi tangentes. Z 2 ij * V Tome I. PI. 138 V . . •■■■■•' * _ . . - ! • ' ‘ 1 ' . , < « 3 65 LIQUIDAMBAR , Boerh, & Linn. DESCRIPTION. LE Liquidambar porte des fleurs mâles ôc des fleurs feme£-r les fur les mêmes pieds. Les fleurs mâles font raffemblées de maniéré quelles for- talent un épi qui fort d’un calyce compofé de quatre feuilles ou folioles ovales , creufées en cuilleron , & alternativement plus grandes l’une que l’autre. On n’apperçoit point de pétales, mais beaucoup d’étamines courtes qui font une efpece de houppe. Les fleurs femelles font raffemblées en boules à la bafe des épis mâles; leur calyce eft femblable à celui des fleurs mâles; elles n ont point de pétales , mais beaucoup d embryons allon¬ ges ) raffembles en forme de fphere ( a') avec deux ftyles garnis d un ftigmate dans leur longueur. Chaque embryon devient une capfule oblongue {b) qui n’a qu’une loge; & chaque capfule eft renfermée dans des alvéoles qui font creufées dans le fruit, lequel a la forme d’un globe. C’eft dans ces capfules que l’on trouve les femences qui font obiongues (e) & terminées par un appendice membraneux-. Les feuilles de 1 efpece n°. i reffemblent beaucoup â relies ■ue 1 Erable a feuilles de Platane; mais elles font plus petites#, elles font pofées. alternativement fur les branches- 3 66 L I (2 U I D A M B A, R. Celles du n°. 2 font longues , étroites , profondément la- ciniées ? ôc elles reffemblent aux feuilles de VAfplenium ou Ceterac . ESPECES . 1. LIQUIDA MBA R. C. B. P. ou Stirax arbor Virginiana Accris folio. Raii Hift. L 1 q u 1 d a m b a k de la Louyfiane à feuilles d’Erable , ou le C o p a l m e. 2. L I QU 1D A MB AR foliis oblongis finuatis. Linn. Spec. Plant, ou My r 1 c a foliis oblongis alternatim finuatis. Linn. Hort. ClifF. Oll G ale-mari an a Afp lenü folio. Pet. Mllf. Liquidambar à feuilles longues & découpées. M. PeyfTonel nous a envoyé des fruits d’une troifieme ef- 'pece de Liquidambar , qu’il avoit reçue du Golfe de Boudron ôc de Stanchir. Ces fruits different de ceux du n°. 1 , en ce que les boules font moins groffes , ôc que les pointes qui ter¬ minent les enveloppes des femences font beaucoup plus peti¬ tes ôc plus déliées. D’ailleurs les femences qui nous font venues du Levant font bien plus fines que celles du n°. 1 qu’on nous envoie de la Loyyfiane. CULTURE . On multiplie l’efpece n°. 1 par les femences qui nous font envoyées de la Louyfiane : cet Arbre aime la terre humide, ôc fe plaît à l’ombre ; mais il faut avouer qu’on ne connoît pas encore bien ici la maniéré de le cultiver ; car ceux que nous avons en France font languiffants. Je crois que cet arbre craint les fortes gelées. M. Peyffonel, Conful à Smyrne , en nous envoyant les fruits de la troifieme efpece dont je viens de parler, marquoit expreffé- ment que cet arbre croît , comme le Saule , le pied dans l’eau ; c’eft ce qui m’a déterminé à planter l’efpece n°. 1 dans cette pofition. Mais il n’y a que le temps qui puiffe apprendre s’il réufllra mieux ainfi. Il ajoute que dans les mêmes endroits il croît aufli des arbres tout femblabies à ceux dont nous parlons ; mais qu’il n’en de- Tome It PL 13 p» LI QUI D A MB A R. 367 coule point de reflue : il nous promet fur cela, des eeiaircif- fements. USAGES, Les feuilles de l’arbre, n°. i, font d’un beau verd; & quand on les écrafe , elles répandent une odeur fort agréable. Cet arbre fournit le Liquidambar des boutiques qui eft une refîne liquide , claire , tirant fur le jaune , qui nous eft apportée de la nouvelle Efpagne : cette réfine pour être bonne doit avoir une odeur fort agréable. On dit que pour en faciliter le tranft port , on la fait quelquefois fécher au foieil ; alors c eft une réfine concrète. On nous a envoyé de la Louyliane une réfine liquide d’une odeur admirable. Le Liquidambar liquide , qui eft le plus eftinié , eft regardé comme un excellent baume. Il paffe pour émollient , maturatif, réfolutif, déterfif & antihyfterique. Les fruits que M. Peyffonel nous a envoyés pour etre ceux de l’arbre qui donne le Storax, ont la forme de ceux du Li¬ quidambar Acerïs folio , qu’on nous envoie de la Louyliane. Néanmoins on trouvera dans cet Ouvrage , au mot Styrax * un arbre d’un autre genre d’oii cette refîne aromatique découlé ; mais comme on vend dans les boutiques du Storax en larme * d’autre en pain , & d’autre liquide , ces différentes fubftances peuvent être produites par des arbres de différent genre : ce qui confirme dans cette opinion , c’eft qu’un Voyageur m’écrit que le Storax en larme eft fourni par un arbre dont il me donne la defeription , êc qu’on ne peut douter être le Styrax folio Mali Cotonei ; ôc il me marque expreffément que le Storax liquide eft fort différent , & qu’il découle d’un arbre d’une autre efpece* Cet arbre eft vraifemblablement celui dont M. Peyffonel nous a envoyé les fruits & des femences qui ont levé. Mais le Storax qui découle de cet arbre qu’on pourroit nommer le Liquidambar , eft d’une odeur très-agréable & fort différent da Storax liquide de nos boutiques , que nous foupçonnons être une compofttion. Le bois de l’arbre, n°. i, eft extrêmement fouple; & quoiqu’il, foit tendre, il fe tourmente fi prodigieufement en fe bêchant* qu’il n’eft prefque d’aucun ufage. On ne l’emploie même guere pour brûler ; parce qu’il répand une odeur trop forte» Néanmoins; 363 LIQ UIDAMB A R. comme cette odeur eft gracieufe lorfqu’elle eft modérée , les Millionnaires en mettent dans leurs encenfoirs en place d’en¬ cens. Le Liquidambar, n°. 2 , eft un arbriffeau que quelques Au-* Ceurs ont pris pour un Gale ; fes fruits font aromatiques. Fin du Tome premier « ,Xj&